La conquête des Amériques ou la Croix prêchée

Introduction
1492, une année importante ! Elle marque en effet l’achèvement de la Reconquista par la prise, réalisée par les armées chrétiennes, du royaume Maure de Grenade. Mais c’est aussi l’année où commence la conquête du continent américain, plus précisément des Antilles, grâce au voyage entrepris par Christophe Colomb parti d’Espagne le 2 août. Il parvint en Amérique le 10 octobre suivant. C’est une récompense pour l’Espagne qui lutta pendant des siècles pour reconquérir au Christ-Roi son sol occupé par les mahométans. Le courage de ce peuple lui valut la tâche, ô combien ardue et enthousiasmante, d’avoir à civiliser et évangéliser les peuples païens de ces territoires. Par cette conquête, les espagnols les retirèrent de leur mode de vie primitif, "des ténèbres de la mort" (Luc 1, 79) où ils étaient assis.1
Au génois Colomb et à l’Espagne revenaient d’allumer et de commencer à répandre en ces contrées le feu que Notre-Seigneur Jésus-Christ vint apporter sur terre. Le motif missionnaire fut principal dans la conquête de l’Amérique même si, pour des raisons inavouables, certains "historiens" feignent de l’ignorer aujourd’hui. A les en croire, les Espagnols auraient massacré des civilisations dont les vertus n’avaient d’égales que la paix qui était leur quotidien.

I - LES CIVILISATIONS PRÉCOLOMBIENNES
Il n’est pas question de faire une présentation exhaustive de ces civilisations (s’il est possible de les appeler ainsi). Nonobstant des qualités indubitables, ces peuples étaient plongés dans une telle barbarie que l’on se demande comment certains ont pu les présenter à l’égal des civilisations prestigieuses. Tous ces peuples adorent le soleil et une multitude d’autres dieux, corporels ou incorporels, auxquels on offre des sacrifices parmi lesquels des sacrifices humains. Vous pardonnerez le caractère un peu horrifiant des descriptions qui suivent, mais le prestige dont jouissent ces "civilisations" aux yeux du grand public nous impose de donner quelques détails de la dure réalité.
A - Les aztèques et les mayas
Chez les aztèques, les sacrifices humains, publics ou privés, étaient quasi-quotidiens et revêtaient des formes variées "bien propres à éviter la monotonie"2. De nombreux sacrifiés étaient emmenés sur les montagnes afin de leur arracher le cœur encore palpitant, comme c’était la règle dans tous les sacrifices, pour l’offrir au dieu de la pluie. Si les enfants pleuraient, c’était signe de pluie. Le sang des victimes était recueilli et servait à fabriquer les statues du dieu de la guerre.
Il existait également des sacrifices de jeunes gens, élevés spécialement dans ce but, à qui l’on arrachait aussi le cœur. Du sommet des temples-pyramides, on jetait ensuite les corps décapités ; la tête était piquée sur un pieu, le reste étant dépecé et mangé. Il s’agissait donc de sacrifices humains anthropophagiques.
Les jours de grande fête, de profondes incisions étaient pratiquées sur d’autres jeunes gens aux oreilles et à la langue, aux bras et à la poitrine. Lorsqu’une grande quantité de sang était recueillie, on en aspergeait les idoles.
Des sacrifices massifs de prisonniers étaient offerts au soleil. Les cœurs des prisonniers étaient offerts au soleil par les plus vieux des prêtres. Après dépeçage, corps et sang étaient cuits et mangés par les maîtres de ces prisonniers avec parents et amis. Après le repas, les convives assistaient à un tournoi dans lequel les combattants étaient vêtus des peaux des corps précédemment dégustés.
Les sacrifices offerts au dieu du feu voyaient les prisonniers recouverts entièrement d’une couche de marijuana qui leur faisait perdre connaissance. Alors, les pieds et les mains attachés, ils étaient jetés sur un grand tas de braises où ils grillaient longuement. On les en retirait ensuite avant qu’ils ne meurent, pour leur arracher le cœur. Puis on mangeait les corps "grillés au barbecue, heureuse variante des habituels ragoûts du sang."3
D’autres pratiques consistaient à se piquer les jambes avec des épines de maguey ou à se percer la langue avec un petit couteau afin d’y faire passer des pailles de graminées, le nombre de pailles étant proportionnel avec la dévotion de chacun. Les prêtres ne se lavaient jamais et avaient donc leurs longs cheveux constamment poissés du sang des victimes. En conséquence, prêtres, idoles, temples, pierres de sacrifice étaient en permanence entourés d’essaims de "millions de mouches vrombissant" aux dires des conquistadors eux-mêmes.
20 000 victimes étaient ainsi sacrifiées chaque année, mais il y avait des occasions exceptionnelles telle l’inauguration du temple de Mexico qui vit en quatre jours 20 000 exécutions humaines (certaines sources donnent même jusqu’à 80 000 ).4
Dans ce but sanguinaire, les enfants et les jeunes gens, soit du peuple aztèque soit des peuples vassaux (Cempoaltèques), étaient réduits en esclavage ; les prisonniers provenaient de guerres, appelés "guerres fleuries", menées spécialement à cet effet par les aztèques contre leurs voisins. Personne ne s’étonnera dès lors que ces peuples voisins accueillent les Espagnols à bras ouverts et deviennent volontairement leurs alliés.
Les Mayas avaient les mêmes pratiques auxquelles ils ajoutaient la noyade dans les puits réservés au culte, et la décapitation rituelle. Quand les Espagnols débarquèrent, cette civilisation avait presque disparue à cause de leur religion inhumaine. Et il serait arrivé de même aux aztèques si la conquête ne l’avait empêchée.
B - Les incas.
L’empire Inca est peut-être l’application la plus poussée que l’on ait vue du socialisme en ce temps. En effet, la loi réglementait tous les détails de l’existence quotidienne. Deux exemples suffisamment éloquents le prouvent5 : l’usage des chaises était prohibé, seuls les bancs devaient être utilisés ; l’habillement devait être différent dans chaque région mais à l’intérieur de celle-ci tous les hommes d’un côté et toutes les femmes de l’autre étaient habillés de façon strictement identique avec interdiction d’en modifier la forme ou la couleur. La vie y était très routinière et tout ce qui était hors du commun était abhorré. Cette prise en charge totale réduisant les Incas à des robots sans attrait pour leur société explique bien plus la victoire de seulement 200 espagnols sur cet empire que les armes à feu et les chevaux des Européens (à l’opposé, les Araucans du Chili résisteront deux siècles). A la tête de cet empire se trouvaient des rois quasi-divins qu’une suite accompagnait partout. Chaque courtisan avait une fonction comme celle par exemple consistant à recueillir la salive du roi, qui ne devait pas toucher le sol. Sa femme était sa sœur aînée ; quand il venait à mourir, on l’enterrait avec quelques serviteurs et servantes, vivants quant à eux ! Les Incas n’étaient pas seuls à pratiquer ce genre d’enterrements.
Les sacrifices humains anthropophagiques étaient aussi pratiqués, sans être aussi importants que chez les Aztèques. Mais, une éducation spéciale était donnée à certains enfants par les prêtres afin qu’ils soient offerts en sacrifice à l’âge de quinze ans, sacrifice qui leur était annoncé un an à l’avance...
Ces pratiques abominables continueront durant le XVIème siècle de façon clandestine, les Espagnols les ayant bien sûr interdites. Ce qui est incompréhensible par contre, c’est l’éloge que nos contemporains font de ces civilisations. Ces pratiques sont fort semblables aux lois modernes : l’avortement d’enfants innocents, l’euthanasie des malades incurables.

II - LA CONQUETE ESPAGNOLE.
Si le lecteur a pu être à juste titre horrifié par ces sacrifices, combien le furent les Espagnols qui les découvrirent. Les populations alentour : Cempoaltèques, Tlaxcaltèques, Tarasques, Cañaris, Huancas, subissant cette cruauté religieuse reçurent avec joie ce que les Espagnols leur apportaient : la civilisation et l’Évangile. Il y eut des baptêmes en masse. Il fallut donc appliquer les principes chrétiens sur une terre renouvelée.
A - Pouvoirs et législations.
Ferdinand et Isabelle, les Rois catholiques, en ce temps de Chrétienté collaborèrent avec le Pape dans une certaine mesure. Avant d’examiner leur action et celle de leurs successeurs, il nous faut donc indiquer les documents pontificaux de cette époque relatifs à la "Conquista".
1 - Les documents pontificaux.
Pour bien comprendre la conquête du nouveau monde, il faut avoir présent à l’esprit deux choses : d’une part les paroles de Jésus-Christ à ses apôtres avant l’Ascension : "Allez enseigner toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé" (Mat. 18, 19-20) ; d’autre part, Il a aussi dit à Pierre, et donc à ses successeurs, de paître les agneaux et les brebis (Jean 21, 15-17) et ces deux catégories représentent les fidèles et les pasteurs. La doctrine de l’Évangile préside donc à toute découverte du nouveau continent et s’exprime dans les actes des papes de l’époque. Ainsi, Alexandre VI décide-t-il de confier la majeure partie de l’évangélisation à l’Espagne, une partie revenant au Portugal. Les Indiens seront donc Espagnols ; à charge pour les souverains de ce pays d’envoyer des missionnaires et de les financer. C’est ce qui ressort de la bulle Inter Cœtera du 3 mai 1493 confirmée la même année par la bulle Piis fidelium. Ces nouveaux pouvoirs des rois d’Espagne sont accrus par d’autres bulles qui par là-même confirment les précédentes : Jules II avec Eximiae devotionis en 1503 et Universalis ecclesiae en 1508, puis une autre bulle en 1513 ; Léon X en 1518 ; Adrien VI par Omnimoda en 1522 ; Paul III en 1535 et en 1547 ; Paul IV en 1555 ; Urbain VIII en 1639 et Benoît XIV en 1741.
Ce bel ensemble fut toutefois interrompu sous le seul pontificat de Paul III, trompé par le dominicain Minaya qui s’opposait à la colonisation et donc à l’évangélisation. Les missionnaires sans protection étaient la proie des Indiens, puisqu’il estimait que l’évangélisation devait se faire sans protection. Pour combattre la colonisation, ce religieux et ses confrères chargèrent les conquistadors de tous les crimes et déclarèrent que les Indiens étaient moins sanguinaires avant la venue des Espagnols. Par exemple, peu après les lois de 1513, le dominicain Cordoba écrit à Ferdinand le Catholique : "Que votre Majesté ordonne qu’on les abandonne, car il serait bien meilleur qu’ils aillent seuls en enfer, comme avant, que ne se damnent ensemble, eux et les nôtres". Cette façon de présenter les choses n’aboutit pas6. Les dominicains Montesino, Las Casas (dont son frère d’habit, Domingo de Soto, dénonça les exagérations et les inexactitudes) et quelques autres religieux d’autres ordres ressemblent fort aux pères de la théologie de la libération et des calomnies actuelles contre l’Église.
Ces calomnies trompèrent Paul III qui, par son bref du 29 mai 1537 Pastorale officium et la bulle du 2 juin 1537 Sublimis Deus, critiqua les responsables espagnols, avec véhémence, mais sans les nommer, et prit des mesures d’une extraordinaire sévérité telles que l’excommunication "latae sententiae" (sans déclaration nominative, latente), totalement injustifiées. S’apercevant qu’on l’avait circonvenu, Paul III révoqua avec colère les documents qu’on lui avait extorqués, par le bref Non incendens videtur du 19 juin 1538.7
2 - La législation espagnole.
Malgré tout, les souverains espagnols n’avaient pas attendu si longtemps pour légiférer en faveur des Indiens ; ils l’ont même fait dès le début. Les premières instructions données à Christophe Colomb par les Rois catholiques à Barcelone, datées du 29 mai 1493, recommandent de "traiter bien et avec amour les Indiens, sans leur faire aucun ennui, et de manière qu’avec eux ils aient beaucoup de conversations et de familiarité, leur faisant les meilleurs œuvres qu’il se peut". Le ton est donné et il ne changera pas. Dans la même lignée, Isabelle la Catholique interdit l’esclavage dès le 6 juin 1495, condamnation qu’elle réitérera en 1499. Puis elle continue sur sa lancée en 1501, en adressant de nouvelles instructions au gouverneur des Antilles, Nicolas de Ovando. Celles-ci stipulent que les Indiens sont des hommes libres, sujets naturels de la Couronne comme les Espagnols. Ces instructions exigent que les femmes et jeunes filles qui auraient été capturées soient libérées et que leurs biens leur soient rendus. Leur travail devra être payé et l’impôt devra être fixé de concert avec leurs anciens chefs, impôt qui sera revu à la baisse. Enfin, les instructions rappellent l’impérieuse nécessité de leur enseigner les vérités de la foi.
Mais ces mesures étaient dénuées d’une portée sociale réelle, laissant les Indiens sans organisation politique véritable. Alors, la souveraine envoya des instructions complémentaires palliant ce manque. En 1503 et 1504, outre leur protection contre la rapacité des aventuriers européens, la souveraine prévoit que les Indiens seront regroupés dans des villages, et confiés à un espagnol, "une bonne personne", pour y être protégés, gouvernés et civilisés. Chaque chef de famille sera pleinement propriétaire d’une maison et de champs sur lesquels il fera des cultures ou élèvera du bétail. Enfin, dans chaque village, un prêtre s’occupera de l’église et de l’école. Ce système élaboré par la reine s’appelle "encomienda". Il sera très bénéfique et c’est pourquoi les ennemis de la conquête le critiqueront particulièrement. Mais Isabelle va plus loin et ordonne à Ovando de construire des hôpitaux-hospices où seront accueillis les pauvres tant Indiens qu’Espagnols. Cinq seront construits aux Antilles presque exclusivement à ses frais personnels. L’encomienda perdurera jusqu’à la fin du XVIIIème siècle avec des modifications, et sera pour les Indiens source de bienfaits temporels, de conversions et d’authentique vie chrétienne. Le seul reproche fait à cette encomienda est d’avoir été mise en œuvre à trop peu d’endroits. Elle sera remplacée au XIXème siècle par l’hacienda, d’inspiration libérale et laïciste, dans laquelle les Indiens seront effectivement dépossédés. En 1504, Isabelle écrira dans le codicille de son testament, ce qu’elle n’a cessé de stipuler dans ses instructions, à savoir : bons traitements et réparation des torts causés.
Après l’intermède de Philippe le Beau, c’est Ferdinand d’Aragon, régent de Castille, qui va prendre en charge les affaires américaines dès 1512, après que les dominicains dont nous avons parlé se soient plaints du sort des Indiens, spécialement par les sermons de Montesino. Le régent réunit un certain nombre de conseillers. Leur avis commun sera à l’origine des lois de Burgos (en janvier 1513), qui renforcèrent la protection des Indiens notamment par le respect obligatoire de périodes de repos. De plus, afin de bien connaître la situation, Ferdinand demanda des rapports à quatre spécialistes. Il est à noter que les interventions des dits dominicains, surtout celle de Cordoba rapportée ci-dessus, contredisent les rapports plutôt favorables au système. Le roi catholique promulguera de nouvelles lois à Valladolid, six mois après celles de Burgos, pour protéger spécialement les femmes, les jeunes filles, les jeunes gens, enfants et travailleurs des mines qui bénéficieront de trois mois par an pour cultiver leurs terres.
Le seul défaut des lois de Burgos, repris par celles de Valladolid, concerne les repartimientos. Ces repartimientos sont des répartitions de charges personnelles de travail données aux Indiens contre un salaire. Les dominicains vont dénoncer la soi-disant lourdeur des charges de travail que les lois limitent pourtant strictement ! Ils en profiteront pour rejeter toute la responsabilité sur le fonctionnement de l’encomienda, qu’ils ont en horreur. Las Casas réussira à la faire supprimer par Charles Quint dans des lois promulguées le 20 novembre 1542. Heureusement, cette suppression ne sera jamais appliquée, ayant été refusée par tout le continent américain. Charles Quint annulera ces dispositions par deux cédules : l’une promulguée à Malines, le 20 octobre 1545 et l’autre à Ratisbonne, le 6 avril 1546. Las Casas se voyait désavoué sur toute la ligne, sauf concernant l’esclavage.8 En effet, depuis 1534, la Couronne avait autorisé l’esclavage dans deux cas : selon les coutumes indiennes, les prisonniers de guerre pouvaient devenir des esclaves, et il était possible de prendre comme esclave une personne qui l’était déjà. Mais en 1542, c’est-à-dire huit ans après leur autorisation, ces deux cas d’esclavage seront à nouveau interdits. Le Mexique comptait alors 3000 esclaves sur une population de 6 à 7 millions de personnes. Les derniers seront libérés en 1561. Quant au Pérou, seconde vice-royauté d’Amérique, il n’y avait tout simplement pas d’esclaves.
L’appareil législatif gouvernemental fut donc rapidement élaboré pour protéger, civiliser et évangéliser les Indiens et sanctionner les manquements des colons.
B - L’application des principes.
Les manquements et les abus furent sanctionnés, car ils existaient. Ce qui est faux, c’est de donner à ces manquements valeur de principes et d’en exagérer fortement le nombre. A vrai dire, la cupidité n’est pas chez tous les conquistadors. De plus, l’archevêque dominicain de Lima (Pérou), de concert avec tous les religieux, prit l’excellente initiative en 1560 de refuser l’absolution de leurs péchés à ceux qui, ayant pris des biens indûment ou ayant causé quelque dommage, n’ont pas indemnisé les victimes ou restitué le bien. Cette mesure concrète fut d’une efficacité inouïe car, à cette époque, les gens avaient encore souci de leur salut. Les religieux furent à l’origine d’autres bienfaits notamment l’éducation. Ainsi chaque couvent s’occupait d’une école (on n’en décomptait pas moins de 300 rien qu’au Mexique). De plus les Espagnols, outre l’arrêt des sacrifices humains et le rétablissement de la paix, apportèrent le fer, la roue que les Indiens ne connaissaient pas, le blé, l’orge, les chevaux, les mules, les ânes, les bœufs, les brebis, les chèvres, les porcs, une multitude d’arbres, une véritable agriculture. Ils construisirent des hôpitaux, des collèges pour garçons et d’autres pour les filles, et par dessus tout, ils leur firent le don inestimable de la foi. Par exemple, le franciscain Martin de Valencia, arrivé dès 1493, détruit en 1525 toutes les idoles du royaume Tarasque, brisant avant de les jeter au fond du lac, celles d’or, d’argent et de pierres précieuses9, et brûlant les autres. Il va jusqu’à demander aux Tarasques de détruire eux-mêmes leurs temples. De même, le conquistador Fernand Cortès, invité par l’empereur Aztèque, encore invaincu, à le visiter à Mexico, entraîne ses 130 hommes à se jeter sur les idoles pour les détruire ! Ils étaient pourtant entourés de toute l’armée Aztèque pour le moins aguerrie au combat. Ces faits manifestent bien le vrai but de la conquête : la conversion des nations et non l’enrichissement des navigateurs, la charité et non la cupidité. Dès lors, si des Indiens ont pu mourir injustement par de mauvais traitements ou autre iniquité, ce furent des faits marginaux. Beaucoup moururent malheureusement pour des raisons virales ou microbiennes. Les autorités, tant locales qu’espagnoles veillaient et sanctionnaient tous les abus. Ainsi les vice-rois du Portugal et du Mexique consacraient deux jours par semaine aux réclamations que les Indiens venaient formuler. Les chefs des Tlaxcaltèques pouvaient, en raison des liens étroits qui les unissaient aux Espagnols, se rendre en Espagne même pour réclamer. Et ils le firent de temps en temps.
D’ailleurs, l’empereur par souci de justice suspendit toute conquête, le 16 avril 1550, afin que se déroule la "Controverse de Valladolid" où s’affrontèrent devant quinze juges Las Casas et Sépulveda qui débattirent du bien fondé et de la manière de conquérir. Sépulveda l’emporta et les conquêtes reprirent toujours sous la même législation. Cette politique ne devait plus changer jusqu’à l’indépendance de l’Amérique au XIX ème siècle. Alors les ennemis de l’Église l’accusèrent avec l’Espagne de crimes dont elle était innocente (mais qu’eux-mêmes commettaient10), et se forgea la "légende noire de la Conquista".
Voici les faits réels, tels que l’histoire les rapporte, de la conquête des Amériques par l’Espagne catholique. Ils suffisent largement pour répondre aux mensonges rabâchés par une mauvaise propagande anti-chrétienne. Les souverains espagnols mirent sur pied une législation exceptionnelle adaptée à la mise en valeur des immenses terres découvertes. Certes, il y eut des guerres tribales, des révoltes indiennes, des exploitations des indigènes par des colons peu scrupuleux. Le paradis n’existe plus sur terre, de tels malheurs sont inévitablement liés à toute société humaine. Mais - et c’est la marque d’une saine organisation politique - les gouvernants tentèrent toujours de mettre fin à ces tribulations pour le bien commun de tous. Ils y parvinrent et non seulement les Indiens d’Amérique Centrale et du Sud furent libérés du joug asservissant des civilisations précolombiennes, mais une cité nouvelle vit le jour où fusionnèrent sous l’égide du catholicisme, et dans la paix, les colons européens, les Indiens libérés et les noirs amenés d’Afrique : la civilisation latino-américaine était née, issue de la colonisation et par là-même, unique et remarquable réussite dans l’histoire mondiale des missions.

Bibliographie :
- D’Alès, Dictionnaire apologétique de la foi catholique, article "Précolombien".
- Jean Dumont : La vraie controverse de Valladolid, Critérion, 1995.
- Igor Chafarévitch : Le phénomène socialiste, éditions du Seuil, 1977.

  1. Il fallait, pour les civiliser et les évangéliser, les intégrer dans une structure politique saine. De plus, il est impossible de parler de découverte, la tradition nous rapporte en effet qu’un apôtre, saint Thomas ou saint Barnabé, s’est rendu aux Amériques pour y prêcher l’Évangile ; par ailleurs, nous savons que dès le Xe siècle, le navigateur Islandais Leif a longé les côtes de ce continent jusqu’à la hauteur des États-Unis actuels. La preuve nous en est donnée par la découverte à Newport, sur l’île de Rhodes-Island, de vestiges d’une église de pierre remontant au XIe siècle.
  2. Jean Dumont : La vraie controverse de Valladolid, Critérion, 1995, p. 235 (ce livre contient nombre d’informations intéressantes qui nous ont été fort utiles pour cet article. Cependant, nous pouvons y déplorer un certain esprit pas toujours très catholique dans certaines analyses).
  3. Ibid.
  4. Savoir et Servir, n° 55 : La messe a-t-elle une histoire ? p.9.
  5. Ces informations sont données par Igor Chafarévitch : Le phénomène socialiste, éditions du Seuil, 1977.
  6. Cordoba semble ici se soucier des Espagnols alors que son seul intérêt est le départ des conquistadors. On notera au passage le peu de zèle dont il fait preuve pour le salut des Indiens, à croire qu’il leur est impossible de se sauver.
  7. La délégation apostolique dont bénéficiaient les souverains Espagnols était totalement confirmée d’où la responsabilité qu’ils avaient devant Dieu et leur souci constant des Amériques.
  8. Sa moralité demeure largement paradoxale et même contradictoire, lui qui dénonçait l’esclavage tout en utilisant des esclaves ! Après avoir été nommé évêque du diocèse mexicain de Chiapas en mars 1545, il devra quitter sa charge en février 1546 ayant été rejeté par tous les religieux du pays.
  9. Il ne les a donc pas gardées par cupidité.
  10. 1Bien des choses resteraient à dire en effet sur la conquête de l’Amérique du Nord par l’Angleterre anglicane ou sur les possessions de la Hollande protestante en Orient et en Amérique du Sud. Azteca, Gary Jennings, 1980, Atheneum, New-York. L’auteur a travaillé 10 ans dans la jungle, dans les ruines de la civilisation aztèque, en bibliothèque pour écrire son livre où il ne cache pas - loin de là - les mœurs de cette civilisation tout en étant assez violemment anticatholique.




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