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Introduction au Nouveau Testament
Bonjour,
Ce qui suit est tiré du livre suivant :
https://i11.servimg.com/u/f11/13/76/...h/la_sai10.jpg
Comme toujours, j’éditerai ce fil pour compléter ce message et y déposer des liens en vue de faciliter la consultation et pour ne pas surcharger le texte.
A noter, qu’à partir des Épîtres, les titres-questions sont empruntés au Manuel Biblique , de MM. Bacuez et Vigouroux. Éditeurs : A. Roger et F. Chernoviz, , Paris, 1889; ouvrage d’ailleurs que je recommande à ceux qui veulent avoir plus d’information au sujet de l’Écriture Sainte en général.
Bien à vous.
Bonne et pieuse lecture à tous.
* Préface
*Évangiles
S. Matthieu
* Introduction.
* 1° L'auteur était juif de naissance.
* 2° Il a été témoin des faits qu'il rapporte.
* 3° Il écrivait pour ses compatriotes.
* 4° Il a composé son livre de bonne heure.
* 5° Les dispositions qu'il manifeste conviennent parfaitement à S. Matthieu.
S. Marc
* Introduction.
* 1° L'auteur était Juif d'origine et contemporain des Apôtres.
*II était particulièrement attaché à S. Pierre.
* 3° Il écrivait pour tous les Gentils, quoique spécialement pour les Romains.
* 4º Son écrit est rédigé comme un simple mémorial.
* 5° Pour le style.
S. Luc
* Introduction.
* 1° On reconnaît la profession de l'auteur à la manière.
* 2º On reconnaît un disciple de S. Paul.
* 3° L'ouvrage n'est pas fait pour les Juifs.
* 4° Il est destiné aux Gentils.
* 5° Quant au style.
S. Jean
* Introduction.
* 1° Cet évangile a été composé après les trois synoptiques.
* 2º Il a écrit vers la fin du premier siècle.
* 3° L'auteur vivait parmi les Gentils et il écrivait pour eux.
* 4° Il était Hébreu d'origine.
* 5° Il avait habité la Palestine.
* 6º Il faisait, partie du collège apostolique.
* 7° Enfin, il ne peut être que l'auteur de l'Apocalypse et de l'Epître catholique...
Actes des Apôtres
* Introduction.
* 1° C’est l'œuvre d'un seul auteur.
* 2° L'auteur était des temps apostoliques.
* 3° Il a été disciple et compagnon de S. Paul.
* 4° II est l'auteur du troisième Évangile.
* 5° Enfin, c'est S. Luc lui-même.
Épîtres de S. Paul
Aux Romains
* Introduction.
* Comment l’Eglise de Rome s’était-elle formée ?
* Qu’est-ce qui portait S. Paul à envoyer des instructions à cette église qu’il n’avait pas fondée ?
* Cette Épître ne suppose-t-elle pas qu'il y avait à Rome, entre les convertis du Judaïsme et ceux de la Gentilité, une contestation sur leur mérite relatif?
* Cette Épître n’offre-t-elle pas des difficultés spéciales, et ne paraît-elle pas être le fruit de l’étude et du travail ?
* Comment se divise l’Epître aux Romains ?
Ière aux Corinthiens
* Introduction
*Est-il certain que ces Épîtres sont de S. Paul ?
*En quel lieu, en quel temps, à quelle occasion cette Épître fut-elle écrite ?
*Comment cette Épître se divise-t-elle ?
IIème aux Corinthiens
* A quelle date, de quel lieu, dans quel dessein cette Épître a-t-elle été écrite ?
Aux Galates
* Qu’étaient-ce que les Galates, comment S. Paul fut-il amené à leur écrire, et quel est l’objet de son Épître ?
Aux Éphésiens
* Qu’est-ce qui donne lieu à S. Paul d’écrire cette Épître aux Éphésiens ?
* Trouve-t-on dans cette Épître les même idées, le même style, les mêmes signes d’authenticité que dans les Épîtres précédentes ?
Aux Philippiens
* Qu’est-ce qui a donné lieu à S. Paul d’écrire cette Épître ?
Aux Colossiens
* Qu’est-ce qui a donné lieu à cet Épître ? Quel es est l’objet, le but et la valeur ?
Épîtres aux Thessaloniciens
* Qu’est-ce qui a donné lieu à S. Paul d’écrire aux Thessaloniciens ?
Épîtres Pastorales
* Qu’entend-t-on par Épîtres pastorales ?
* Quelle est la date de ces Épîtres ?
a) Ière Épître à Timothée
* Que se propose l’Apôtre dans cette Épître ?
b) IIème Épître à Timothée
* Quel est le caractère de cette Épître ?
c) A Tite
* Quelles sont les observations que suggère cette Épître ?
A Philémon
* Quel est l’objet de cette Épître ; sa date ; son caractère ?
Aux Hébreux
* Est-il de foi que l’Epître aux Hébreux est inspirée et qu’elle a S. Paul pour auteur comme les précédentes ?
* A qui l’Epître aux Hébreux s’adresse-t-elle précisément ?
* Qu’est ce qui a porté l’Apôtre à s’adresser aux chrétiens de Judée et à leur écrire cette Epître ?
Épîtres catholiques
* Qu'entend-on par Épîtres catholiques ?
* Qu’est-ce que ces Épîtres ont de commun ?
Épître de Saint Jacques
* Quel est l’auteur de cette première Épître catholique ?
* Quelle a été l’occasion de cette Épître et quel est l’objet ?
* Quels sont les caractères de cette Épître ?
* A date et de quel lieu cette Épître a-t-elle été écrite ?
Ière Épître de Saint Pierre
* Cette Épître est-elle authentique ?
* En quel lieu, en quel temps et pour qui cette Lettre a-t-elle été écrite ?
* Quel est le but de cette lettre ?
* Quels sont les caractères de cette Épître ?
IIème Épître de Saint Pierre
* Quelle a été l’occasions et le but de cette seconde Lettre ?
* Cette Épître est-elle vraiment de S. Pierre, comme la première ?
Ière Épître de Saint Jean
* L’authenticité de cette Épître est-elle bien certaine ?
* Quelle a été l’occasion de cette Épître et à qui était-elle destinée ?
IIème et IIIème Épître de saint Jean
* Ces deux Épîtres sont-elles authentiques ?
* Quel est l’objet de ces Épîtres ?
Épître de Saint Jude
* Quel est l’auteur de cette dernière Épître ?
* Comment s’explique la ressemblance de l’Épître de S. Jude avec la seconde de S. Pierre ?
Apocalypse
* Est-il bien certain que l’auteur de ce livre est l’Apôtre S. Jean ?
* A quelle époque de sa vie S. Jean a-t-il écrit l’Apocalypse ?
* N’est-ce pas une témérité de chercher à entendre un livre sur lequel on est si peu d’Accord et que plusieurs regardent comme inintelligible ?
* D’où vient qu’on a cru voir dans l’Apocalypse des choses si bizarres et si diverses ?
* Les nombres ronds peuvent-ils avoir dans l’Apocalypse une signification différente de celle qu’ils ont dans les autres livres ?
* Comment ce livre se divise-t-il ?
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Re: Introduction au Nouveau Testament
PRÉFACE (1)
Le Nouveau Testament signifie proprement la nouvelle alliance que Dieu a faite avec les hommes par la médiation de Jésus-Christ mort sur la croix, mais ici il se prend pour les monuments ou les livres sacrés, qui nous font connaître, sous ses divers rapports, cette divine alliance ; c'est-à-dire les Évangiles, les Actes des Apôtres, les Épîtres de saint Paul, de saint Jacques, de saint Pierre, de saint Jean, de saint Jude, et l'Apocalypse.
Le nom d'Évangile, qui est grec, et qui veut dire bonne, heureuse nouvelle, a été donné à l'histoire de l'avènement, de la doctrine, des actions, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, le Messie promis de Dieu, et annoncé par les prophètes. Les seuls Évangiles que l'Église chrétienne ait reconnus comme authentiques sont ceux qui ont été composés par saint Matthieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean.
Or, en écrivant son Évangile, saint Matthieu a eu principalement en vue de prouver aux Juifs que Jésus-Christ était le vrai Messie, fils de David, né d'une vierge, annoncé par les prophètes ; aussi a-t-il cité plus de passages de l'Ancien Testament que les autres évangélistes.
Saint Marc, en s’attachant, dans presque tous les chapitres de son livre, à faire ressortir la puissance divine de Jésus de Nazareth, indique suffisamment que dans la composition de son Évangile, son but a été de prouver que ce même Jésus était le maître souverain de toutes choses.
Quant à saint Luc, il résulte bien de la lecture de son prologue, qu'il a voulu opposer à des histoires sans autorité ou peu exactes, son Évangile qu'il tenait de saint Paul et des apôtres, témoins fidèles et sûrs des faits qu'il raconte; mais si on examine son livre sous un point de vue général, on aperçoit que son dessein est de montrer, par l'ensemble des faits et toutes les circonstances de la vie de Jésus de Nazareth, que ce même Jésus est le véritable Sauveur de tous les hommes.
Enfin saint Jean a eu plusieurs motifs d'écrire son Évangile. D'abord il ne pouvait résister au désir ardent des fidèles d'Asie, qui voulaient avoir par écrit ce qu'il leur avait dit de vive voix. En second lieu, il était tout naturel qu'il cherchât à réfuter les erreurs de Cérinthe et d'Ebion, qui niaient la divinité du Verbe. Troisièmement, il voulait laisser à l'Église un corps plus complet de l'histoire et de la doctrine du Sauveur, et qui fût le supplément des autres Évangiles.
Le livre des Actes des Apôtres, écrit par saint Luc, est ainsi nommé, parce qu'il contient le récit de ce que firent les apôtres à Jérusalem, dans la Judée et dans les autres parties de l'univers, après l'ascension de Jésus-Christ. Ainsi il forme comme le complément des Évangiles, qui contiennent en effet des promesses et des prédictions, dont il présente lui-même l'accomplissement et la réalisation. Ajoutons qu'il est très utile pour faire comprendre les Épîtres des apôtres et surtout celles de saint Paul, lesquelles, sans les lumières qu'il nous fournit, resteraient dans bien des passages entièrement inintelligibles.
Les Épîtres de saint Paul sont au nombre de quatorze, savoir: une aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Galates, une aux Éphésiens, une aux Philippiens, une aux Colossiens, deux aux Thessaloniciens, deux à Timothée, une à Tite, une à Philémon et une aux Hébreux. Dans notre Abrégé d'introduction, etc., nous avons signalé les principales sources des difficultés particulières à ces Epîtres, en indiquant les moyens de les faire disparaître, au moins en partie.
Les autres Épîtres sont au nombre de sept, savoir : une de saint Jacques, deux de saint Pierre, trois de saint Jean et une de saint Jude. On les appelle catholiques, ou universelles, parce qu'elles contiennent des choses communes à toutes les Églises. On les nomme aussi canoniques, parce qu'elles renferment des règles ou canons importants pour les mœurs et les instructions sur les matières de la foi, ou plutôt parce qu'elles font partie du canon ou catalogue des livres sacrés. Le but général des Épîtres catholiques est, selon saint Augustin (De fide et operib., c. XIV), de réfuter les hérésies naissantes de Simon le Magicien, celles des Nicolaïtes, des Ébionites et autres hérétiques qui, abusant de la liberté évangélique, et prenant à contre-sens les paroles de saint Paul, enseignaient que la foi sans les œuvres suffisait pour le salut, et introduisaient ainsi une morale très corrompue.
Le mot grec Apocalypse, qui signifie révélation en général, désigne ici la révélation particulière qu'eut saint Jean l'Évangéliste dans l'île de Patmos, et qu'il a décrite lui-même dans un livre qui, pour ce motif, a été aussi nommé Apocalypse. Mais comme ce livre, qui est en grande partie prophétique, contient un grand nombre de passages difficiles à comprendre, nous avons cru en faciliter l'intelligence, en établissant dans notre Abrégé d'introduction, etc., p. 503 et suiv., quelques principes à suivre, et quelques règles à observer dans son explication.
Nous rappellerons ici que l'Écriture sainte est la parole même de Dieu, son divin Testament, le dépôt de ses secrets et de ses divines volontés, et qu'elle ne saurait être profitable, qu'autant qu'on la lira avec une foi vive, une humilité profonde, une soumission parfaite et une entière pureté d'intention.
J.-B. GLAIRE.
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(1) Ce qui fait l'objet de cette Préface ne peut être indiqué ici que fort sommairement, on le trouvera plus développé dans notre Abrégé d'introduction aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, p. 379 et suiv.
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Re: Introduction au Nouveau Testament
LES ÉVANGILES
De tous les livres de l'Ecriture, l'Evangile est le plus divin. « La sagesse éternelle, qui est engendrée dans le sein du Père..., se rend [particulièrement] sensible par la parole de l'Evangile... C'est là, en effet, que nous la voyons, dit Bossuet. Ce Jésus qui a conversé avec les Apôtres, vit encore pour nous dans son Evangile, et il y répand encore, pour notre salut, la parole de vie éternelle. Comme il était le Sauveur de tous, il devait se montrer à tous. Par conséquent il ne suffisait pas qu'il parût en un coin du monde, il fallait qu'il se montrât par tous les endroits où la volonté de son Père lui avait préparé des fidèles. Il a paru dans la Judée par la vérité de sa chair, il est porté par toute la terre par la vérité de sa parole. »
« Jésus-Christ, maître de sa doctrine, la distribue tranquillement, remarque Fénelon; il dit ce qu'il lui plaît, et il le dit sans aucun effort; il parle du royaume et de la gloire céleste comme de la maison de son Père. Toutes ces grandeurs qui nous étonnent lui sont naturelles; il y est né, et il ne dit que ce qu'il voit, comme il nous l'assure lui-même. »
« Une parole de l'Evangile, dit encore Fénelon, est plus précieuse que tous les autres livres du monde ensemble ; c'est la source de toute vérité. »
A suivre: Évangile de Jésus-Christ selon S. Matthieu.
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Re: Introduction au Nouveau Testament
LE
SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT MATTHIEU
INTRODUCTION
L'auteur du premier évangile est l'apôtre S. Matthieu. Il n'y a qu'une voix à cet égard dans la tradition. Les Pères s'accordent également à dire que cet évangile a paru avant tous les autres, que S. Matthieu l'a écrit en hébreu pour l'usage des chrétiens de Judée, avant de quitter ce pays pour aller prêcher la foi parmi les Gentils, entre l'an 45 et l'an 48, un peu avant que S. Paul écrivît ses premières Epîtres. Quant à la version grecque du texte hébreu de S. Matthieu, il est certain que, si l'auteur ne l'a pas faite lui-même, comme Josèphe a fait la traduction de sa Guerre des Juifs, elle date du moins du temps des apôtres et a dû être approuvée par eux; car dès le premier siècle, et avant la mort de S. Jean, elle était citée et reçue par toute l'Eglise avec l'autorité des textes inspirés; et s'il en avait été autrement, on aurait peine à s'expliquer la disparition du texte hébreu.
L'évangile de S. Matthieu n'est pas proprement une histoire, une biographie. On y trouve bien une esquisse de la vie du Sauveur et un sommaire de sa prédication. Mais les faits n'y tiennent pas une grande place ; ils sont peu circonstanciés et souvent groupés, comme les discours, suivant leurs analogies. L'ordre chronologique fait défaut, aussi bien que les dates. Le dessein de l'auteur est donc, avant tout, dogmatique et moral. Ce qu'il se propose, c'est de montrer à ses lecteurs, ce qu'il a prêché jusque-là de vive voix, que Jésus est le Messie promis au peuple Juif, qu'il faut croire à sa parole, accepter ses maximes, entrer dans son Eglise, et se conformer à ses lois. Aussi s'attache-t-il à signaler dans sa personne toutes les prérogatives que les prophètes ont attribuées au Messie, celles de roi, de législateur, de thaumaturge, de prophète, de souverain prêtre. A tous ces points de vue, il a soin de faire remarquer l'accord des prophéties avec les faits qu'il décrit.
Cet évangile a été appelé quelquefois l'évangile du royaume des cieux, parce qu'on y voit annoncée et souvent désignée sous ce nom l'œuvre que le Fils de Dieu venait accomplir en ce monde; mais l'auteur a soin de faire sentir que sa royauté est spirituelle, qu'elle a pour fin le salut des âmes.
Ses vingt-huit chapitres se divisent en trois parties : les premières années du Sauveur, sa prédication, ses derniers jours. Les premières années du Sauveur remplissent trois chapitres, dans lesquels il est surtout représenté comme roi, I-III. Ses derniers jours, depuis le commencement de sa Passion jusqu'à son retour au ciel, en occupent trois également, XXVI-XXVIII: Notre Seigneur y paraît comme prêtre et victime. La partie intermédiaire, la seconde, est de beaucoup plus considérable, IV-XXV. Si l'on en fait deux sections, on aura d'abord sa prédication dans la Galilée, IV-XVIII, puis son ministère, si laborieux et si combattu, dans la Judée, XIX-XXV. La première fait voir en lui le législateur, IV-VII, et le thaumaturge, VIII-XVIII. Dans la seconde, XIX-XXV, il agit en prophète : il enseigne, il reprend, il prédit. Mais ces points de vue s'entremêlent, et il paraît plusieurs fois sous le même aspect.
Les caractères de cet évangile s'accordent sur tous les points avec le témoignage de la tradition.
On ne peut s'empêcher de reconnaître, en le lisant, que l'auteur était juif, qu'il avait été témoin des faits, qu'il écrivait pour les Juifs de Palestine, à une époque peu éloignée de la mort du Sauveur, enfin qu'il avait bien le caractère et les dispositions que devait avoir S. Matthieu.
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1° L'auteur était juif de naissance…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
LE
SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT MATTHIEU
(suite)
2° Il a été témoin des faits qu'il rapporte. — C'est ce qu'il suppose évidemment, en retraçant en détail les actions du divin Maître, et surtout en reproduisant ses discours avec tant d'étendue, sans jamais indiquer aucune source, ni donner d'autre garantie que son témoignage.
A la vérité, ses récits sont moins circonstanciés que ceux de S. Marc, et il ne suit pas l'ordre des temps aussi fidèlement que S. Luc; mais cette particularité s'explique par le but spécialement dogmatique de sa composition.
Quant aux discours, qui tiennent la plus grande partie de son ouvrage, si l'auteur ne les avait pas recueillis de la bouche du Sauveur, il faudrait dire qu'il les a inventés ou qu'il les a rédigés d'après la tradition ; mais, dans ce cas, ces discours conviendraient-ils si bien au caractère du Fils de Dieu, à sa dignité, à ses lumières, à sa sainteté? Y trouverait-on ce naturel, cette élévation, cette placidité, ce charme? Il nous semble voir trop d'unité dans le fond et dans la forme, trop de pureté dans la doctrine, trop de noblesse et de simplicité dans le langage, pour n'y pas reconnaître une reproduction directe de l'enseignement du divin Maître. C'est un assez grand honneur pour l'évangéliste d'avoir reproduit sans altération cette morale et ce style.
3° Il écrivait pour ses compatriotes...
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Re: Introduction au Nouveau Testament
LE
SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT MATTHIEU
(suite)
3° Il écrivait pour ses compatriotes, c'est-à-dire pour les Juifs de Palestine convertis au christianisme. — S'il avait destiné son évangile aux Gentils, il se proposerait un autre but, il suivrait une autre marche; il insisterait sur d'autres points; il ferait moins d'emprunts à l'Ancien Testament; il parlerait un autre langage.
A qui peut-il s'adresser, sinon à des Juifs,
quand il annonce la venue du royaume de Dieu,
quand il établit l'autorité du Sauveur sur sa qualité dé Messie,
quand il lui applique les prédictions des prophètes,
quand il commencé par décrire sa généalogie, quand il l'appelle le fils de David, quand il parle du lieu saint et de la sainte cité,
quand il mentionne sans nulle explication les localités, les lois et les usages du pays, quand il met les Gentils sur la même ligne que les publicains,
quand il rapporte avec tant de détails les invectives du Sauveur contre les Pharisiens, quand il fait entendre que le règne de la Synagogue est fini et qu'une autre Eglise, une Eglise universelle, va s'élever sur ses ruines, etc.?
Mais si c'est à des Juifs convertis qu'il destine son évangile, ce ne peut être qu'à ceux de la Palestine, car ils ne formaient une église particulière qu'en Judée, et partout ailleurs ils étaient mêlés avec les Gentils.
4° Il a composé son livre de bonne heure …
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Re: Introduction au Nouveau Testament
LE
SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT MATTHIEU
(suite)
4°
Il a composé son livre de bonne heure, assez peu de temps après l'Ascension du Sauveur.— Puisque l'auteur est un apôtre, et qu'il destine son livre aux Juifs de la Palestine, il a dû l'écrire lorsqu'il était au milieu d'eux, avant la dispersion du collège apostolique, de l'an 45 à l'an 48 au plus tard. Si l'on compare cet évangile avec les deux autres synoptiques, on est conduit à la même conclusion, car il est visiblement le plus ancien.
On conçoit S. Marc, disciple de S. Pierre, abrégeant S. Matthieu et retranchant de l'évangile hébreu ce qui était sans intérêt pour les Romains.
On conçoit S. Luc, disciple de S. Paul, complétant les Mémoires des premiers évangélistes, et s'efforçant de mettre dans leurs récits l'ordre et la correction qui y manquent.
Mais on ne concevrait pas S Matthieu, un témoin oculaire, un apôtre, prenant pour guide dans beaucoup d'endroits un simple disciple, paraphrasant S. Marc, traduisant S. Luc dans un langage moins correct et s'écartant à dessein de l'ordre chronologique.
Matthieu le publicain a donc été le premier à écrire l'Evangile, comme Madeleine la pécheresse a été la première a annoncer la Résurrection.
5° Les dispositions qu'il manifeste conviennent parfaitement à S. Matthieu…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
LE
SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT MATTHIEU
(suite)
5° Les dispositions qu'il manifeste conviennent parfaitement à S. Matthieu. — Le style de cet écrit est simple, uniforme et peu soigné. C'est partout la même manière de passer des faits aux discours et des discours aux faits. Le mot « alors » se trouve répété près de cent fois. Néanmoins cette rédaction, et surtout les citations de l'Ancien Testament dont elle est semée, supposent une culture d'esprit que la plupart des apôtres n'avaient pas. Or, l'emploi que S. Matthieu remplissait, avant son apostolat, demandait précisément un degré particulier d'instruction. Rien d'étonnant qu'il soit le premier à qui on ait demandé et qui ait entrepris de tracer une esquisse de la prédication du Sauveur. De plus, on fait observer que l'auteur du premier évangile s'exprime avec une précision remarquable, lorsqu'il s'agit de cens et d'impôt.
— Sa modestie n'est pas moins remarquable. S. Matthieu trouvait, comme S. Paul, un sujet de confusion dans la première partie de sa vie, et il est à croire que lui seul, entre les disciples du Sauveur, pouvait se plaire à rappeler son ancienne profession de publicain. Or c'est précisément ce qui a lieu. Comme il avait changé son nom de Lévi en celui de Matthieu, don de Dieu, au moment où il s'attachait à Notre Seigneur, lorsque S. Marc et S. Luc rapportent le fait de sa vocation et qu'ils font connaître son premier emploi, ils ont soin de ne le désigner que par son ancien nom, afin de ne pas associer dans l'esprit des fidèles l'idée d'un apôtre avec le souvenir d'une profession odieuse.
Mais le premier évangéliste ne songe pas à rien dissimuler : il dit simplement Matthieu, ou le publicain; et il indique le bureau qu'il occupait à Capharnaüm. Cette observation a été faite de bonne heure : nous la trouvons dans Eusèbe, S. Jérôme et S. Chrysostôme. On peut y joindre une autre remarque du même genre. On sait que le Sauveur envoya ses Apôtres prêcher l’Évangile deux à deux.
Les trois synoptiques qui rapportent ce fait mettent, comme compagnons d'apostolat, au quatrième rang, S. Matthieu et S. Thomas, mais avec cette différence que le premier évangéliste donne la première place à S. Thomas et que les deux derniers la donnent à S. Matthieu. Quiconque tiendra compte des leçons données par le Sauveur à ses Apôtres et du sentiment qu'on a toujours eu de leur vertu, croira volontiers que c'est S. Matthieu lui-même qui s'est mis ici au second rang, tandis que ses collègues le plaçaient au premier. (M. BACUEZ.) (1).
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(1) Toutes les citations de M. Bacuez faites dans ce volume sont tirées du Manuel biblique.
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Re: Introduction au Nouveau Testament
LE
SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT MARC
INTRODUCTION
Bien des savants distinguent S. Marc, l'évangéliste, de Jean Marc, parent de Barnabé. Le Bréviaire romain ne tranche pas la question ; mais communément on admet l'identité. D'après les Actes, Jean ou Jean Marc était lié avec S. Pierre avant de se lier avec S. Paul. C'est chez la mère de ce disciple que le prince des Apôtres, au sortir de la prison d'Hérode, trouve les chrétiens réunis. Cette circonstance fait supposer que Jean Marc n'était pas sans fortune, ni probablement sans instruction.
Il est vraisemblable que S. Pierre l'aura pris pour son interprète, selon le mot du prêtre Jean dans Papias, ou plutôt pour son secrétaire, comme le dit S. Jérôme, après que ce jeune disciple se fut séparé de S. Paul. De là le nom d'Évangile de Pierre, donné par Tertullien à sa composition.
S'il n'est pas nommé Jean, mais simplement Marc, comme évangéliste et compagnon de S. Pierre, c'est sans doute qu'il avait pris ce nom latin en entrant dans l'empire, et qu'il n'était pas connu autrement à Rome et parmi les Gentils. S. Luc nous avertit que c'est un surnom.
II a pu aller en Egypte quelques années après la venue de S. Pierre à Rome, y fonder l'Eglise d'Alexandrie, puis se retrouver à Rome pendant la première captivité de S. Paul et à Éphèse pendant la seconde. S. Pierre l'appelle son fils. Son Évangile, composé peu de temps après celui de S. Matthieu, dut être présenté à l'Eglise par le prince des Apôtres, comme objet de foi et livre inspiré.
Si l'on s'en rapporte aux caractères de sa composition, l'auteur du second évangile était originaire de Judée, contemporain des Apôtres, et disciple de S. Pierre; il a écrit pour les Gentils, spécialement pour les Romains, sans autre souci que d'unir l'exactitude et la précision à la brièveté et à la simplicité.
1° L'auteur était Juif d'origine et contemporain des Apôtres.…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
LE
SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT MARC
(suite)
1° L'auteur était Juif d'origine et contemporain des Apôtres. — On distingue sa nationalité, à ses nombreux hébraïsmes, à ses citations syrochaldéennes et à la connaissance qu'il montre des usages de la Judée. On reconnaît un contemporain des Apôtres aux particularités de ses récits. Ils sont vifs, précis, circonstanciés, comme devaient l'être ceux des premiers témoins de la vie du Sauveur.
Il ne néglige aucun détail. Il indique nettement les moindres particularités de temps, de lieux, de nombre, de personnes, d'attitude, de disposition. Par exemple, il remarque que Jaïre était chef de synagogue, que la femme du pays de Chanaan était une grecque syrophénicienne, que l'aveugle de Jéricho s'appelait Bartimée, fils de Timée, que le crime de Barabbas était le meurtre, que Joseph d'Arimathie était membre du sanhédrin, et Simon de Cyrène, père d'Alexandre et de Rufus.
Il rapporte même en langue syrochaldéennes certaines paroles de Notre Seigneur.
Plusieurs pensent qu'il parle de lui-même dans le récit de la Passion, sans se nommer, comme fait aussi S. Jean et peut-être S. Luc.
2° II était particulièrement attaché à S. Pierre...
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Re: Introduction au Nouveau Testament
LE
SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT MARC
(suite)
2° II était particulièrement attaché à S. Pierre — Il expose avec la plus grande précision les faits qui concernent cet Apôtre, ceux dont il a été l'auteur ou le témoin. Là où les autres évangélistes nomment les apôtres en général, S. Marc désigne S. Pierre séparément et tout d'abord, par exemple dans la guérison de sa belle-mère, dont il indique le jour, dans la résurrection de la fille de Jaïre, dans la prédiction de la ruine de Jérusalem, dans les recommandations du Sauveur ressuscité.
Une autre remarque, faite par S. Chrysostome, c'est qu'il nomme S. Pierre dans les circonstances les plus propres à l'humilier, quand Notre Seigneur lui dit : « Retire-toi de moi, Satan », quand il s'endort au Jardin des Olives, quand il renie son Maître, tandis qu'il ne dit rien de sa marche sur les eaux prés de Tibériade, ni des prérogatives que Notre Seigneur lui accorde en récompense de sa foi et de son amour.
Du reste, S. Marc rapporte les actions de Notre Seigneur avec plus de soin que ses discours; il semble surtout frappé des prodiges qu'il opérait et de l'empire qu'il exerçait sur les possédés. Cette particularité, en le distinguant de S. Matthieu, lui donne un rapport de plus avec le prince des Apôtres, qui se montre toujours préoccupé de la pratique.
C'est ce qui a fait dire que cet Evangile n'était que la réalisation du programme tracé par S. Pierre au Cénacle et le développement des paroles dans lesquelles le même Apôtre a résumé la vie de l'Homme-Dieu : « Il a passé en faisant le bien et en guérissant tous ceux que le démon tourmentait. »
3° Il écrivait pour tous les Gentils, quoique spécialement pour les Romains....
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Re: Introduction au Nouveau Testament
LE
SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT MARC
(suite)
3° Il écrivait pour tous les Gentils, quoique spécialement pour les Romains. — C'est la principale raison pour laquelle il s'appuie rarement sur l'Ancien Testament et ne le cite presque pas.
Il ne présente pas le Sauveur comme Messie, mais comme souverain du monde : il ne l'appelle pas Fils de David, mais Fils de l'homme ou Fils de Dieu, comme S. Jean qui destinait aussi son écrit aux Gentils.
Il omet, comme lui, les généalogies et l'adoration des Mages, qui intéressaient spécialement les Juifs et commence son récit par la prédication de l’Évangile.
Il ne nomme pas une seule fois la Loi; il ne dit pas l'abomination « dans le sanctuaire, » mais « où elle ne doit pas être ».
Dans le récit de la Passion, il passe sous silence le voile du temple déchiré, le tremblement de terre et le brisement de la pierre, qui ne se pouvaient constater qu'à Jérusalem.
Il explique les usages juifs, dont il fait mention, il évalue les pièces grecques en monnaies latines, et traduit les termes araméens qu'il insère dans son récit, tandis qu'il n'explique aucune des expressions latines qu'il fait entrer dans ses phrases grecques, etc.
Il prend soin de dire que le Jourdain est un fleuve, et que le mont des Oliviers est en face du temple.
Il avertit que les Sadducéens ne croient pas à la résurrection, que les Pharisiens jeûnent fréquemment, que les Juifs immolent l'Agneau pascal le premier jour des Azymes, qu'ils sont en possession de remettre en liberté un prisonnier à Pâques.
Les quatre paraboles qu'il reproduit ont rapport à la prédication de l’Évangile, à l'établissement de l'Eglise et à la vocation des Gentils.
Enfin il désigne Alexandre et Rufus comme fils de Simon de Cyrène, et l'on sait par S. Paul qu'ils étaient venus s'établir à Rome.
4º Son écrit est rédigé comme un simple mémorial....
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SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
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4º Son écrit est rédigé comme un simple mémorial. — On n'y remarque aucune tendance spéciale, soit apologétique, soit polémique. S. Jérôme dit que S. Marc n'a fait qu'un abrégé de l’Évangile, Papias qu'il s'est borné à mettre par écrit les prédications de S. Pierre. S. Augustin l'appelle pedissequus Matthæi « le suivant de S. Matthieu, » et Bossuet le plus divin des abréviateurs.
Cependant S. Marc ne se borne pas à résumer, ou bien ce qu'il résume est plutôt l'histoire du Sauveur que le livre de S. Matthieu. En certains endroits, il change l'ordre suivi par son devancier; en d'autres, il rafraîchit ses tableaux en les complétant par de nouveaux traits ; par exemple, dans la guérison de l'hémorrhoïsse, dans la délivrance des possédés Géraséniens, dans le récit de la mort de S. Jean-Baptiste. Encore qu'il n'ait pas plus de vingt-sept versets dont on ne trouve pas l'équivalent dans S. Matthieu ou dans S. Luc, on lui doit cependant une parabole, deux guérisons miraculeuses, celles du sourd-muet de la Décapole et de l'aveugle de Bethsaïde, et un des incidents de l'arrestation du Sauveur, auquel l'évangéliste semble ne pas être étranger.
5° Pour le style...
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5°
Pour le style. S. Marc est net, précis, serré, mais sec et négligé. Il aime à employer dans ses récits le langage direct, et à remplacer le passé par le présent. Il affectionne les diminutifs. Il répète souvent les mêmes idées et les mêmes termes, soit à dessein pour en renforcer le sens, soit par négligence, comme et, qui reparaît à tout moment, de nouveau, et aussitôt, qu'on trouve neuf fois dans le premier chapitre.
Ainsi les caractères intrinsèques du second évangile justifient pleinement la croyance de l'Eglise sur l'origine et sur l'auteur de ce livre. (L. BACUEZ.) A suivre : Saint Luc.
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INTRODUCTION
Tous les auteurs ecclésiastiques, sauf Clément d'Alexandrie, attestent que cet évangile a paru après celui de S. Marc, et qu'il vient en troisième lieu. L'auteur dit lui-même qu'il n'est pas le premier qui ait essayé d'écrire la Vie du Sauveur. Ailleurs il nous apprend qu'il a publié son évangile avant d'écrire les Actes des Apôtres. Or, le livre des Actes a été terminé, suivant toutes les apparences, en l'an 62 ou 63, époque à laquelle son récit s'arrête brusquement. Il est donc probable que le troisième évangile a été écrit entre l'an 55 et l'an 60, une huitaine d'années après celui de S. Marc, une quinzaine après celui de S. Matthieu. A cette date, le christianisme était déjà établi dans beaucoup de contrées de l'empire; mais la plupart des Apôtres étaient encore en vie.
On peut distinguer dans l’Évangile de S. Luc quatre parties : — 1° Enfance et jeunesse de Notre Seigneur, I, 5-IV, 13. — 2° Prédication dans la Galilée, IV, 14-IX, 50. — 3° Voyage de Galilée à Jérusalem, IX, 51-XVIII, 30. — 4° Derniers mystères, XVIII 31-XXIV.
S. Luc n'avait pas connu Notre Seigneur, ni observé par lui-même les faits évangéliques ; mais il avait à sa disposition les écrits de S. Matthieu et de S. Marc, qui pouvaient le guider dans la plupart de ses récits. Quant aux faits qu'il rapporte seul, et aux circonstances qu'il ajoute aux récits de ses devanciers, il a eu pour s'en assurer diverses autorités :
1º S. Paul, si bien instruit de tout ce qui concernait le Sauveur, soit par ses révélations, soit par les rapports des premiers disciples. On sait que S. Luc a longtemps vécu avec l'Apôtre, qu'il l'a suivi dans la plus grande partie de ses missions. Les premiers chrétiens étaient si persuadés de la part que S. Paul avait prise à la composition du troisième évangile, qu'ils lui en faisaient honneur et que Tertullien l'appelle illuminator Lucæ.
2° Plusieurs personnages apostoliques : S. Barnabé, l'un des premiers lévites convertis qui devint fondateur de l'Eglise d'Antioche où S. Luc apprit les éléments de la doctrine chrétienne; S. Philippe, diacre de Césarée, chez lequel S. Luc logea avec S. Paul en se rendant à Jérusalem, et auprès de qui il demeura les deux premières années de la captivité de l'Apôtre; S. Jacques le Mineur, évêque de Jérusalem ; S. Pierre et les autres Apôtres, avec lesquels S. Luc fut en rapport.
3° La sainte Vierge et les parents de S. Jean-Baptiste. C'est à cette dernière source qu'a dû être puisé en particulier le récit des faits qui ont précédé la naissance du Sauveur; récit dont la couleur toute hébraïque contraste avec le prologue de l’Évangile. Aussi S. Luc atteste-t-il qu'il a remonté jusqu'aux origines, et fait-il remarquer à deux reprises que la mère de Dieu conservait dans son cœur le souvenir de tout ce qu'elle voyait et entendait.
Le troisième évangile offre des marques très nombreuses d'authenticité. On sait que S. Luc était médecin, et qu'il avait fait par conséquent quelques études, qu'il était Gentil d'origine, qu'il fut disciple de S. Paul, qu'il se consacra comme son maître à la conversion des Gentils, enfin qu'après avoir écrit son évangile, il a composé les Actes des Apôtres. Or, ces qualités, ces habitudes d'esprit, ces dispositions, ces particularités, se reflètent d'une manière visible dans le troisième évangile.
1° On reconnaît la profession de l'auteur à la manière dont il parle des maladies et de leur guérison; et il est facile de …
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1° On reconnaît la profession de l'auteur à la manière dont il parle des maladies et de leur guérison; et il est facile de constater la culture de son esprit aux qualités de sa composition.
— Cet évangile décrit les maladies guéries par le Sauveur avec bien plus de précision que les autres, en des termes qui lui sont propres et qui appartiennent au langage médical de l'époque. En outre, il a plus qu'aucun autre la forme de l'histoire.
— Il commence, comme Josèphe, par un prologue, suivant l'usage des Grecs, et par une dédicace à un Théophile qu'il nomme Excellence, ou excellent. Ce Théophile pourrait être un chrétien de Rome ou d'Achaïe, honoré d'un emploi civil. Ce pourrait bien être aussi, comme le pense Origène et comme on en trouve des exemples vers cette époque, un personnage fictif, représentant tous les fidèles, désireux de servir et d'aimer Dieu, « Si tu aimes Dieu, c'est à toi qu'il est écrit, » dit S. Ambroise, qui suivait ce sentiment.
— L'auteur remonte au commencement des faits évangéliques, et il conduit son récit jusqu'à la fin, en le rattachant aux événements contemporains, et en suivant autant qu'il peut la chronologie. C'est un soin que S. Matthieu avait négligé et dont l'importance commençait à se faire sentir. Déjà S. Marc avait essayé de rétablir cet ordre. S. Luc profite de son travail et cherche à le compléter. Il distribue tout autrement les faits rapportés par S. Matthieu du chapitre VIII au chapitre XI.
— Il s'efforce aussi de combler les lacunes de ses devanciers. Un tiers de ses récits, cinq miracles et douze paraboles lui appartiennent en propre. Il est le seul qui parle des soixante-douze disciples et de leur mission. C'est peut-être ce qui a fait dire à plusieurs auteurs, à S. Epiphane en particulier, qu'il en faisait partie, bien que S. Luc lui-même semble affirmer le contraire, suivant S. Grégoire le Grand.
— Pour le style, quoique son grec ait encore bien des hébraïsmes, surtout au commencement, dans les cantiques en particulier, il est notablement plus pur que celui des écrivains du Nouveau Testament. Il ne les reproduit presque jamais sans leur donner plus de correction et d'élégance.
2º On reconnaît un disciple de S. Paul….
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2º On reconnaît un disciple de S. Paul.
— Comme le Docteur des Gentils, il appelle le Sauveur Dominus, « le Seigneur, » titre qui suppose l'habitude de le considérer au ciel, dans sa gloire, plutôt que le souvenir de sa vie sur la terre.
— Il insiste sur la nécessité et l'efficacité de la foi, sur l'universalité de la rédemption, sur le mérite de l'aumône et de la pauvreté évangélique, sur la générosité nécessaire aux Apôtres.
— Le récit qu'il fait de l'institution de l'Eucharistie diffère de ceux de S. Matthieu et de S. Marc; mais il est presque identique avec celui que S. Paul fit vers la même époque aux Corinthiens; les paroles sacramentelles sont suivies, dans l'un comme dans l'autre, de la même recommandation : « Faites cela, etc. » II est aussi, avec l'Apôtre, le seul qui mentionne l'apparition de Notre Seigneur à S. Pierre après la Résurrection.
— Enfin, on a remarqué que son élocution a quelque chose de l'abondance et de la facilité de S. Paul, de même que celle de S. Marc tient de la concision et de la fermeté de S. Pierre, et l'on a relevé de nombreuses coïncidences de pensée et d'expression avec les épîtres de l'Apôtre.
3° L'ouvrage n'est pas fait pour les Juifs.…
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3° L'ouvrage n'est pas fait pour les Juifs. — L'auteur ne suppose pas à ses lecteurs une grande connaissance de la langue, des mœurs, de la géographie de la Palestine.
Il ne cite aucune parole du Sauveur en hébreu.
Il nomme toutes les localités par leur nom grec. Il dit : le mont appelé des Oliviers, la bourgade qu'on nomme Bethléem, la fête des azymes, connue sous le nom de Pâques. Il fait connaître la distance d'Emmaüs. Il avertit qu'Arimathie est en Judée, que Capharnaüm est en Galilée, aussi bien que Nazareth, mais non Gadare.
Il évite de dire comme S. Matthieu : la cité sainte, les anciens. Il remplace Rabbi par Maître, Hosanna par une périphrase.
Il présente Jésus-Christ comme le Sauveur du genre humain plutôt que comme le Messie de la nation juive.
Sa généalogie ne s'arrête pas à Abraham; elle remonte jusqu'à Adam, et montre que tous les hommes sont de la famille du Sauveur. Ce n'est pas par les rois de Juda, mais par une ligne collatérale qu'elle le rattache à David. Zacharie, à la naissance de son précurseur, comme Siméon dans le récit de sa Présentation, annonce l'aurore du salut au genre humain tout entier.
Enfin les faits qui n'ont qu'un intérêt temporaire et local, comme les longues disputes des Pharisiens avec le Sauveur, sont constamment écartés.
4° Il est destiné aux Gentils.…
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4° Il est destiné aux Gentils. — Tout ce qui eût pu les choquer ou donner lieu aux Juifs de se mettre au-dessus d'eux est passé sous silence. Au lieu d'opposer aux enfants de Dieu les nations ou les Gentils, comme S. Matthieu, il leur oppose les pécheurs, terme qui peut s'appliquer aux Juifs comme au reste des hommes.
Dans plusieurs endroits, il fait mention de l'empire, de ses magistrats, de ses officiers, et toujours avec une considération bien marquée. Il évite de leur attribuer le supplice du Sauveur.
Quand il est question du royaume de Dieu, il fait remarquer qu'il est spirituel.
Il recueille avec soin un grand nombre de traits négligés par S. Matthieu, qui étaient de nature, soit à humilier les Juifs, soit à toucher les païens et à leur donner confiance : le salut promis à Zachée et au bon larron; le pardon accordé au prodigue et à la pécheresse; la préférence donnée au publicain sur le pharisien et au Samaritain sur le prêtre et le lévite; les paraboles de la brebis égarée, de la drachme perdue, du figuier tardif; l'éloge fait par le Sauveur de plusieurs Gentils; sa prière pour ses bourreaux; la conversion d'un larron sur la croix, et celle du centenier à la mort du Fils de Dieu.
Aussi a-t-on dit de cet évangile en particulier qu'il est l'évangile de la miséricorde et que les paroles d'Isaïe, lues par le divin Maître dans la synagogue de Nazareth, pourraient lui servir d'épigraphe.
L'Homme-Dieu y parait comme le divin médecin. S. Matthieu l'avait présenté aux Hébreux comme Messie, et S. Marc aux Romains comme Fils de Dieu : S. Luc le présente aux Grecs, c'est-à-dire à tous les peuples civilisés, comme Sauveur du genre humain tout entier.
5° Quant au style…
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5° Quant au style, cet évangile, plus correct, plus soigné que le reste du nouveau Testament, a une grande analogie avec le livre des Actes.
On remarque des deux côtés des passages empruntés à des pièces officielles ou à des écrits plus anciens, des paroles touchantes, affectueuses, pleines de délicatesse, des tableaux admirables de naturel, de simplicité et de grâce, qui font penser au talent de peintre attribué à l'auteur par la tradition.
Des deux côtés, l'Ancien Testament est cité d'après les Septante ; Jésus-Christ est appelé le Seigneur, et la foi en sa médiation est préconisée comme la condition et le moyen du salut.
On trouve même dans les deux livres des membres de phrases identiques, et des périphrases communes, « le Saint de Dieu, les discours du prophète, le livre des psaumes, etc. »
Ce sont aussi les mêmes mots favoris, « grâce, multitude, salut, cœur, évangéliser, etc. » 69 verbes sont répétés 254 fois dans le troisième évangile et 427 fois dans les Actes, tandis que dans tout le reste du Nouveau Testament, ils ne le sont que 271 fois; 33 mots se trouvent dans l'un et l'autre de ces livres, sans qu'on les rencontre en aucun autre. (L. BACUEZ)
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INTRODUCTION
La tradition est unanime à attribuer le quatrième Évangile à l'apôtre S. Jean. Tous les Pères qui parlent de l'auteur de cet évangile désignent S. Jean. Il en est de même des manuscrits et des canons, à commencer par celui de Muratori. S. Théophile, septième évêque d'Antioche († 180), S. Irénée († 202), Clément d'Alexandrie († 217), Tertullien (190) nomment sans hésitation l'Apôtre bien-aimé. S. Irénée nous apprend qu'il composa ce livre à Éphèse, où il vécut jusqu'au règne de Trajan (98-117). Suivant S. Jérôme, il fut le dernier des écrivains sacrés, et il se mit à l'œuvre au retour de Patmos, à la prière des pasteurs et des fidèles de l'Asie-Mineure. Il avait 90 ans suivant S. Épiphane, et probablement davantage.
Dès le milieu du second siècle, cinquante ans après sa publication, le quatrième évangile était partout connu comme l'œuvre de S. Jean.
Le témoignage de la tradition se trouve confirmé de tout point par les caractères de l'ouvrage. Il suffit de l'étudier avec attention pour se convaincre qu'il a paru après les trois autres, sur la fin du premier siècle, que celui qui l'a écrit, bien qu'il vécût parmi les Gentils, était né en Judée, qu'il avait été témoin des faits qu'il rapporte, et qu'il faisait partie du collège apostolique, enfin qu'il ne saurait être que S. Jean.
1° Cet évangile a été composé après les trois synoptiques.…
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1° Cet évangile a été composé après les trois synoptiques. — Il en révèle l'existence de deux manières : par son silence sur certains points et ses allusions sur d'autres.
— 1° D'abord son silence le suppose. Quoiqu'il sache très bien la durée de la prédication du Sauveur et qu'il en distingue les années par l'indication des solennités pascales, les faits qu'il rapporte ne remplissent qu'une petite partie de ce temps. On voit qu'il se tient dispensé de tout dire ou plutôt qu'il ne cherche qu'à suppléer aux omissions des synoptiques relativement au but qu'il se propose. Aussi est-il très bref sur le ministère du Sauveur en Galilée, et passe-t-il sous silence des périodes entières de son ministère, tandis qu'il rapporte longuement ses voyages à Jérusalem à l'époque des principales fêtes.
Aussi, quoiqu'il ait en vue d'établir la divinité de Jésus-Christ, quoiqu'il en donne pour preuve ses miracles et qu'il les suppose très nombreux, il se borne à en décrire un petit nombre, sept seulement, la plupart passés sous silence par ses devanciers. Il omet la délivrance des possédés, la déclaration du Père éternel au Jourdain et au Thabor, l'adjuration du grand-prêtre, la prophétie sur Jérusalem, etc.
— 2° Il fait plusieurs fois allusion aux autres évangélistes. Par exemple, au chapitre I, il met sur les lèvres de Jean-Baptiste ces paroles : « J'ai vu l'Esprit-Saint descendre sur la tête du Sauveur. » Or, ce fait n'est connu que par S. Matthieu et S. Luc.
Au chapitre III, après avoir dit que Jean-Baptiste et Notre Seigneur baptisaient en même temps, il fait observer que le Précurseur n'était pas encore incarcéré : or l'emprisonnement de Jean-Baptiste n'est rapporté que par les synoptiques, et l'observation faite en cet endroit ne parait avoir d'autre fin que d'écarter l'idée, qui pourrait venir en les lisant, que le ministère de S. Jean a fini aussitôt qu'a commencé celui du Sauveur.
Au chapitre XI, il dit que Lazare était de Béthanie, bourg de Marie et de Marthe. Or, il n'a pas encore parlé de ces deux sœurs, et elles ne peuvent être connues du lecteur que par d'autres récits.
Au chapitre XVIII, les premiers versets semblent renvoyer aux synoptiques pour la scène de l'agonie, et le trente-deuxième rappelle expressément une prédiction qui n'est rapportée que par eux. Il parle des douze, en divers endroits, comme d'une société bien connue, sans en mentionner l'origine nulle part; seulement, on voit qu'il entend par là ceux que les synoptiques placent dans le canon des Apôtres.
Enfin on peut remarquer que dans tout son récit, il est attentif à deux choses : à ne pas redire ce que les autres ont dit, ou bien à les confirmer et à les compléter par de nouveaux détails. Ainsi il ne répétera pas le récit de l'institution de l'Eucharistie; mais il rapportera la promesse que Notre Seigneur en avait faite, après la multiplication des pains. Il passera sous silence la naissance du Sauveur à Bethléem, la confession de S. Pierre à Césarée, les paroles du Père éternel au Jourdain et au Thabor, la résurrection de la fille de Jaïre et du fils de la veuve de Naïm, l'entrée triomphante du Sauveur à Jérusalem et l'application qu'il se fait de la figure de Jonas; mais il mentionnera la croyance où l'on était sur le lieu où le Messie devait naître, le nom de Céphas imposé à S. Pierre, la mission que son Maître lui donne de paître les agneaux et les brebis, la promesse qu'il fait de relever en trois jours le temple de son corps, la résurrection de Lazare qui donne lieu au triomphe du Fils de Dieu, la voix du Père éternel s'engageant à le glorifier.
C'est ainsi que nos évangiles, loin de se combattre, s'expliquent et se soutiennent les uns les autres.
2° Il a écrit vers la fin du premier siècle.…
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2° Il a écrit vers la fin du premier siècle.
— 1° En effet, il suppose que tout est changé à Jérusalem et dans la Judée. Quand il parle des ennemis du Sauveur, il ne dit pas le peuple ou la foule, mais les Juifs, comme pour rappeler un peuple qui a perdu sa nationalité et auquel il a cessé d'appartenir. Il dit la Pâque des Juifs, comme s'il en connaissait déjà une autre, et il nomme les chrétiens, les frères, sans crainte d'équivoque.
— 2° Il rappelle les principales prophéties dont on vit l'accomplissement dans la dernière partie du premier siècle : le martyre de S. Pierre; la réprobation des Juifs; la vocation des Gentils; l'universalité du christianisme. Sur tous ces points il est plus exprès que S. Paul lui-même, et nul n'est plus attentif à montrer comment les Juifs ont mérité leur malheureux sort.
— 3° Le style de cet évangile et ses analogies avec celui des trois épitres qui portent le nom de S. Jean donnent lieu de penser qu'il est de la même époque, ou que S. Jean l'a écrit lorsqu'il était déjà d'un âge fort avancé. Déjà le bruit courait qu'il ne mourrait pas. Déjà l'on voyait s'accomplir les prédictions de S. Paul à Milet : on commençait à parler d'Antéchrist, les mots Verbe, vie, lumières, ténèbres, devenaient familiers aux Gnostiques, et l'on voyait se propager les erreurs que l'évangile réfute.
3° L'auteur vivait parmi les Gentils et il écrivait pour eux.…
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3° L'auteur vivait parmi les Gentils et il écrivait pour eux. — De là plusieurs particularités, qu'on chercherait en vain dans le premier évangile.
Ainsi il a soin de traduire en grec tous les noms hébreux qu'il emploie.
Il dit la mer de Galilée, la même que celle de Tibériade.
Il donne un grand nombre de détails géographiques qui eussent été superflus, s'il s'était adressé à des habitants de la Judée.
Quand il parle des Juifs, il entend, non les vrais Israélites, ni même simplement les habitants de la Palestine, mais les ennemis du Sauveur, les aveugles volontaires qui ont refusé de le reconnaître pour le Messie et qui l'ont fait attacher à la croix.
Enfin il a soin de relever, dans les discours ou dans la vie de Notre Seigneur, tout ce qui a trait aux Gentils et qui est de nature à leur donner confiance.
4° Il était Hébreu d'origine.…
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4° Il était Hébreu d'origine. — C'est ce que prouvent :
1° Les idiotismes de son langage. Quoique le dernier évangile ait moins d'hébraïsmes que l'Apocalypse, il en contient pourtant un grand nombre. Citons : Amen, amen , qui revient vingt-cinq fois et qu'on ne trouve ainsi redoublé que chez lui ; « se réjouir de joie, les fils de perdition, etc., » et les passages de l'Ancien Testament cités assez librement, mais d'après l'original.
— 2° Le caractère profondément hébraïque de sa composition. On peut remarquer l'uniformité des phrases, l'emploi fréquent du parallélisme, l'absence de toute période, des séries de propositions juxtaposées à la suite l'une de l'autre, sans coordination, sans liaison exprimée, ou qui ne se lient que par un mot commun, parfois des phrases répétées comme des refrains, certaines irrégularités dans la construction, les sens les plus inusités donnés aux particules. Pour toutes conjonctions et et donc. Et est mis pour mais, pour car, pour c'est pourquoi, pour ainsi, pour comme, pour c'est-à-dire, etc.
— 3° La foi religieuse, les idées, les sentiments, les images dont l'âme de l'écrivain est remplie. On sent que l'auteur a été élevé dans l'attente du Messie et dans la méditation de l'Ancien Testament. Les figures de la Loi et les oracles des prophètes abondent, comme dans l'Apocalypse. Le Sauveur est le vrai temple, le serpent d'airain, la manne du désert, l'Agneau pascal, etc.
5° Il avait habité la Palestine.…
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5° Il avait habité la Palestine. — C'est ce que prouve la connaissance qu'il a de la langue hébraïque, presque étrangère aux Israélites de la dispersion, jointe à celle qu'il montre de la topographie et des usages de la Terre Sainte.
La Galilée, les bords du lac de Génésareth, son étendue, l'existence simultanée de deux localités du nom de Cana et de Bethsaïde, l'élévation relative de Cana et de Capharnaüm lui sont connus.
Il connaît également la Judée et la Samarie.
Il dit la distance de Jérusalem à Béthanie.
Il indique avec précision la vallée de Cédron et le jardin de Gethsémani, l'étang de Siloé, la porte des brebis, les travaux faits dans le temple, le gazophylacium, le portique de Salomon, le Prétoire et le Golgotha.
En fait de mœurs, il sait les sentiments des Juifs à l'égard des Samaritains et des infidèles, l'opposition et le caractère des partis qui divisaient la nation, le mépris des pharisiens pour la multitude ignorante, les usages introduits par la conquête et la domination romaines, l'usage des ablutions chez ses compatriotes, celui des excommunications dans la synagogue, etc.
6º Il faisait, partie du collège apostolique.…
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6º Il faisait, partie du collège apostolique.
— 1° Il se donne pour témoin des faits qu'il retrace, et l'on ne saurait douter qu'il ne le fût, quand on considère la fraîcheur de ses tableaux, la vivacité de ses traits, la précision de tous les détails. Nul ne caractérise mieux les scènes et les acteurs; nul n'indique avec plus de détails les circonstances de temps, de lieux, de nombre. Tous les portraits sont vivants; tous les faits localisés. Telle parole fut dite à Béthanie, à Ennon ou sur les bords du Jourdain, telle autre auprès du puits de Jacob. Telle discussion eut lieu sous le portique de Salomon, à cause de la rigueur de la saison. Pour plusieurs incidents, il indique l'heure de la journée. Si ces remarques sont vraies, elles ne peuvent venir que d'un témoin oculaire. Or, elles sont d'autant moins suspectes qu'elles étaient indifférentes au but de l'auteur et qu'elles eussent compromis son succès, si l'on eût pu les trouver fausses.
— 2° Il paraît se donner positivement pour Apôtre. C'est ce qui semble résulter des détails minutieux où il entre sur la vie intime du Sauveur, sur ses rapports secrets avec ceux qui lui sont le plus unis, sur ses dispositions personnelles. Depuis les premiers jours de sa prédication, jusqu'aux derniers moments de son séjour sur la terre, rien de ce que le divin Maître a dit ou fait ici-bas n'a échappé à ses regards. Il rapporte de préférence les incidents les plus secrets, ses paroles à André, à Nathanaël, à la Samaritaine; ses avis à Judas, ses prières à son Père, ses confidences de la dernière Cène, etc. Comment eût-il connu tous ces détails, s'il n'avait vécu dans l'intimité du Sauveur, avec ses plus familiers amis ?
7° Enfin, il ne peut être que l'auteur de l'Apocalypse et de l’Épître catholique…
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7° Enfin, il ne peut être que l'auteur de l'Apocalypse et de l’Épître catholique, dite ad Parthos, le second des fils de Zébédée, le disciple bien-aimé, le fils adoptif de Marie, en un mot l'apôtre S. Jean.
1° Tout le monde convient aujourd'hui de l'authenticité de l'Apocalypse, et jamais on n'a mis en doute celle de la première Épître attribuée à S. Jean. Or, il y a entre ces écrits et le quatrième évangile des rapports aussi nombreux que frappants. On trouve dans chacun les mêmes préoccupations, les mêmes tendances dogmatiques et polémiques. Le style présente les mêmes caractères, la même naïveté unie à la même élévation et à la même profondeur. C'est le même langage au fond, sauf, dans l'Apocalypse, plus de poésie et des irrégularités plus nombreuses.
2° Si l'évangéliste est un des fils de Zébédée, c'est le second, sans aucun doute, le premier ayant été mis à mort avant la dispersion des Apôtres. Or, il ne parait pas douteux que l'auteur du quatrième évangile n'eût cette qualité. Ce qui le prouve, c'est surtout le silence qu'il garde sur ces deux frères. Quoiqu’ils aient dû intervenir bien des fois dans les scènes qu'il retrace, comme étant des amis privilégiés du Sauveur, quoiqu'ils tiennent une place si considérable dans l’Évangile et dans les Actes, jamais il ne les signale dans ses récits. II ne nomme pas même leur mère parmi les personnes qui assistèrent au crucifiement, bien que nous soyons assurés de sa présence par les synoptiques.
Une fois seulement il mentionne les enfants de Zébédée; mais c'est au dernier chapitre, dans une sorte d'appendice; et il ne les met pas à la tête des apôtres, comme ils sont toujours ailleurs, mais au dernier rang, entre les apôtres et de simples disciples. Comment expliquer cette particularité? Elle ne peut avoir pour cause, ce semble, que la modestie de l'auteur, qui veut imiter celle de son Maître et s'effacer autant qu'il lui est possible.
3° On peut par le même procédé dégager plus directement encore du récit évangélique la personnalité de S. Jean.
En effet, son nom ne paraît nulle part. Dans les endroits où l'on croit devoir le trouver, on lit : un disciple, l'autre disciple, celui qui a vu le fait de ses yeux. Non seulement il évite de mêler le nom de S. Jean à ceux des apôtres, il semble même oublier qu'on le lui donne; car toutes les fois qu'il parle du Précurseur, il l'appelle simplement Jean, sans ajouter à ce nom, comme les synoptiques, comme Josèphe lui-même, le titre qui le caractérise, le Baptiste, singularité d'autant plus remarquable que cet évangéliste a coutume de désigner ses personnages de la manière la plus précise : Thomas Didyme, Céphas qu'on appelle Pierre, Judas non l'Iscariote, Nicodème qui vint à Jésus la nuit.
La raison de cette différence est la même que nous avons indiquée plus haut. Ce n'est pas que l'évangéliste avait connu le Précurseur avant qu'on lui donnât ce surnom ; car S. Matthieu ne l'avait-il pas aussi connu à la même époque? C'est que tandis que les synoptiques croient devoir distinguer Jean-Baptiste de Jean l'Apôtre, lui n'a pas cette idée : il n'imagine pas que personne puisse confondre avec lui, ou seulement rapprocher de sa personne, l'illustre précurseur du Messie.
4° Un dernier indice, plus convaincant encore…
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LE
SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT JEAN
7° Enfin, il ne peut être que l'auteur de l'Apocalypse et de l’Épître catholique, dite ad Parthos, le second des fils de Zébédée, le disciple bien-aimé, le fils adoptif de Marie, en un mot l'apôtre S. Jean.
(suite)
4° Un dernier indice, plus convaincant encore, c'est l'amour tendre, délicat, religieux, qui respire dans cet évangile pour Jésus et pour Marie. Il suffit de lire le récit du miracle de Cana, celui de la résurrection de Lazare ou de la dernière Cène, et surtout l'entrevue suprême du Sauveur et de sa mère, au Calvaire, pour reconnaître l'affection pieuse, émue, reconnaissante de l'Apôtre bien-aimé et de l'enfant adoptif. C'est bien lui qui a dû nous transmettre ces touchants détails. Lui seul devait y attacher cette importance, les recueillir avec cette sollicitude et nous les transmettre avec cette fidélité.
Ainsi l'étude du quatrième évangile confirme pleinement le témoignage de la tradition. Il ne faut donc pas s'étonner si nos rationalistes n'osent plus en nier ouvertement l'authenticité, s'ils se réduisent à dire que les disciples de S. Jean ont pu l'écrire quelques années après sa mort, une trentaine d'années au plus. Ewald, plus décidé dans son langage dit qu'il faut avoir perdu l'esprit pour en contester la propriété à celui dont il porte le nom.
Plusieurs Pères ont dit que le premier dessein de S. Jean a été de combler une lacune des synoptiques, en retraçant la partie de la prédication du Sauveur qui a précédé l'emprisonnement de son Précurseur, et en mettant en relief le côté spirituel et mystique de sa vie et de sa doctrine. Mais si l'on étudie l'évangile même, on sera convaincu que la principale intention de l'auteur a été de venger la personne du divin Maître des attaques des premiers hérétiques, ou plutôt de fortifier la foi des chrétiens à l'égard des dogmes contestés à cette époque, la divinité de Jésus-Christ, son union substantielle avec son Père et celle qu'il veut avoir avec nous par son esprit et par sa grâce. L'évangéliste l'affirme lui-même expressément : « Ceci a été écrit afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et afin que croyant, vous ayez la vie en son nom. »
Il n'avait pas besoin, pour arriver à son but, d'écrire l'histoire du Sauveur en entier, ni de reproduire tout son enseignement. Aussi fait-il un choix et s'attache-t-il de préférence à ce que les autres ont omis. Les discours qu'il rapporte sont ceux où le divin Maître atteste sa dignité de Fils de Dieu, et l'union que ses membres doivent avoir avec lui; les miracles qu'il retrace, ceux ou paraissent avec le plus d'éclat ses perfections et ses desseins. Les autres faits sont en petit nombre et destinés presque uniquement à lier ensemble les discours et les miracles, et à faire des uns et des autres une démonstration lumineuse du christianisme. Divinité du Sauveur, rédemption des âmes par la vertu de son sang, adoption des fidèles comme enfants de Dieu, justification intérieure par la grâce, à la seule condition d'une foi sincère et pratique : tels sont les dogmes auxquels il s'attache et sur lesquels il s'efforce d'affermir la foi du lecteur.
Tous les récits comme tous les discours se rapportent là. Croire à Jésus-Christ comme au Messie et au Fils de Dieu, croire à sa nature divine, à sa puissance, à sa charité, à sa résurrection : voilà le but constant et la conclusion inévitable de tous les chapitres.
Quelles que soient les limites dans lesquelles il se resserre et les lacunes que présente son récit, l'œuvre répond au dessein de l'auteur…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
LE
SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT JEAN
7° Enfin, il ne peut être que l'auteur de l'Apocalypse et de l’Épître catholique, dite ad Parthos, le second des fils de Zébédée, le disciple bien-aimé, le fils adoptif de Marie, en un mot l'apôtre S. Jean.
4° Un dernier indice, plus convaincant encore,…
(suite)
Quelles que soient les limites dans lesquelles il se resserre et les lacunes que présente son récit, l'œuvre répond au dessein de l'auteur. II est difficile de trouver un livre qui offre plus d'unité, une marche plus droite, un progrès plus constant, une cohésion plus étroite de toutes les parties.
1° Dans un prologue aussi bref que sublime, l'évangéliste dit ce que le Verbe a toujours été dans l'éternité et ce qu'il a voulu devenir dans le temps. Lumière et vie par essence, connaissance et activité infinies, il s'est fait par l'Incarnation principe de foi et source de vie surnaturelle pour les âmes. Telle est la grande vérité, tel est le mystère dont l'ouvrage offre le développement et la preuve. L'auteur entre aussitôt en matière. Rien sur l'origine temporelle ni sur la jeunesse du Sauveur. Il commence par l'histoire de sa prédication. Les faits et les discours dont elle se compose sont en harmonie avec le programme de l'évangéliste.
Mais de cette révélation progressive du Verbe fait chair, résultent deux effets contraires : dans les âmes droites une foi qui devient de plus en plus ferme ; dans les esprits prévenus et orgueilleux une hostilité toujours croissante. Le Sauveur apparaît comme source de vie à Cana, au puits de Jacob, dans la multiplication des pains, dans la guérison des malades, dans la résurrection des morts. Il s'annonce comme principe de lumière dans la guérison de l'aveugle-né, mais surtout dans son enseignement et dans ses révélations, lorsqu'il fait voir que rien ne lui est caché, lorsqu'il dit qu'il vient rendre témoignage de la vérité, qu'il est la Vérité même, qu'il donnera son esprit à ses apôtres pour instruire le monde entier.
L'opposition ne tardant pas à éclater, ses auditeurs se divisent en deux partis contraires. Un certain nombre, destinés à former le noyau de son Eglise et à lui fournir des ministres, ouvrent leur cœur à ses paroles et se montrent dociles à ses enseignements. Les autres, les plus nombreux, ceux qui possèdent l'autorité et l'influence, ferment les yeux à la lumière et s'irritent contre le prédicateur. Le divin Maître s'efforce de dissiper leurs ténèbres et de désarmer leur hostilité : eux ne songent qu'à le prendre en défaut et à le convaincre d'erreur.
C'est une lutte continuelle de la lumière coutre les ténèbres, de la vie contre la mort.
A la fin, leur malice toujours déjouée, éclate d'une manière terrible. Ils se décident à le mettre à mort : ils le crucifient. Mais son immolation devient son triomphe. En sortant vivant du tombeau, il confirme la foi de ses disciples et fonde inébranlablement son Eglise.
2° La liaison des parties n'est pas moins parfaite que l'unité du but…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
LE
SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT JEAN
7° Enfin, il ne peut être que l'auteur de l'Apocalypse et de l'Epitre catholique, dite ad Parthos, le second des fils de Zébédée, le disciple bien-aimé, le fils adoptif de Marie, en un mot l'apôtre S. Jean.
4° Un dernier indice, plus convaincant encore…
(suite)
Il aime les sentences brèves et détachées, il se plaît à énoncer ses pensées simplement, à la suite l'une de l'autre, comme autant d'intuitions, sans conjonctions ni pronoms relatifs, ce qui n'empêche pas qu'étant unies par le fond, elles ne produisent dans leur ensemble un grand effet. Au lieu de déduire, il affirme, ou plutôt il atteste ce qu'il voit ou ce qu'il a vu, et il se plaît à répéter les mots et les pensées, comme les vieillards, dit Michaëlis, qui ont recours à ce moyen pour graver leurs maximes dans les esprits.
En fait de figures, il emploie souvent l'antithèse, pour faire ressortir ses idées. Il oppose les lumières aux ténèbres, ceux qui sont nés de Dieu à ceux qui sont nés des hommes, Jésus-Christ à Moïse, la loi à la grâce, les fidèles aux incrédules; ou bien après avoir affirmé une chose, il nie la chose opposée. Il paraît aimer aussi l'apposition, qui se formule par c'est-à-dire, à savoir.
Mais ce qui caractérise S. Jean, c'est moins la forme extérieure du langage que le fond de la pensée.
La simplicité, la naïveté, la négligence même se joignent chez lui à une finesse, à une pénétration, à une profondeur, à une élévation sans égales.
Tout ce qu'il décrit est sensible et vivant. On croirait assister aux scènes qu'il retrace et avoir sous les yeux les acteurs. Ses récits sont autant de drames, pleins de vérité et de mouvement. Il fait parler ses personnages, comme S. Marc, et quelques mots lui suffisent pour les faire connaître.
Avec le talent de peindre, au degré le plus éminent, S. Jean a le don d'éveiller la pensée et de s'énoncer d'une manière frappante. Il sait donner un corps aux choses les plus abstraites et faire apparaître le monde idéal et surnaturel à travers les réalités de l'ordre naturel et terrestre. Chez lui, tous les tableaux sont des emblèmes; l'importance des faits qu'il rapporte est dans les idées qu'ils suggèrent; le présent figure l'avenir; chaque mot renferme une prophétie, une leçon, un mystère.
Autant il est profond dans ses symboles, autant est-il sublime dans ses conceptions. Nul n'a le regard aussi hardi et aussi sûr. Tout ignorant qu'il est des choses de la terre, ce pêcheur de Galilée, inspiré par l'Esprit-Saint, ne craint pas de traiter de celles du ciel. Il ne veut voir dans l'Homme-Dieu lui-même que ce qu'il a de plus divin; et les vérités qu'il nous révèle suffisent pour éclairer la foi, nourrir l'espérance et animer la charité jusqu'à la fin des siècles.
Vivacité, profondeur, sublimité, voilà, en résumé, ce qui distingue cet évangile, ce qui l'a fait appeler par les Saints Pères l'Evangile de l'Esprit, ce qui fait que les cœurs purs y trouvent tant de charmes. Il n'est pas de livre où la divinité du Verbe rayonne avec tant d'éclat. Œuvre merveilleuse, sans modèle comme sans égale, qui porte en elle la preuve de son inspiration et de sa véracité, et qu'on ne pouvait mieux caractériser que par cette figure d'aigle qu'on lui a donnée pour emblème. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ACTES DES APÔTRES
INTRODUCTION
On a donné le nom d'Actes des Apôtres à des Mémoires divinement inspirés sur l'établissement de l'Eglise et sur ses premiers développements parmi les Juifs et parmi les Gentils. Ce titre, qui parait aussi ancien que l'ouvrage, le caractérise parfaitement. L'auteur y rapporte tout ce qu'il a vu ou appris sur ce sujet d'intéressant pour les chrétiens. C'est moins une histoire proprement dite qu'une suite de récits, ayant pour objet les travaux des Apôtres (surtout ceux de S. Pierre et de S. Paul), et pour but l'affermissement des âmes dans la foi et leur progrès dans la ferveur.
Par leur objet, les Actes des Apôtres complètent les Evangiles ; ils en sont la suite et le couronnement. C'est pourquoi S. Luc les donne pour la seconde partie de son principal écrit. De plus, ils confirment l'histoire évangélique, en rappelant le souvenir des mystères principaux du Sauveur, en constatant l'accomplissement de ses prophéties et le fruit merveilleux de son œuvre. Si l'Evangile disparaissait, il serait facile, à l'aide des Actes, de le reconstruire, au moins en substance ; et, sans ce livre, l'œuvre des évangélistes serait inachevée.
Pour la composition, on trouve dans les Actes la même simplicité et la même brièveté que dans l'Evangile. On y remarque aussi la même absence de dates. Nulle époque n'est indiquée, même pour les faits principaux, et on n'en saurait fixer aucune que par approximation. Celle de l'Ascension, qui sert de point de départ, n'est pas mieux déterminée que les autres : le sentiment des auteurs oscille de l'an 29 à l'an 33. Il est vrai que nul écart ne saurait aller au delà de cinq ou six années. On convient, d'ailleurs, que l'auteur suit en général l'ordre des temps, que les faits qu'il rapporte se sont passés sous quatre empereurs, Tibère (An. 33-37), Caligula (37-41), Claude (41-54), Néron; et que la durée totale du récit est d'une trentaine d'années.
Les Actes sont la meilleure introduction aux Épîtres des Apôtres, à celles de S. Paul en particulier. Nous n'avons guère d'autre document de cette époque sur les faits, les lieux, les personnes et les circonstances au milieu desquelles elles furent écrites. C'en est aussi le plus sûr commentaire. Sans les renseignements que ce livre fournit, bien des passages des Épîtres resteraient obscurs et donneraient lieu à des discussions de toutes sortes. On aurait peine à s'expliquer le caractère de S. Paul, les persécutions qu'il a souffertes, ses controverses, ses apologies, ses voyages, etc.
L'auteur ne se nomme nulle part; mais, dès le début, il se donne pour évangéliste. On voit, au milieu de son récit, qu'il est un des disciples et des compagnons de S. Paul, et la tradition nous fait connaître son nom. C'est sans raison et contrairement à tous les témoignages que certains critiques ont donné cet ouvrage pour une compilation ou une juxtaposition d'écrits de provenances diverses. Dès le temps de S. Irénée, on l'attribuait tout entier à S. Luc, quoiqu'il eût la même étendue et la même forme qu'aujourd'hui; et nous verrons que l'unité du livre atteste celle de son origine.
Il est probable qu'en faisant ses recherches sur la vie du Sauveur, S. Luc..
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ACTES DES APÔTRES
INTRODUCTION
(suite)
Il est probable qu'en faisant ses recherches sur la vie du Sauveur, S. Luc eut soin de recueillir tout ce qui lui fut communiqué d'intéressant sur les premiers disciples. Outre les notes qu'on avait dû prendre et garder sur certains faits, par exemple, les délibérations du sanhédrin au sujet des Apôtres, les premiers discours de S. Pierre, le jugement et le supplice de S. Etienne, outre certains documents officiels, comme la lettre synodale du Concile de Jérusalem, cet auteur fut à même de consulter et d'entendre les témoins les plus compétents : S. Paul, avec lequel il passa seize années entières et dont il avait les Épîtres entre les mains, S. Pierre, qu'il eut plusieurs fois occasion de voir, S. Jacques le Mineur, auprès duquel il séjourna à Jérusalem, S. Philippe, qu'il visita en passant à Césarée et qu'il entretint à loisir dans les deux premières années de la captivité de son Maître, S. Marc à Rome, et une foule de disciples dont on ignore les noms. Pour les faits qui remplissent les douze derniers chapitres, il n'avait qu'à se rappeler ses propres souvenirs; car après avoir quitté son pays pour s'attacher à S. Paul, il ne s'en est presque jamais séparé : d'Antioche il l'a suivi à Troade, à Philippes, à Milet, à Césarée, à Jérusalem et enfin à Rome.
C'est dans cette dernière ville, probablement, que S. Luc acheva sa rédaction. Il avait pu commencer son travail auparavant, prendre des notes à mesure qu'il voyait les faits se succéder; mais tout porte à croire qu'il termina son écrit dans l'intervalle qui sépare la publication du troisième Évangile des derniers faits rapportés dans les Actes, c'est-à-dire entre l'an 58 et l'an 63, trente ans au plus après la mort de Jésus-Christ, huit ou dix avant la ruine de Jérusalem. Ainsi s'expliquent la précision, la vivacité, la fraîcheur de souvenir qu'on remarque dans ses derniers récits, par exemple, la comparution de l'Apôtre devant Agrippa, son voyage sur mer, sa rencontre avec les chrétiens de Rome sur la voie Appienne, sa première conférence avec les Juifs de cette ville.
Au moins, le livre fut-il achevé avant la ruine de Jérusalem, qui est toujours supposée debout, et avant le martyre de l'Apôtre dont l'auteur ne fait aucune mention, qu'il ne fait pas même pressentir. Bien plus, si l'on compare ce que S. Paul dit aux anciens d'Ephèse, qu'ils ne doivent plus le revoir, avec les assurances qu'il donne aux Philippiens et à Philémon, on est porté à croire que l'écrit de S. Luc a été publié avant la fin de la première captivité; car s'il l'avait été plus tard, il est probable que l'auteur n'aurait pas manqué d'écarter toute prévision funeste, en avertissant le lecteur que l'Apôtre avait recouvré sa liberté et que ses disciples de Philippes et de Colosses avaient vu se réaliser les espérances qu'il leur donnait du fond de sa prison.
Si l'on trouve dans les Actes quelques indications géographiques, c'est sur Jérusalem et la Palestine. On n'y voit aucune particularité sur l'Italie, ni sur le séjour que S. Paul a fait à Rome. C'est une raison de penser que l'auteur destinait son écrit particulièrement aux fidèles de cette ville et aux chrétiens d'Europe convertis par son Maître.
La tradition a toujours attribué les Actes des Apôtres à S. Luc.
On trouve, dans toutes les Introductions à la sainte Ecriture, les témoignages les plus convaincants de la foi de l'Eglise à cet égard : — le Canon de Muratori (160-170), qui place ce livre à la suite des Évangiles; — la Version italique et la Version syriaque, dont les Actes ont toujours fait partie ; — des citations des auteurs les plus graves et des Pères les plus anciens, depuis S. Augustin, qui nous apprend l'usage où était l'Eglise latine de faire lire ce livre durant le temps pascal, comme un monument assuré de la résurrection du Sauveur, jusqu'à Origène (230), qui en a fait l'objet de vingt Homélies dont il reste quelques fragments, jusqu'à Tertullien (207), qui le cite en cinquante endroits de ses écrits, jusqu'à Clément d'Alexandrie (193), qui trouve un certain rapport entre le style des Actes et celui de l'Epître aux Hébreux, jusqu'à S. Irénée (180), qui fait valoir, en les citant, l'autorité de S. Luc, jusqu'aux Pères apostoliques eux-mêmes, en particulier S. Polycarpe, qui y fait visiblement allusion dans son Epître aux Philippiens, dès la première partie du second siècle.
L'étude critique des Actes démontre de la manière la plus certaine : — que ce livre est l'œuvre d'un seul auteur ; — que cet auteur était contemporain des Apôtres ; — qu'il était disciple et compagnon de S. Paul ; — qu'il a écrit le troisième Évangile ; — enfin, qu'il ne peut être différent de S. Luc.
1° C’est l'œuvre d'un seul auteur.…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ACTES DES APÔTRES
(suite)
1° C'est l'œuvre d'un seul auteur. — L'unité de la composition est manifeste. C'est d'un bout à l'autre la même doctrine, le même dessein, la même marche, la même mise en scène. Les particularités dont le style abonde, se retrouvent dans toutes les parties des Actes, partout les mêmes et dans une mesure à peu près égale. Cette observation s'applique spécialement à trente-quatre expressions singulières qu'on y a relevées et qu'on ne trouve dans aucune autre partie de la Bible, par exemple, voie pour religion, — à une vingtaine de termes favoris, fort rares ailleurs, fréquents ici : main pour puissance, en quatorze endroits; parole ou discours pour évangile, hérésie, etc.; — à certains mots écrits d'une manière inusitée, par exemple, Hierosolyma, répété quarante-deux fois en grec, pour Hiérousalêm; à l'emploi fréquent de cette formule : il fut fait que, quatorze fois répétée, du mot se levant, dix-neuf fois ; se tenant dehors, six fois; — aux citations de l'Ancien Testament, toujours conformes aux Septante, pour le sens au moins, etc.
2° L'auteur était des temps apostoliques.…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ACTES DES APÔTRES
(suite)
2° L'auteur était des temps apostoliques. — La nature des faits qui le frappent, les discussions qu'il rapporte sur l'incorporation des Gentils à l'Eglise, sur les rites judaïques, sur les aliments prohibés; les renseignements qu'il donne sur Jérusalem, sur les croyances et le culte juif; la manière dont il parle des prophéties anciennes et des prophètes de la loi nouvelle; l'importance qu'il y attache; les dispositions d'esprit dont son écrit porte l'empreinte; les détails nombreux et circonstanciés où il entre à l'égard des personnages, des emplois, des usages, des lois de cette époque; ses allusions aux faits contemporains, aux sectes de la Judée, aux divisions territoriales; son grec mêlé d'hébraïsmes, le fiel de l'amertume, etc., et de latinismes, colonia, etc. ; la justesse de ses indications, leur accord parfait avec l'histoire et la géographie du temps, sont autant d'indices qui dénotent un auteur du premier siècle, contemporain des apôtres.
3° Il a été disciple et compagnon de S. Paul.…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ACTES DES APÔTRES
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3° Il a été disciple et compagnon de S. Paul.
— Son disciple : car il est animé du même esprit et préoccupé des mêmes pensées. Ce qu'il aime surtout à mettre en relief, c'est la nécessité et le mérite de la foi, l'universalité de la rédemption, la miséricorde de Dieu sur les Gentils, leurs bonnes dispositions qui contrastent avec l'endurcissement des Juifs, les conversions qui s'opèrent parmi eux, la divinité du Sauveur, qu'il appelle habituellement le Seigneur, à l'exemple de l'Apôtre. Le mot grâce, que les autres évangélistes n'emploient jamais, et qui revient si souvent en S. Paul, est répété par S. Luc dix-sept fois dans les Actes et trente fois dans le troisième Évangile.
— Son compagnon dans ses courses apostoliques : car la part qu'il fait à S. Paul dans ses récits, l'abondance et la justesse des détails politiques et topographiques, l'indication d'une foule de circonstances et de personnages sans importance par eux-mêmes, surtout l'harmonie parfaite qui règne entre toutes les indications qu'il fournit et les Épîtres de S. Paul, ne permettent pas de révoquer en doute ce que suppose l'auteur, en se mêlant au récit, qu'il l'a suivi dans une grande partie de ses voyages et qu'il ne fait que rapporter ce qu'il a vu de ses yeux : « Il écrivit l’Évangile d'après ce qu'il avait entendu, dit S. Jérôme, il composa les Actes des Apôtres d'après ce qu'il avait vu. »
4° II est l'auteur du troisième Evangile.…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
CTES DES APÔTRES
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4° II est l'auteur du troisième Évangile. — Il suffit de citer en preuve, après les premiers versets des Actes, la conformité qu'on remarque entre ces deux livres pour les sentiments, les dispositions d'esprit, les tendances, le langage. D'un côté comme de l'autre, on reconnaît l'influence de S. Paul. C'est la même attention à ne rien dire de blessant pour les Gentils, à ménager l'autorité romaine et même à relever ce qui est à son avantage. C'est le même respect pour les cérémonies judaïques, avec la même conviction que l’Évangile est pour tous les peuples et le même soin de rattacher les faits aux actes publics de l'empire. C'est la même insistance sur la nécessité du détachement, la même horreur de l'avarice. Ce sont aussi les mêmes qualités descriptives, la même manière de citer l'Ecriture, les mêmes expressions, les mêmes tournures. Enfin ce sont les mêmes particularités de style, des périphrases fréquentes, souvent identiques; une trentaine de mots qu'on ne rencontre jamais ou presque jamais dans le Nouveau Testament et qui se montrent également dans l'un et dans l'autre de ces livres ; des locutions semblables ou d'une analogie frappante : le fruit du ventrepour fils, la main de Dieu pour la puissance de Dieu, etc. Pour être fortuites et peu saillantes dans le détail, ces coïncidences ne sont que plus décisives. Mais c'est dans le texte grec qu'il les faut chercher.
5° Enfin, c'est S. Luc lui-même.…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ACTES DES APÔTRES
(suite)
5° Enfin, c'est S. Luc lui-même. — Nous savons que S. Luc a composé le troisième Évangile et qu'il était médecin, par conséquent qu'il avait fait quelques études. Or, le livre des Actes témoigne ;
— 1° Que l'auteur avait l'esprit cultivé. Tout mêlé qu'il est d'hébraïsmes, son grec est plus pur que celui des autres écrivains du Nouveau Testament.
— 2e Qu'il distinguait très bien les maladies et les infirmités. II les caractérise parfaitement et emploie pour les désigner des termes qui lui sont propres et qui appartiennent à la langue médicale de l'époque.
— 3° Qu'il a écrit un Évangile, qui ne peut être que le troisième.
On ne saurait exiger des marques d'authenticité plus nombreuses ni plus convaincantes. Réunies aux témoignages de la tradition, elles mettent absolument hors de doute l'origine du livre des Actes.
L'intégrité des Actes est déjà prouvée par ce que nous avons dit de l'unité de la composition; de plus, elle a une garantie certaine dans le caractère du livre et la notoriété de l'auteur. Les Actes des Apôtres, ayant la même origine que le troisième Évangile, reçurent la même publicité ; ils furent l'objet du même respect. Les chrétiens devaient donc veiller également à la conservation de ces deux écrits. Altérer les Actes dans ce qu'ils ont d'essentiel, y glisser furtivement par exemple les prodiges dont ils sont remplis ou remplacer les faits naturels par des événements miraculeux eût offert plus de difficultés encore que de supposer le livre tout entier.
Il ne s'agit ici, bien entendu, que d'altérations essentielles, de nature à porter atteinte à la doctrine. Quant aux simples changements de termes, aux substitutions, additions ou transpositions de mots, il a pu s'en produire, et il en est survenu un certain nombre; mais les variantes sont sans importance.
La véracité des Actes des Apôtres résulte aussi de leur authenticité et de leur intégrité ; car on ne peut supposer en S. Luc ni erreur ni imposture sur les faits qu'il rapporte.
— 1° Il ne pouvait être dans l'erreur. Pour les faits les plus récents, il atteste les avoir vus de ses yeux : comment prétendre qu'il est dans l'illusion, ou que ces faits, donnés par lui pour merveilleux, n'ont rien que de naturel? Pour ceux qui précèdent, il les tient de S. Paul, des Apôtres, de leurs disciples, les témoins les mieux informés et les plus sûrs.
— 2° Il ne cherchait pas à tromper, car quel intérêt pouvait l'y porter? Et comment eût-il réussi, dans un temps où S. Jean, d'autres Apôtres, une foule de disciples étaient là pour contrôler ses récits, et où tant de chrétiens étaient disposés à mourir pour l'intégrité de leur foi?
Pour apprécier la valeur du livre des Actes, on peut le considérer sous plusieurs aspects…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ACTES DES APÔTRES
5° Enfin,
c'est S. Luc lui-même.
(suite)
Pour apprécier la valeur du livre des Actes, on peut le considérer sous plusieurs aspects :
— 1° Au point de vue de l'édification. S. Chrysostome affirme que la lecture des Actes n'est pas moins salutaire que celle de l'Evangile. Aucun écrit n'est plus propre à faire connaître et à inspirer le véritable esprit du christianisme. On y voit briller toutes les vertus chrétiennes, surtout les vertus sacerdotales, le détachement, la charité, le zèle de la gloire de Dieu, le mépris des souffrances, le désir du ciel.
— 2° Au point de vue de la doctrine. Ce livre est doublement précieux, soit parce que les miracles qui y sont rapportés confirment hautement la prédication du Sauveur et le récit des évangélistes, soit parce que la plupart des dogmes révélés s'y trouvent établis, par l'enseignement des Apôtres et la pratique des fidèles.
— 3° Au point de vue de l'histoire ecclésiastique. C'est un monument d'une valeur incomparable. Il n'embrasse qu'une période assez courte et il a bien des lacunes ; mais il est le seul de cette époque, et cette période a une importance exceptionnelle. Comme la constitution de l'Eglise est divine et invariable, savoir ce qu'elle fut à son origine ou sur quel plan son fondateur voulut qu'elle s'établit, c'est savoir ce qu'elle a été depuis et ce qu'elle doit être jusqu'à la fin des temps.
Les vingt-huit chapitres dont ce livre est composé forment deux parties bien distinctes.
— 1° La première contient douze chapitres et comprend un espace de douze années environ. On y voit le christianisme prêché à Jérusalem et dans la Palestine. Le personnage qui domine dans ces récits, c'est S. Pierre. Il y est nommé plus de cinquante fois, tandis qu'il n'est fait mention de S. Jean que six fois, et que les autres Apôtres, sauf S. Jacques le Majeur, son frère, sont simplement énumérés au commencement.
— 2° La seconde partie comprend dix-sept chapitres et embrasse environ vingt ans, durant lesquels l'Evangile est prêché aux Gentils. C'est S. Paul qui parait ici en première ligne. De XII à XVI l'auteur décrit les premiers progrès du christianisme parmi les païens, spécialement à Antioche, dans l'Ile de Chypre et en Asie. A partir du chapitre XVI, 10, il rapporte les prédications de l'Apôtre en Europe, dans la Macédoine, dans l'Achaïe, enfin à Rome, dans la capitale du monde.
Cette division n'était pas expressément dans l'esprit de l'auteur; elle n'a pas donné sa forme à l'ouvrage, mais elle en résulte et peut servir à le résumer. Les deux parties réunies font voir l'accomplissement de la dernière parole de Notre Seigneur à ses Apôtres : « Vous me rendrez témoignage à Jérusalem, dans la Judée, dans la Samarie et jusqu'aux extrémités du monde. » (L. BACUEZ.)
« Je ne vous le cache pas, écrivait Lacordaire, les Actes des Apôtres m'émeuvent plus que l'Evangile. En celui-ci, tout est trop divin, si l'on peut parler de la sorte; en celui-là l'homme paraît; mais en quel moment et sous quel souffle! Jésus-Christ vient de quitter la terre...
Les voilà seuls en face de l'univers, qui ne croit rien de ce qu'ils croient, qui n'en sait même rien encore, et qu'ils doivent convertir à leur foi du pied de la croix qui a vu périr leur Maître. Y eut-il jamais pour des hommes un semblable moment? Et quels hommes? des artisans, des pêcheurs. Ils vont dire au monde les premières paroles de la prédication chrétienne; ils vont faire dans les âmes, après la leur, les premiers miracles de la toute-puissance apostolique, et tracer dans la corruption du siècle les premiers linéaments de ces mœurs où la charité s'enflammera des glaces de la pureté. Toutes les origines et toute l'éloquence du Christianisme sont dans ces courtes pages où S. Paul, qui n'avait pas vu le Christ et qui le persécutait, se lève à côté de S. Pierre; désormais inséparable de lui, moins grand par l'autorité, plus éclatant par la parole, égaux tous les deux en trois choses, leur amour, leur supplice et leur tombeau...
C'est à Jérusalem qu'a commencé ce drame surnaturel; c'est à Rome qu'il se termine, après avoir passé par Antioche, Athènes et Corinthe. S. Paul, tout chargé de chaînes, apporta aux Romains la liberté de l'univers, et le bruit de ses pas dans la capitale future du Christianisme est la dernière parole qu'on entende de lui. » A suivre : Épître aux Romains.
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX ROMAINS
INTRODUCTION
Quand S. Paul écrivit cette Épître, il était pour la troisième fois à Corinthe et logeait chez un chrétien nommé Caïus, qu'il avait baptisé de sa main. Après trois mois passés dans cette ville ou aux environs, il allait partir pour Jérusalem, afin d'y porter la collecte qu'il avait faite parmi ses disciples de Corinthe et dans les autres églises d'Europe. C'était l'an 58, probablement. La fête de la Pentecôte approchait. Tandis que Néron, empereur depuis quatre ans, mais à peine arrivé à sa vingtième année, commençait à se signaler par sa fureur pour les jeux du Cirque et par ses courses nocturnes, jointes à l'enlèvement de Poppée et à l'exil d'Othon, l'Apôtre, après avoir évangélisé une bonne partie de l'Asie-Mineure et de la Grèce, se disposait à passer en Occident et à porter la foi dans les contrées les plus reculées de l'empire. Avant de quitter Cenchrée, il achève sa Lettre, et l'envoie aux chrétiens de Rome, par une veuve, nommée Phébée, qu'il désigne comme diaconesse de l'Eglise de Corinthe. Ainsi cette Épître le devance de trois ans dans la capitale du monde.
L'authenticité de l’Épître aux Romains est incontestable, et, si l'on excepte les deux derniers chapitres, universellement reconnue, même par les rationalistes les plus outrés.
Une colonie de Juifs était établie à Rome depuis près d'un siècle…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
INTRODUCTION
(suite)
Comment l’Eglise de Rome s’était-elle formée ?
Une colonie de Juifs était établie à Rome depuis près d'un siècle. Auguste l'avait traitée avec bienveillance. Non content de lui assurer le libre exercice de son culte, il lui avait attribué une portion considérable de la région transtibérine. Elle était déjà considérable, à cette époque, puisque huit mille Juifs de Rome se joignirent aux députés de la Palestine pour réclamer auprès de ce prince contre le testament d'Hérode. Or, nous apprenons de S. Luc qu'un certain nombre de Juifs et de prosélytes, étant venus de Rome à Jérusalem l'année de la mort du Sauveur, avaient assisté au miracle de la Pentecôte et entendu le premier discours de S. Pierre. Il y a lieu de croire que plusieurs se convertirent et emportèrent avec eux, dans la capitale de l'empire, les premières semences de la foi. Des Juifs de la synagogue des Affranchis, qui étaient nés en cette ville ou aux environs, et des Gentils de la cohorte italique, rappelés en Italie après l'élévation d'Hérode Agrippa sur le trône de Judée, se joignirent probablement à ces premiers fidèles. Enfin, nous savons que S. Pierre, obligé par sa charge de se porter à la tête de l'Eglise, vint lui-même à Rome organiser cette chrétienté naissante, comme il avait organisé celle d'Antioche, et qu'assez longtemps avant la ruine de Jérusalem, dès le commencement du règne de Claude, il établit son siège dans la capitale du monde. Si la date n'est pas absolument sûre, le fait de cet établissement est incontestable : les preuves remontent jusqu'aux Apôtres.
Bannis un moment de Rome, comme les Juifs avec lesquels on les confondait, les chrétiens ne tardèrent pas à y rentrer. En l'an 58, au moment où S. Paul leur écrivait, ils formaient déjà une église considérable et bien organisée, dont la foi était connue du monde entier. Ils étaient Gentils d'origine pour la plupart : c'est par là qu'ils se recommandaient particulièrement au zèle de S. Paul. En l'an 64, une trentaine d'années après la mort du Sauveur, ils s'étaient multipliés au point de fournir à Néron une multitude énorme de victimes. Des enseignements que l'Apôtre leur adresse, on est fondé à conclure qu'ils étaient fixés sur les principaux points de la doctrine chrétienne, et qu'on les avait instruits avec soin, non seulement de l'économie générale de la religion, mais encore des vérités les plus relevées du christianisme, des rapports de la loi nouvelle avec la loi mosaïque, des prophéties, des sens spirituels, des figures de l'Ancien Testament, etc.
S. Paul n'avait pas fondé cette Eglise…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX ROMAINS
INTRODUCTION
(suite)
Qu’est-ce qui portait S. Paul à envoyer des instructions à cette église qu’il n’avait pas fondée ?
S. Paul n'avait pas fondé cette Eglise, non plus que celle de Colosses; mais il y avait des amis et des disciples qui sollicitaient son zèle et désiraient ses avis. Ce fut là pourtant son moindre motif pour lui écrire ; le principal fut l'importance de la conversion de Rome pour le progrès de la foi parmi les Gentils, dont il était l'Apôtre. Il n'ignorait pas que Rome était au jugement du monde entier, la ville par excellence, que tous les peuples avaient les yeux sur elle, qu'elle exerçait sur tout l'empire une fascination et une autorité irrésistibles. Il savait qu'elle était en relation continuelle avec les provinces, et que toutes les nations avaient des représentants dans son sein, de même qu'elle comptait des citoyens dans toutes les contrées connues. Prêcher l'Evangile dans cette ville, c'était remplir de la manière la plus étendue et la plus fructueuse le ministère particulier dont il était chargé, celui de faire connaître aux Gentils le Fils de Dieu et le mystère du salut.
A ce motif, très suffisant par lui-même, on peut en joindre d'autres, au moins fort vraisemblables.
— 1° L'absence prolongée de S. Pierre. On sait que le prince des Apôtres s'absenta plusieurs fois de son Eglise, sans qu'il en abandonnât jamais le gouvernement. Le décret de Claude qui bannit de Rome la population juive, le concile de Jérusalem, tenu de 50 à 52, les besoins des églises d'Orient dont il fut l'Apôtre, durent l'en tenir assez longtemps éloigné.
— 2° Le désir que S. Paul devait avoir de disposer les chrétiens de Rome à profiter de son passage et à recevoir ses instructions lorsqu'il viendrait parmi eux, pour préparer sa mission en Espagne.
— 3° L'avantage qu'il pouvait espérer de sa Lettre, pour la paix de l'Eglise et pour le succès de son ministère dans toutes les provinces. Quoi de plus propre, en effet, à dissiper les préventions des judaïsants et à rendre manifeste l'union qui régnait dans le collège apostolique, que de faire publiquement à Rome ce qu'il avait déjà fait à Antioche, de joindre sa parole à celle de S. Pierre, et d'adresser à l'Eglise même du prince des Apôtres le développement et les preuves de son évangile, de sa thèse principale, de celle qui soulevait le plus d'opposition parmi ses compatriotes, et qui avait le plus d'importance pour l'avenir du christianisme, savoir : que la grâce et le salut étaient offerts à tous, aux Gentils comme aux Juifs, à la seule condition de croire en Jésus-Christ et d'embrasser sa loi?
— 4° Les lumières que Dieu lui donnait sur l'avenir de l'Eglise de Rome, destinée à être le centre et le foyer du christianisme, mais menacée des plus terribles persécutions, et appelée à acheter, par trois siècles de martyre, sa domination si glorieuse et si féconde sur toutes les autres Eglises.
Quoi qu'il en soit, S. Paul avait depuis longtemps le désir, non de s'établir à Rome, mais de prêcher l’Évangile aux Romains, et il ne paraît pas qu'il ait jamais poursuivi avec autant d'ardeur aucun autre dessein. On sait par les Actes comment Dieu lui donna de le réaliser.
Cette Épître ne suppose-t-elle pas qu'il y avait à Rome…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX ROMAINS
INTRODUCTION
(suite)
Cette Epître ne suppose-t-elle pas qu'il y avait à Rome, entre les convertis du Judaïsme et ceux de la Gentilité, une contestation sur leur mérite relatif?
— S. Augustin l'a pensé, et beaucoup d'interprètes après lui. Ils ont cru que les Juifs et les Gentils convertis se disputaient la palme du mérite, que les uns et les autres prétendaient avoir les meilleurs titres à la grâce de l'Evangile et à l'amitié de Dieu, que les premiers se prévalaient de leur fidélité à pratiquer la loi de Moïse, et les seconds des lumières de leurs philosophes et des vertus de leurs sages. Mais c'est une simple hypothèse, suggérée par certains versets, non un fait établi par des témoignages historiques.
En outre, cette supposition ne s'accorde pas très bien avec les éloges que S. Paul donne à l'Eglise de Rome, et avec l'édification qu'elle répandait dès lors dans tout l'univers; et l'on n'a pas besoin d'y recourir pour expliquer les considérations de l'Apôtre sur l'abus que les Gentils faisaient de leur raison, sur l'impuissance de la loi à justifier les âmes, et sur la gratuité absolue de la foi. S. Paul connaissait la disposition de ses compatriotes à se préférer au reste des hommes. Il savait quel était l'orgueil des Grecs et des Romains. N'était-ce pas assez pour qu'il prit soin de porter les uns et les autres à s'humilier devant Dieu, à reconnaître leur indignité, à confesser que leur conversion était un pur effet de sa miséricorde?
Tel est, ce nous semble, le véritable point de vue. S. Paul se propose moins de réprimer une contestation survenue à Rome entre deux partis rivaux, que d'en étouffer les germes, en inspirant aux uns et aux autres une profonde reconnaissance envers Dieu pour le don de la foi, en apprenant aux Juifs, comme aux Gentils, en quoi consiste la grâce de la justification, quelle en est l'origine, quels en sont les conditions, les caractères, les effets, et en leur faisant sentir l'impuissance où ils sont, soit d'y suppléer par la raison, soit de la mériter par leurs œuvres.
L'Epitre aux Romains a, de tout temps, effrayé les interprètes...
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX ROMAINS
INTRODUCTION
(suite)
Cette Epître n’offre-t-elle pas des difficultés spéciales, et ne paraît-elle pas être le fruit de l’étude et du travail ?
L'Epitre aux Romains a, de tout temps, effrayé les interprètes. Les difficultés qu'elle présente ont rapport à la grâce, dont l'Apôtre est le grand prédicateur, et aux questions qu'elle soulève, du péché originel, de la concupiscence, de la justification, de la prédestination et de la réprobation. Tous les hérétiques qui ont nié ou blessé plus ou moins la liberté humaine, depuis Valentin le gnostique jusqu'à Luther et Jansénius, ont allégué quelques passages de cette Epître et de celle aux Galates. Mais, en condamnant leurs erreurs, l'Eglise a éclairci la matière et fixé le sens de beaucoup de textes. Si l'on tient compte de ses définitions et qu'on ait soin de choisir de bons commentaires, on verra que l'Apôtre est loin d'être incompréhensible, et que ce n'est pas sans fruit qu'on étudie ses écrits.
Il y a lieu de croire que l’Épître aux Romains n'a pas été faite tout d'un jet, en quelques heures, comme l’Épître aux Galates. Bien qu'elle ne soit pas limitée sous le rapport littéraire, la doctrine qu'elle contient paraît avoir été méditée à loisir. L'importance du sujet, l'abondance et l'enchaînement des idées, la concision du style, le grand nombre et le choix des citations, la subtilité des raisonnements, l'absence des répétitions ne permettent pas de penser qu'elle ait été écrite précipitamment. Il est probable que S. Paul y a résumé les instructions qu'il avait coutume de donner dans les Eglises dont il était le fondateur. Sauf le prologue et la conclusion, l’Épître ressemble à un traité plutôt qu'à une lettre. Ce qu'on lit à la fin, qu'elle a été écrite de la main de Tertius, n'est pas une preuve qu'elle ait été dictée. S. Paul l'avait sans doute rédigée avant de la donner à transcrire.
L'Epitre aux Romains se divise en deux sections…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX ROMAINS
INTRODUCTION
(suite)
Comment se divise l’Epître aux Romains ?
L'Epitre aux Romains se divise en deux sections. La première, qui est la principale, est dogmatique ou théorique, I, 17-XI. Dans cette partie, l'Apôtre, voulant exposer la doctrine de l'Eglise sur la justification, établit la nécessité de la foi chrétienne ou du christianisme, pour arriver au salut ; et il fait sentir cette nécessité, en montrant l'impuissance de la nature et l'insuffisance de la loi mosaïque pour mener une vie sainte et mériter le ciel. Sa thèse est donc assez complexe. Il établit la gratuité de la justification sur ce fondement, qu'elle n'est le fruit ni du mérite naturel ni des œuvres légales, qu'elle a pour condition essentielle et unique la foi, une vraie foi, en Jésus-Christ, et il montre que la nécessité et la valeur de cette foi sont les mêmes pour tous les hommes. — La seconde section est pratique ou morale, XII-XVI. C'est une suite de préceptes et de conseils généraux et particuliers, de nature à confirmer les chrétiens dans la foi et à les porter à la perfection. La vie du juste, dont il trace l'esquisse et dont il dit que la foi chrétienne est le principe, contraste avec celle des païens et des Juifs, dont il a fait le tableau dans ses premiers chapitres. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
PREMIÈRE ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX CORINTHIENS
INTRODUCTION
Corinthe, relevée par Jules César et déclarée colonie romaine, était la capitale de l'Achaïe, et la première ville de la Grèce. Elle pouvait avoir quatre cent mille habitants de toute nationalité, grecs, latins, Juifs, etc. Aussi riche que populeuse, elle brillait surtout par son activité et par son luxe. Sa position dans l'isthme qui unit le Péloponnèse à la Grèce, entre la mer Égée à l'Orient et la mer Ionienne à l'Occident, à égale distance de l'Italie et de l'Asie, en faisait le centre d'un commerce considérable. Le commerce lui donnait l'opulence, et l'opulence procurait à ses habitants de quoi satisfaire leur goût pour les arts et pour le plaisir. A peu de distance de ses murs, on célébrait tous les cinq ans des jeux fameux auxquels l'Apôtre fait allusion; et la ville elle-même était un théâtre d'amusements et de dissolution continuels. On n'y célébrait guère d'autre culte que celui de Vénus. Aussi la vie qu'on y menait était-elle passée en proverbe, et disait-on indifféremment, « vivre en Corinthien, » ou s'abandonner à la volupté. Malgré les obstacles que de telles habitudes devaient mettre à la foi chrétienne, et en dépit de l'opposition des Juifs, S. Paul, animé par une vision céleste, avait réussi à y fonder une église; et après dix-huit mois de travaux, il l'avait laissée si ferme dans la foi et si fervente qu'elle faisait sa consolation et qu'elle servait de soutien et de modèle aux chrétientés voisines. La plupart des convertis étaient païens d'origine et d'une condition assez humble. Néanmoins, les détails où entre l'Apôtre sur la manière dont se faisait la cène et sur les secours à donner aux chrétiens de Jérusalem, supposent qu'il y avait aussi des chrétiens d'une classe plus élevée. Lui-même, dans son Epître aux Romains, distingue entre les autres Eraste, l'intendant de la cité, et Caïus, qu'il appelle son hôte.
Est-il certain que ces Épîtres sont de S. Paul ?…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
PREMIÈRE ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX CORINTHIENS
INTRODUCTION
(suite)
Est-il certain que ces Épîtres sont de S. Paul ?
L'authenticité des deux Epîtres de S. Paul aux Corinthiens est attestée par la tradition. Qu'il suffise de citer S. Clément, pape, qui, dans une Lettre adressée par lui aux Corinthiens, une trentaine d'années plus tard, de 92 à 97, leur rappelle la première de ces Epîtres comme une œuvre connue et respectée de tous. « Prenez en main, dit-il, l'Epître du bienheureux Paul. Il n'y a pas de doute que l'Esprit-Saint ne lui ait inspiré ce qu'il vous a écrit sur lui-même, sur Céphas et sur Apollo, dans un temps où vous étiez divisés comme aujourd'hui.»
Cette Lettre de S. Clément est le plus ancien monument que nous ayons de la tradition, et l'un de ceux dont l'authenticité est le mieux établie. On la lisait publiquement dans l'Eglise de Corinthe et dans beaucoup d'autres.
En quel lieu, en quel temps, à quelle occasion cette Epître fut-elle écrite ?…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
PREMIÈRE ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX CORINTHIENS
INTRODUCTION
(suite)
En quel lieu, en quel temps, à quelle occasion cette Epître fut-elle écrite ?
La première Épître aux Corinthiens fut écrite d'Ephèse. On en a la preuve dans l’Épître même où S. Paul dit qu'il restera encore quelque temps chez Aquila et Priscille, établis en cette ville depuis son passage à Corinthe.
On voit, au même endroit, que la Pentecôte approchait et que l'Apôtre songeait à un départ prochain. C'était dans sa dernière mission, l'an 56 probablement. S. Paul était arrivé au milieu de sa carrière apostolique. Il y avait dix ans qu'il prêchait la foi, et quatre ou cinq, ans qu'il avait fondé l'Eglise de Corinthe ; mais un grand nombre de disciples, de ceux même qui avaient vu le Sauveur après sa résurrection, étaient encore en vie.
Ce qui lui donna lieu d'écrire cette première Épître, ce fut : — 1° Un rapport épistolaire sur les divisions naissantes, rapport qui lui avait été adressé par la maison chrétienne de Chloé. — 2° Un récit oral que venaient de lui faire Stéphanas et ses coadjuteurs dans le gouvernement de cette église, au sujet d'un scandale et de quelque abus. — 3° Certaines questions de morale et de discipline, dont les Corinthiens lui avaient demandé la solution. — L'Apôtre fait allusion à ces renseignements, et même, ce semble, aux termes dont on s'était servi pour le consulter, en divers endroits de son Épître.
Comment cette Épître se divise-t-elle ? …
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Re: Introduction au Nouveau Testament
PREMIÈRE ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX CORINTHIENS
INTRODUCTION
(suite)
Comment cette Épître se divise-t-elle ?
On distingue dans cette Épître deux parties, qui répondent au double dessein qu'avait S. Paul de réformer et d'instruire. — Dans la première, il s'efforce de réformer les abus qui se sont glissés parmi les fidèles de Corinthe. Ces abus sont des divisions, causées par un engoûment irréfléchi pour certains prédicateurs, I-IV, et divers scandales donnés à l'Eglise par des particuliers, V-VI. — Dans la seconde, VII-XV, il répond successivement à cinq questions qu'on lui avait posées : sur le mariage et le célibat, VII ; sur les mets consacrés aux idoles, VIII-X; sur l'ordre qui doit régner dans les assemblées religieuses, XI; sur l'usage des dons surnaturels, XII-XIV; sur la résurrection, XV.
Comme on le voit, cette Epître diffère beaucoup par son objet et par sa forme de l'Epître aux Romains. Elle ne ressemble en rien à une dissertation ni à un traité dogmatique. C'est une suite d'avis, de réflexions, de solutions, inspirées par les circonstances et réparties en sept articles. Il n'est pas d'écrit qui fasse mieux connaître, soit l'esprit de l'Apôtre, soit la discipline et les mœurs de ces premiers temps. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
DEUXIÈME ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX CORINTHIENS
A quelle date, de quel lieu, dans quel dessein cette Épître a-t-elle été écrite ?
On convient que cette Epître a été écrite peu de temps après la première, L'an 57, suivant le plus grand nombre.
S. Paul était en Macédoine, probablement à Philippes. L'émeute excitée par Démétrius l'ayant forcé de quitter Ephèse, il était passé à Troas, puis en Macédoine. C'est là que Tite, qu'il avait envoyé précédemment à Corinthe, vint le rejoindre. L'Apôtre apprit de lui dans quel état se trouvait l'Eglise de cette ville, la sincère affection que lui gardaient la plupart de ceux qu'il avait convertis, mais en même temps l'animosité croissante de ses antagonistes, les imputations dont il était l'objet, le reproche que plusieurs lui faisaient d'être inconstant dans ses desseins, ambitieux dans ses vues et mal intentionné à l'égard de sa nation. Sur ces informations, il s'empresse d'écrire cette seconde Epître, et il charge son disciple de la porter à Corinthe, en attendant qu'il puisse s'y rendre lui-même.
On trouve en cette Lettre une longue apologie de sa conduite et de son ministère : apologie voilée d'abord, modérée au début, mais bientôt ouverte, vive, et à la fin acérée et véhémente. Elle n'est interrompue qu'un instant, vers le milieu, par une digression sur l'aumône et une exhortation à venir au secours des fidèles de Jérusalem. D'où trois parties ou trois sections : 1° Apologie calme et contenue, I, 15-VII. — 2° Digression, VIII, IX. — 3° Apologie animée et véhémente, X-XII. Dans chacune de ces parties, l'habileté de l'Apôtre, son talent oratoire, la souplesse de son esprit, la délicatesse de son langage se montrent avec éclat. Il s'y propose trois choses : — 1° Dissiper toute prévention dans l'esprit de ses disciples. — 2° Presser la réforme des abus et l'exécution des mesures dont il est question dans sa première Lettre. — 3° Confondre les faux Docteurs par une justification éclatante. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX GALATES
Qu’étaient-ce que les Galates, comment S. Paul fut-il amené à leur écrire, et quel est l’objet de son Épître ?
La Galatie était la Gaule de l'Orient. Des Gaulois, ayant quitté leur pays trois siècles avant Jésus-Christ, passèrent d'abord dans le nord de la Grèce, puis, bientôt après, allèrent s'établir en Asie, et se fixèrent aux environs d'Ancyre, où on leur donna le nom de Galates. Assez restreint d'abord, leur territoire s'agrandit peu à peu. Au temps de S. Paul la Galatie était une province romaine, qui occupait le centre de l'Asie Mineure. L'Apôtre y était venu deux fois, d'abord au commencement de sa seconde mission apostolique, pour y prêcher l’Évangile et y établir la foi, ensuite au début de la troisième, pour compléter et perfectionner son œuvre. C'est peu de temps après, vers 57, pendant son dernier séjour à Corinthe, qu'il écrivit cette Lettre. Elle se rattache ainsi par sa date à son troisième voyage, aussi bien que l’Épître aux Romains et les Épîtres aux Corinthiens, avec lesquelles elle a des rapports visibles. Celles-ci la précédèrent; et celle-là paraît l'avoir suivie d'assez près.
Les Galates étaient intelligents, d'une grande franchise, mais d'une mobilité d'esprit et d'une impétuosité de caractère qui les exposaient à des démarches irréfléchies et à des déceptions. On venait de faire à l'Apôtre un rapport très inquiétant à leur sujet. On lui apprenait que depuis son passage, des Docteurs judaïsants étaient venus de Jérusalem, et avaient pris sa place en Galatie; que, sous prétexte de compléter son œuvre, ils altéraient son enseignement et imposaient à ses disciples de nouvelles pratiques, empruntées au rituel judaïque. Peut-être étaient-ce les mêmes qui avaient déjà soulevé les esprits contre lui à Antioche. Au moins prêchaient-ils, aussi hautement qu'on avait jamais fait, la nécessité des œuvres légales et de la circoncision pour les Gentils comme pour les Juifs. « C'est là, disaient-ils, ce qui s'enseigne et ce qui se pratique à Jérusalem, dans l'Eglise-mère, sous les yeux et par les soins des principaux Apôtres. Sans ces observances, on ne fait pas partie du peuple de Dieu et l'on ne peut avoir part aux biens promis à Abraham. »
Les Galates avaient d'abord opposé à cette prédication l'autorité de celui qui leur avait apporté l'Evangile; mais ces nouveaux venus la récusaient, ou du moins ils disaient qu'elle était loin d'égaler celle des Apôtres de Judée avec lesquels ils étaient en relations, celle de Pierre, de Jacques et de Jean, que le Seigneur avait instruits en personne et à qui il avait révélé tous ses mystères. Ils affirmaient que saint Paul avait reconnu la supériorité de leurs lumières et de leur pouvoir, et qu'en leur présence, à Jérusalem, il avait dû renoncer à ses principes et se déclarer pour la circoncision. Ebranlés par ces raisons ou séduits par ces artifices, un certain nombre de fidèles semblaient disposés à joindre l'observation des lois de Moïse à la profession de la religion chrétienne.
A cette nouvelle, l'Apôtre prend la plume pour revendiquer son autorité et rétablir la vraie doctrine; et il écrit comme d'un seul trait, cette lettre où son caractère se peint avec toute l'ardeur, toute la sollicitude, toute la tendresse de son zèle. Il traite ces prédicants, non comme des hommes de bonne foi involontairement égarés, mais comme des séducteurs, des docteurs de mensonge, qui ne cherchent qu'à surprendre et à asservir les âmes crédules. Pour les fidèles, il les rappelle à lui, les reprend el les encourage tour à tour. Nulle part il n'est plus concis dans ses raisonnements, plus sévère dans ses reproches, plus affectueux dans ses exhortations.
On distingue trois parties en cette Epître : — 1° La première est apologétique, I, 11-II, 16. L'Apôtre établit la réalité de son apostolat et la conformité de sa doctrine avec celle de ses collègues. — 2º La seconde est dogmatique, II, 17-V, 13 montre que la justification est attachée à la foi en Jésus-Christ, non à la loi de Moïse, dont l'observance est superflue et même nuisible ou dangereuse. — 3° La troisième est morale, V, 14-VI: elle a pour objet de corriger quelques abus et d'affermir les esprits dans la foi. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX ÉPHÉSIENS
Qu’est-ce qui donne lieu à S. Paul d’écrire cette Epître aux Éphésiens ?
Éphèse, métropole de l'Asie proconsulaire, était célèbre par son commerce, son opulence, et surtout son temple de Diane, l'une des sept merveilles du monde. S. Paul, qui n'avait fait que la visiter à sa seconde mission, y séjourna près de trois ans à la dernière, de 55 au commencement de 58; et il eut la consolation d'y convertir un bon nombre de Juifs et de Gentils et d'y fonder solidement le christianisme. C'est ce qu'il nous apprend lui-même, dans le discours qu'il adresse au clergé de cette ville, accouru pour l'entendre à Milet, quelques jours avant son entrée à Jérusalem et son arrestation au Temple. Cette lettre ne fut écrite que quatre ans plus tard. L'Apôtre était à Rome prisonnier de Jésus-Christ, mais toujours appliqué aux soins de l'apostolat. S. Epaphras, évêque de Colosses, était venu lui apporter des nouvelles de son Eglise, de celle d'Ephèse et de toute sa province.
On commençait à voir se réaliser dans cette partie de l'Asie les prédictions que l'Apôtre avait faites, lors de son dernier passage à Milet. Là, comme en Galatie, de faux docteurs cherchaient à surprendre la confiance des fidèles et mettaient leur foi en péril; mais les questions qu'ils agitaient avaient un caractère particulier plus théorique que pratique. Quoique judaïsants, ils ne réclamaient pas en faveur des pratiques mosaïques : ils tâchaient d'éblouir les fidèles par de hautes spéculations sur les attributs de Dieu et sur sa conduite à notre égard. Ils se demandaient quelles étaient la raison de ses œuvres et la suite de ses desseins relativement au salut des hommes. Les Gentils convertis avaient peine à comprendre comment la divine bonté avait abandonné si longtemps la presque totalité du genre humain aux erreurs du paganisme pour donner tous ses soins aux seuls enfants d'Israël ; et les Juifs baptisés, tout chrétiens qu'ils étaient, ne pouvaient se faire à la pensée qu'ils étaient déchus de tous les privilèges dont leurs pères s'étaient glorifiés. Pour ceux-ci, la difficulté était dans la conduite actuelle de Dieu; pour ceux-là, elle était surtout dans sa conduite passée; les uns et les autres avaient peine à les mettre d'accord et demandaient des éclaircissements.
S. Paul entreprend de calmer cette inquiétude et de résoudre ces questions. Ce qu'il se propose dans sa Lettre, ce n'est pas de montrer la nécessité et l'efficacité de la foi, comme dans l'Epitre aux Romains, ni l'inutilité des observances légales, comme dans l'Epitre aux Galates; c'est d'exposer aux fidèles d'Ephèse, ce qu'ils désirent connaître, le plan conçu par Dieu dans l'éternité et réalisé dans le temps, pour la rédemption du monde et pour la gloire des élus.
« Dieu, dit-il, n'a pas varié dans ses vues; il a eu de toute éternité le dessein qu'il accomplit aujourd'hui. Il s'est proposé de racheter tous les hommes par son Fils incarné, et de glorifier en sa personne, en les adoptant pour enfants, tous ceux que ce divin Fils attirerait à lui, qu'il animerait de son Esprit et dont il ferait ses membres. Il a résolu de réunir en une même Eglise tous ses enfants adoptifs, de quelque nationalité qu'ils fussent, les Gentils aussi bien que les Juifs, et de faire de tous les chrétiens un seul corps ou une même personne morale, dont Jésus-Christ serait le chef : mystère adorable que l'Esprit saint a révélé à l'Apôtre, qu'il est chargé de faire connaître et qu'il travaille à réaliser. »
Voilà la vérité que S. Paul énonce d'abord, et dont il développe ensuite les conséquences. Rien de plus magnifique que le tableau qu'il trace de l'Eglise chrétienne. Il déroule avec une sorte d'enthousiasme le plan divin de la rédemption. Il le montre s'étendant à tous les âges en même temps qu'à tous les peuples. Il fait voir l'Homme-Dieu, bien au-dessus des Anges, comme le centre où tout aboutit, comme le lien qui unit toutes choses, l'homme à Dieu, la terre au ciel, les Juifs aux Gentils, de sorte que tout se consomme en sa personne pour la gloire de son Père et le salut du monde. Il insiste sur la divinité du Sauveur, sur la valeur et l'étendue de sa rédemption, sur l'unité de la sainte Eglise, sur son universalité surtout. Il demande à Dieu de faire comprendre à ses disciples l'éminence de leur vocation et la valeur infinie des grâces dont ils sont comblés. Cependant il n'entend pas faire ici un exposé du christianisme : il se borne à rendre hommage à sa sublimité, à en faire entrevoir les merveilles.
L’Épître a deux parties. Dans la première, l'Apôtre fait ressortir la grandeur de l'œuvre accomplie en Jésus-Christ, I-II, il : tous les peuples et tous les individus appelés à l'adoption divine, et l'Eglise destinée à les réunir tous en son sein, II, 12-III, 21. Dans la seconde, il trace aux chrétiens des règles de conduite, et donne des conseils généraux, IV-V, 21, et particuliers, V, 22-VI, pour les divers états de la vie chrétienne.
Le style peut sembler obscur et embarrassé en quelques endroits de la première partie : mais les idées sont profondes et les sentiments sublimes.
Bien qu'il y ait quelque différence entre cette Épître et les précédentes…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX ÉPHÉSIENS
(suite)
Trouve-t-on dans cette Épître les même idées, le même style, les mêmes signes d’authenticité que dans les Épîtres précédentes ?
Bien qu'il y ait quelque différence entre cette Epître et les précédentes, au point de vue des idées aussi bien que du style, les esprits impartiaux et compétents ne laissent pas d'y reconnaître le cachet de l'Apôtre, — ses préoccupations ordinaires touchant l'universalité de la rédemption et la catholicité de l'Eglise; — le sentiment qu'il a du Sauveur, de sa mission, de l'opération de sa grâce dans les âmes; — l'ardeur de son zèle pour la propagation de l'Evangile et pour la sanctification de ses disciples; — l'étendue et sublimité de ses vues sur la vie chrétienne, sur la nécessité et la vertu de la grâce, sur le sacrement de mariage, sur l'Eglise. On sent partout, dit Erasme, l'esprit et le cœur de S. Paul. Le tableau qu'on remarque à la fin, du soldat chrétien et de son armure spirituelle, a dû lui être suggéré, dit Michaëlis, par la vue du prétorien sous la garde duquel il était placé.
Ceux qui ont tenté d'ébranler, dans ces derniers temps, l'autorité de cette Épître, lui ont reproché surtout, après l'absence de tout détail personnel, ses coïncidences nombreuses avec l’Épître aux Colossiens, ses allusions au gnosticisme, au pléroma et aux éons, des expressions insolites, des pensées obscures et vagues, un style lâche, embarrassé, mystique, chargé de répétitions et de mots superflus. Nous ne dirons pas que toutes ces particularités sont imaginaires; mais nous croyons que, si on ne les exagère pas, on pourra les expliquer aisément, soit par la date de l’Épître, soit par la nature du sujet, soit par la rapidité de la composition.
1° Cette Épître fut écrite durant la première captivité de l'Apôtre, peu de temps avant sa mise en liberté. Tychique qui se rendait à Colosses en même temps qu'Onésime l'emporta avec elle aux Colossiens. Il est naturel de penser qu'elles ont été écrites le même jour ou à peu d'intervalle l'une de l'autre, dans le même dessein, sous la même impression et avec les mêmes idées. Loin donc de rendre leur authenticité douteuse, la conformité qu'on remarque entre elles est de nature à la confirmer. Si, comme on l'avance, l’Épître aux Éphésiens paraphrase celle aux Colossiens, qu'on dise que celle-ci a été écrite la première. Mais il répugne absolument d'admettre qu'un faussaire, voulant attribuer à S. Paul une Épître de sa composition et la faire recevoir à Éphèse comme de l'Apôtre, l'ait ainsi semée de passages empruntés à une Épître bien connue que S. Paul avait écrite peu auparavant à une église voisine. Un faussaire s'efforce d'imiter, mais il n'a garde de copier ; il évite les coïncidences qui le feraient accuser de plagiat. Quel intérêt aurait-on d'ailleurs à supposer un écrit pour attribuer à un homme ce que cet homme a déjà dit, et dans les mêmes termes? La date de l’Épître explique donc ses rapports avec l’Épître aux Colossiens.
— Elle explique également son caractère doctrinal, ses allusions au langage gnostique ou les emprunts que ces hérétiques ont faits à son vocabulaire. Retenu depuis deux ans à Rome, loin des églises qu'il a évangélisées, l'Apôtre devait avoir un peu perdu de vue les combats qu'il avait eus d'abord à soutenir, les oppositions des faux frères, leur engoûment pour la loi de Moïse, leurs rivalités, leurs artifices. Aussi n'en est-il pas question dans cette lettre. Ce qui le préoccupe, ce sont les périls dont l'hérésie menace l'Église; ce sont les doctrines erronées et perverses qui commencent actuellement a envahir I'Asie-Mineure ; ce sont les Antechrists qui se soulèvent de tous côtés et qui s'efforcent de détruire ce qu'il a fait pour la gloire de l'Homme-Dieu.
De là, l'ardeur qu'il éprouve et les efforts qu'il tente pour faire comprendre et apprécier de plus en plus le mystère du Christ.
De là, cette révélation plus complète de ses grandeurs et de ses desseins.
De là, cette insistance à proclamer que Jésus-Christ est le Créateur et le chef suprême des hiérarchies du ciel, aussi bien que des membres de l'Eglise; qu'il est l'unique médiateur de Dieu et des hommes, qu'en lui tout se rapproche, tout s'unit, tout se purifie, tout se perfection et s'achève; qu'il possède tous les trésors de la science et tous les dons du ciel, que toute doctrine différente de la sienne est frivole ou erronée, que pour empêcher ses disciples d'être emportés au souffle des doctrines humaines, il a confié à un corps enseignant le dépôt de la foi, avec la charge d'éclairer les fidèles et de communiquer à tous les grâces du salut.
Quand une vérité est contredite, altérée, amoindrie, n'est-ce pas pour l'Apôtre le moment de la proclamer, de la défendre, d'en faire sentir l'importance, l'excellence, la certitude?
2° Ce n'est pas dans la partie morale, c'est dans la partie dogmatique seulement qu'on peut trouver le langage de l'Apôtre moins net et moins précis que dans l’Épître aux Corinthiens. Mais est-il étonnant qu'en matière de dogme, sur les questions si élevées et si neuves que soulevaient les Gnostiques, S. Paul ait eu moins de facilité à rendre ses idées, qu'il n'ait pas échappé tout à fait à l'embarras et au vague des auteurs mystiques, qu'il ait senti, comme tant de Saints, la difficulté d'exprimer dans le langage des hommes les lumières dont l'Esprit de Dieu éclairait son âme? A la sublimité et à la nouveauté des idées, joignez la rapidité de la composition. L'Apôtre n'avait pas pour écrire ses Lettres le loisir qu'ont les académiciens pour composer leurs livres. En bien des cas, il était forcé de s'en tenir au premier jet, et de songer moins au mérite de sa composition qu'aux besoins de ceux qu'il voulait instruire. D'ailleurs, dans ces passages mêmes que les littérateurs ordinaires jugent obscurs, les hommes habitués à méditer l'Ecriture et qui participent aux grâces comme aux vertus de l'Apôtre, ne trouvent-ils pas souvent des lumières aussi abondantes que sublimes? Et si négligé qu'on le trouve, qui oserait dire que l'auteur sacré n'est pas incomparablement plus net, plus précis, que les rêveurs gnostiques qu'il réfute?
Concluons que l’Épître aux Éphésiens n'a rien qui ne soit digne de S. Paul, conforme à son caractère, et qu'on ne voit pas de raison pour récuser le témoignage que l'Eglise rend de son origine apostolique. (L. BACUEZ).
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX PHILIPPIENS
Qu’est-ce qui a donné lieu à S. Paul d’écrire cette Epître ?
Philippes est la première ville d'Europe où S. Paul ait prêché la foi. C'était une place de moyenne importance, mais à laquelle le père d'Alexandre avait donné son nom et qu'Auguste éleva au rang de colonie romaine après la victoire qu'il avait remportée sous ses murs. L'Apôtre s'y rendit en venant de Troade, au début de sa seconde mission, l'an 57. Il s'y arrêta pour célébrer la Pâque, dans son dernier voyage à Jérusalem, en 58. A l'exemple de Lydie, qui se montra si généreux à son égard dès le moment de sa conversion, les fidèles de cette Eglise lui témoignèrent leur reconnaissance en lui envoyant des secours, d'abord à Thessalonique et à Corinthe, puis à Rome, dans sa première captivité. C'est de cette dernière ville, et par l'intermédiaire d'Epaphrodite, leur évêque, qui lui avait apporté leur offrande, que S. Paul leur adresse cette Lettre.
On n'y trouve ni exposition doctrinale proprement dite, ni discussion polémique, ni enchaînement d'idées bien marquées. C'est une simple Lettre, assez courte, une effusion de cœur, une communication spontanée et toute paternelle, pleine de détails intimes, d'encouragements, de bons conseils, d'exhortations et d'actions de grâces. En la lisant, on sent quelle est la tendresse de S. Paul pour ses enfants en Jésus-Christ, et combien leur foi, leurs vertus, leurs progrès dans la sainteté lui sont chers. Quand il parle de leur affection pour lui, son âme déborde de consolation et de tendresse. Il espère recouvrer bientôt sa liberté; mais en attendant, il n'a pas lieu de se plaindre de son état : Dieu fait servir au progrès de l'Evangile sa captivité même. Quoiqu'il n'ait pas pris en commençant son titre d'Apôtre, il ne néglige pas de profiter de cette occasion pour affermir ses disciples dans la foi en Notre Seigneur et les animer à la ferveur, et l'on peut remarquer que ses exhortations ne sont mêlées d'aucun reproche. L'Eglise de Philippes est sa joie et sa couronne. Il ne paraît pas que la zizanie s'y mêlât au bon grain. L'Epître a bien quelques mots à l'adresse des judaïsants, mais rien ne prouve leur présence à Philippes. Aussi voyons-nous dans les Actes que les Juifs y étaient peu nombreux. Ils n'y avaient pas même de synagogues, et l'Evangile ne dut pas faire beaucoup de conquêtes dans leurs rangs.
On n'a jamais contesté l'authenticité de cette Epître. Elle est nommée dans le Canon de Muratori et citée par les Pères les plus anciens, S. Irénée, Clément d'Alexandrie, Tertullien, etc. S. Polycarpe en fait une mention expresse dans sa Lettre à l'Eglise de Philippes. Elle offre au lecteur moins de difficultés que de sujets d'édification. On la divise en deux sections : 1º Félicitations et actions de grâces, 1; 2º Avis et exhortations, II-IV. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX COLOSSIENS
Qu’est-ce qui a donné lieu à cet Épître ? Quel es est l’objet, le but et la valeur ?
Colosses était une ville de Phrygie, peu éloignée de Laodicée, d'Ephèse et d'Hiérapolis. La foi chrétienne parait y avoir été prêchée, non par S. Paul lui-même, qui ne se donne nulle part pour l'Apôtre des Colossiens, mais par un de ses disciples, Epaphras, qui en devint probablement évêque après la mort d'Archippe. Aussi cette Lettre contient-elle peu de détails personnels.
Ce qu'on y remarque surtout, ce sont les rapports nombreux qu'elle présente avec l’Épître aux Éphésiens. On n'y trouve pas seulement la même doctrine, ce qui serait peu surprenant, mais une série d'idées parallèles, et un grand nombre de pensées et d'expressions identiques.
Cette conformité s'explique par cette considération, qu'ayant été envoyées dans la même occasion, ces deux Épîtres auront été écrites à la même date, sous la même impression, dans le même dessein, pour remédier aux mêmes désordres ou prévenir le même péril. A Colosses comme à Éphèse, le danger qui menaçait l'Église avait pour cause les prédications et les manœuvres de docteurs soi-disant chrétiens, mais avant tout judaïsants et déjà quelque peu gnostiques.
Sans égaler peut-être la loi à la foi, comme ceux que l'Apôtre avait combattus en Galatie, ils recommandaient les pratiques légales, les fêtes juives, l'abstinence de la chair et du vin. En même temps, ils tâchaient de rabaisser l'idée que S. Paul avait donnée du Sauveur. Ils usaient d'artifices pour réduire son rôle dans l'Eglise et dans le monde; ils disaient que le Fils de Dieu est trop grand pour s'être fait lui-même notre médiateur, que c'est par les anges que notre salut doit s'opérer et que nous devons offrir à Dieu nos hommages. Sur la nature, le nombre, les fonctions des anges, ils avaient une théorie très étendue, très détaillée ; ils se plaisaient à en dire les noms, les variétés, les occupations. Ils parlaient souvent du culte qu'on leur devait.
L'Apôtre répudie sans équivoque l'enseignement de ces faux docteurs, et oppose à leurs fantaisies superstitieuses la vraie doctrine chrétienne. Il insiste avec une rare élévation de pensée et une grande ardeur de sentiments sur les principaux dogmes, la divinité du Sauveur, l'universalité de la Rédemption, la nécessité du christianisme pour arriver au salut. Sa Lettre devait être communiquée à l'Eglise de Laodicée, après avoir été lue à Colosses.
Cette Épître a été citée, aussi bien que celle aux Éphésiens, comme un document apostolique, par les Pères les plus anciens, S. Justin, S. Théophile d'Antioche, S. Irénée, Tertullien contre Marcion et Marcion lui-même. Les noms d'Onésime, d'Archippe et d'Aristarque la relient à l'Épître à Philémon, qui devient garante de son authenticité. D'ailleurs l'Apôtre s'y révèle par l'élévation de ses vues, la ferveur de sa foi et l'inégalité de son style. Aussi les doutes récemment émis à cet égard n'ont-ils pas trouvé d'écho.
Outre l'exorde, I, 1-12, et la conclusion, IV, 7-18, on y distingue deux parties : l'une dogmatique, I, 11-II; l'autre morale, III-IV, 6. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX THESSALONICIENS
Qu’est-ce qui a donné lieu à S. Paul d’écrire aux Thessaloniciens ?
Thessalonique était devenue la capitale de la Macédoine et le port le plus commerçant de la Méditerranée : elle avait dans l'Empire la qualité de ville libre. S. Paul s'y rendit, dans sa seconde mission, à sa sortie de Philippes. Il y trouva une synagogue, où il prêcha durant trois semaines et jeta les fondements d'une petite chrétienté. Mais bientôt, chassé par les intrigues des Juifs, il se retira à Bérée, puis à Athènes, et de là à Corinthe. C'est de cette dernière ville qu'il adressa à l'Eglise naissante de Thessalonique, vers l'an 52, à peu d'intervalle l'une de l'autre, deux Épîtres, les premières que nous ayons de lui. Elles sont d'une authenticité incontestable et toujours reconnue, très simples et très claires, sauf deux difficultés d'exégèse qu'on ne peut attribuer à un autre qu'à l'Apôtre. La première de ces Épîtres ne contient guère que des encouragements, I, un tableau de sa conduite et de ses dispositions, II, IIIavec quelques instructions morales, IV-VI. L'autre, plus courte encore, a pour objet de suppléer à la visite que S. Paul voulait d'abord faire aux Thessaloniciens et de rectifier cette idée, dont plusieurs étaient préoccupés, que la fin du monde était proche. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
LES
ÉPÎTRES PASTORALES
Notion. — Date.
Qu’entend-t-on par Épîtres pastorales ?
On désigne sous ce titre trois Épîtres de S. Paul à ses disciples de prédilection. Deux sont adressées à Timothée et une à Tite. On les nomme pastorales, parce qu'elles traitent de sujets relatifs au saint ministère, en particulier du choix, des devoirs et des vertus des pasteurs.
Timothée avait suivi S. Paul dans une grande partie de ses voyages, et reçu de lui diverses missions, en Macédoine, en Grèce, à Philippe, à Thessalonique, à Corinthe. Il lui était aussi attaché qu'un fils peut l'être à son père; néanmoins, l'Apôtre l'avait placé à la tête de l'Eglise d'Ephèse, pour se conformer à une révélation du ciel. Quant à Tite, il l'avait aussi élevé à l'épiscopat, après plusieurs missions, et l'avait chargé spécialement d'achever son œuvre dans l'île de Crète, en y organisant le ministère ecclésiastique.
La date de la seconde Épître…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
LES
ÉPÎTRES PASTORALES
Notion. — Date.
(SUITE)
Quelle est la date de ces Epîtres ?
La date de la seconde Épître à Timothée ne paraît pas douteuse. On la rapporte aux derniers temps de la vie de l'Apôtre. L’Épître elle-même nous apprend qu'il est à Rome, prisonnier pour la foi, qu'il a passé récemment à Troas, à Milet et à Corinthe, qu'il n'a plus à ses côtés qu'un seul disciple, S. Luc, et qu'il s'attend à une mort prochaine.
Pour les deux autres Épîtres, il ne paraît pas possible d'en fixer la date d'une manière précise. Néanmoins on a lieu de croire qu'elles sont à peu près de la même époque et quelles ont été écrites peu de temps avant la dernière captivité de l'Apôtre. Ce qui le fait penser, c'est l'analogie frappante et toute exceptionnelle qu'elles ont avec la seconde à Timothée, pour le fond comme pour la forme. Non seulement l'auteur y traite des mêmes sujets, mais il est placé au même point de vue, il a les mêmes préoccupations, il voit l'Eglise dans le même état. Mêmes périls pour la foi ; même goût des nouveautés dans les fidèles ; mêmes défauts dans la prédication ; les avis et les recommandations sont presque identiques. C'est aussi le même style, plus pur, plus coulant et moins chargé d'hébraïsmes qu'à l'ordinaire : ce sont les mêmes locutions et souvent les mêmes termes, qu'on lit dans chacune de ces Epîtres, et qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Aucune d'elles ne ressemble à un traité dogmatique ou polémique. Ce sont des Lettres proprement dites, des communications affectueuses, des instructions toutes pratiques, telles que l'âge de l'Apôtre, sa dignité et ses relations avec ses disciples le mettaient en position de leur en adresser. Convaincu qu'ils ne demandent qu'à connaître ses sentiments pour entrer dans ses vues, il leur écrit au courant de la plume, sans se préoccuper d'ordre ni de méthode. Les préceptes, les exhortations, les maximes, les pressentiments, les détails intimes arrivent pêle-mêle et se pressent sur le papier comme dans son esprit. Aussi serait-il difficile d'en faire un résumé ou une analyse proprement dite.
Ajoutons que diverses indications, fournies par ces Lettres mêmes, ne permettent guère de leur fixer une place dans la partie de la vie de S. Paul que les Actes nous retracent. Ainsi, dans la première à Timothée, on voit que, lorsqu'il l'écrivit, l'Apôtre venait de quitter Ephèse pour se rendre en Macédoine, qu'il avait laissé à son disciple le soin de cette Eglise et qu'il espérait l'y rejoindre bientôt. Or, ceci n'a pu avoir lieu au moment où les Actes nous montrent S. Paul quittant Ephèse pour passer en Europe ; car alors Timothée le devançait en Macédoine et l'Apôtre n'avait pas l'intention de revenir à Ephèse. A ce moment d'ailleurs, S. Paul ne fait encore que prédire l'apparition des faux Docteurs dont il expose et combat les principes dans les deux Lettres à Timothée.
De même quand il écrit à Tite : il vient de passer dans l'île de Crète, où il l'a laissé. Il ne saurait être ici question de son passage en Crète avec le vaisseau qui l'emmenait captif à Rome : comment eût-il pu dire qu'il se proposait de passer l'hiver à Nicopolis? On ne voit donc pas où placer cette Epître, sinon dans l'intervalle de ses deux captivités, intervalle dont nous ignorons le détail, mais qui n'a pas été imaginé pour soutenir l'authenticité de ces écrits et durant lequel nous sommes fondés à croire qu'il parcourut de nouveau l'Orient, après avoir évangélisé l'Espagne.
Quelques auteurs objectent le jeune âge de Timothée, à l'époque où fut écrite la première Épître, S. Paul lui recommandant de faire respecter sa jeunesse. Mais il faut tenir compte de l'âge avancé de l'Apôtre, qui se qualifie de vieillard et qui avait au moins une soixantaine d'années, de l'habitude où il était de parler à Timothée comme à son disciple, et de la pratique commune au premier siècle de n'appliquer aux fonctions pastorales que les hommes qui touchaient à la vieillesse. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
PREMIÈRE ÉPÎTRE
DE SAINT PAUL
A TIMOTHÉE
Que se propose l’Apôtre dans cette Epître ?
Dans celle Epitre, le dessein de S. Paul est d'avertir l'évêque d'Ephèse des principaux devoirs attachés à sa charge, et de l'animer à les bien remplir, III, 15. Dans ce but, il indique brièvement à Timothée les obligations les plus graves de l'épiscopat. Il lui dit :
— 1° Comment il doit instruire son peuple et combattre les mauvaises doctrines, I, 1-20.
— 2° Avec quel soin il doit s'acquitter de la prière publique et des exercices du culte divin, II, 1-15
— 3° Comment il doit choisir ses coopérateurs, III, 1-16
— 4° Quel zèle il doit avoir pour se sanctifier lui-même, IV, et pour maintenir la discipline dans son église, V et VI.
A ces instructions, qui conviennent à tous les pasteurs, se mêlent des exhortations et des avis personnels, avec certains détails sur la vie de l'Apôtre. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
DEUXIÈME ÉPÎTRE
DE SAINT PAUL
À TIMOTHÉE
Quel est le caractère de cette Épître ?
La seconde Épître à Timothée est plus personnelle et plus intime encore que la première. C'est comme le testament de l'Apôtre, sa dernière communication avec son disciple. Aux avis et aux exhortations, il mêle des prophéties sur l'avenir de l'Eglise, et quelques détails relatifs à sa personne. La disposition des chapitres répond assez bien à celle des idées : — 1° S. Paul exhorte Timothée à mettre en pratique la grâce du sacerdoce. — 2° Il dit de quelle manière il convient d'instruire les fidèles. — 3° Il signale à son disciple les hérésies qu'on aura bientôt à combattre. — 4° Enfin il conclut ses exhortations et ses avis. La tendresse et l'émotion que respire cet écrit rappellent le discours de la dernière Cène, et font sentir la prévision que l'Apôtre a de sa mort prochaine, IV, 6-8. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE
DE SAINT PAUL
À TITE
Quelles sont les observations que suggère cette Épître ?
Tite avait été placé par S. Paul à la tête de l'Eglise de Crète. L'Epître qui lui est adressée rappelle la première à Timothée, non seulement par sa forme et son style, simple, naturel, plein d'onction, mais encore par les idées qu'elle exprime et par les termes dans lesquels elle est conçue. — Les avis qu'elle contient se rapportent aussi à trois points : le choix des ministres, la défense de la foi, l'instruction des fidèles. — Les doctrines qu'elle réprouve sont celles des judaïsants. Mais le péril paraît moins grand en Crète qu'à Ephèse. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
À PHILÉMON
Quel est l’objet de cette Épître ; sa date ; son caractère ?
Philémon était un homme de qualité de la ville de Colosses, que l'Apôtre, ou son disciple Epaphras, avait gagné au christianisme. Un de ses esclaves, Onésime, ayant pris la fuite, la Providence le conduisit à Rome ; et l'Apôtre, l'ayant aussi converti, ne voulut ni le garder auprès de lui sans le consentement de son maître, ni le renvoyer à Colosses, sans recommander à Philémon ce frère repentant, et lui assurer un bon accueil. En la personne de cet esclave, S. Paul plaide la cause de tous ceux qui se trouvaient dans la même condition, c'est-à-dire de l'immense majorité du genre humain.
Suivant toute apparence, l'Apôtre écrivit cette Lettre en même temps que les Epîtres aux Ephésiens et aux Colossiens. Il y fait mention, comme dans l'Epître aux Colossiens, d'Epaphras, de Timothée, d'Aristarque, de Marc, de Démas et de Luc. Peut-être est-ce par intérêt pour Onésime qu'il fait aux Colossiens de si vives recommandations en faveur des esclaves.
L'Epître à Philémon est la plus courte de toutes celles de l'Apôtre. Après une salutation où il remplace son titre d'apôtre par celui de captif de Jésus-Christ, vient comme exorde et sous forme d'actions de grâce, l'éloge de Philémon, 4-7. Ensuite il énonce son sujet, sans réticence, mais en s'appuyant sur des raisons qui doivent lui faire espérer un heureux succès, 8-16. Il finit en se substituant à Onésime, comme le Sauveur s'est substitué aux pécheurs, et en priant Philémon de l'agréer pour son débiteur. Tout cela est dit avec l'onction, la dignité, la simplicité qui caractérisent le chrétien et qu'inspire la charité du Sauveur. Rien de plus affectueux, de plus touchant, de plus propre à faire impression sur un fidèle. Rien aussi de plus insinuant. « Peu de pages, dit M. Renan, ont un accent de sincérité aussi prononcé. Paul seul, autant qu'il semble, a pu écrire ce petit chef-d'œuvre. » Nous ajouterons avec S. Jérôme : Un billet d'un Apôtre pouvait seul avoir cette fortune d'être conservé, admiré, pris pour règle de conduite par toute la terre jusqu'à la fin des temps. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX HÉBREUX
Est-il de foi que l’Epître aux Hébreux est inspirée et qu’elle a S. Paul pour auteur comme les précédentes ?
On trouve cette Épître comptée parmi les écrits inspirés dans presque tous les Canons. On ne saurait donc en nier l'inspiration et le caractère divin sans se mettre en opposition avec la croyance de l'Eglise et avec ses définitions. Mais on la met au nombre des livres deutéro-canoniques, parce qu'il y a eu en Occident, au second et au troisième siècle, un certain nombre d'Eglises et de docteurs qui ne se tenaient pas assurés de son authenticité.
S. Paul n'étant nulle part nommé dans cette Epître, on pouvait dire qu'elle n'est pas de lui, sans se mettre d'une manière expresse en contradiction avec elle. Les théologiens enseignent encore qu'il n'est pas de foi qu'il en soit l'auteur.
Néanmoins, on convient qu'il y aurait témérité à contester aujourd'hui cette Epître à l'Apôtre, contre le sentiment unanime des pasteurs et des fidèles.
Le sentiment de l'Eglise…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX HÉBREUX
SUITE
A qui l’Epître aux Hébreux s’adresse-t-elle précisément ?
Le sentiment de l'Eglise, exprimé dans ses Canons des Livres Saints, a toujours été que cette Épître fut composée pour des chrétiens d'origine juive.
Mais à quelle partie du peuple hébreu l'Apôtre s'adresse-t-il? Est-ce aux Hébreux convertis de Jérusalem ou à ceux de la dispersion?
Le sentiment commun des Pères et des Docteurs est qu'il écrit à ceux de Jérusalem et de la Palestine. Il est vrai que le titre ad hebræos n'exclut pas absolument les Juifs établis parmi les Gentils, mais il désigne spécialement les Hébreux de Judée, ceux qui parlaient le langage de leurs pères; et quand on étudie la Lettre avec attention, qu'on en examine les détails, on reconnaît que l'auteur les avait directement en vue. En effet, il écrit à une église particulière dont les pasteurs ont souffert pour la foi, à laquelle il a été enlevé, qu'il se propose de revoir bientôt ; et il lui envoie les salutations d'une autre église. Les détails dans lesquels il entre sur le temple et sur les cérémonies du culte, IX et X, semblent supposer que ses lecteurs les ont sous les yeux. Il en est de même de ses allusions à la passion et au crucifiement du Sauveur. Les fidèles auxquels il s'adresse ont été instruits par les disciples du Sauveur; ils possèdent déjà depuis longtemps les éléments du christianisme. Ils ont été persécutés dès l'origine, et les persécutions qu'ils éprouvent encore les exposent à retomber dans le judaïsme. Il n'est question nulle part des Gentils, soit infidèles, soit chrétiens, au milieu desquels les Hébreux auraient à vivre.
Ce qui a porté S. Paul à écrire aux Hébreux…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL
AUX HÉBREUX
SUITE
Qu’est ce qui a porté l’Apôtre à s’adresser aux chrétiens de Judée et à leur écrire cette Epître ?
Ce qui a porté S. Paul à écrire aux Hébreux, c'a été : 1º Sa charité pour tous les hommes et le zèle particulier qu'il avait pour le salut de ses compatriotes, selon le témoignage qu'il en rend en divers endroits.
2º L'étendue de la mission qui lui avait été donnée. Les Gentils lui sont désignés comme premier objet de son apostolat, mais les Juifs ne sont pas omis. Dans sa prison de Rome, il pouvait se dire qu'il avait porté le nom du Sauveur devant les nations et devant les magistrats de l'empire ; mais il devait regretter de n'avoir pas pu jusque-là le prêcher à ceux qui auraient dû le reconnaître avant tous les autres. S. Pierre ayant fixé son siège au centre même de la Gentilité, la convention qu'il avait faite autrefois avec S. Paul ne devait plus empêcher celui-ci de s'occuper de la Judée. Arrêté à Jérusalem dans son dernier voyage, au moment où il espérait vaincre les préventions de ses compatriotes, il était naturel qu'au sortir de sa prison l'Apôtre reportât ses vues de ce côté, qu'il se proposât de faire aussitôt qu'il le pourrait ce qu'il avait tenté plus tôt, et que pour disposer les esprits à sa venue, il se fit précéder à Jérusalem, comme il avait fait à Rome, par une sorte de traité, composé à loisir et renfermant l'abrégé de sa doctrine ou le programme de ses prédications.
Ce qui a déterminé S. Paul à traiter dans sa Lettre la question qu'il y traite, c'est l'embarras où il savait que se trouvaient un grand nombre d'Hébreux convertis, relativement au culte extérieur. Les Juifs incrédules cherchaient à les détacher des réunions chrétiennes et à les ramener à eux. Ils représentaient aux fidèles la pauvreté de leur religion, sans éclat et sans prestige. Ils faisaient valoir la renommée du temple, la multitude des adorateurs aux grandes solennités, le nombre et l'autorité des prêtres, la pompe des cérémonies : autant d'objets pour lesquels les Israélites, même baptisés, avaient conservé beaucoup d'estime et d'affection. Aux sollicitations, ils joignaient les menaces, les vexations et quelquefois la violence. S. Jacques venait de subir le martyre.
On pouvait être en 62 ou 63. S. Paul, justifié au tribunal de l'empereur, sortait de prison ou se voyait à la veille d'en sortir et songeait à repasser bientôt en Orient. Informé de l'état des esprits, il croit de son devoir d'instruire, d'exhorter, d'encourager les fidèles de Judée qui ont confiance en lui. Sans condamner ceux qui jugeraient devoir pratiquer encore quelques-unes des observances anciennes, il fait sentir à tous quelle serait leur erreur de s'y croire obligés et quel tort ils se feraient en revenant en arrière par respect humain, après les engagements qu'ils ont pris et les faveurs dont ils se voient comblés.
Il montre que l'Ancien Testament n'était que la figure et l'ébauche de la religion véritable et que le christianisme en est la perfection. La gloire du peuple juif, c'était sa loi et son culte : sa loi qui lui venait de Dieu par les anges et par Moïse, son culte dont Aaron avait reçu la charge et exercé le Pontificat. Mais le peuple chrétien a, dans le Fils de Dieu, un législateur bien supérieur aux anges et à Moïse, et un Pontife bien plus parfait qu'Aaron et toute sa race. Cette dernière considération est celle sur laquelle l'Apôtre insiste le plus.
Après avoir montré l'excellence du Pontificat du Sauveur et le mérite infini de son sacrifice, il arrive à cette conclusion que l'Ancien Testament n'avait que des ombres; tandis que nous avons la réalité. Tel est l'objet de la première partie, I-X, 18. La seconde, moins étendue et toute morale, résulte de la première; elle a pour but de faire sentir la nécessité de la foi, X, 18-XI, 40, et des bonnes œuvres, XII, 1-XIII, 25. Elle est aussi énergique que la première est sublime. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
LES
ÉPÎTRES CATHOLIQUES
Qu’entend-on par Epîtres catholiques ?
On donne le nom d’Épîtres catholiques à un groupe d’Épîtres apostoliques, que l'Eglise a placées à la suite de celles de S. Paul dans le Nouveau Testament. On en compte sept, une de S. Jacques, deux de S. Pierre, trois de S. Jean et une de S. Jude. Pour le rang qu'on a donné à chacune, on a eu moins égard à leur date qu'à leur étendue ; car la Lettre de S. Jude est bien antérieure aux Épîtres de S. Jean. Il est vrai que certains exemplaires du Nouveau Testament placent celles-ci en dernier lieu, sans doute pour les joindre à l'Apocalypse, comme venant du même Apôtre.
Le titre de catholiques, donné dès le second siècle à certaines Épîtres, paraît signifier qu'elles sont adressées à l'Eglise entière, ou du moins qu'elles n'ont pas, comme celles de S. Paul, de destinataires bien déterminés. Du temps d'Eusèbe (328) nos sept Épîtres avaient déjà cette qualification et formaient un recueil distinct; mais il n'est pas aisé de dire à quelle époque s'était faite cette collection. Une fois insérées au Canon, ces Épîtres furent nommées Canoniques, surtout par les Pères latins, qui les distinguent ainsi des Épîtres apocryphes attribuées aux Apôtres.
Ces Épîtres tendent au même but…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
LES
ÉPÎTRES CATHOLIQUES
SUITE
Qu’est-ce que ces Epîtres ont de commun ?
Ces Épîtres tendent au même but; elles sont inspirées par un même état des esprits et des choses, et l'on peut dire qu'elles ont toutes un objet semblable ou presque identique. L'avantage qu'elles procurent à l'Eglise, ce n'est pas d'accroître les dogmes par de nouvelles révélations ; c'est d'éclaircir, d'inculquer et de défendre les vérités préalablement révélées, d'en faire voir le sens et la portée, d'en signaler les conséquences pratiques.
L'hérésie commençait à lever la tête. Dans l'Orient surtout, où ces Lettres ont été écrites, la doctrine des Apôtres était menacée par une foule de prédicateurs qui l'altéraient, sous prétexte de la compléter, et qui semaient partout la division et l'inquiétude. Simples judaïsants d'abord, c'est-à-dire Israélites mal convertis, qui voulaient être chrétiens sans cesser d'être juifs et asservir aux pratiques légales les Gentils baptisés, bientôt dogmatiseurs, chefs de sectes, révélateurs ou adeptes de toutes sortes de systèmes aussi disparates que bizarres, sous les noms de Simonites, de Nicolaïtes, de Cérinthiens, d'Ebionites, etc., ils ne craignaient pas de nier ou de combattre les points les plus essentiels de la foi et de la morale chrétiennes.
Plusieurs Épîtres de S. Paul nous ont déjà fait voir, en ces hérétiques, la prétention orgueilleuse de substituer « la science » à la foi pure et simple, avec une tendance plus ou moins manifeste à rabaisser la dignité du Sauveur et l'importance de son œuvre. Les Épîtres catholiques nous prouvent, ce que confirme la tradition, qu'ils en vinrent jusqu'à nier la divinité de Jésus-Christ, son Incarnation, la réalité de sa nature humaine, la rédemption; et qu'après avoir substitué à sa doctrine les rêveries les plus absurdes, ils osèrent soutenir que la foi, une foi éclairée comme la leur, était la seule condition du salut, les œuvres étant une chose absolument indifférente devant Dieu.
Ces sept Épîtres s'accordent à flétrir ces docteurs, à défendre la divinité du Sauveur et la réalité de la rédemption ; mais surtout elles insistent sur la nécessité d'avoir une foi pratique et d'unir à des convictions fermes et vraies la fuite du péché et la pratique des vertus. Elles sont donc, à la différence de celles de S. Paul, moins dogmatiques que morales. Aussi est-ce le ton de l'exhortation qui y domine, plutôt que celui de la démonstration.
Au point de vue de l'histoire, ces écrits fournissent des renseignements importants sur les temps apostoliques et sur le caractère des premières hérésies. Ils montrent en outre comment se sont éclaircis et complétés les enseignements des Apôtres; et l'on peut constater dès ce moment cette loi providentielle que les contradictions dont la doctrine de l'Eglise a été l'objet ont toujours pour résultat de mettre en relief les vérités contestées, et de leur faire acquérir toute la netteté et la certitude désirables. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT JACQUES
Quel est l’auteur de cette première Épître catholique ?
L'auteur de cette Épître ne peut être S. Jacques, fils de Zébédée, mis à mort une dizaine d'années après la Pentecôte. C'est donc S. Jacques, fils d'Alphée, apôtre comme le premier, et parent de Notre Seigneur, selon que l'affirme le concile de Trente.
Quelques auteurs ont voulu distinguer du fils d'Alphée, Jacques, évêque de Jérusalem, parent de Notre Seigneur et auteur de cette Lettre; mais ce sentiment, contraire à la persuasion commune, ne peut être justifié par de bonnes raisons. S. Luc et S. Paul parlent bien de Jacques, évêque de Jérusalem : or, l’Épître aux Galates dit nettement qu'il était parent de Notre Seigneur, qu'il fut du nombre des Apôtres et qu'on le regardait comme l'une des colonnes de l'Eglise. D'ailleurs, nous savons que l'Apôtre Jacques était fils d'Alphée ou de Cléophas, qu'Alphée ou Cléophas était marié à une parente de la sainte Vierge et qu'il en avait eu un fils qu'on nommait Jacques le Mineur. Il n'y a donc pas moyen de justifier cette distinction.
Etant fils de Cléophas et de Marie, l'auteur de cette Lettre était frère de Jude, de Simon et de Joseph. Le Sauveur lui apparut en particulier, après sa résurrection ; et plusieurs ont cru, dit S. Jérôme, qu'il l'avait lui-même établi évêque de Jérusalem. L'importance de cette église, l'affluence des Juifs et des chrétiens qui y venaient de toutes parts, l'opposition que la foi chrétienne ne pouvait manquer d'y rencontrer demandaient bien les soins et la présence assidue d'un apôtre. Il est certain que S. Jacques exerça cette charge de bonne heure.
La première fois que S. Paul se rend à Jérusalem, après s'être présenté à S. Pierre, le chef du collège apostolique, il rend visite à Jacques, le frère du Seigneur. Au Concile, il le retrouve, et dans son Épître aux Galates, il le nomme comme l'une des principales colonnes de l'Eglise.
Il paraît que S. Jacques occupa son siège pendant plus de trente ans. Sa sagesse et sa vertu lui acquirent l'estime des Juifs incrédules eux-mêmes ; ce qui n'empêcha pas qu'il ne fût victime de sa foi et qu'il ne rendit au Sauveur, comme ses collègues, le témoignage du sang. Il fut mis à mort en l'an 62 ou 63, sous le pontificat d'Ananie, dans un soulèvement populaire dont les Scribes et les Pharisiens étaient les instigateurs. Eusèbe nous a transmis la tradition qu'Hégésippe avait recueillie sur ce sujet. Il nous apprend de plus que les fidèles de Jérusalem avaient conservé par vénération et qu'ils montraient encore, de son temps, la chaire de leur premier évêque. C'est un des plus anciens monuments du culte des reliques dans l'Eglise.
Ce qui parait avoir donné lieu à l’Épître de S. Jacques…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT JACQUES
SUITE
Quelle a été l’occasion de cette Epître et quel est l’objet ?
Ce qui parait avoir donné lieu à l’Épître de S. Jacques, ce sont les enseignements antichrétiens de certains docteurs simonites ou nicolaïtes. D'après ces hérétiques, hommes présomptueux qui abondaient en paroles, pour avoir part à l'héritage de Jésus-Christ, il n'était besoin pour personne, ni de changement de vie, ni de bonnes œuvres ; il suffisait d'adhérer aux oracles divins et d'en avoir l'intelligence. En cela seul consistait le mérite aussi bien que la sagesse. Ils citaient, à l'appui de leur système, quelques paroles de S. Paul qu'ils interprétaient à leur manière. Averti du scandale et peut-être consulté sur ce sujet par les chrétiens israélites ou gentils, dont un grand nombre venaient chaque année à Jérusalem, S. Jacques se crut d'autant plus obligé de défendre la vérité que le crédit particulier dont il jouissait parmi ses compatriotes le mettait à même de s'en faire écouter et de leur donner d'utiles avis.
L'objet de la Lettre répond naturellement à la fin que l'auteur se propose. Bien qu'il touche plusieurs points de morale, entre autre la vanité des richesses et la nécessité de la patience, les vérités sur lesquelles il insiste le plus sont celles-ci : qu'on ne doit pas se flatter de se sauver, si l'on néglige les œuvres de salut, qu'il faut veiller sur ses paroles, ne pas faire ostentation de science ni s'arroger la charge de Docteur, mais observer avec soin les devoirs de la justice et de la charité.
On peut distinguer trois parties dans cet écrit : — 1° S. Jacques exhorte les fidèles à la constance, I. — 2° Il reprend les faux Docteurs, II-IV, 7. — 3° Il indique les devoirs des divers états, IV, 8-V, 20.
Cette Épître a plutôt la forme…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT JACQUES
SUITE
Quels sont les caractères de cette Epître ?
Cette Epître a plutôt la forme d'une instruction morale ou d'une exhortation que celle d'une lettre. Elle commence par une salutation aux tribus d'Israël, comme il convenait à une instruction de l'évêque de Jérusalem ; mais on n'y voit rien qui ressemble à une conclusion épistolaire. Peut-être S. Jacques voulait-il en faire son testament spirituel. Bien que Jésus-Christ n'y soit nommé que deux fois, cet écrit respire toute la ferveur du christianisme. Il porte cependant l'empreinte de la sagesse et de la modération de son auteur. Nulle part la nécessité d'une vertu effective et le caractère obligatoire de la loi de Dieu ne sont plus fortement inculqués. Pour la méthode, il rappelle moins les Epîtres de S. Paul que les discours du Sauveur et surtout le sermon sur la montagne. S. Jacques ne procède pas par raisonnements, mais par affirmations, par sentences; il énonce simplement ses idées, sans chercher à les déduire d'un principe ni à les lier ensemble, et pour l'ordinaire il en a un certain nombre sur chaque sujet et il les donne d'un ton qui annonce l'autorité. Ses maximes dénotent un esprit vif, cultivé, poétique même, accoutumé à la lecture des prophètes. Le style, quoique simple, est non seulement correct, mais noble, élégant, énergique. Les fortes pensées, les images, les interrogations, les tours vifs et frappants, les antithèses abondent et donnent à cet écrit une physionomie à part. Quoique les pensées soient toutes bibliques, le grec est très pur.
Cette Épître doit avoir été composée vers…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT JACQUES
SUITE
A date et de quel lieu cette Epître a-t-elle été écrite ?
Cette Épître doit avoir été composée vers 62, peu de temps avant la mort de S. Jacques. Elle suppose non seulement que S. Pierre avait quitté la Judée et peut-être écrit déjà aux fidèles de l'Asie-Mineure, mais que les Epîtres même de S. Paul aux Romains et aux Galates étaient connues et commentées. Du moins les remarques de S. Jacques sur la nécessité des bonnes œuvres semblent motivées par la fausse interprétation qu'on donnait à certains passages de ces lettres.
Il est également probable que S. Paul n'était plus dans l'Asie-Mineure et qu'il se trouvait éloigné des lieux où l'on dénaturait ainsi le sens de ses paroles.
D'un autre côté, il n'est pas possible de renvoyer la composition de cette lettre après la ruine de Jérusalem, ni même à l'époque du siège, lorsque les chrétiens étaient retirés à Pella ou sur le point de quitter la ville. Rien n'y ressent l'agitation de cette époque. On sait d'ailleurs que S. Jacques ne dépassa pas l'an 62.
Quant au lieu où cette Épître fut écrite, il n'y a aucune raison de douter que ce ne soit Jérusalem, cette ville à laquelle l'auteur était attaché par tant de liens, et d'où il semble qu'il ne s'est jamais éloigné. On trouve dans son langage la manière, les souvenirs et toutes les images d'un habitant de la Palestine, versé dans la connaissance de la loi et des prophètes. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PIERRE
Cette Epître est-elle authentique ?
On n'a jamais contesté l'authenticité de cette Épître. Eusèbe la met immédiatement après les Épîtres de S. Paul, dans la liste des homologoumènes avec la première de S. Jean. Elle a été citée dès le premier siècle par S. Clément. S. Pierre lui-même en fait mention dans sa seconde Lettre ; et tous les caractères de cet écrit, sa forme, sa destination, son objet, confirment le témoignage de la tradition.
S'il convenait à l'Apôtre des nations d'instruire et de diriger par ses Epîtres les Eglises qu'il avait fondées parmi les Gentils, n'appartenait-il pas à S. Pierre, l'Apôtre des circoncis, de veiller sur ses compatriotes, de pourvoir à leurs besoins spirituels, et d'envoyer à ceux qu'il avait évangélisés les instructions et les avis que rendaient nécessaires leurs dispositions, leurs habitudes et les épreuves par lesquelles ils devaient bientôt passer? C'est ce qu'il fait dans cette Lettre, avec une dignité, une élévation de sentiments, une étendue de vue, une solidité et une plénitude de doctrine qui répondent à la hauteur de sa position, et qui font de son écrit un monument de sagesse et une source d'édification pour les fidèles de tous les temps et de tous les lieux.
Elle est datée de Rome…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
PREMIÈRE ÉPÎTRE DE S. PIERRE
En quel lieu, en quel temps et pour qui cette Lettre a-t-elle été écrite ?
Elle est datée de Rome; car le nom de Babylone désigne Rome, ici comme dans l'Apocalypse.
Plusieurs croient qu'elle fut écrite peu d'années après l'arrivée de S. Pierre dans cette ville, vers 45, parce qu'il y parle de S. Marc comme étant encore auprès de lui. Mais cette raison n'est pas décisive; car si ce disciple quitta Rome de bonne heure pour aller fonder l'Eglise d'Alexandrie, nous voyons par l’Épître aux Colossiens qu'il y est revenu au temps de la captivité de S. Paul ; et c'est à ce moment que le plus grand nombre des commentateurs renvoient la composition de cette première Épître.
S. Pierre, aussi bien que S. Jacques, écrit aux tribus dispersées ; mais il adresse son Épître aux Israélites convertis du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l'Asie, et de la Bythinie, en leur associant dans sa pensée ceux des Gentils qui professent la même foi dans les mêmes contrées. Les uns et les autres se mêlaient, dit Origène, dans ces pays, où S. Paul avait prêché aussi bien que S. Pierre. Cette Lettre fut confiée aux mains de Sylvanus.
Le but de cette Épître…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
PREMIÈRE ÉPÎTRE DE S. PIERRE
Quel est le but de cette lettre ?
Le but de cette Épître est d'affermir les chrétiens dans la foi et dans la vertu, de les soutenir contre les épreuves, de les préparer à la persécution et de les animer à se rendre dignes du ciel par une vie parfaite. Le Sauveur avait recommandé particulièrement ce soin à son Vicaire.
Dans ce dessein, S. Pierre leur atteste la vérité de la doctrine qui leur a été prêchée. II exalte la grandeur du chrétien et la sublimité de sa vocation en ce monde et en l'autre; puis il anime à la perfection les fidèles et les pasteurs. En même temps qu'il signale les obligations des divers états, il exhorte au courage et à la constance ; il rappelle la passion du Sauveur, et il assure que s'associer généreusement à ses souffrances, c'est mériter d'avoir part à sa gloire.
La doctrine de cette Épître…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PIERRE
Quels sont les caractères de cette Épître ?
La doctrine de cette Épître est simple et pratique, mais non moins énergique et surnaturelle. Comme S. Paul, S. Pierre fait reposer toute sa morale sur la dignité du chrétien, sur l'union que cette qualité lui donne avec Jésus-Christ, sur les souffrances que le Sauveur a endurées pour le racheter. C'est pour nous tirer de l'esclavage et de la mort qu'il a répandu son sang. Ceux dont il a brisé les fers doivent être, au milieu du monde, comme un peuple à part, comme une nation sainte, comme la famille des enfants de Dieu.
Quant à la forme, on peut remarquer dans cette Épître, comme dans tous les discours de S. Pierre, un style ferme et digne, de la concision, de l'élévation, un ton d'autorité doux et paternel qui répond à la position de l'auteur, une humilité profonde, un zèle sincère et une émotion qui se font sentir chaque fois que sa pensée se reporte vers son Maître, qu'il rappelle sa passion ou la gloire du ciel, prix de ses souffrances. Cet écrit se distingue encore par un grand nombre d'allusions à l'Ancien Testament, et par de fréquents hébraïsmes. (L. BACUEZ).
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Re: Introduction au Nouveau Testament
DEUXIÈME ÉPÎTRE DE S. PIERRE
Cette Épître est-elle vraiment de S. Pierre, comme la première ?
Il n'est pas permis de mettre en doute l'authenticité de cette Epître, ni d'en placer la date après la mort de S. Pierre, puisqu'elle-même désigne cet Apôtre comme son auteur, et qu'elle est reconnue par toute l'Eglise comme inspirée. Cependant elle ne s'est pas propagée aussi vite que la première ; et l'on voit qu'au deuxième et au troisième siècle, elle était l'objet de certaines hésitations. Dans plusieurs églises, on doutait qu'elle fût du Prince des Apôtres, non qu'on ne le jugeât pas digne de lui, mais parce qu'elle semblait avoir un style différent de celui de la précédente et qu'on y trouvait renfermée une partie de celle de S. Jude. Aussi est-elle du nombre des livres deutérocanoniques, comme l’Épître de S. Jacques. Ces doutes n'ont pourtant pas empêché qu'elle n'ait été reçue généralement en Occident comme en Orient, dès le milieu du quatrième siècle.
Si elle diffère de la précédente à quelques points de vue, si elle a un style plus énergique et plus vif, elle s'en rapproche aussi sous certains rapports, par ses citations de l'Ancien Testament, par ses allusions fréquentes aux mystères de Notre Seigneur, par des expressions singulières et pittoresques, par plusieurs de ses pensées, par la construction de ses périodes et par la manière dont sont énoncées ses maximes.
D'ailleurs, quelque différence qu'il y ait sous ce rapport entre l'une et l'autre, on s'en étonnera peu, si l'on tient compte de ce que rapporte la tradition, que S. Pierre s'est servi de divers secrétaires pour rendre ses pensées. Des auteurs du second siècle ont nommé S. Marc et Glaucias comme lui ayant servi d'interprètes. Peut-être Sylvanus a-t-il été son secrétaire comme son messager pour sa première Epître.
Comme les hérétiques qu'il combattait dans sa première Épître…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
DEUXIÈME ÉPÎTRE DE S. PIERRE
Quelle a été l’occasions et le but de cette seconde Lettre ?
Comme les hérétiques qu'il combattait dans sa première Épître continuaient à nier la nécessité des bonnes œuvres, S. Pierre, averti par Notre Seigneur de la proximité de sa mort, crut qu'une seconde Lettre, laissée comme son testament aux fidèles dont il avait la confiance, serait le moyen le plus efficace pour les détourner de l'erreur et les maintenir dans la bonne voie. Telle est l'idée qui a inspiré ce dernier écrit. Le prince des Apôtres ne se contente pas de condamner l'erreur et de la flétrir : il démasque les séducteurs; il dénonce à l'avance ceux qui se préparent à désoler l'Eglise ; il réfute leurs erreurs et en signale les funestes effets.
On remarque une certaine gradation dans l'exposé de ses idées.
— Au premier chapitre, il inculque les grands principes qui obligent les chrétiens à la pratique des vertus, et il fait sentir la certitude de la doctrine des Apôtres. Elle ne repose pas sur des imaginations ou des théories savantes, comme celles des gnostiques, mais sur des faits, c'est-à-dire, sur des miracles dont ils ont été témoins et sur des prophéties dont l'accomplissement est manifeste.
— Dans le second, il dévoile et flétrit les maximes et les mœurs des hérétiques et surtout des hérésiarques.
— Dans le troisième, il réfute les raisons par lesquelles ils cherchaient à ébranler la foi des chrétiens; et parce qu'ils abusaient de certains passages de S. Paul pour autoriser leurs erreurs, il invoque lui-même le témoignage de l'Apôtre, caractérise ses Épîtres et en fait sentir la divine autorité. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
PREMIÈRE ÉPÎTRE DE S. JEAN
L’authenticité de cette Épître est-elle bien certaine ?
L'authenticité de cette Épître n'a jamais été contestée, et elle ne pourrait l'être sérieusement. D'ailleurs, il suffit de la lire pour être convaincu que S. Jean en est l'auteur.
S'il ne se désigne pas par son nom ou par ses prérogatives, il ne s'en révèle pas moins de la manière la plus manifeste.
Il affirme qu'il a été témoin de tout ce que le Verbe de vie a fait lorsqu'il était sur la terre.
Il parle comme étant bien connu de ceux à qui il s'adresse.
Il s'exprime en docteur, en maître, en père.
Aux erreurs qu'il combat, on peut voir l'époque où il a écrit : ce ne peut être que la fin du premier siècle.
Les vérités qu'il enseigne et la manière dont il les énonce font reconnaître l'auteur du quatrième Évangile.
Le fond des idées est le même dans les deux écrits et ne diffère pas de celui de l'Apocalypse. De part et d'autre, ce sont les mêmes dogmes : la divinité du Sauveur, l'universalité de la rédemption, la réalité de la vie future. C'est le même accent, la même conviction, la même candeur, la même tendresse, le même zèle à confesser la foi et à la communiquer. C'est aussi le même style : même simplicité dans les constructions, mêmes expressions favorites, mêmes parallélismes, mêmes répétitions, mêmes maximes et mêmes images. Enfin, c'est un langage que S. Jean seul a parlé, langage de la spiritualité la plus sublime et de la bonté la plus paternelle, tout de lumière de pureté et d'amour.
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Re: Introduction au Nouveau Testament
PREMIÈRE ÉPÎTRE DE S. JEAN
Quelle a été l’occasion de cette Épître et à qui était-elle destinée ?
On admet assez communément que cette Épître a été écrite à l'occasion du quatrième Evangile, pour en annoncer la publication et en indiquer le but. Ce fait n'est garanti par aucun témoignage bien exprès; mais l' Épître répond bien à ce dessein ; elle est comme le sommaire de cet Evangile et elle pourrait en être la préface.
D'anciens Pères ont supposé que S. Jean s'adressait à des Juifs convertis résidant chez les Parthes. Mais la Lettre ne fournit aucune base à ce sentiment. On n'y trouve rien qui en restreigne la destination : elle ne contient aucune salutation, ni au commencement ni à la fin, de sorte qu'elle semble plutôt avoir été destinée, comme l'Evangile même, à l'Eglise entière. On peut présumer seulement que l'une et l'autre auront été publiés, d'abord à Ephèse où devait être l'Apôtre, puis dans l'Asie-Mineure où dogmatisaient les hérétiques qu'il combat.
On connaît les circonstances qui l'ont déterminé à prendre la plume, si longtemps après les Synoptiques et les autres écrivains sacrés. Dès l'origine de l'Eglise, un grand nombre de judaïsants, à demi convertis, s'éprirent du désir de se faire fondateurs de religions, ou plutôt réformateurs et chefs de sectes. Chacun se composa à son gré un système où il mélangea à divers degrés les dogmes du christianisme, les traditions juives et les idées philosophiques de l'Orient. De là un commencement de gnose, assez indécis d'abord, qui se diversifia suivant les lieux et les personnes, mais dont la tendance générale était de rabaisser la dignité du Sauveur et de reporter sur les spéculations philosophiques l'importance que la religion chrétienne attachait à la pratique de la vertu. Cérinthe (80-100) ne voulut voir en Jésus-Christ qu'une union morale et passagère du Christ ou du Dieu suprême avec une personne humaine. D'autres ne reconnurent même pas la réalité de cette courte union. Selon eux, la chair ayant pour auteur le principe du mal et étant mauvaise de sa nature, le Verbe n'avait pu s'unir à elle : il n'avait pris qu'une forme humaine pour nous donner des instructions et des exemples. Il n'existait donc pas d'Homme-Dieu. Quant à la rédemption, elle n'avait pas eu lieu non plus. Il est vrai qu'elle perdait sa raison d'être, l'homme n'ayant pas besoin d'être racheté, mais seulement d'être instruit; car c'était une maxime admise par tous ces novateurs, que pour plaire à Dieu, il suffisait de le connaître et d'avoir l'intelligence de ses mystères. A leurs yeux, la science et la sainteté étaient une même chose. La vertu ne contribuait en rien à la perfection, et le péché n'y mettait aucun obstacle.
S. Paul, passant près d'Ephèse en l'an 58, avait annoncé l'apparition prochaine de ces hérésies, et, un peu plus tard, écrivant à Timothée, évêque de cette ville, il lui inculquait l'obligation où il était de les combattre. Mais ce fut surtout l'œuvre de S. Jean qui vint lui-même s'établir à Ephèse après la mort de la sainte Vierge. II s'en acquitta, en affirmant, avec toute l'énergie et la netteté possibles, dans cette Épître comme dans son Evangile, les dogmes les plus essentiels du christianisme, la nature humaine du Sauveur, sa divinité et surtout l'union personnelle de son humanité et de sa divinité. Aussi se trouve-t-il avoir réfuté par avance les hérésies plus dangereuses et plus puissantes qui allaient bientôt déchirer l'Eglise, et altérer, chacune à sa manière, le mystère de l'Incarnation : l'arianisme, le nestorianisme, l'eutychianisme, etc.
Nul écrit ne se prête moins à une analyse proprement dite. On voit bien néanmoins le but de l'auteur : il est à la fois dogmatique et moral. En même temps qu'il affermit les fidèles dans la croyance à la divinité du Sauveur, à la réalité de son sacrifice et à l'universalité de la Rédemption, S. Jean s'efforce de les convaincre de la nécessité de pratiquer la vertu et surtout de l'importance de la charité. Ainsi les exhortations se mêlent à la polémique et aux enseignements doctrinaux. Jésus-Christ est montré tour à tour comme vrai Dieu, comme vrai homme, comme médiateur, comme victime, comme source de toute grâce et de tout pardon. Le péché est présenté comme incompatible avec la grâce sanctifiante, et les bonnes œuvres comme indispensables pour le salut. De l'ensemble de l'Épître résulte cette conclusion : Que la vocation du chrétien est de participer à la vie de Dieu, en s'attachant à Notre Seigneur par la foi et en s'appropriant ses mérites par une vie pure et sainte. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
IIe et IIIe ÉPÎTRES DE S. JEAN
Ces deux Épîtres sont-elles authentiques ?
On a hésité, en certaines Eglises, à insérer ces Épîtres dans le Nouveau Testament, sans doute à cause de leur peu d'importance et de notoriété. Cependant, elles ont été citées de bonne heure comme de S. Jean par le canon de Muratori, S. Irénée, Clément d'Alexandrie, Tertullien, Origène ; et dès le quatrième siècle, on les voit généralement inscrites, comme la précédente, dans la liste des Livres saints. On convient, du reste, qu'elles ont tous les signes d'authenticité et de fraternité désirables, et que jamais personne n'a eu intérêt à les supposer. C'est le même style et la même doctrine.
Ni l'une ni l'autre Épître ne contient le nom de S. Jean; cependant il est impossible d'en méconnaître l'auteur. C'est bien là le vieillard d'Ephèse, bon et doux, mais tout brûlant de zèle pour la foi et ne séparant jamais, dans son esprit et dans son langage, la vérité de la charité. Le titre de senior qu'il s'attribue indique l'époque à laquelle ces Lettres furent écrites; car ce titre semble moins désigner le sacerdoce et l'autorité de S. Jean révérés par toute l'Asie, que son âge avancé, qui reportait sur lui, comme sur le dernier survivant du collège apostolique, tout le respect et toute l'affection dont les Apôtres étaient l'objet. Il vécut jusqu'à la fin du premier siècle.
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IIe et IIIe ÉPITRES DE S. JEAN
Quel est l’objet de ces Épîtres?
Dans la première Epître, S. Jean félicite Electe des vertus de ses enfants; puis il lui donne pour elle et pour sa famille divers avis relatifs aux hérétiques et à leurs doctrines antichrétiennes; il les exhorte à persévérer dans la pureté de la foi, la ferveur de la charité et le zèle des bonnes œuvres. Dans la seconde, il témoigne à Gaïus la joie qu'il éprouve du bien qu'il entend dire de lui. Il lui recommande les ouvriers apostoliques et le met en garde contre le mauvais esprit de Diotréphès, évêque ambitieux et indocile. La sévérité avec laquelle il censure les défauts de cet évêque est remarquable dans l'Apôtre de la charité, aussi bien que son énergie à condamner les hérétiques et le soin qu'il prend d'interdire leur société aux fidèles ; mais elle répond à l'idée que l'Evangile et l'Apocalypse nous donnent de S. Jean, et elle rappelle qu'il accompagnait S. Pierre quand celui-ci anathématisa Simon de Samarie. Gaïus devait être un chrétien riche et zélé, et Electe une mère de famille veuve et d'un rang distingué.
Comme Electe signifie élue et que S. Jean parle encore d'une autre Electe, sœur de la première, on s'est demandé si ce n'était pas un nom mystique donné à une Eglise, à celle d'Ephèse, par exemple, ou à celle de Rome, appelée collecta par S. Pierre. Les versets 4-7 de la IIe Épître se prêteraient à cette interprétation ; aussi de graves commentateurs ont pris electa pour un qualificatif, et Domina, équivalent du mot syriaque Martha, pour le nom de la personne à qui écrit. S. Jean. (L. BACUEZ.)
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ÉPÎTRE DE SAINT JUDE
Quel est l’auteur de cette dernière Épître ?
L'auteur de cette Épître est l'Apôtre S. Jude, qu'on appelait aussi Thaddée ou Lebbé. Il se dit lui-même frère de Jacques, ce qu'il faut entendre de S. Jacques le Mineur, l'autre apôtre du même nom, frère de S. Jean, ayant subi le martyre depuis longtemps et étant alors beaucoup moins connu. S. Jude prend ce titre, plutôt que celui d'apôtre, soit parce qu'un autre apôtre ayant porté son nom, la qualité d'apôtre ne le désignerait pas d'une manière aussi précise, soit parce que sa parenté avec l'évêque de Jérusalem est de nature à le rendre plus cher aux Juifs convertis auxquels il paraît s'adresser. Cette Lettre a toujours fait partie de la version italique. Elle est mentionnée dans le canon de Muratori, comme dans ceux des Conciles de Laodicée (363) et d'Hippone (393). On la trouve citée dès les premiers temps par Tertullien (200), Clément d'Alexandrie (165-200), Origène (186-255), S. Pamphile, etc., et l'on ne la voit rejetée positivement nulle part. Néanmoins, ce qu'elle dit de la lutte de S. Michel contre Satan, 9, et de la prophétie d'Enoch, 14, excitait quelque défiance, de sorte qu'elle a été placée par Eusèbe parmi les antilégomènes, et qu'on la compte aujourd'hui au nombre des deutérocanoniques.
Le but de S. Jude, comme celui de S. Pierre, dans sa seconde Épître, est de prémunir les fidèles contre les séductions des docteurs gnostiques. Il part de ce principe, que la foi a été livrée aux saints une fois pour toutes, 3, et que c'est pour s'en être écarté, 4-7, et pour avoir abandonné la société qui en fait profession, que les sectaires sont tombés dans des abîmes d'erreur, d'impiété et d'immoralité. En conséquence, il exhorte les fidèles à se souvenir des vérités qui leur ont été annoncées au commencement par les Apôtres, à s'édifier eux-mêmes sur le fondement de leur très sainte foi, à persévérer dans l'espérance et la charité, et à sauver tous ceux qu'ils pourront soustraire au feu de la vengeance divine, 19-23.
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Re: Introduction au Nouveau Testament
ÉPÎTRE DE SAINT JUDE
Comment s’explique la ressemblance de l’Épître de S. Jude avec la seconde de S. Pierre ?
Les coïncidences de l'Épître de S. Jude avec la seconde de S. Pierre ne peuvent s'expliquer que par une imitation volontaire de la part de l'un ou de l'autre Apôtre. Un certain nombre de commentateurs attribuent cette imitation à S. Pierre, en alléguant pour raison que, dans sa première Lettre, il a reproduit pareillement plusieurs pensées de S. Paul. Néanmoins, la supposition contraire parait plus vraisemblable.
En effet :
— 1° Il n'y a pas de parité entre les allusions que S. Pierre a pu faire dans sa première Épître à certains passages de saint Paul et un emprunt si littéral et si étendu, qui comprendrait la plus grande partie de l'Epître de S. Jude.
— 2° S. Pierre n'avait pas d'intérêt à s'approprier la Lettre de S. Jude. S. Jude, au contraire, trouvait un avantage à citer S. Pierre : il ajoutait à sa considération et à son autorité personnelles celle du Prince des Apôtres et du chef de l'Eglise.
— 3° L'Épître de S. Pierre paraît avoir été écrite la première. Elle parle au futur; elle prédit les hérésies qui vont bientôt paraître, II, 1-3 : celle de S. Jude parle au passé, elle donne les faits qu'elle décrit pour l'accomplissement des prophéties faites par les Apôtres. Par suite, S. Jude combat les sectaires avec plus de force et les caractérise d'une manière plus précise.
— 4° Le style de S. Jude est meilleur, plus soigné, plus soutenu. On y voit moins de répétitions.
— 5° S. Jude paraît commenter et expliquer S. Pierre. Au verset 10, il développe et éclaircit ce que S. Pierre avait laissé dans l'ombre, et au verset 9, sa citation du livre de l'Assomption de Moïse semble avoir pour but de confirmer un fait qu'a avancé S. Pierre. L' Épître de S. Jude nous semblerait donc postérieure et d'une date assez rapprochée de la ruine de Jérusalem.
Quoi qu'il en soit, du reste, la ressemblance si visible qui existe entre ces deux Épîtres est une preuve de leur authenticité. On ne se fait pas faussaire pour le plaisir de transcrire, et l'on n'a pas d'intérêt à s'approprier ce qui est sans autorité. (L. BACUEZ.)
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Re: Introduction au Nouveau Testament
APOCALYPSE DE SAINT JEAN
Est-il bien certain que l’auteur de ce livre est l’Apôtre S. Jean ?
L'auteur de ce livre est l'Apôtre S. Jean. Le fait est incontestable et même reconnu pour tel par les rationalistes les plus outrés ; il a en sa faveur toutes sortes de preuves d'autorité et de critique.
S. Jean a écrit l'Apocalypse durant son exil à Patmos ou immédiatement après. Or…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
APOCALYPSE DE SAINT JEAN
A quelle époque de sa vie S. Jean a-t-il écrit l’Apocalypse ?
S. Jean a écrit l'Apocalypse durant son exil à Patmos ou immédiatement après. Or, il fut relégué dans cette île sur la fin du règne de Domitien, la quatorzième année, dit S. Jérôme, en 95.
1° Tel est en effet le témoignage exprès des Pères les plus anciens et les plus graves, notamment celui de S. Irénée, si bien instruit par S. Polycarpe de ce qui concernait S. Jean.
2º Le règne de Domitien est bien l'époque que semble indiquer l'Apocalypse elle-même. On ne peut pas placer plus tard la composition de ce livre : l'état des Eglises, encore organisées de la manière la plus simple, et ce qui est dit des Juifs et des judaïsants indique sûrement le siècle des Apôtres. Cependant on n'était plus aux temps des prédications de S. Paul. Les Eglises d'Asie, fondées par S. Pierre et par lui, s'étaient relâchées de leur première ferveur. Elles devaient donc être établies depuis un certain temps, depuis quinze ans au moins. Le martyre d'Antipas, « le martyr fidèle, » indique une époque de persécution, non seulement à Rome, mais dans les provinces, dans l'Asie Mineure en particulier; or, il ne paraît pas qu'il y ait eu des persécutions semblables avant le règne de Domitien. Cet empereur, appelé par Tertullien comme par Juvénal un second Néron, qui fit mourir en haine de la foi Flavius Clément, son parent, dont il avait adopté les enfants, fit aussi rechercher en Palestine, pour les mettre à mort, tous ceux qui appartenaient à la famille de David; et comme les petits-fils de S. Jude, marié avant son apostolat, furent dénoncés à ce titre, selon Hégésippe, on les conduisit à Rome pour y subir leur jugement; « mais le tyran les épargna, parce que ses interrogatoires et leurs mains calleuses lui prouvèrent que ce n'étaient que de pauvres cultivateurs dont la fortune n'excédait pas neuf mille deniers. » Il est à croire que S. Jean y aura été transporté à la même époque. C'est d'ailleurs sous Domitien qu'on commença d'infliger aux prêtres et aux fidèles la peine de la déportation. Nerva, qui lui succéda l'an 96, révoqua ses édits et rappela les exilés.
On exagère beaucoup les obscurités de l'Apocalypse...
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Re: Introduction au Nouveau Testament
APOCALYPSE DE SAINT JEAN
N’est-ce pas une témérité de chercher à entendre un livre sur lequel on est si peu d’accord et que plusieurs regardent comme inintelligible ?
On exagère beaucoup les obscurités de l'Apocalypse. Les difficultés qui lui sont propres ne se trouvent que dans les prédictions : or, ce livre contient bien autre chose que des prédictions. Le prologue, les avis aux Eglises et à leurs pasteurs, les descriptions du ciel, des anges, des martyrs, etc., n'ont pas l'avenir pour objet, et sont aussi clairs que frappants. « Les avertissements moraux et les sentiments de piété, d'adoration, d'actions de grâces envers Dieu et envers Jésus-Christ sont admirables dans ce livre, » dit Bossuet.
— Et même dans la partie prophétique, il s'en faut bien que tout soit obscur, ou que l'obscurité soit si grande. II est vrai qu'à l'origine il n'était pas facile d'en préciser le sens; mais les événements ont fait le jour, et les interprètes ont expliqué le texte. Nous avons à cet égard sur les chrétiens des premiers siècles le même avantage que ceux-ci avaient sur les Juifs pour les prophéties messianiques. Celles qui nous semblent les plus claires ont passé d'abord pour des énigmes. Aujourd'hui nous admirons la vérité du tableau et la précision des traits. Pour ce qui reste à accomplir, « je le laisse, dit Bossuet, à ceux qui en savent plus que moi : car je tremble en mettant les mains sur l'avenir; » néanmoins, on a une certaine vue des événements prédits et de leurs principaux caractères. Par exemple, on ne saurait dire au juste quels faits précéderont la fin du monde, ce que sera l'Antéchrist quand il viendra, ce que c'est que Gog et Magog, comment aura lieu la résurrection, etc. Mais on comprend très bien que la résurrection et le jugement mettront fin à la durée du monde, qu'il y aura auparavant des épreuves terribles, un grand séducteur et un grand persécuteur: n'est-ce pas assez pour craindre et louer Dieu, pour s'attacher à son service, se confier en sa providence, se détacher de tout et aspirer au ciel? »
Il est certain néanmoins que ce livre a ses difficultés…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
APOCALYPSE DE SAINT JEAN
D’où vient qu’on a cru voir dans l’Apocalypse des choses si bizarres et si diverses ?
Il est certain néanmoins que ce livre a ses difficultés. Ce n'est pas une histoire, comme les Evangiles, ni un traité ou une exhortation, comme les Epîtres: c'est un livre prophétique, rempli de prédictions et de symboles, double source d'obscurité, double écueil pour les esprits peu accoutumés aux figures de la Bible, peu versés dans l'histoire ecclésiastique ou qui portent dans cette étude des préoccupations de système ou de parti.
1º Les prédictions n'ont jamais la clarté des récits. Souvent elles n'offrent qu'une esquisse, un aperçu, un sommaire des événements à venir. Quand elles seront réalisées, les faits en feront ressortir la signification et écarteront les imaginations erronées. Mais jusque-là, il est naturel qu'elles donnent lieu à des conjectures et qu'elles se prêtent à diverses combinaisons. C'est ce qui est arrivé, avons-nous dit, aux prophéties de l'Ancien Testament.
2º La nature du langage symbolique ajoute à la difficulté pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec le style prophétique. Comme S. Jean découvre l'avenir en vision, il le décrit sous forme de tableaux, d'images emblématiques. Sous sa plume, les choses les plus spirituelles prennent un corps; les êtres inanimés eux-mêmes agissent et parlent. Les ministres de Dieu deviennent des anges, des astres, des êtres fantastiques. L'empire est une cité, l'Eglise un temple, les arrêts du Sauveur un glaive. Un nom s'exprime en chiffre. Un chiffre reçoit une valeur indéterminée, purement relative. Mille ans signifient une période très longue. Dix jours indiquent un court espace de temps. Ce langage a son mérite: il est vif, rapide, frappant; mais il a aussi ses défauts. S'il met les objets en relief, c'est en un point seulement, en laissant dans l'ombre les contours. Les esprits aventureux s'y donnent libre carrière; les esprits minutieux, qui veulent qu'on leur précise chaque chose, se plaignent de ne rien saisir. Ceux qui ont peu étudié les prophètes s'étonnent qu'on ne prenne pas à la lettre toutes les figures : la terre qui tremble, les montagnes qui chancellent, les astres qui tombent, les martyrs qui revivent, les statues qui parlent, le démon qu'on enchaîne, etc.
3º Le défaut de connaissance sur l'histoire de l'Eglise, sur les persécutions des premiers siècles, sur l'invasion et les ravages des barbares, sur la décadence de l'empire romain, enfin sur tout ce qui fait l'objet de la plupart des prédictions, est encore une nouvelle cause d'obscurité pour un certain nombre. Ceux-là renvoient communément à la fin du monde les tableaux même les moins voilés de la chute de l'empire et de Rome.
4º Enfin, les préoccupations, l'attache au système ou au parti, l'amour de la nouveauté, ont beaucoup contribué à multiplier les interprétations singulières et extravagantes. L'esprit est aisément la dupe du cœur. Si cette maxime trouve son application dans les sujets même les plus clairs, combien plus doit-elle se vérifier dans l'étude des symboles, dans l'interprétation des termes vagues, insolites, énigmatiques? C'est ce qui explique comment un certain nombre de protestants en sont encore à faire à l'Eglise romaine l'application de ce que S. Jean a écrit sur Rome infidèle et persécutrice.
Les nombres ronds, si fréquemment répétés, dans la partie symbolique de ce livre, participent évidemment de la nature du symbole…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
APOCALYPSE DE SAINT JEAN
Les nombres ronds peuvent-ils avoir dans l’Apocalypse une signification différente de celle qu’ils ont dans les autres livres ?
Les nombres ronds, si fréquemment répétés, dans la partie symbolique de ce livre, participent évidemment de la nature du symbole. De là résultent deux conséquences remarquables :
— 1° On ne doit pas leur attribuer une signification trop précise. Comme les symboles sont de simples similitudes qui ne se réalisent jamais qu'approximativement, les nombres qu'ils renferment ne sauraient avoir une valeur bien déterminée et la signification en est toujours plus ou moins vague. Ce serait donc se hasarder de dire qu'il doit y avoir entre les choses dénombrées un rapport identique à celui qui existe entre les nombres. II n'est pas certain, par exemple, que telle durée évaluée à sept ans doive être exactement le double de telle autre durée évaluée à trois ans et demi.
— 2° Le rôle que ces nombres, deux, trois, sept, douze, etc., remplissent dans l'énoncé de certains dogmes, de certaines lois, de certains faits très connus, les suggèrent naturellement à l'esprit lorsqu'il s'agit de dénombrer des choses, des lois, des faits semblables ; et fait par la raison même qu'ils éveillent d'eux-mêmes, la pensée de choses du même genre. De là pour chacun d'eux une signification accessoire, qui les rend propres à entrer dans la composition de tels ou tels symboles.
Ainsi au nombre deux, qui est celui des témoignages requis pour légitimer une sentence judiciaire, s'est attachée l'idée d'accord, de confirmation, de certitude en matière de déposition; c'est pourquoi les Apôtres doivent toujours être deux à prêcher, et il y a deux témoins ou deux martyrs qui rendent témoignage à Jésus-Christ dans la persécution.
Le nombre trois, qui est celui des personnes divines, fait penser à la divinité. Il prend place naturellement dans tout ce qui est consacré à la Trinité ou qui a rapport à elle.
Quatre dont le carré est la figure, donne l'idée de l'étendue limitée ou du monde physique; d'où la division de la terre en quatre parties, les quatre points cardinaux, les quatre vents du ciel, etc.
Joint à trois, ce nombre donne sept; or la religion est ce qui unit les trois personnes divines avec les quatre parties du globe; c'est donc aux objets religieux, considérés comme tels, que ce nombre sept convient particulièrement. De là l'emploi si fréquent de ce nombre dans les énumérations relatives au culte ou aux œuvres de Dieu. Comme sept indique la totalité, sept moins un, ou six, donne l'idée d'un nombre imparfait, comme d'une semaine sans sabbat. Répété trois fois, c'est le nombre de la bête, 666. Trois et demi, moitié de sept, suggère la pensée d'une chose incomplète, tronquée, malheureuse ; douze au contraire donne l'idée d'universalité dans le temps ou dans l'espace.
Ces significations fondées sur l'association des idées semblent impliquer le principe que toutes les œuvres de Dieu se font avec nombre, poids et mesure, suivant des régies uniformes ; mais il ne faut pas trop presser ce principe. En fait de termes et de signification, la grande loi c'est l'usage; et bien qu'ils aient parlé par inspiration, les auteurs sacrés, pour se faire entendre, ont dû prendre le langage de leur temps, avec ses imperfections comme avec ses qualités, et s'en servir de la même manière que d'autres auraient fait dans les mêmes circonstances.
L'Apocalypse a trois parties…
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Re: Introduction au Nouveau Testament
APOCALYPSE DE SAINT JEAN
Comment ce livre se divise-t-il ?
L'Apocalypse a trois parties : — La première, I-III, contient le prologue, avec des avis pour sept Eglises de la province d'Asie. Ces avis ont pour but de fortifier la foi des chrétiens et de ranimer leur ferveur. Notre Seigneur signale aux évêques un double péril : l'hérésie dans le présent et la persécution dans un avenir prochain. — La troisième partie, XX-XXII, offre le tableau des événements qui précéderont immédiatement la résurrection générale, puis l'annonce du triomphe final de Jésus-Christ et des saints, avec une conclusion assez courte qui fait comme le pendant du prologue. — La seconde, celle du milieu, IV-XIX, est, sans comparaison, la plus étendue. C'est là que sont rapportées les visions prophétiques dont S. Jean fut favorisé. Elles ont pour objet les terribles épreuves par lesquelles l'Eglise doit bientôt passer, mais surtout le triomphe du Sauveur sur l'empire idolâtre et les châtiments réservés aux persécuteurs. Ces visions sont mentales et symboliques, du genre de celles que S. Thomas appelle imaginatives, c'est-à-dire qui, sans affecter les sens extérieurs, ne sont pas néanmoins purement intellectuelles. (L. BACUEZ.)
FIN.