C'est une bonne idée ce forum! J'ai trouvé cette biographie environ un grand Basque, je pense que c'est interesant.

Gorka Iñaki Urtizberea: Fondateur du port de Larrotxela



De tous temps, les rites liés à la naissance dans les peuplades primitives ont fasciné les anthropologues. Déjà en 1773 le Baron Quesnel De Meynard consacrait à ce sujet le troisième tome de son "Encyclopédie Des Sauvages" et dévoilait alors un aspect peu connu - et maintenant totalement oublié - des traditions basques d'avant l'expension du christianisme dans le pays.

C'est à l'occasion de ses fréquents séjours dans le château des Gramont à Bidache (Basses Pyrénées) que cet auteur libertin Lillois se pencha avec attention sur les mystères du peuple Basque. Ainsi, durant près de douze années, il glana auprès des autochtones de la région une somme considérable de précieux témoignages et ce sont ces derniers qui firent le principal interêt de ses ouvrages devenus aujourd'hui malheureusement introuvables.

D'après François-Marie Quesnel De Meynard, avant le XIV ème siècle, avait cours au Pays Basque une très singulière coutume qui avait comme amusante conséquence de peupler et décimer les villages basques à proportions quasi-égales.

À cette époque lointaine en effet, dans la majorité des foyers ruraux du pays, il était d'usage de célébrer la naissance d'un nouveau-né mâle d'une manière qui, encore une fois, distingue fortement le peuple basque de tous les autres de la planète. En ces temps là, lorsque l'enfant paraissait - et si c'était un garçon uniquement - toute la famille concernée s'ébranlait en un joyeux cortège et partait au son des flûtes et des grelots mettre à mort le premier voisin ! Peu importait d'ailleurs la manière du sacrifice, puisque des spécialistes ont récemment admis que la pendaison, la crémation ou la lapidation furent indifféremment utilisées pour célébrer la fête.

Afin que le pauvre homme - le voisin - ne se doutât de rien durant les mois qui précédaient la naissance, la femme enceinte avait bien pris soin de dissimuler sous de larges étoffes et oripeaux divers la silhouette bien évidemment rebondie de sa grossesse.

Bien sûr, il y eut des voisins plus perspicaces que d'autres, ou des personnes informées par une indiscrétion de la famille. Ceux-là, quand ils subodoraient, ou étaient avertis d'une naissance imminente dans la ferme d'à côté, s'enfuyaient le jour même très vite et très loin, sur des navires à rames en partance pour l'inconnu, l'Espagne, la Chine ou Arcachon...

Ainsi, bien avant le génois Christophe Colomb, bien avant le portugais Vasco De Gama, le premier européen à découvrir une contrée lointaine fut le basque Gorka Inaki Urtizberea (1472-1515) originaire d'Ekharritz dans la vallée d'Arranomendi.

Alors qu'il était en train de cueillir des abricots de peupliers, Gorka Inaki Urtizberea fut alerté par le bruit des grelots qui tintinabulaient dans la pénombre naissante. Il enfourcha prestement son porc - le cochon basque noir à poil dru faisait souvent office de monture pour les paysans pauvres de l'époque - et ne parvint à échapper à la liesse baptismale que grâce à l'aptitude de son animal à galoper au travers des denses fougères de la montagne basque.

Quinze ans plus tard, Gorka Inaki Urtizberea fondera un port sur l'Atlantique nord qu'il appellera Larrotxela (l'actuelle ville de La Rochelle).

Hélas pour la science, cette malicieuse coutume basque de sacrifier le premier voisin à l'occasion d'un heureux évènement sera interdite par le Pape Urbain VIII et l'église catholique lors du concile de Vains-en-Belgique en 1518.

Cette décision eut pour effet de donner un coup d'arrêt brutal à la grande époque des explorateurs basques et lança la mode plus conviviale des dragées au sucre encore en vigueur de nos jours.

Par Ignace de Gorostarzu et Xavier Lorente-Darracq