D. Où demeurèrent-ils étant en Nazareth ?
R. Dans une petite maison qui appartenait à la Sainte Vierge, où s'était accompli le Mystère de l'Incarnation, et que l'on appelle maintenant Notre-Dame de Laurette, et c'est proprement la maison de la Sainte Famille, puisque ç'a été le lieu le plus ordinaire de sa demeure.
D. Comment vivaient-ils là ?
R. D'une manière fort commune à l'extérieur, pauvrement et simplement. C'est pour ce sujet que tout temps appartient à la vie cachée de Jésus, qui ne passait que pour le fils de Joseph et de Marie, sa divinité étant entièrement inconnue aux hommes.
D. De quoi vivaient-ils pour l'ordinaire ?
R. Des viandes les plus communes dont se servaient les pauvres gens, apprêtées sans beaucoup de soin, encore en usaient-ils fort sobrement.
D. Comment étaient-ils habillés ?
R. Simplement et proprement, comme les personnes de leur condition, je veux dire des gens de métier. Jésus était revêtu d'une petite robe de laine sans couture, que sa Sainte Mère lui avait faite à l'aiguille ; elle allait croissant avec lui, ce qui fait qu'il l'a portée jusqu'à sa mort.
D. Comment fournissaient-ils aux frais de leur petite dépense ?
R. Par leur travail, Joseph était un pauvre ouvrier en bois, qui travaillait tantôt à journée, tantôt à la maison ; la Sainte Vierge s'occupait à coudre, à filer, et à d'autres ouvrages semblables, pendant que Jésus travaillait du même métier que son père.
D. Étaient-ils occupés toute la journée au travail ?
R. Ils en donnaient une partie à la prière, l'autre aux petits soins du ménage, et aux nécessités de la vie, et tout le reste au travail.
D. Qui est-ce qui faisait leur petit ménage ?
R. La Sainte Vierge en avait le soin principal, et elle le tenait toujours fort propre sans affectation, Jésus la servait dans les choses les plus basses, et les plus pénibles, comme de balayer, de laver la vaisselle, d'aller quérir l'eau, du bois, de faire le feu, de servir à table, et autres choses semblables ; il aidait pareillement à Saint Joseph. Enfin il n'avait autre règle que de faire tout ce que l'un et l'autre lui ordonnaient ; le soin principal de Saint Joseph était de fournir à toutes les nécessités domestiques, ce qui le rendait assidu à son travail pour y pouvoir survenir.
D. Le quel des deux avait la principale conduite de ce divin Enfant ?
R. Saint Joseph en laissa tout le soin à sa Sainte Mère, jusque à ce qu'il fut en état de travailler, et pour lors la Sainte Vierge en remit la conduite à Saint Joseph.
D. En quoi consistait le soin qu'en avait la Sainte Vierge dans son état d'enfance ?
R. Jésus s'étant fait enfant pour l'amour de nous, s'était aussi revêtu de toutes les faiblesses et incommodités qui accompagnent cet âge ; d'où il est aisé de juger que les soins de sa Mère étaient semblables à ceux des autres mères, elle l'allaitait de son propre lait, le changeait, le couchait, l'endormait, le levait, l'apaisait quand il pleurait, l'échauffait dans son sein, le caressait, lui apprenait à marcher, le faisait manger, et lui rendait une infinité d'autres petits services, ce qu'elle faisait avec tout le soin que son amour lui suggérait, et d'une manière toute divine, puisqu'elle les rendait à son Dieu, en les rendant à son fils.
D. Et Saint Joseph, quel soin en prit-il quand il fut plus grand ?
R. De le faire travailler de son même Métier, et quoique Jésus fut le Maître de tous les Métiers, il voulut néanmoins se faire son disciple, et l'apprendre de lui, comme s'il ne l'eut pas su. Joseph marquait donc à Jésus son travail, comme à son apprenti, et Jésus anéantissant devant Joseph toutes ses connaissances divines, lui obéissait ponctuellement en toutes choses ; et l'on tient qu'ils ne faisaient que des travaux grossiers, comme des jougs à bœufs, charrues, et autres pareils ouvrages, qui servaient à cacher leurs talents et leur industrie
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