A l’approche du CMRDS, nous reprenons ici la suite de l’article de Royal-Artillerie sur le Prince Sixte Henri de Bourbon Parme, notre hôte cette année encore à Lignières. Celui-ci comporte un rappel historique sur le Carlisme, et la dernière proclamation carliste du Prince qui date du 23 mai 2006, dont nous proposons une libre traduction: Le carlisme est un mouvement politique né de “l’abolition” de la loi salique des Bourbon par Ferdinand VII, peu avant son décès. Veuf une troisième fois et sans descendance, le roi Ferdinand se maria pour la quatrième fois avec Marie-Christine de Bourbon et avait désigné comme son successeur son frère cadet Charles de Bourbon. Mais fin mars 1830, la reine Marie-Christine est enceinte. Alors le roi promulgue la Pragmatique Sanction abolissant la loi salique importée de France par son ancêtre Philippe V. La mesure déclenchera trois guerres civiles déclarées par les partisans de Don Carlos (Charles V), baptisés “Croisés du Roi”, guerres majeures qui au début (première guerre de 1835 à 1839) impliqueront l’intervention de puissances étrangères en soutien de l’usurpation organisée par Louis-Philippe Ier qui cèdera à l’Espagne sa première Légion étrangère. Les Anglais lèveront un corps expéditionnaire (de sacs et de cordes) et les Portugais une division d’élite que l’on vit peu. Mais combattra aussi un bataillon de lanciers polonais dans le camp de la reine et un bataillon d’anciens légionnaires dans le camp du “roi” renforcés de centaines de légitimistes français qui mirent leurs idées à la pointe de l’épée.
La définition que donne Maurras de la monarchie (héréditaire et traditionnelle, antiparlementaire et décentralisée) correspond au modèle carliste très attaché aux chartes locales et à la tradition catholique. Il prisait peu le régime libéral anglais de la monarchie inter-républicaine des rois Alphonse XII et XIII : « « Dans cette Espagne où le droit de Castille, le droit indigène, fonde la succession en ligne féminine, qui donc fut pendant très longtemps l’unique champion des traditions les plus anciennes et les plus chères du pays, de ses fueros sacrés ? Ce fut l’héritier de la loi salique, le tenant du droit bourbonien ! Ce fut Don Carlos ! ». Maurras n’aurait pas compris qu’après tant de malheurs, la longue régence de Franco se fermât sur un retour aux vomissements parlementaires antérieurs. L’Espagne se découd chaque jour.
A mon Secrétariat Politique
Madrid
J’observe avec une préoccupation et une inquiétude croissantes la situation de notre Patrie. Les conséquences naturelles du système libéral, toujours dissolvantes, paraissent se succéder à un rythme sans cesse plus rapide. Le climat créé après les attentats tragiques du 11 mars (dont les implications suspectes paraissent éclabousser, chacun à sa mesure, tous les partis politiques qui aujourd’hui séquestrent la représentation populaire) et le Gouvernement qui surgit de ceux-ci, favorisent une décadence morale sans précédent, la faillite de l’Etat et la désagrégation de ce qui reste de l’Espagne.Devant pareil tableau, certains, peut-être de manière bien-intentionnée, revendiquent la Constitution de 1978, qui en plus d’être illégitime a favorisé le processus de décadence ; d’autres militent pour une Espagne jacobine, construction tout aussi artificielle et révolutionnaire que le sont les nationalismes régionaux. Il y a ceux qui regardent vers l’Europe ou vers des pouvoirs dont le centre est encore plus éloigné, sans s’apercevoir de ce qu’aux seuls principes d’Hispanité et de Chrétienté, nous appartenons et nous sommes redevables, et que nous lier à d’autres principes signifierait capituler et disparaître.
Face à tout cela le Carlisme et la Communion Traditionaliste, salut de l’Espagne véritable, doivent se dresser. Mais même dans nos rangs a cours cette confusion propre du moment se traduisant par le manque d’unité, de dévouement, de constance et de discipline qui empêchent l’efficacité dans l’action. Peut-être faut-il en chercher la cause dans le manque de cette vertu théologique fondamentale, l’Espérance, qui permet facilement aux chrétiens de faire la frontière entre l’optimisme et le pessimisme. L’heure est grave, extrêmement grave. Notre responsabilité historique est énorme. Je demande à tous, dans un effort militant, dans un esprit de sacrifice et dans un sentiment d’urgence, de se rassembler autour du Secrétariat Politique que j’ai créé voici presque cinq ans. Et je le fais avec les mêmes mots employés il y a trente ans dans mon Manifeste d’Irache: « En des temps comme ceux qui viennent de s’écouler, quand on a perdu le nord, il est naturel que certains, désorientés, aient cherché le compromis que leur conscience ou les circonstances ont paru leur indiquer comme acceptable. Je n’accuse personne, je ne fais de reproche à personne mais à tous, j’en appelle pour qu’ensemble nous tâchions une fois de plus de servir loyalement les hauts intérêts de notre Patrie.Dans l’exil, le vingt-trois mai deux mille six, fête de l’apparition de l’Apôtre Saint-Jacques à la Bataille de Clavijo, mois de la Très-Sainte Vierge Marie.
Sixte Henri de Bourbon

C’est donc avec un prince politique dont la devise reste « Dios, la Patria, los Fueros, El Rey, » qu’ont rendez-vous les participants au Camp Maxime Real del Sarte 2009. Il s’exprime régulièrement par le canal d’un secrétariat politique sur l’actualité du Monde. Un petit tour sur le site de la “Comunión Tradicionalista” vous assurera de la vitalité du mouvement carliste.