Q. 302. Qui invoquons-nous par les mots : Notre Père?
R. Par les mots Notre Père, nous invoquons Dieu, comme un père très tendre; nous exprimons ainsi notre amour et notre confiance en Lui et nous nous concilions sa bienveillance et sa miséricorde.
Versión para imprimir
Q. 302. Qui invoquons-nous par les mots : Notre Père?
R. Par les mots Notre Père, nous invoquons Dieu, comme un père très tendre; nous exprimons ainsi notre amour et notre confiance en Lui et nous nous concilions sa bienveillance et sa miséricorde.
Q. 303. Pourquoi appelons-nous Dieu Notre Père?
R. Nous appelons Dieu Notre Père parce que c’est Lui qui nous a créés, qui nous conserve et nous gouverne et surtout parce qu’il a fait de nous ses fils adoptifs par sa grâce (1).
_________________________________________________________
(1) Deut, XXXIII 6; saint Jean, XVI, 26, 27; saint Paul, Ép. aux Rom., VIII, 15-17, 29; Ire Ép. aux Corinth., I, 9; Ire Ép. de saint Jean, III, 1, 3; Cat. du Conc. de Trente, Ire p., ch., II, n. 9.
Q. 304. Pourquoi disons-nous Notre Père plutôt que Mon Père?
R. Nous disons Notre Père plutôt que Mon Père parce que, de par le don de l'adoption divine, tous les fidèles sont frères dans le Christ et qu'ainsi chacun doit envelopper les autres d’un fraternel amour et ne pas seulement prier pour lui, mais aussi pour les autres (1).
___________________________________________________
(1) Catéchisme du Conc. de Trente, 4e p., ch. II, n. 14 et suiv.
Q. 305. Que voulons-nous dire par ces mots : Qui êtes aux Cieux?
R. Par ces mots : Qui êtes aux Cieux, nous nous excitons à la contemplation de l’infinie puissance et majesté de Dieu qui éclatent tout spécialement dans ses œuvres célestes — et en même temps nous nous souvenons que ce sont les bienfaits célestes, avec tout ce qu’ils comportent, que nous devons principalement demander à Dieu (2).
_________________________________________________
(2) Catéchisme du Conc. de Trente, 4e p., ch. IX, n. 19, 20.
Q. 306. Que demandons-nous dans la première demande : Que votre nom soit sanctifié?
R. Dans la première demande : Que votre nom soit sanctifié, nous demandons que le saint nom de Dieu soit connu de tous et glorifié par tous les hommes, du cœur, des lèvres et en bonnes œuvres (3).
___________________________________
(3) Ps. CXII, 1-3; saint Paul, Ép. aux Philip., II, 9-11.
Q. 307. Que demandons-nous dans la deuxième demande : Que votre règne arrive?
R. Dans la deuxième demande: Que votre règne arrive, nous demandons qu’en ce monde Dieu règne sur nous et sur tous les hommes par sa grâce, et sur la société et les nations par sa loi, afin que nous puissions devenir enfin participants de sa gloire éternelle dans le ciel (1).
_________________________________________________________________
(1) Saint Paul, Ép. aux Rom., XIV, 17; Ire Ép. aux Cor., VI, 9,10; XV, 50; Ép. aux Galat., V, 19-21; Ép. aux Éph. V, 5; Cat. du Conc. de Trente, 4e p., ch. XI, n. I et suiv.
Q. 308. Comment pouvons-nous coopérer à l'avènement du règne de Dieu sur terre?
R. Nous pouvons et devons coopérer à l’avènement du règne de Dieu sur terre en gardant la loi du Christ et en cultivant en nous la vie surnaturelle de la grâce; nous le ferons aussi en aidant, de notre prière et de nos services, l’Église dont les efforts tendent à ce que la vie privée, la vie familiale et la vie publique soient conformes à la loi divine, — à ce que tous les égarés retournent à son unité, — et à ce que la lumière de l’Évangile soit transmise aux peuples qui séjournent dans les ténèbres et à l’ombre de la mort.
Q. 309. Que demandons-nous dans la troisième demande : Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel?
R. Dans la troisième demande : Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel; nous demandons que tous les hommes qui sont sur terre fassent, comme tous les Saints et les Anges du Ciel et comme les âmes du Purgatoire, avec amour, toujours et en tout, la volonté de Dieu.
Q. 310. Que demandons-nous dans la quatrième demande : Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien ?
R. Dans la quatrième demande : Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien, nous demandons que Dieu nous accorde le pain spirituel, c’est-à-dire tout ce qui est nécessaire à la vie de notre âme, spécialement le Pain Eucharistique,— et le pain corporel, c’est-à-dire tout ce qui est nécessaire à l’entretien du corps.
Q. 311. Que demandons-nous dans la cinquième demande : Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés?
R. Dans la cinquième demande : Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, nous demandons à Dieu qu’il nous fasse grâce des péchés que nous avons commis contre Lui, et des peines que nous avons méritées pour ces péchés, comme nous pardonnons les offenses que nos ennemis nous ont faites à nous-mêmes (1).
_______________________________________________________
(1) Saint Matth., VI, 14, 15; XVIII, 35; saint Marc, XI, 25, 26; saint Luc, XI, 4.
Q. 312.Que demandons-nous dans la sixième demande : Et ne nous laissez pas succomber à la tentation?
R. Dans la sixième demande : Et ne nous laissez pas succomber à la tentation, prenant conscience de notre faiblesse, nous recourons à Dieu, le priant de nous délivrer des tentations ou au moins de nous soutenir du secours de sa grâce, afin que nous surmontions les tentations.
Q. 313. Pourquoi Dieu permet-il que nous soyons tentés?
R. Dieu permet que nous soyons tentés pour que nous reconnaissions notre faiblesse, pour que notre fidélité soit éprouvée et pour que, en surmontant les tentations avec l’aide de sa grâce, nous nous exercions dans la vertu et obtenions les mérites de la vie éternelle. Jamais toutefois Dieu ne permet que nous soyons tentés au delà de ce que nous pouvons soutenir avec l'aide de sa grâce (1).
___________________________________________________
(1) Tobie, XII, 13; Sagesse, III, 5; saint Paul, Ie Ép. aux Cor., X, 13; Épître de saint Jacques, I , 2, 14; 2e Épître de saint Pierre, II, 9; Conc. de Trente, VIe sess., De la justific, ch. II.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Concile de Trente, session VI, Decretum de justificatione, ch. II :
« Personne, quelque justifié qu’il soit, ne doit s’estimer exempt de l’observation des commandements; personne ne peut prononcer cette parole téméraire et interdite par les Pères sous peine d’anathème : l’observation des préceptes de Dieu est impossible à l’homme justifié. Car Dieu ne commande pas l’impossible, mais en commandant il avertit de faire ce qu’on peut, de demander ce qu’on ne peut pas et, pour qu’on puisse, il donne son secours, lui, dont les commandements ne sont pas pesants (saint Jean, V,9), dont le joug est doux et le fardeau léger (saint Matthieu, XI, 30). En effet ceux qui sont fils de Dieu aiment le Christ; or ceux qui l’aiment , comme il le témoigne lui-même, gardent sa parole (saint Jean, XIV, 23), ce qu’ils peuvent certainement accomplir avec le secours divin ». (D.- B., 804).
Q. 314. Quels sont les remèdes les plus efficaces contre les tentations?
R. Les remèdes les plus efficaces contre les tentations sont : la fuite des occasions, la méditation des fins dernières, et l'usage fréquent des sacrements; pendant la tentation même ce sont : le signe de Croix, une humble prière à l'Ange Gardien, et spécialement l'invocation du Saint Nom de Jésus et de la Très Sainte Vierge Marie (2).
______________________________________________
(2) Prov., XVIII, 10; saint Matth., XVII, 20; XXVI, 41.
Q. 315. Que demandons-nous dans la septième demande : Mais délivrez-nous du mal ?
R. Dans la septième demande : Mais délivrez-nous du mal, nous demandons surtout que Dieu nous libère de ce mal spirituel qu'est le péché et par là du diable qui nous pousse au péché, — mais aussi de tous les autres maux, au moins de ceux qui peuvent nous fournir des occasions de pécher.
Q. 316. Que signifie l'expression : Ainsi soit-il, qui se trouve après la dernière demande?
R. L’expression : Ainsi soit-il, qui se trouve à la fin de la dernière demande, signifie : Qu' arrive tout ce que nous venons de demander; c''est en même temps témoigner notre confiance aux promesses de Dieu.
Q. 317. Pourquoi a-t-on coutume d'ajouter à l'Oraison Dominicale la Salutation Angélique?
R. On a coutume d’ajouter à l’Oraison Dominicale la Salutation Angélique afin d’obtenir plus facilement de Dieu, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, ce que nous avons demandé dans l’Oraison Dominicale.
Q. 318. De qui sont ces paroles : Je vous salue, [Marie], pleine de grâce, vous êtes bénie entre toutes les femmes ?
R. Les paroles : Je vous salue, [Marie], pleine de grâce, vous êtes bénie entre toutes les femmes,sont de l’Archange Gabriel, lorsqu’il annonçait à la Sainte Vierge le Mystère de l'Incarnation; d’où le nom de Salutation Angélique donné à cette prière (1).
___________________________________________
(1) Saint Luc, I, 28.
Q. 319. Que faisons-nous, lorsque nous récitons la Salutation Angélique?
R. Lorsque nous récitons la Salutation Angélique, nous félicitons la Sainte Vierge de ses privilèges et des dons uniques que Dieu lui a accordés plus qu’à toute autre créature, et nous en glorifions Dieu lui-même.
Q. 320. De qui sont ces paroles : Le fruit de votre sein est béni, et que signifient-elles?
R. Les paroles : Le fruit de votre sein est béni , sont de sainte Élisabeth, lorsqu’elle reçut chez elle la Sainte Vierge; elles signifient que le Christ Notre-Seigneur, Fils de la Vierge Marie, est béni par dessus tout, dans les siècles des siècles.
Q. 321. De qui sont ces paroles : Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort, et que nous font-elles demander?
R. Les paroles : Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort, ont été ajoutées par l'Église; elles nous font demander le patronage de la Sainte Vierge dans toutes nos difficultés et particulièrement à l’heure de notre mort (2).
_______________________________________________________________________
(2) L’Eglise orientale n’a pas cette seconde partie de la Salutation Angélique, mais elle ajoute aux paroles de l’Archange une autre prière.
Q. 322. La Sainte Vierge Marie, qui est Mère de Dieu, est-elle aussi notre Mère?
R. La Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, est aussi notre Mère par l’adoption qui fait de nous les frères de son Fils; et cela, le Christ Jésus l'a confirmé au moment de sa mort, du haut de la Croix, lorsqu’il a donné, en la personne de saint Jean, tous les hommes comme fils à la Sainte Vierge par ces paroles : Femme, voilà ton fils; et la Sainte Vierge comme Mère à tous les hommes par ces paroles : Voici ta mère (1).
________________________________________________________________
(1) Saint Jean, XIX, 26, 27; saint Paul, Ép. aux Rom.9 VIII, 29; Léon XIII. Encycl. Adjutricem populi, 5 sept. 1895; Pie X, Encycl. Ad ilium diem, 2 févr. 1904; Benoît XV, Lettre à la Confrérie de Notre-Dame de la Bonne Mort, 22 mars 1918; Pie XI, Encycl. Rerum Ecclesiae, 28 février 1926.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Léon XIII, Encyclique Adjutricem populi, du 5 septembre 1895 :
a) « Le mystère de l'éminente charité du Christ à notre endroit est clairement mis en lumière par ce fait qu’à sa mort il a voulu que sa propre Mère demeurât pour son disciple Jean une mère, lorsqu’il prononça ce testament mémorable : Voici votre fils.
Or, en la personne de Jean, selon le sentiment constant de l’Église, le Christ a désigné le genre humain et tout d’abord ceux qui adhéreraient à Lui par la foi; c’est en ce sens que saint Anselme de Cantorbéry a dit : Que peut-on juger de plus digne, ô Vierge, que ce privilège par lequel vous êtes la mère de ceux dont le Christ daigne être et le père et le frère? (Oratio 47). Oui, elle a reçu, elle a accompli avec magnanimité les devoirs de cette mission exceptionnelle et laborieuse dont les débuts avaient été consacrés au Cénacle ». (Acta Leonis XIII, XV,302).
Pie X, Encyclique Ad diem illum, du 2 février 1904 :
(Note de Louis : J’ai aéré le texte, sauf le dernier paragraphe, pour une lecture plus facile. Bien à vous)
b) « Est-ce que Marie n'est pas mère du Christ ? Elle est donc aussi notre mère. Car chacun doit en convenir pour sa part, Jésus qui est le Verbe fait chair est aussi le sauveur du genre humain. Déjà en tant qu’il est Dieu-Homme, il possède un corps réel, comme les autres hommes. Mais en tant qu’il est le restaurateur de notre race, il possède un corps spirituel et, comme on dit, mystique, qui est la société de ceux qui croient au Christ. Nombreux comme nous sommes, nous sommes un seul corps dans le Christ (Epître aux Romains, XII, 5).
Or la Vierge n’a pas seulement conçu le Fils éternel de Dieu afin que, recevant d’elle la nature humaine, il devînt homme; mais afin qu’il devînt encore, moyennant cette nature qu’il a reçue d’elle, le sauveur des hommes.
C’est pourquoi l’ange a dit aux bergers : Aujourd'hui un Sauveur vous est né qui est le Christ Seigneur (saint Luc, II, 11). C’est pourquoi, dans le sein de sa très chaste Mère, le Christ a pris chair et en même temps il s’est adjoint un corps spirituel, composé de ceux qui devaient croire en lui. Aussi peut-on dire que, portant le Sauveur dans son sein, Marie a porté aussi tous ceux dont la vie du Sauveur enfermait leur vie. Nous tous donc qui, unis au Christ, sommes, au dire de l’Apôtre, membres de son corps, issus de sa chair et de ses os (Epître aux Ephésiens, V, 30), nous sommes sortis du sein de Marie à l’instar d’un corps attaché à sa tête.
C’est pour cela que nous sommes appelés, en un sens, spirituel et mystique, les fils de Marie, et qu'elle est, de son côté, notre mère à tous. Mère selon l'esprit.., mais vraiment mère de ces membres de Jésus-Christ que nous sommes. (Saint Augustin, De sancta virginitate , 6).
Si donc la bienheureuse Vierge est à la fois mère de Dieu et des hommes, qui peut douter qu’elle s’emploie de toutes ses forces auprès du Christ, tête du corps de l'Eglise (Épître aux Colossiens I, 18), afin qu’il répande ses dons sur nous qui sommes ses membres et premièrement le don de le connaître et de vivre par lui ( Ire Épître de saint Jean, IV, 9 ) ? » (Acta Pii X, I, 152).
Benoît XV, Lettre à l'Association de Notre-Dame de la Bonne Mort, du 22 mars 1918 :
c) «... La Vierge Douloureuse fut constituée par Jésus-Christ la mère de tous les hommes; elle les a acceptés comme en vertu du testament d’un amour infini et elle remplit son office à l’égard de leur vie spirituelle avec la bonté d’une mère. C’est pourquoi il est évidemment impossible qu’elle ne secoure ses très chers fils d’adoption avec un zèle plus ardent au moment [de la mort] où il s’agit de leur assurer le salut et la sainteté pour l’éternité ». (Acta Apostolicae Sedis, X, 182),
Pie XI, Encyclique Rerum Ecclesiae, du 28 février 1926:
d) « Que Marie, la très Sainte Reine des Apôtres, daigne sourire à nos communes entreprises et les favoriser. Car ce sont tous les hommes qui ont été recommandés à son cœur maternel et elle n’a pas moins de sollicitude et d’amour pour ceux qui ignorent que le Christ les a rachetés que pour ceux qui ont le bonheur de profiter des bienfaits de la Rédemption » (Acta Apostolicae Sedis, XVIII, 83).
Q. 323. De quels avantages jouissent ceux qui honorent la Sainte Vierge Marie d'une tendre piété?
R. Ceux qui honorent la Sainte Vierge Marie d’une tendre piété y trouvent ce grand avantage qu’ils sont aimés de retour et protégés par elle avec une particulière affection maternelle (2).
______________________________________________________________
(2) Saint Bernard (Homélie II, sur l'Ev. Missus est) nous invite ainsi à la piété envers la Sainte Vierge : « Dans les périls, dans les angoisses, dans le doute pensez à Marie, invoquez Marie. Si vous la suivez, vous ne dévierez pas; si vous la priez, vous ne désespérerez pas; si elle vous tient, vous ne tomberez pas; si elle vous protège, vous ne craindrez pas; si elle vous conduit, vous ne peinerez pas; si elle vous est propice, vous parviendrez au but ». On peut facilement confirmer tout cela par des exemples qui abondent dans les écrits ascétiques.
Q. 324. Quelle œuvre de piété l'Église 1 recommande-t-elle spécialement à l'égard de la Sainte Vierge ?
R. L’œuvre de piété spécialement recommandée par l'Église 1 à l’égard de la Sainte Vierge est la récitation du Très Saint Rosaire.
___________________________________________
1 L’Église.
Q. 580. Que Dieu nous propose-t-il dans la Sainte Écriture comme moyen très efficace d’éviter le péché?
R. Dieu, dans la Sainte Écriture, nous propose, comme moyen très efficace d’éviter le péché, la considération des Fins Dernières, en nous donnant cet avis : « Dans toutes vos actions souvenez-vous de vos fins dernières et vous ne pécherez jamais » (1).
(1) Ecclésiastique, VII, 40; saint Basile le Grand, Sermon sur le Psaume XXXIII.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Saint Basile, Homélie sur le Psaume 33 :
« Lorsque l’appétit du péché t’envahira, je voudrais que tu imaginasses le terrible et insupportable tribunal du Christ, présidé par le juge sur son trône haut et surélevé; toute créature, y comparaîtra, tremblant à la vue de sa gloire. Chacun de nous doit être amené pour rendre compte des actions accomplies pendant sa vie. Bientôt ceux qui ont commis de mauvaises actions se verront escortés par des anges terribles et hideux, porteurs de visages enflammés et respirant le feu, montrant ainsi l’hostilité de leur dessein et de leur volonté, semblables d’aspect à la nuit, à cause de leur sombre haine contre le genre humain. Imagine encore l’abîme profond, les ténèbres insondables, le feu manquant d’éclat, ayant bien le pouvoir de brûler, mais privé de lumière; imagine ensuite l’engeance des vers donnant leur venin, dévorant la chair, mangeant éternellement sans jamais éprouver de satiété et par leur rongement infligeant d’intolérables douleurs. Songe enfin à ce qui est le plus cruel de tous les supplices, cet opprobre et cette honte éternelle. Crains tout cela et, saisi par cette crainte, retiens ton âme, comme avec un frein, loin de la concupiscence du péché ». (P. G., 29, 370-1).
Q. 581. Qu’entend-on par ces mots : fins dernières?
R. Par ces mots : fins dernières, on entend ce qui arrive tout à la fin aux hommes, c’est-à-dire : la mort, le jugement, l’Enfer, le Paradis; mais, après le jugement et avant le Paradis, il peut y avoir le Purgatoire.
Q. 582. Quelles réflexions devons-nous surtout faire à propos de la mort?
R. A propos de la mort, nous devons surtout penser qu’elle est le châtiment du péché, le moment d’où dépend notre éternité, en ce sens qu’après la mort il ne reste plus de place pour la pénitence et le mérite, et que son heure et ses circonstances sont incertaines (1).
______________________________________________________________________
(1) Genèse,II,17; III, 19 ; Ecclésiastique, XIV,12, 13; XLI, 1-3; saint Matth., XXIV, 42-44; saint Luc, XII, 39,40; saint Paul, Ép. aux Romains, V,12; VI, 23; Ire Epître aux Thess., V, 2; Ép. aux Hébr., IX, 27; Concile de Trente, session V, Du péché originel, can. 1-6.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Concile de Trente, sess. V, Decretum de peccato originali, canons I à 6:
« I. Si quelqu'un ne confesse pas que le premier homme, Adam, ayant transgressé dans le Paradis le commandement de Dieu, perdit aussitôt la sainteté et la justice dans lesquelles il avait été établi, et, par l’offense d’une telle prévarication, encourut la colère et l'indignation de Dieu, et en conséquence la mort, dont Dieu l'avait menacé auparavant, et, avec la mort, la captivité sous la puissance de celui qui a eu depuis l’empire de la mort, et qui est le Diable, et que, par l'offense de cette prévarication, Adam tout entier tomba dans un état pire selon le corps et l'âme : qu'il soit anathème.
« 2. Si quelqu'un soutient que la prévarication d’Adam n’a été nuisible qu’à lui et non pas à sa postérité, qu'il n'a perdu que pour lui et non pas aussi pour nous la sainteté et la justice, reçues de Dieu, et dont il est déchu, ou que, souillé personnellement par le péché de désobéissance, il n’a transmis à tout le genre humain que la mort et les peines du corps, et non pas le péché, qui est la mort de l’âme : qu’il soit anathème; en effet c’est contredire l’affirmation de l’Apôtre : Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort a atteint tous les hommes, parce que tous ont péché (Epître aux Romains, V, 12).
« 3. Si quelqu’un soutient que ce péché d’Adam, qui est un dans sa source, et qui est transmis à tous par propagation, non par imitation, et donc qui est propre à chacun, peut être enlevé soit par les forces de la nature humaine, soit par un autre remède que par le mérite du seul médiateur Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui nous a réconciliés avec Dieu dans son sang, s'étant fait pour nous justice, sanctification, et rédemption (Ire Épître aux Corinthiens, I. 30); ou nie que le mérite même du Christ Jésus soit appliqué, tant aux adultes qu’aux enfants, par le sacrement de Baptême, conféré rituellement selon la forme de l’Église : qu’il soit anathème; parce qu'il n’y a pas sous le ciel un autre nom qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés (Actes des Apôtres, IV, 12). D’où cette parole : Voici l'agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde (Saint Jean, I, 29). Et cette autre ; Vous tous qui avez été baptisés, vous avez revêtu le Christ (Épître aux Galates, III, 27).
« 4. Si quelqu’un nie que les enfants récemment sortis du sein de leur mère, même s’ils sont nés de parents baptisés, doivent être baptisés; ou dit qu’ils sont vraiment baptisés pour la rémission des péchés, mais ne tirent rien du péché originel d’Adam qu’il soit nécessaire d’expier par le bain de la régénération, pour obtenir la vie éternelle; d’où il s’ensuivrait que pour eux la forme du Baptême en vue de la rémission des péchés serait comprise faussement et non pas véritablement : qu’il soit anathème; car la parole de l’Apôtre : Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort a atteint tous les hommes, parce que tous ont péché (Épître aux Romains, V, 12), ne peut être entendue d’une autre manière que celle dont l’a toujours entendue l’Église catholique répandue partout. En effet, à cause de cette règle de foi, selon la tradition des Apôtres, même les petits enfants, qui n’ont pu encore commettre aucun péché personnel, sont pourtant véritablement baptisés pour la rémission des péchés, afin que ce qu’ils ont contracté par la génération soit purifié par la régénération. Car nul, s'il ne renaît de l'eau et de l'Esprit-Saint, ne peut entrer dans le royaume de Dieu, (Saint Jean, III, 5).
« 5. Si quelqu’un nie que la faute du péché originel soit remise par la grâce de Jésus-Christ Notre-Seigneur, conférée au Baptême; ou même soutient que tout ce qui a raison vraie et propre de péché n’est pas ôté; mais dit que cela est seulement gratté, ou n’est pas imputé : qu’il soit anathème. Car Dieu ne hait rien dans ceux qui sont régénérés, parce qu’il n’y a point de damnation pour ceux qui vraiment sont ensevelis dans la mort avec le Christ par le Baptême (Épître aux Romains, VI, 4); qui ne marchent point selon la chair(ib., VIII, I), mais qui, dépouillant le vieil homme et se revêtant du nouveau, qui est créé selon Dieu (Épître aux Ephésiens, IV, 22), sont devenus innocents, immaculés, purs, sans péché, et agréables à Dieu, héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ (Épître aux Romains, VIII, 17); en sorte qu’il ne reste plus rien qui les empêche d’entrer au ciel. Cependant ce saint Concile confesse et reconnaît que la concupiscence, ou foyer du péché, reste dans les baptisés; laissée pour le combat, elle ne peut nuire à ceux qui n’y consentent pas, mais qui résistent courageusement par la grâce du Christ Jésus : bien mieux, celui qui aura lutté selon les règles sera couronné(2e Épître à Timothée, II, 5). Le saint Concile déclare que cette concupiscence, appelée quelquefois péché par l'Apôtre ( Épître aux Romains, VI, 12), n’a jamais été entendue par l’Église catholique au sens d’un péché qui serait véritablement et proprement péché dans ceux qui sont régénérés, mais [elle est appelée péché] en ce sens qu’elle vient du péché et y incline. Si quelqu’un pense le contraire : qu’il soit anathème.
« 6. Cependant ce même saint Concile déclare qu’il n’est pas dans son intention de comprendre, dans ce décret sur le péché originel, la bienheureuse et immaculée Vierge Marie, mère de Dieu; mais il entend qu’à ce sujet les Constitutions du pape Sixte IV, d’heureuse mémoire, soient observées sous les peines qui y sont portées, et qu’il renouvelle ».
(D. B., 788-792).
Q. 112. Que croyons-nous par le septième article du Symbole : D’où II viendra juger les vivants et les morts ?
R. Par le septième article du Symbole : D'où Il viendra juger les vivants et les morts, nous croyons que Jésus-Christ reviendra du Ciel avec ses Anges, à la fin du monde, pour juger tous les hommes, aussi bien ceux que le jour du jugement trouvera encore vivants que ceux qui seront morts auparavant, « et alors II rendra à chacun selon ses œuvres » (2).
____________________________________________________________________
(2) Saint Matthieu, XVI, 27; XXIV, 30; XXV, 31-46; Actes, X, 42; saint Paul, Ep. aux Hébr. IX, 28; 4me Concile de Latran, saint Léon IX et Benoît XII, l. c; saint Jean Chrysostome, In Ep. Ia ad Corinth., XLII, 3; saint Pierre Canisius, De fide et symbolo, n. 15; Catéchisme du Conc. de Trente, p. I, chap. XII, n. 8.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
IVe Concile de Latran (1215), cap. I, De fide catholica :
a) « Et enfin le Fils unique de Dieu, Jésus-Christ, dont l’Incarnation est l’œuvre commune de toute la Trinité, conçu de Marie toujours Vierge, avec la coopération du Saint-Esprit, fait vrai homme, composé d’une âme rationnelle et d’une chair humaine, personne une en deux natures, a étalé sa vie au grand jour. Etant, selon sa divinité, immortel et impassible, il a été fait, selon son humanité, passible et mortel, puis, après sa passion et sa mort sur le bois de la croix pour le genre humain, il est descendu aux enfers, ressuscité des morts et monté aux cieux..., il viendra à la fin du monde juger les vivants et les morts et rendra à chacun, réprouvés ou élus, selon ses œuvres; et tous ressusciteront, avec les corps dont ils étaient ici-bas possesseurs, pour recevoir selon leur œuvres, bonnes ou mauvaises, les uns, avec le diable, un châtiment perpétuel, et les autres, avec le Christ, la gloire éternelle ». (Mansi, XXII, 982. — D.- B., 429).
Saint Léon IX (1049-1054), Symbolum fidei :
(Note de Louis: Pour faciliter la compréhension, j’ai séparé le texte qui était en un seul paragraphe. Bien à vous.)
b) « Je crois aussi que le Fils même de Dieu le Père, le Verbe de Dieu né du Père éternellement avant tous les temps, consubstantiel au Père, tout-puissant comme Lui et égal à Lui en tout, selon la divinité, est né dans le temps, par le Saint-Esprit, de Marie toujours vierge, avec une âme rationnelle;
qu’il a deux naissances, l'une éternelle, de son Père, l'autre temporelle, de sa mère;
qu’il a deux volontés et deux opérations;
qu’il est vrai Dieu et vrai homme;
qu'il possède proprement et parfaitement ces deux natures, qu’il n’a subi ni mélange ni séparation, qu'il n'est pas [Dieu seulement] par adoption [ni homme seulement] par apparence;
que, Dieu unique et un, le Fils de Dieu existe en deux natures, mais dans la singularité d'une seule personne;
qu’impassible et immortel dans sa divinité, il a souffert, dans son humanité, pour nous et pour notre salut, une véritable passion de sa chair, qu'il a été enseveli et qu'il est ressuscité des morts le troisième jour, d'une vraie résurrection de sa chair : que, pour la confirmer, il a mangé avec ses disciples, poussé par sa volonté et sa puissance et nullement par le besoin de nourriture;
que le quarantième jour après sa résurrection, avec sa chair ressuscitée et avec son âme, il est monté au ciel et qu'il y siège à la droite du Père;
que, le dixième jour, il en a envoyé le Saint-Esprit et que, comme il y est monté, il en viendra pour juger les vivants et les morts, et rendre à chacun selon ses œuvres ». (Mansi, XIX, 662. — D.- B., 344).
Benoît XII, Constitution Benedictus Deus, du 29 janvier 1336 :
(Note de Louis: Pour faciliter la compréhension du texte du Pape Benoit XII, j’ai séparé le texte qui était en un seul paragraphe. Bien à vous.)
c) « Dans cette constitution, qui restera à jamais en vigueur, de par notre autorité apostolique, Nous définissons ce qui suit : selon la disposition générale établie par Dieu, les âmes de tous les Saints qui ont quitté ce monde avant la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ et celles des saints apôtres, martyrs, confesseurs, vierges et autres fidèles morts après réception du saint baptême du Christ, qui n’ont rien eu à purifier à leur mort, ou qui à l'avenir n'auront rien à purifier à leur mort; celles aussi qui ont eu ou auront à se purifier, lorsqu'après leur mort elles auront achevé de le faire; de même encore les âmes des enfants régénérés par le même baptême du Christ ou encore à baptiser, quand ils l'auront été, s'ils meurent avant l'usage de leur libre arbitre; toutes, aussitôt après leur mort, ou après la purification susdite pour celles qui en avaient besoin, même avant la réunion à leurs corps et le jugement général, et cela depuis l'ascension de Jésus-Christ notre Sauveur, sont et seront au ciel, au royaume des cieux et au céleste paradis, avec le Christ, admises dans la société des Anges; et, depuis la mort et la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, elles ont vu et voient la divine essence d'une vision intuitive et même face à face, sans qu'aucune créature s'interpose dans l'idée de l’objet vu, mais immédiatement, grâce à la divine essence qui se manifeste elle-même à nu, clairement et ouvertement.
Et dans cette vision les âmes de ceux qui sont déjà morts jouissent de la divine essence et, par le fait même de cette vision et de cette jouissance, elles sont vraiment bienheureuses et possèdent la vie et le repos éternel; de même en sera-t-il [des âmes] de ceux qui, mourant dans la suite, verront la divine essence et en jouiront avant le jugement général.
De plus cette vision et cette jouissance de la divine essence font cesser dans ces âmes les actes de foi et d’espérance, en tant que foi et espérance s’entendent des vertus théologiques au sens propre.
En outre, depuis le moment où elles ont commencé ou auront commencé dans ces âmes, cette même vision intuitive et face à face et cette même jouissance ont duré et dureront, sans interruption et sans fin, jusqu’au jugement dernier et dès lors à jamais.
« Nous définissons encore ce qui suit : d’après la disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurent dans le péché mortel actuel descendent aussitôt après leur mort en enfer, pour y subir la torture des peines infernales; et néanmoins, au jour du jugement, tous les hommes comparaîtront devant le tribunal du Christ avec leurs corps, pour rendre compte de leurs actes personnels, afin que chacun soit récompensé en son corps suivant qu'il aura fait le bien ou le mal ». (2eÉpître aux Corinthiens, V, 10). (Bullarium Romanum, ed. Taurinen.n IV, 346 et suiv. — D.- B., 530, 531).
(Note de Louis: Pour faciliter la compréhension du texte du Pape Benoit XII, j’ai séparé le texte qui était en un seul paragraphe. Bien à vous.)
Saint Jean Chrysostome, Homélie sur la IreÉpître aux Corinthiens, XLII, 3 :
« C’est pourquoi je vous demande et je vous conjure et, embrassant vos genoux, je vous supplie, tant que nous avons cette petite provision de vie, de laisser ces paroles nous toucher, nous convertir, nous rendre meilleurs, afin de ne pas nous lamenter; inutilement, comme ce riche, au moment du départ, car les pleurs ne nous seront alors d’aucun remède. Que tu aies un père, un fils ou n’importe qui, qui soit en faveur auprès de Dieu, personne ne te délivrera, si tes actions personnelles te livrent. Car tel est ce jugement : on y juge seulement d’après les œuvres et il est impossible d’y être acquitté autrement. Je ne parle pas ainsi pour jeter dans le désespoir, mais pour empêcher que, nourris dans une vaine et froide espérance et nous confiant à celui-ci et à celui-là, nous ne négligions notre vertu. Car, si nous avons été lâches et négligents, il n’y aura pas de juste, pas de prophète, pas d’apôtre, pour nous secourir » (P.-G., 61, 367 et suiv.. — R.-J., 1200).[/I]
Q. 113. Dans ce jugement général, quelle sera la sentence?
R. Au jugement général, voici quelle sera la sentence pour les justes : « Venez, les bénis de mon Père, prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la création du monde »; mais pour les réprouvés : « Retirez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges » (1).
__________________________________________________________________
(1) Saint Matthieu, XXV, 34, 41. — Saint Bonav., Soliloques, III, 5 : « Ô mon âme, que cette parole ne s’efface jamais de ta mémoire : Allez-vous-en, maudits, au feu éternel; venez, bénis, prenez possession du royaume. Peut-on rien imaginer de plus lamentable et de plus terrible que cet : Allez-vous-en? Et rien de plus délicieux que ce : Venez? Voilà deux paroles, l’une la plus horrible, l’autre la plus joyeuse qui se puissent entendre ».
Q. 114. En dehors du jugement général qui aura lieu à la fin du monde, existe-t-il un autre jugement?
R. Oui, en dehors du jugement général, qui aura lieu à la fin du monde, il y a pour chacun de nous, aussitôt après la mort, un jugement particulier (2).
_________________________________________________________________________
(2) Saint Paul, Ep. aux Hébreux, IX, 27.
Q. 116. Pourquoi le pouvoir de juger le genre humain est-il attribué au Christ?
R. Bien que le pouvoir de juger soit commun à toutes les Personnes de la Très Sainte Trinité, on l’attribue pourtant à titre spécial à Jésus-Christ, comme Dieu et comme homme, parce qu’il est « le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs »; or le pouvoir judiciaire est une des prérogatives du pouvoir royal, et c’est au pouvoir judiciaire qu’il appartient d’intimer à chacun, selon ses mérites, la récompense ou la peine (2).
_________________________________________________________
(2) Saint Jean, V, 27 : « Et II [le Père] Lui [au Fils] a donné le pouvoir de juger, parce qu’Il est le Fils de l’homme »; Pie XI, Encycl. Quas primas, 11 déc. 1925; Catéchisme du Conc. de Trente, p. I, chap. VIII, n. 5, 6.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Pie XI, Encyclique Quas primas, du 11 décembre 1925 :
« Jésus lui-même fait connaître qu’il tient de son Père le pouvoir judiciaire, lorsqu’il répond aux Juifs qui lui font un crime de violer le repos du sabbat par la guérison miraculeuse d’un infirme : Le Père, en effet, ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils(Saint Jean, V, 22). Il faut entendre par là, car il est impossible de séparer sanction et jugement, qu’il décerne de sa propre autorité, aux hommes encore vivants, récompenses et punitions.
En outre il faut attribuer au Christ le pouvoir appelé exécutif, en tant que tous sont nécessairement soumis à son empire. Les rebelles connaîtront cette puissance en étant condamnés à des supplices inéluctables » (Acta Apostolicae Sedis, XVII, 599).
Q. 583. Qu'arrive-t-il d’abord à l’âme après la mort?
R. L’âme, aussitôt après la mort, comparaît devant le tribunal du Christ pour y subir le jugement particulier (2).
__________________________________________________________________
(2) Ecclésiastique, XI, 28; saint Paul, Ép. aux Rom., XIV, 10; Ép. aux Hébr., IX, 27; Benoît XII, Constitution Benedictus Deus, du 29 janv. 1336; saint Augustin, De anima, II, 8.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _Benoît XII, Constitution Benedictus Deus, du 29 janvier 1336 :
a) « Dans cette constitution, qui restera à jamais en vigueur, de par notre autorité apostolique, Nous définissons ce qui suit : selon la disposition générale établie par Dieu, les âmes de tous les Saints qui ont quitté ce monde avant la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ et celles des saints apôtres, martyrs, confesseurs, vierges et autres fidèles morts après réception du saint baptême du Christ, qui n’ont rien eu à purifier à leur mort, ou qui à l'avenir n'auront rien à purifier à leur mort; celles aussi qui ont eu ou auront à se purifier, lorsqu'après leur mort elles auront achevé de le faire; de même encore les âmes des enfants régénérés par le même baptême du Christ ou encore à baptiser, quand ils l'auront été, s'ils meurent avant l'usage de leur libre arbitre; toutes, aussitôt après leur mort, ou après la purification susdite pour celles qui en avaient besoin, même avant la réunion à leurs corps et le jugement général, et cela depuis l'ascension de Jésus-Christ notre Sauveur, sont et seront au ciel, au royaume des cieux et au céleste paradis, avec le Christ, admises dans la société des Anges; et, depuis la mort et la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, elles ont vu et voient la divine essence d'une vision intuitive et même face à face, sans qu'aucune créature s'interpose dans l'idée de l’objet vu, mais immédiatement, grâce à la divine essence qui se manifeste elle-même à nu, clairement et ouvertement.
Et dans cette vision les âmes de ceux qui sont déjà morts jouissent de la divine essence et, par le fait même de cette vision et de cette jouissance, elles sont vraiment bienheureuses et possèdent la vie et le repos éternel; de même en sera-t-il [des âmes] de ceux qui, mourant dans la suite, verront la divine essence et en jouiront avant le jugement général.
De plus cette vision et cette jouissance de la divine essence font cesser dans ces âmes les actes de foi et d’espérance, en tant que foi et espérance s’entendent des vertus théologiques au sens propre.
En outre, depuis le moment où elles ont commencé ou auront commencé dans ces âmes, cette même vision intuitive et face à face et cette même jouissance ont duré et dureront, sans interruption et sans fin, jusqu’au jugement dernier et dès lors à jamais.
« Nous définissons encore ce qui suit : d’après la disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurent dans le péché mortel actuel descendent aussitôt après leur mort en enfer, pour y subir la torture des peines infernales; et néanmoins, au jour du jugement, tous les hommes comparaîtront devant le tribunal du Christ avec leurs corps, pour rendre compte de leurs actes personnels, afin que chacun soit récompensé en son corps suivant qu'il aura fait le bien ou le mal ». (2e Épître aux Corinthiens, V, 10). (Bullarium Romanum, ed. Taurinen.n IV, 346 et suiv. — D.- B., 530, 531).
Saint Augustin, De anima, II, 8 :
b) « [Vincentius Victor] croit, ce qui est très exact et très salutaire, que les âmes sont jugées dès qu’elles sortent de leurs corps, avant de comparaître à ce tribunal où elles doivent être jugées après la réunion à leurs corps; et qu’elles sont torturées ou glorifiées dans cette même chair dans laquelle elles ont vécu. Et ainsi toi tu l’ignorais encore? Est-il possible d’être sourd à l’enseignement de l’Évangile par une telle obstination de l’âme que de ne pas entendre, ou si on l’a entendue, de ne pas croire cette doctrine réalisée dans le pauvre porté après sa mort dans le sein d’Abraham, et dans le riche dont on nous décrit le supplice en enfer ? » (P. L. 44, 498. — R. J., 1880).
Q. 584. Sur quoi l’âme est-elle jugée dans le jugement particulier?
R. Dans le jugement particulier, l’âme est jugée absolument sur tout : pensées, paroles, actions et omissions; et ce jugement sera confirmé au jugement général, qui en sera comme la manifestation extérieure (3).
____________________________________________________
(3) Saint Matth., X, 26; XII, 36; saint Paul, Ire Ép. aux Cor., IV, 5.
Q. 585. Après le jugement particulier, qu’adviendra-t-il de l’âme?
R. Après le jugement particulier, l’âme, si elle est privée de la grâce à cause du péché mortel, est aussitôt livrée aux peines de l'Enfer; si elle est en état de grâce et libérée de tout péché véniel et de toute dette d’une peine temporelle, elle est aussitôt élevée à la gloire du Paradis; enfin, si elle est en état de grâce, mais avec quelque péché véniel ou quelque peine temporelle encore due, elle est retenue au Purgatoire jusqu’à ce qu’elle ait pleinement satisfait à la divine justice (1).
______________________________________________________________
(1) II Machab., XII, 46; saint Luc, XVI, 22; XXIII, 43; saint Paul, 2e Ép. aux Cor., V, 1-3; Concile de Florence, Décret pour les Grecs; saint Jean Damascène, De fide orthodoxa, IV, 27.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Concile de Florence, Decretum pro Graecis :
a) « Si des hommes vraiment repentants meurent dans l'amour de Dieu avant d'avoir satisfait par de dignes fruits de pénitence pour leurs fautes d'action ou d'omission, leurs âmes sont purifiées après la mort par les peines du purgatoire. Et pour la délivrance de ces peines, ils profitent des suffrages des fidèles vivants, c'est à-dire des Messes, prières, aumônes et autres œuvres pies que les fidèles ont coutume d'accomplir pour les autres fidèles, selon les règles établies par l'Église.
« Les âmes de ceux qui après la réception du baptême se sont gardés entièrement à l'abri de la tache du péché ou qui après avoir contracté la tache du péché en ont été purifiées, soit dans leur corps, soit une fois sorties de leurs corps de la manière susdite, sont immédiatement admises au ciel et voient clairement Dieu un et trine, en lui-même comme il est, plus ou moins parfaitement l'une que l'autre, cependant, selon la diversité des mérites. Quant aux âmes de ceux qui meurent dans le péché actuel ou seulement dans le péché originel, elles descendent immédiatement en enfer, afin d'y être punies par des peines inégales toutefois ». (Mansi, XXXI, 1031.— D.-B., 693).
Saint Jean Damascène, De fide orthodoxa, IV, 27 :
b) « Nous ressusciterons donc, nos âmes une fois réunies à nos corps devenus incorruptibles, et nous nous présenterons au redoutable tribunal du Christ. Alors le diable et ses démons, et son homme, l’Antéchrist, et les hommes impies et pécheurs seront livrés au feu éternel, qui n’est pas matériel, tel que le nôtre, mais tel que Dieu le connaît. Quant à ceux qui auront fait le bien, ils brilleront comme le soleil avec les Anges, pour la vie éternelle, avec Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour le voir et être vus de lui et jouir en conséquence d’une joie qui n’aura pas de fin, le louant avec le Père et le Saint-Esprit, pour l’infinité des siècles des siècles. Amen ». (P. G., 94,1228. — R. J. 2376
Q. 586. Quel sera l'état des damnés dans l'Enfer?
R. Dans l'Enfer, qui est aussi appelé : abîme ou géhenne dans l’Écriture Sainte, des peines éternelles torturent les démons et avec eux les hommes damnés, dans leur âme seulement avant le jugement général, dans leur âme et dans leur corps après le jugement général (2).
_____________________________________________________________________
(2) Saint Matth., VIII, 12; XIII, 42; XXIV, 51; XXV, 30, 41, 46; saint Luc, XIII, 27, 28; XVI, 22, 24, 28; saint Paul, 2e Ép. aux Thess., I, 9; Apocalypse, XIV, 9-11; IVe Concile de Latran, chap. I; Concile de Florence, l.c; Pape Vigile, Contre Origène canon 9; Benoît XII, l. c; Pie IX, Lettre aux Archevêques et Evêques d'Italie, 10 août 1863.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
IVe Concile de Latran (1215), ch. I, De fide catholica, contre les Albigeois :
a) « Et enfin le Fils unique de Dieu, Jésus-Christ viendra à la fin du monde juger les vivants et les morts et rendra à chacun, réprouvés ou élus, selon ses œuvres; et tous ressusciteront, avec les corps dont ils étaient ici-bas possesseurs, pour recevoir selon leurs œuvres, bonnes ou mauvaises, les uns, avec le diable, un châtiment perpétuel, et les autres, avec le Christ, la gloire éternelle ». (Mansi, loc. cit.— D.-B., 429).
Concile de Florence, Decretum pro Graecis :
b) « Si des hommes vraiment repentants meurent dans l'amour de Dieu avant d'avoir satisfait par de dignes fruits de pénitence pour leurs fautes d'action ou d'omission, leurs âmes sont purifiées après la mort par les peines du purgatoire. Et pour la délivrance de ces peines, ils profitent des suffrages des fidèles vivants, c'est à-dire des Messes, prières, aumônes et autres œuvres pies que les fidèles ont coutume d'accomplir pour les autres fidèles, selon les règles établies par l'Église.
« Les âmes de ceux qui après la réception du baptême se sont gardés entièrement à l'abri de la tache du péché ou qui après avoir contracté la tache du péché en ont été purifiées, soit dans leur corps, soit une fois sorties de leurs corps de la manière susdite, sont immédiatement admises au ciel et voient clairement Dieu un et trine, en lui-même comme il est, plus ou moins parfaitement l'une que l'autre, cependant, selon la diversité des mérites. Quant aux âmes de ceux qui meurent dans le péché actuel ou seulement dans le péché originel, elles descendent immédiatement en enfer, afin d'y être punies par des peines inégales toutefois ». (Mansi, XXXI, 1031. — D.-B., 693).
Benoît XII, Constitution Benedictus Deus, du 29 janvier 1336 :
c) « Dans cette constitution, qui restera à jamais en vigueur, de par notre autorité apostolique, Nous définissons ce qui suit : selon la disposition générale établie par Dieu, les âmes de tous les Saints qui ont quitté ce monde avant la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ et celles des saints apôtres, martyrs, confesseurs, vierges et autres fidèles morts après réception du saint baptême du Christ, qui n’ont rien eu à purifier à leur mort, ou qui à l'avenir n'auront rien à purifier à leur mort; celles aussi qui ont eu ou auront à se purifier, lorsqu'après leur mort elles auront achevé de le faire; de même encore les âmes des enfants régénérés par le même baptême du Christ ou encore à baptiser, quand ils l'auront été, s'ils meurent avant l'usage de leur libre arbitre; toutes, aussitôt après leur mort, ou après la purification susdite pour celles qui en avaient besoin, même avant la réunion à leurs corps et le jugement général, et cela depuis l'ascension de Jésus-Christ notre Sauveur, sont et seront au ciel, au royaume des cieux et au céleste paradis, avec le Christ, admises dans la société des Anges; et, depuis la mort et la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, elles ont vu et voient la divine essence d'une vision intuitive et même face à face, sans qu'aucune créature s'interpose dans l'idée de l’objet vu, mais immédiatement, grâce à la divine essence qui se manifeste elle-même à nu, clairement et ouvertement.
Et dans cette vision les âmes de ceux qui sont déjà morts jouissent de la divine essence et, par le fait même de cette vision et de cette jouissance, elles sont vraiment bienheureuses et possèdent la vie et le repos éternel; de même en sera-t-il [des âmes] de ceux qui, mourant dans la suite, verront la divine essence et en jouiront avant le jugement général.
De plus cette vision et cette jouissance de la divine essence font cesser dans ces âmes les actes de foi et d’espérance, en tant que foi et espérance s’entendent des vertus théologiques au sens propre.
En outre, depuis le moment où elles ont commencé ou auront commencé dans ces âmes, cette même vision intuitive et face à face et cette même jouissance ont duré et dureront, sans interruption et sans fin, jusqu’au jugement dernier et dès lors à jamais.
« Nous définissons encore ce qui suit : d’après la disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurent dans le péché mortel actuel descendent aussitôt après leur mort en enfer, pour y subir la torture des peines infernales; et néanmoins, au jour du jugement, tous les hommes comparaîtront devant le tribunal du Christ avec leurs corps, pour rendre compte de leurs actes personnels, afin que chacun soit récompensé en son corps suivant qu'il aura fait le bien ou le mal ». (2e Épître aux Corinthiens, V, 10). (Bullarium Romanum, ed. Taurinen.n IV, 346 et suiv. — D.- B., 530, 531).
Pie IX, Encyclique Quanto conficiamur, du 10 août 1863, aux évêques d’Italie :
L'Église
d) « Et ici, Fils chéris et vénérables Frères, il faut rappeler de nouveau et blâmer l'erreur très grave où sont malheureusement tombés quelques catholiques : ils croient que les hommes vivants dans l'erreur et séparés de la vraie foi et de l'unité catholique peuvent parvenir à la vie éternelle. Cela est tout à fait contraire à la doctrine catholique. Nous le savons et vous le savez, ceux qui souffrent d’une ignorance invincible à l'égard de notre très sainte religion, et qui observent avec soin la loi naturelle et ses préceptes gravés par Dieu dans le cœur de tous, qui sont disposés à obéir à Dieu, qui mènent une vie honnête et juste, ceux-là peuvent, par l'efficacité de la lumière divine et de la grâce, acquérir la vie éternelle; puisque Dieu, qui voit parfaitement les esprits, les âmes, les pensées et les habitudes de tous, les scrute et les connaît, ne souffre pas, dans sa bonté et dans sa clémence souveraines, que quelqu’un qui n’est point coupable d’une faute volontaire soit puni par des supplices éternels. Mais parfaitement connu aussi est le dogme catholique : hors de l'Église catholique nul ne peut être sauvé, et les contumaces rebelles à l'autorité et aux définitions de l'Église, ceux qui demeurent opiniâtrement hors de l'unité de cette Église et séparés du Pontife romain, successeur de Pierre, à qui la garde de la vigne a été confiée par le Sauveur, ceux-là ne peuvent obtenir le salut éternel ». (Acta Pii IX, I, III, 613. — D.-B., 1677).
Vigile, Pape, Adversus Origenem, can. 9 :
e)« Si quelqu’un dit ou pense que le supplice des démons et des impies est temporaire, et qu’il prendra fin un jour, ou qu’il y aura restauration et réintégration des démons ou des impies : qu’il soit anathème ». (Mansi, IX, 534. — D.-B., 211).
Q. 587. Quelles sont les peines dont les damnés sont affligés en Enfer?
R. Les peines dont les damnés sont affligés en Enfer sont :
1° la peine du dam, c’est-à-dire la privation perpétuelle de la vision béatifique de Dieu;
2º la peine du sens, c’est-à-dire un feu réel, qui torture sans consumer, les ténèbres, les remords et l'angoisse de la conscience, la société des démons et des autres damnés (1).
____________________________________________________________
(1) Saint Matth., III, 12; XIII, 42; XVIII, 8; XXIV, 51; XXV, 30, 41, 46; saint Luc, XIII, 28; XVI, 24, 28; Apoc., XXI, 8; Catéchisme du Concile de Trente, Ire p., chap. VIII, n. 9, 10.
Q. 588. Les peines des damnés sont-elles les mêmes pour tous?
R. La peine du dam est la même pour tous; les autres peines des damnés ne sont pas les mêmes pour tous, mais varient avec le nombre et la gravité des péchés (2).
____________________________________________________________
(2) Concile de Florence, l. c; saint Grégoire le Grand, Dialog., IV, 43; saint Augustin, De fide, spe et caritate, 3.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
a) Concile de Florence, Decretum pro Graecis :
« Si des hommes vraiment repentants meurent dans l'amour de Dieu avant d'avoir satisfait par de dignes fruits de pénitence pour leurs fautes d'action ou d'omission, leurs âmes sont purifiées après la mort par les peines du purgatoire. Et pour la délivrance de ces peines, ils profitent des suffrages des fidèles vivants, c'est à-dire des Messes, prières, aumônes et autres œuvres pies que les fidèles ont coutume d'accomplir pour les autres fidèles, selon les règles établies par l'Église.
« Les âmes de ceux qui après la réception du baptême se sont gardés entièrement à l'abri de la tache du péché ou qui après avoir contracté la tache du péché en ont été purifiées, soit dans leur corps, soit une fois sorties de leurs corps de la manière susdite, sont immédiatement admises au ciel et voient clairement Dieu un et trine, en lui-même comme il est, plus ou moins parfaitement l'une que l'autre, cependant, selon la diversité des mérites. Quant aux âmes de ceux qui meurent dans le péché actuel ou seulement dans le péché originel, elles descendent immédiatement en enfer, afin d'y être punies par des peines inégales toutefois ». (Mansi, XXXI, 1031. — D.-B., 693).
Saint Grégoire le Grand, Dialog., IV, 43 :
b) « Il n’y a qu’un seul feu dans la géhenne, mais il ne torture pas autant tous les pécheurs. Car chacun éprouve un châtiment proportionné à sa faute ». (P. L., 77, 401. — R. J., 2322).
Saint Augustin, Enchiridion, sive De fide, spe et caritate, III :
c) « Après la résurrection, une fois fait et achevé le jugement universel, les deux cités auront atteint leurs limites, la cité du Christ et celle du diable, celle des bons et celle des méchants, toutes deux d’ailleurs comprenant des anges et des hommes. Les uns ne pourront plus aucunement avoir la volonté ni les autres la faculté de pécher, ni aucune occasion de mort. Les uns vivront vraiment et heureusement dans l’éternelle vie; les autres demeureront dans l’éternelle mort, privés du pouvoir de mourir, car les uns et les autres n’auront point de fin. Mais les uns demeureront dans une béatitude plus ou moins élevée et les autres dans une misère plus ou moins tolérable selon les individus ». (P. L., 40, 284. — R. J., 1931).
Q. 589. Quel sera l'état de l'âme au Purgatoire?
R. Au Purgatoire, l'âme subit les peines temporelles dues pour ses péchés et qui n’ont pas été complètement soldées en cette vie, jusqu’à ce qu’elle ait pleinement satisfait à la justice divine et soit ainsi admise en Paradis (3).
____________________________________________________________
(3) II Machab., XII, 43-46; saint Matth., XII, 32; saint Paul, Ire Ép. aux Cor., III, 12-15; IIe Concile de Lyon, Prof. de foi de Michel Paléologue; Concile de Florence, l. c; Concile de Trente, sess. XXV, Décret sur le Purgatoire; Benoît XII, l. c; Léon X, Prop. de Luther condamnées le 13 juin 1520 (prop. 37-40);Pie IV, Prof. de foi; saint Grégoire le Grand, Dialog.IV, 39.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
IIe Concile de Lyon (1274), Profession de foi de Michel Paléologue :
a) « ...Si des hommes vraiment repentants meurent dans la charité avant d’avoir satisfait par de dignes fruits de pénitence pour leurs fautes d’action ou d’omission, leurs âmes sont purifiées après la mort par les peines du purgatoire, c’est-à-dire purifiantes, comme le frère Jean nous l’a expliqué. Et pour la délivrance de ces peines ils profitent des suffrages des fidèles vivants, c’est-à-dire des Messes, prières, aumônes et autres œuvres pies que les fidèles ont coutume d’accomplir pour les autres fidèles, selon les règles établies par l’Église ». (Mansi, XXIV,70. — D.-B.,464).
b) Concile de Florence : cf. Concile de Florence, Decretum pro Graecis :
« Si des hommes vraiment repentants meurent dans l'amour de Dieu avant d'avoir satisfait par de dignes fruits de pénitence pour leurs fautes d'action ou d'omission, leurs âmes sont purifiées après la mort par les peines du purgatoire. Et pour la délivrance de ces peines, ils profitent des suffrages des fidèles vivants, c'est à-dire des Messes, prières, aumônes et autres œuvres pies que les fidèles ont coutume d'accomplir pour les autres fidèles, selon les règles établies par l'Église.
« Les âmes de ceux qui après la réception du baptême se sont gardés entièrement à l'abri de la tache du péché ou qui après avoir contracté la tache du péché en ont été purifiées, soit dans leur corps, soit une fois sorties de leurs corps de la manière susdite, sont immédiatement admises au ciel et voient clairement Dieu un et trine, en lui-même comme il est, plus ou moins parfaitement l'une que l'autre, cependant, selon la diversité des mérites. Quant aux âmes de ceux qui meurent dans le péché actuel ou seulement dans le péché originel, elles descendent immédiatement en enfer, afin d'y être punies par des peines inégales toutefois ». (Mansi, XXXI, 1031. — D.-B., 693).
Concile de Trente, session XXV, Decretum de Purgatorio :
c) « L'Église catholique, instruite par l’Esprit-Saint, ayant toujours enseigné, d’après la sainte Écriture et l’antique tradition des Pères, dans les Conciles précédents comme dans le présent Concile, qu’il y a un purgatoire, et que les âmes qui y sont retenues sont soulagées par les suffrages des fidèles, particulièrement par le Sacrifice de l’autel, si agréable à Dieu, le saint Concile ordonne aux évêques de faire tous leurs efforts pour ce que les fidèles du Christ croient et pratiquent, au sujet du Purgatoire, la saine doctrine que nous ont donnée les saints Pères et les Conciles, et pour que ce soit cette doctrine qu’on enseigne et qu’on prêche partout...
« Que les Évêques veillent à ce que les suffrages des fidèles vivants, — Messes, prières, aumônes et autres œuvres pies, qu’ils ont coutume d’accomplir pour les fidèles défunts, — se fassent avec piété et dévotion, conformément aux usages établis dans l’Église; et à ce que ce qu’on leur doit en vertu de fondations testamentaires ou de toute autre disposition soit acquitté avec soin et exactitude, et non comme pour s’en débarrasser, par les prêtres, les ministres de l’Église et les autres qui y sont tenus ». (D.-B., 983).
d) Benoît XII, Constitution Benedictus Deus, du 29 janvier 1336 :
« Dans cette constitution, qui restera à jamais en vigueur, de par notre autorité apostolique, Nous définissons ce qui suit : selon la disposition générale établie par Dieu, les âmes de tous les Saints qui ont quitté ce monde avant la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ et celles des saints apôtres, martyrs, confesseurs, vierges et autres fidèles morts après réception du saint baptême du Christ, qui n’ont rien eu à purifier à leur mort, ou qui à l'avenir n'auront rien à purifier à leur mort; celles aussi qui ont eu ou auront à se purifier, lorsqu'après leur mort elles auront achevé de le faire; de même encore les âmes des enfants régénérés par le même baptême du Christ ou encore à baptiser, quand ils l'auront été, s'ils meurent avant l'usage de leur libre arbitre; toutes, aussitôt après leur mort, ou après la purification susdite pour celles qui en avaient besoin, même avant la réunion à leurs corps et le jugement général, et cela depuis l'ascension de Jésus-Christ notre Sauveur, sont et seront au ciel, au royaume des cieux et au céleste paradis, avec le Christ, admises dans la société des Anges; et, depuis la mort et la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, elles ont vu et voient la divine essence d'une vision intuitive et même face à face, sans qu'aucune créature s'interpose dans l'idée de l’objet vu, mais immédiatement, grâce à la divine essence qui se manifeste elle-même à nu, clairement et ouvertement.
Et dans cette vision les âmes de ceux qui sont déjà morts jouissent de la divine essence et, par le fait même de cette vision et de cette jouissance, elles sont vraiment bienheureuses et possèdent la vie et le repos éternel; de même en sera-t-il [des âmes] de ceux qui, mourant dans la suite, verront la divine essence et en jouiront avant le jugement général.
De plus cette vision et cette jouissance de la divine essence font cesser dans ces âmes les actes de foi et d’espérance, en tant que foi et espérance s’entendent des vertus théologiques au sens propre.
En outre, depuis le moment où elles ont commencé ou auront commencé dans ces âmes, cette même vision intuitive et face à face et cette même jouissance ont duré et dureront, sans interruption et sans fin, jusqu’au jugement dernier et dès lors à jamais.
« Nous définissons encore ce qui suit : d’après la disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurent dans le péché mortel actuel descendent aussitôt après leur mort en enfer, pour y subir la torture des peines infernales; et néanmoins, au jour du jugement, tous les hommes comparaîtront devant le tribunal du Christ avec leurs corps, pour rendre compte de leurs actes personnels, afin que chacun soit récompensé en son corps suivant qu'il aura fait le bien ou le mal ». (2e Épître aux Corinthiens, V, 10). (Bullarium Romanum, ed. Taurinen.n IV, 346 et suiv. — D.- B., 530, 531).
Léon X, Bulle Exsurge Domine, du 15 juin 1520, contre les erreurs de Luther, 37e à 40e propositions condamnées :
e) « 37. On ne peut prouver le purgatoire par la Sainte Ecriture, telle qu’elle est contenue dans le canon.
« 38. Les âmes du purgatoire ne sont pas sûres de leur salut, du moins pas toutes, et il n’est prouvé, ni par des arguments rationnels, ni par des arguments scripturaires, qu’elles ne soient plus en état de mériter ou de croître en charité.
« 39. Les âmes du purgatoire pèchent sans relâche tant qu’elles cherchent le repos et ont horreur des souffrances.
« 40. Les âmes délivrées du purgatoire par les suffrages des vivants jouissent d’une moindre béatitude que si elles avaient satisfait par elles-mêmes ». (Bullarium Romanum, ed. Taurinen., V, 751. — D.-B., 777-780).
Pie IV, Constitution Iniunctum nobis, du 13 novembre 1564, Profession de foi du Concile de Trente :
f) « Je crois avec assurance que le purgatoire existe et que les âmes qui y sont retenues sont aidées par les suffrages des fidèles; semblablement, qu’il faut vénérer et invoquer les Saints associés au règne du Christ, et qu’il faut vénérer leurs reliques. J’affirme avec force qu’on doit avoir et garder les images du Christ, de la Mère de Dieu toujours Vierge et des autres Saints, et leur rendre l’honneur et la vénération qui leur sont dus ; en outre que le Christ a laissé à l’Église le pouvoir des indulgences et j’affirme que leur usage est extrêmement salutaire pour le peuple chrétien ». (Mansi, XXXIII, 221 s. — D.-B., 998).
Saint Grégoire le Grand, Dialog., IV, 39 :
g) « Tel chacun sort de ce monde, tel il se présente au jugement. Mais on doit croire qu’il y a pour certaines fautes légères un feu purificateur avant le jugement, puisque la Vérité dit que, si quelqu’un blasphème contre l’Esprit-Saint, cela ne lui sera pardonné ni en ce siècle ni dans le siècle à venir (saint Matthieu, XII, 32). Cette phrase donne à entendre que certaines fautes peuvent être remises en ce siècle, et certaines dans le siècle à venir. Car ce que l’on nie pour un seul cas fait clairement comprendre par voie de conséquence que la même chose est concédée pour certains cas. Mais pourtant, comme je l’ai déjà dit, on doit croire que cela peut avoir lieu pour des péchés plus ou moins petits ». (P. L., 77, 396. — R. J., 2321).
Q. 590. De quelles peines l'âme est-elle punie au Purgatoire?
R. Au Purgatoire, l'âme est punie de la peine du dam et de la peine du sens, c’est-à-dire de la privation temporaire de la vision béatifique et d’autres châtiments graves.
Q. 591. Les peines des âmes au Purgatoire sont-elles les mêmes pour toutes?
R. Les peines des âmes au Purgatoire ne sont pas les mêmes pour toutes, mais elles diffèrent entre elles en violence et en durée selon le péché véniel et la peine temporelle due par chaque âme; de plus, elles peuvent être abrégées et adoucies par les suffrages accomplis pour ces âmes.
Q. 592. Le Purgatoire cessera-t-il après le jugement général?
R. Le Purgatoire cessera après le jugement général, et toutes les âmes qui y étaient détenues, ayant satisfait selon le mode établi par Dieu, seront reçues en Paradis (1).
________________________________________________________
(1) Saint Matth., XXV, 31-34, 41, 46; saint Jean, V, 29; saint Augustin, La cité de Dieu, XXI, 13,16.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Saint Augustin, La Cité de Dieu, XXI, 13, 16 :
« Ils souffrent des peines temporaires, les uns en cette vie seulement, les autres après la mort, les autres en cette vie et après la mort, mais avant les suprêmes rigueurs du dernier jugement. Ils n’iront pas tous aux peines éternelles qui doivent suivre le jugement, ceux qui après la mort en subissent de temporaires...
« On doit croire que toutes ces peines purifiantes seront subies avant ce dernier et formidable jugement. Cependant on ne saurait aucunement nier que le feu éternel lui-même ne doive être plus cruel pour les uns et plus bénin pour les autres suivant la diversité des mérites, bien que tous soient mauvais : soit que la violence et l’ardeur du feu varie en proportion du châtiment mérité par chacun, soit qu’il brûle également pour tous sans que tous en éprouvent une égale souffrance ». (P. L., 41, 728, 731. — R. J. , 1776, 1778).
Q. 593. Quel sera l'état des âmes des justes en Paradis?
R. En Paradis, les âmes des justes, sans leur corps avant le jugement général, avec leur corps après ce jugement, jouissent de la vision béatifique de Dieu, en même temps que de tout bien, sans mélange ni crainte d’aucun mal, dans la société de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de la Bienheureuse Vierge Marie et de tous les autres habitants des Cieux (1).
____________________________________________________________________
(1) Sagesse, III, 7, 8; V, 5, 16,17; Isaïe, XLIX, 10; LX, 18-22; saint Matth., XIII, 43; XIX, 28, 29; XXV, 34, 46; saint Luc, XVI, 22; XXII, 29, 30; saint Jean, XVII, 24; saint Paul, Ire Ép. aux Cor., II, 9; XV, 41 et suiv.; IIe Ép. aux Cor., XII, 4; Ire Epître de saint Pierre, I, 4; V, 4; Apoc, VII, 9, 16, 17; XXI, 1-4, 10-14; XXII, 1-5; IVe Concile de Latran, l. c; Conc. de Vienne, Contre les erreurs des Béguards et Béguines; Benoît XII et Concile de Florence, l.c.;Catéchisme du Concile de Trente, Ire p., ch. XIII, n. 4 et suiv.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
a) IVe Concile de Latran (1215), ch. I, De fide catholica, contre les Albigeois :
« Et enfin le Fils unique de Dieu, Jésus-Christ viendra à la fin du monde juger les vivants et les morts et rendra à chacun, réprouvés ou élus, selon ses œuvres; et tous ressusciteront, avec les corps dont ils étaient ici-bas possesseurs, pour recevoir selon leurs œuvres, bonnes ou mauvaises, les uns, avec le diable, un châtiment perpétuel, et les autres, avec le Christ, la gloire éternelle ». (Mansi, loc. cit.— D.-B., 429).
b) Concile de Florence, Decretum pro Graecis :
« Si des hommes vraiment repentants meurent dans l'amour de Dieu avant d'avoir satisfait par de dignes fruits de pénitence pour leurs fautes d'action ou d'omission, leurs âmes sont purifiées après la mort par les peines du purgatoire. Et pour la délivrance de ces peines, ils profitent des suffrages des fidèles vivants, c'est à-dire des Messes, prières, aumônes et autres œuvres pies que les fidèles ont coutume d'accomplir pour les autres fidèles, selon les règles établies par l'Église.
« Les âmes de ceux qui après la réception du baptême se sont gardés entièrement à l'abri de la tache du péché ou qui après avoir contracté la tache du péché en ont été purifiées, soit dans leur corps, soit une fois sorties de leurs corps de la manière susdite, sont immédiatement admises au ciel et voient clairement Dieu un et trine, en lui-même comme il est, plus ou moins parfaitement l'une que l'autre, cependant, selon la diversité des mérites. Quant aux âmes de ceux qui meurent dans le péché actuel ou seulement dans le péché originel, elles descendent immédiatement en enfer, afin d'y être punies par des peines inégales toutefois ». (Mansi, XXXI, 1031. — D.-B., 693).
c) Benoît XII, Constitution Benedictus Deus, du 29 janvier 1336 :
« Dans cette constitution, qui restera à jamais en vigueur, de par notre autorité apostolique, Nous définissons ce qui suit : selon la disposition générale établie par Dieu, les âmes de tous les Saints qui ont quitté ce monde avant la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ et celles des saints apôtres, martyrs, confesseurs, vierges et autres fidèles morts après réception du saint baptême du Christ, qui n’ont rien eu à purifier à leur mort, ou qui à l'avenir n'auront rien à purifier à leur mort; celles aussi qui ont eu ou auront à se purifier, lorsqu'après leur mort elles auront achevé de le faire; de même encore les âmes des enfants régénérés par le même baptême du Christ ou encore à baptiser, quand ils l'auront été, s'ils meurent avant l'usage de leur libre arbitre; toutes, aussitôt après leur mort, ou après la purification susdite pour celles qui en avaient besoin, même avant la réunion à leurs corps et le jugement général, et cela depuis l'ascension de Jésus-Christ notre Sauveur, sont et seront au ciel, au royaume des cieux et au céleste paradis, avec le Christ, admises dans la société des Anges; et, depuis la mort et la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, elles ont vu et voient la divine essence d'une vision intuitive et même face à face, sans qu'aucune créature s'interpose dans l'idée de l’objet vu, mais immédiatement, grâce à la divine essence qui se manifeste elle-même à nu, clairement et ouvertement.
Et dans cette vision les âmes de ceux qui sont déjà morts jouissent de la divine essence et, par le fait même de cette vision et de cette jouissance, elles sont vraiment bienheureuses et possèdent la vie et le repos éternel; de même en sera-t-il [des âmes] de ceux qui, mourant dans la suite, verront la divine essence et en jouiront avant le jugement général.
De plus cette vision et cette jouissance de la divine essence font cesser dans ces âmes les actes de foi et d’espérance, en tant que foi et espérance s’entendent des vertus théologiques au sens propre.
En outre, depuis le moment où elles ont commencé ou auront commencé dans ces âmes, cette même vision intuitive et face à face et cette même jouissance ont duré et dureront, sans interruption et sans fin, jusqu’au jugement dernier et dès lors à jamais.
« Nous définissons encore ce qui suit : d’après la disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurent dans le péché mortel actuel descendent aussitôt après leur mort en enfer, pour y subir la torture des peines infernales; et néanmoins, au jour du jugement, tous les hommes comparaîtront devant le tribunal du Christ avec leurs corps, pour rendre compte de leurs actes personnels, afin que chacun soit récompensé en son corps suivant qu'il aura fait le bien ou le mal ». (2e Épître aux Corinthiens, V, 10). (Bullarium Romanum, ed. Taurinen.n IV, 346 et suiv. — D.- B., 530, 531).
d) Concile de Vienne (1311-1312), contre les erreurs des Bégards et des Béguines, 5e proposition condamnée :
« 5. Toute nature intellectuelle en elle-même, naturellement, est bienheureuse et l'âme n’a pas besoin de la lumière de gloire qui l’élève à la vision de Dieu et à jouir de lui dans la béatitude ». (Mansi, XXV, 410. — D.-B., 475).
Q. 594. Tous les bienheureux du Paradis jouissent-ils également de la béatitude éternelle?
R. Tous les bienheureux du Paradis ne jouissent pas également de la béatitude éternelle, mais les uns plus parfaitement que les autres (2).
_______________________________________________________________
(2) Concile de Florence, l. c; Concile de Trente, sess. VI, De Justif., can. 32; saint Grégoire le Grand, Moralia, IV, 70 ; Aphraate, Démonstrations, XXII, 19 ; saint Ephrem, Hymnes et Sermons, 11; saint Jérôme, Contre Jovinien, II, 32, 34; Contre les livres de Rufin, 1, 23; saint Augustin, Sermon LXXXVII, 4, 6; Sur l'Évang. de saint Jean, LXVII, 2.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
a) Concile de Florence, Decretum pro Graecis :
« Si des hommes vraiment repentants meurent dans l'amour de Dieu avant d'avoir satisfait par de dignes fruits de pénitence pour leurs fautes d'action ou d'omission, leurs âmes sont purifiées après la mort par les peines du purgatoire. Et pour la délivrance de ces peines, ils profitent des suffrages des fidèles vivants, c'est à-dire des Messes, prières, aumônes et autres œuvres pies que les fidèles ont coutume d'accomplir pour les autres fidèles, selon les règles établies par l'Église.
« Les âmes de ceux qui après la réception du baptême se sont gardés entièrement à l'abri de la tache du péché ou qui après avoir contracté la tache du péché en ont été purifiées, soit dans leur corps, soit une fois sorties de leurs corps de la manière susdite, sont immédiatement admises au ciel et voient clairement Dieu un et trine, en lui-même comme il est, plus ou moins parfaitement l'une que l'autre, cependant, selon la diversité des mérites. Quant aux âmes de ceux qui meurent dans le péché actuel ou seulement dans le péché originel, elles descendent immédiatement en enfer, afin d'y être punies par des peines inégales toutefois ». (Mansi, XXXI, 1031. — D.-B., 693).
Concile de Trente, session VI, Décret. de justificatione, can. 32 :
b) « Si quelqu’un dit que les bonnes œuvres d’un homme justifié sont tellement des dons de Dieu qu’elles ne soient pas aussi les mérites de cet homme justifié ou que les bonnes œuvres qu’il fait par la grâce de Dieu et par le mérite de Jésus-Christ dont il est un membre vivant ne lui méritent pas en justice une augmentation de grâce, la vie éternelle, la possession de cette même vie, pourvu qu’il meure en état de grâce, et même une augmentation de gloire : qu’il soit anathème ». (D.— B., 842).
Saint Grégoire le Grand, Moralia, IV, 70 :
c) « Puisqu’en cette vie il y a entre nous diversité des œuvres, sans aucun doute il y aura en l'autre diversité des dignités et, comme ici bas un homme l'emporte sur l'autre en mérite, là-haut l'un dépassera l'autre en récompense. C’est pourquoi la Vérité dit dans l’Évangile : Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures (saint Jean, XIV, 2). Mais la diversité des récompenses qu’on recevra dans ces « nombreuses demeures » sera elle-même, de quelque façon, harmonieuse. Car nous serons si fortement unis dans ce séjour de paix que ce que l’un n’aura pas reçu en lui-même, il exultera de l’avoir reçu en autrui. C’est pourquoi ceux qui n’ont pas travaillé également dans la vigne (saint Matthieu, XX, 10) reçoivent également un denier. Certes il y a de nombreuses demeures auprès du Père, et pourtant des hommes qui ont inégalement travaillé reçoivent le même denier; car la béatitude de la joie sera unique pour tous, bien que la sublimité de la vie ne le soit pas ». (P. L., 75, 677. — R. J., 2308).
Aphraate, Demonstrationes, XXII, 19 :
d) « Écoutez maintenant ce que dit l’Apôtre : Chacun recevra sa récompense selon son travai (Ire Épître aux Corinthiens, III, 8). Celui qui aura peu travaillé recevra selon sa fatigue. Celui qui aura beaucoup couru emportera le prix selon sa course... Et l’Apôtre dit encore : L'étoile dépasse l'étoile en éclat; ainsi en sera-t-il de la résurrection des morts. (Ire Épître aux Corinthiens, XV, 41-42). Tu sauras ainsi que, même lorsqu’ils entreront dans la vie, tous les hommes recevront un salaire plus ou moins élevé, une gloire plus ou moins éclatante et une récompense plus ou moins grande les uns que les autres ». (Patrologia Syriaca, I, 1030.— R. J., 696).
Saint Ephrem, Hymni et sermones, Sermo de magis, II :
e) « Ceux qui auront fait le bien passeront dans un lieu rempli de biens; mais les mauvais demeureront dans la géhenne pour devenir la nourriture du feu, et pour que les flots de feu les entraînent et les mènent chacun dans sa demeure; ils immergent celui-ci dans la boue, d’où il ne sera jamais retiré; ils jettent celui-là dans le feu, pour qu’il y reste éternellement; l’un sortira dans les ténèbres et ne verra jamais le feu; l’autre descendra dans l’abîme et n’en remontera jamais; mais un autre ira dans le lieu saint pour y rester éternellement. Il y en a qui siégeront au deuxième degré, d’autres au troisième, d’autres seront élevés jusqu’au cinquième, d’autres jusqu’au sixième, d’autres jusqu’au trentième, d’autres siégeront dans les sommets... Car chacun recevra de la justice en personne le salaire proportionné à son travail ».
(Lamy, S. Ephr. Hymni et sermones, II, 424. — R. J. 710).
Saint Jérôme, Adversus Jovinianum, II, 32-34 :
f) « C’est ici-bas l’effet de nos efforts, de nous préparer des récompenses diverses, selon la diversité de nos forces... Si nous devons tous être égaux dans le ciel, c’est en vain que nous nous humilions ici-bas pour pouvoir occuper une place plus élevée là-haut... A quoi bon la persévérance des vierges ? A quoi bon le travail des veuves ? Pourquoi la continence des épouses ? Péchons tous et, après nous être repentis, nous serons tout pareils aux Apôtres ». (P. L., 23, 329 ss. — R. J., 1383).
Du même, Adversus libros Rufini, I, 23 :
g) « Comme on appelle archange celui qui vient avant les anges, ainsi les principautés, les puissances et les dominations ne reçoivent ce nom que parce qu’elles ont des êtres placés sous elles et appartenant à un ordre inférieur... De même qu’entre les hommes règne une hiérarchie de dignités, conformément à la variété des travaux, — puisque l’évêque, le prêtre et tout membre de la hiérarchie de l’Église a son rang déterminé, — et pourtant tous sont hommes, ainsi entre les anges il y a diversité de mérites, quoique tous demeurent dans leurs prérogatives d’ange ». (P. L. , 23, 416 s.. — R. J., 1394).
Saint Augustin, Sermon 87, 4, 6 :
h) « Nous serons donc tous égaux à l’égard de ce salaire, les premiers étant les derniers et les derniers les premiers; car ce denier (saint Matthieu, XX, 2) est la vie éternelle et dans la vie éternelle tous seront égaux. Car, si les uns brilleront davantage que les autres suivant la diversité des mérites, cependant en ce qui concerne la vie éternelle [en elle-même] elle sera égale pour tous ». (P. L., 38, 533. — R. J., 1502).
Du même, In Joannis evangelium tractatus, LXVII, 2 :
i) « Il est égal pour tous, ce denier que le père de famille fait donner à tous ceux qui ont travaillé dans la vigne sans faire de différence entre ceux qui ont travaillé plus ou moins (saint Matthieu, XX, 9) ; évidemment, ce denier signifie la vie éternelle dans laquelle nul ne vit plus qu’un autre, car il n’y a pas mesure diverse de vie dans l’éternité. Mais les nombreuses demeures (saint Jean, XIV, 2) signifient l’éclat des mérites, divers dans l’unité de la vie éternelle ». (P. L., 35, 1812. — R. J., 1831).
Q. 595. Quelle est la raison de cette différence?
R. La raison de cette différence est la suivante : les bienheureux ont la vision béatifique de Dieu par la lumière de gloire, qui est infusée par Dieu à chacun, aux Anges selon la dignité et la grâce de chacun, aux hommes selon les mérites de chacun, de telle sorte cependant que tous, bien qu’inégalement dotés de la lumière de gloire, soient pleinement satisfaits et bienheureux.
Les péchés actuels ou personnels (1).
Q. 559. Que fait celui qui viole la loi de Dieu malgré la grâce qu'il accorde toujours pour le salut?
R. Celui qui viole sciemment et librement la loi de Dieu, malgré la grâce qu’il accorde toujours pour le salut, commet un péché actuel ou personnel.
__________________________________________________________
Q. 560. Qu'est-ce donc que le péché actuel?
R. Le péché actuel est la transgression de la loi de Dieu sciemment et librement commise (2).
_____________________________________________________________
(2) Cette notion du péché est vraie non seulement si le péché va contre un commandement divin, mais encore s’il va contre un commandement humain, car c’est Dieu qui communique le pouvoir (omnis potestas a Deo est) et c’est lui qui ordonne d’observer les commandements portés par les pouvoirs légitimes (obedite praepositis vestris).
Q. 561. De combien de façons le péché actuel peut-il être commis?
R. Le péché actuel peut être commis par pensée, par parole et par acte, soit qu’on accomplisse cet acte, soit qu’on l’omette; et cela, soit contre Dieu, soit contre nous-même, soit contre le prochain, selon que la loi que nous violons regarde directement Dieu, nous-même ou le prochain.
Q. 562. Que naît-il de la répétition du même péché actuel?
R. De la répétition du même péché actuel naît une habitude qui nous incline à faire le mal; une telle habitude s’appelle un vice.
Q. 563. Comment se divise le péché actuel?
R. Le péché actuel se divise en péché mortel et péché véniel (1).
________________________________________________
(1) Saint Jérôme, Contre Jovinien, II, 30; saint Césaire d’Arles, Sermon CIV, 2.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Saint Jérôme, Adversus Jovinianum, II, 30 :
a) « Il y a des péchés légers et il y a des péchés graves. C’est autre chose de devoir dix mille talents, autre chose de devoir un liard... Tu vois qu’en priant pour les petits péchés nous en obtiendrons le pardon; que pour les grands il sera difficile à obtenir; et qu’entre péchés et péchés il y a une grande différence ». (P. L., 23, 327. — R. J., 1382).
Saint Césaire d’Arles, Sermon 104, 2 :
b) « Bien que l'Apôtre ait fait mention d'un plus grand nombre de péchés capitaux, nous, afin de ne pas paraître inciter au désespoir, nous indiquons brièvement quels sont ces péchés : le sacrilège, l’homicide, l’adultère, le faux témoignage, le vol, la rapine, l’orgueil, l’envie, l’avarice. Et l’on fait entrer dans ce nombre la colère, si on s’y obstine longtemps, et l’ivrognerie, si elle est habituelle. En effet, quiconque reconnaît que l’un de ces péchés domine en lui, à moins qu’il ne se soit suffisamment corrigé, qu’il n’ait fait longuement pénitence, s’il en a le temps, qu’il n’ait répandu de larges aumônes et ne se soit abstenu de ces mêmes péchés, il ne pourra pas être purifié par ce feu transitoire dont parle l’Apôtre : la flamme éternelle le torturera sans remède.
Quant aux péchés légers, bien que tout le monde les connaisse, il nous faut en nommer au moins quelques-uns — car il serait trop long d’en faire la liste complète. Chaque fois qu’on prend plus qu’il n’est nécessaire de nourriture ou de boisson, on saura que ce sont là péchés légers. Chaque fois qu’on parle plus qu’il ne faut ou qu’on se tait plus qu’il ne convient... Nous ne croyons pas que ces péchés causent la mort de l’âme, mais ils la défigurent pour ainsi dire en la couvrant comme de pustules et d’une horrible lèpre, si bien qu’ils ne lui permettent guère de venir au devant des embrassements de l’époux céleste, du moins ils ne lui permettent d’y venir qu’avec une grande confusion... Et si nous ne remercions pas Dieu dans l’épreuve et ne rachetons pas nos péchés par de bonnes œuvres, nous devrons rester dans ce feu purificateur autant de temps qu’il faudra pour que se consument, comme du bois, du foin, de la paille, ces péchés légers, que nous venons de nommer. — Mais on dira : Cela ne me fait rien d’attendre aussi longtemps qu’il le faudra, si malgré tout j’obtiens la vie éternelle. Que personne ne parle ainsi, frères très chers, car ce feu purificateur sera plus cruel que tous les châtiments que l’on peut imaginer, voir ou éprouver en ce monde». (P. L., 39,1946. - R- J., 2233)
Q. 564. Qu'est-ce qu’un péché mortel?
R. Un péché mortel est une transgression de la loi sciemment et librement commise avec la conscience d’une obligation grave.
Q. 565. Pourquoi ce péché est-il dit mortel?
R. Ce péché est dit mortel parce que, en détournant l’âme de sa fin dernière, il la prive de sa vie surnaturelle qui est la grâce sanctifiante, la rend digne [de] la mort éternelle de l’Enfer, mortifie les mérites acquis, en sorte qu’ils ne servent plus pour le salut, jusqu’à ce qu’ils revivent, si la grâce est recouvrée, enfin empêche toute œuvre méritoire de la vie éternelle (2).
___________________________________________________________
(2) Ezéchiel, XVIII, 24; XXXIII, 13; saint Paul, IreEpître aux Cor., VI, 9,10; XIII, 1-3. — Chrétien, soyez prêt à perdre tous les biens terrestres et à souffrir tous les maux, la mort même, plutôt que d’être souillé par un péché mortel, qui est le seul et le vrai et le grand mal de l’homme, une offense infinie à Dieu, une monstrueuse ingratitude, une témérité inouïe et la perte, en elle-même incurable, de votre âme. S’il vous arrive d’être tenté, songez au gouffre de l’Enfer, dans l’abîme duquel vous vous jetez en péchant mortellement, songez à Jésus Crucifié dont vous allez fouler aux pieds le sang et les blessures. N’oubliez jamais ce mot de l'Ecclésiastique, XXI, 2 : « Fuyez devant le péché comme devant un serpent ».
Q. 566. Qu'est-ce que le péché véniel?
R. Le péché véniel est une transgression de la loi de Dieu sciemment et librement commise avec la conscience d’une obligation légère (1).
__________________________________________________________________
(1) Au point de vue de la matière, on peut définir le péché mortel : la transgression (sciemment et librement commise) d’une loi obligeant gravement, c’est-à-dire dont la matière est grave; et le péché véniel : la transgression d’une loi obligeant légèrement, c’est-à-dire dont la matière est légère. On juge de la gravité ou légèreté de matière d’une loi d’après la révélation, l’autorité des Pères, la déclaration de l’Eglise, l’opinion commune des Docteurs
Q. 567. Pourquoi ce péché est-il dit véniel?
R. Ce péché est dit véniel parce que, ne détournant pas l’âme de sa fin dernière et n’amenant pas la mort spirituelle de l’âme, il peut plus facilement obtenir le pardon (en latin : venia), même sans confession sacramentelle. Il est une sorte de maladie de l’âme qui, de sa nature, peut être plus facilement guérie (1).
___________________________________________
(1) Pie V, Propositions de Baïus condamnées le Ier oct. 1567, 20e prop.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
S. Pie V, Constitution Ex omnibus afflictionibus, du Ier octobre 1567, contre les erreurs de Baïus, 20e proposition condamnée :
« Aucun péché n’est de sa nature véniel, mais tout péché mérite la peine éternelle ». (Du Plessis, Collectio Judiciorum, III, II, 110. — D.-B., 1020).
Q. 568. Quels sont les principaux effets du péché véniel?
R. Les principaux effets du péché véniel sont les suivants : il diminue la ferveur de la charité, dispose l'âme au péché mortel et fait encourir à l'homme une peine temporelle à subir dans cette vie ou dans l'autre.
Q. 569. Les péchés, soit véniels, soit mortels, sont-ils tous égaux entre eux?
R. Les péchés, soit véniels, soit mortels, ne sont pas tous égaux entre eux, mais, comme certains péchés véniels sont plus légers que d’autres, ainsi certains péchés mortels sont plus graves que d’autres (2).
___________________________________________________
(2) Saint Jean, XIX, 11 ; saint Thomas, Ia 2æ , q. 73, a. 2.
Q. 570. Quels péchés mortels sont les plus graves de leur nature?
R. Les péchés mortels les plus graves de leur nature sont ceux qui sont commis directement contre Dieu.
Q. 527. Qu'est-ce que le désespoir?
R. Le désespoir est un manque de confiance volontaire et délibéré d’obtenir de Dieu la béatitude éternelle et les moyens qui y sont ordonnés.
Q. 528. Qu'est-ce que la présomption?
R. La présomption est une confiance téméraire d’acquérir la béatitude éternelle soit sans la grâce, soit sans les bonnes œuvres.
Q. 571. Quels sont les péchés contre le Saint-Esprit?
R. Les péchés contre le Saint-Esprit sont :
1° le désespoir du salut;
2° la présomption d’obtenir le salut sans mérites;
3º l’hostilité contre la vérité reconnue;
4º l’envie contre le bien spirituel d’autrui;
5º l’obstination dans le péché;
6° l'impénitence finale; (1)
_____________________________________________________________
(1) Saint Matth., XII, 31, 32; saint Marc, III, 28, 29; saint Luc, XII, 10. — Sur le premier et le second péché, voyez les quest.527, 528. Le troisième est le péché de celui qui renie la vérité de la foi qu’il a reconnue, pour s’abandonner plus librement au péché. Le quatrième est le péché de celui qui porte envie non seulement à la personne de son frère, mais aussi au progrès de la grâce de Dieu dans le monde. Le cinquième est le péché de celui qui a le ferme propos de rester attaché au péché. Le sixième est le péché de celui qui a le ferme propos de ne pas se repentir. — Saint Thomas, 2a 2æ , q. 14, a. I, 2.
Q. 572. Pourquoi les appelle-t-on péchés contre le Saint-Esprit?
R. On les appelle péchés contre le Saint-Esprit, parce que le pécheur rejette par malice ce qui peut l’empêcher de pécher, en méprisant la grâce, qu’on a coutume d’attribuer spécialement au Saint-Esprit, comme à la source des bienfaits (2).
__________________________________________________________
(2) Saint Pierre Canisius, Les péchés contre le Saint-Esprit, n° I; saint Thomas, l. c.
Q. 573. Quels sont les péchés contre le prochain, qui crient vers Dieu?
R. Les péchés contre le prochain, qui crient vers Dieu, sont :
1° l'homicide volontaire;
2° le péché charnel contre nature;
3º l'oppression des pauvres;
4º l'injustice dans le salaire dû aux ouvriers (1).
_______________________________________________________
(1) Genèse, IV, 10; XVIII, 20; Exode, XXII, 23, 27; Deutéronome, XXIV, 15; Epître de saint Jacques, V, 4.
Q. 574. Pourquoi dit-on que ces péchés crient vers Dieu?
R. On dit que ces péchés crient vers Dieu, parce que, plus que tous les autres, ils ont une perversité insigne et manifeste et qu’ils appellent spécialement la colère et la vengeance divine sur ceux qui les commettent (2).
_____________________________________________________________
(2) Saint Paul, Ep. aux Rom., I, 28-32; XII, 1-6; Ire Ep. aux Cor, III, 16-17; V, 11 ; VI, 9,10; Ep. aux Galates, V, 19-21; Ire Ep. à Tim., VI, 9,10; 2e Ep. à Tim., III, 2-5; saint Pierre Canisius, Les péchés qui crient vers le ciel , l. c.
Q. 575. Quels sont les péchés capitaux?
R. Les péchés capitaux sont :
1° l'orgueil;
2º l'avarice;
3º la luxure;
4º la colère;
5º la gourmandise;
6° l'envie;
7º la paresse.
Q. 576. Pourquoi ces péchés sont-ils appelés capitaux?
R. Ces péchés sont appelés capitaux, parce qu’ils sont comme la source et la racine de tous les autres péchés et vices (1).
______________________________________
(1) Saint Thomas, Ia 2æ, q. 84, a. 3, 4.
Q. 577. Quelles sont les vertus opposées aux péchés capitaux?
R. Aux péchés capitaux s’opposent respectivement :
1° l'humilité;
2° la libéralité;
3° la chasteté;
4° la douceur;
5° l'abstinence;
6° la joie du bien d'autrui;
7° le zèle.
Q. 578. En plus du péché, devons-nous fuir les occasions du péché?
R. En plus du péché, nous devons fuir, autant que nous le pouvons, les occasions prochaines de péché, c’est à-dire celles où l’on s’expose à un grave danger de pécher : car celui qui aime le péril y périra (2).
_________________________________
(2) Ecclésiastique, III, 27.
Q. 579. Peut-il arriver que nous ayons à rendre compte à Dieu des péchés d'autrui?
R. Il peut arriver que nous ayons à rendre compte à Dieu des péchés d’autrui, si et dans la mesure où nous en aurons été la cause en les commandant, en les conseillant ou en y consentant, ou dans la mesure où nous ne les aurons pas empêchés, quand nous pouvions et devions les empêcher.
Q. 506. Qu'est-ce qu'une vertu?
R. Une vertu est une habitude ou une disposition durable, qui incline l’homme à faire le bien et à éviter le mal.
Q. 507. Combien y a-t-il de sortes de vertus?
R. Quant à leur objet, les vertus sont de deux sortes : les unes théologales, les autres morales.
Q. 508. Qu'est-ce qu'une vertu théologale?
R. Une vertu théologale est une vertu qui a pour objet immédiat Dieu considéré comme notre fin surnaturelle, et qui oriente directement l'homme vers Lui (1).
__________________________________________
(1) Saint Thomas, Ia 2æ, q. 62, a. I, 2.
Q. 509. Combien y a-t-il de vertus théologales?
R. Il y a trois vertus théologales : la foi, l'espérance et la charité.
Q. 510. Les vertus théologales peuvent-elles être acquises par des actes naturels?
R. Les vertus théologales ne peuvent pas être acquises par des actes purement naturels, parce qu’elles sont, de leur nature, surnaturelles. Aussi est-ce Dieu seul qui les répand dans l’âme en même temps que la grâce sanctifiante (2).
__________________________________________________
(2) Saint Jean, VI, 44; XV, 5; saint Paul, Epître aux Rom., V, 5; 2e Epître aux Cor., III, 5; Epître aux Philip., I, 29.
Q. 511. Quand les vertus théologales sont-elles infusées en l'homme?
R. Les vertus théologales sont infusées en l’homme au moment de la justification, en même temps qu’il acquiert la rémission des péchés par le sacrement de Baptême ou par un acte de contrition accompagné du désir du sacrement (1).
_______________________________________________________________________
(1) Saint Paul, Epître aux Rom., V, 2; VIII, 24; Ire Epître aux Cor., XIII, 13; IreEpître aux Thess., I, 3; Epître aux Hébr.,XI, 6; IreEp. de saint Jean, IV, 15-19; Concile de Trente, sess. VI, chap. 7; Clément V, Constitution De summa Trinitate au Conc. de Vienne; saint Polycarpe, Ep. aux Philippiens, 3;saint Jean Chrys., Sur les Actes des Apôtres, XL, 2; Catéchisme du Concile de Trente, 2e p., ch. II, n. 50, 51.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Concile de Trente, session VI, Decretum de justificatione, chap. 7 ;
a) « C'est pourquoi dans l'acte même de justification, par Jésus-Christ sur lequel il est enté, l’homme reçoit à la fois, en même temps que la rémission des péchés, tous ces dons infus, la foi, l’espérance et la charité; car, si l’espérance et la charité ne se joignent à la foi, celle-ci n’unit pas parfaitement au Christ et ne fait pas du croyant un membre vivant de son corps; et pour cette raison il est dit en toute vérité que la foi sans les œuvres est morte et vaine ». (D.-B., 800).
Clément V, Constitution De summa Trinitate et fide catholica du Concile de Vienne, en 1311, contre les erreurs de Pierre d'Olive.
b) « Mais, quant à l'effet du baptême chez les petits enfants, on remarque que les théologiens ont eu des opinions contraires : certains d’entre eux disent que par la vertu du baptême la faute est remise, sans que la grâce soit conférée; d’autres au contraire soutiennent que dans le baptême et la faute leur est remise et les vertus et la grâce [ informante] leurs sont infusées à l’état habituel (quoad habitum) et non, pour le moment, à l’état usuel (quoad usum).
C’est pourquoi, nous, considérant l'efficacité universelle de la mort du Christ, qui par le baptême est appliquée à tous les baptisés, nous estimons, avec l’approbation du sacré Concile, qu’il faut choisir la seconde opinion disant que la grâce et les vertus sont conférées dans le baptême aux petits enfants aussi bien qu’aux adultes; nous l’estimons, car cette opinion est plus probable, s’harmonise et s’accorde davantage avec les paroles des saints et des théologiens modernes ». (Mansi, XXV, 411. — D.-B.483).
Saint Polycarpe, Epître aux Philippiens, 3 :
c) « Retenu loin de vous, [Paul] vous écrivit des lettres : si vous les étudiez, vous pourrez vous édifier dans la foi qui vous a été donnée, et qui est notre mère à tous (Epître aux Galates, IV, 26), que suit l’espérance et que précède la charité envers Dieu, le Christ et le prochain. En effet, si quelqu’un est dans ces sentiments, il a accompli le commandement de la justice, car celui qui a la charité est éloigné de tout péché ». (P. G., 5, 1008. — R. J.,72).
Saint Jean Chrysostome, Homélies sur les Actes des Apôtres, XL, 2 :
d) « Nous avons le capital de tous les biens par le Baptême; nous avons reçu la rémission des péchés, la sanctification, la participation à l’Esprit, l’adoption, la vie éternelle. Que veux-tu de plus ? Des signes? Mais ils ont cessé. Tu as la foi, l’espérance, la charité, qui demeurent; recherche-les; elles sont plus grandes que les signes. Rien d’égal à la charité : Plus grande que tout est la charité ». (P. G., 60, 285. — R. J., 1216).
Q. 512. Les vertus théologales sont-elles nécessaires au salut?
R. Les vertus théologales sont absolument nécessaires au salut, parce que, sans elles, il ne peut y avoir de droite orientation de l’intelligence ni de la volonté vers la fin surnaturelle (2).
____________________________________________
(2) Saint Marc, XVI, 16; saint Jean, IV, 15-20; Actes, VIII, 37; X, 43; saint Paul, Ep. aux Rom., V, 2; VIII, 24; Ep. aux Hébr., XI, 6.
Q. 513. Quelle est la vertu la plus haute parmi les vertus théologales?
R. Parmi les vertus théologales, la vertu la plus haute est la charité, qui est la perfection de la loi et ne disparaît pas même au Ciel (3).
____________________________________________________________
(3) Saint Matth., XXII, 35-40; saint Jean, XIII, 14; XIV, 21, 23; saint Paul, Ep. aux Rom., XIII, 10; Ire Ep. aux Cor., XIII, 1-13; Ep. aux Colos., III, 14; Epître de saint Jacques, II, 8; Benoît XII, Const. Benedictus Deus, 29 juin 1336; saint Clément de Rome, Ep. aux Cor., I, 49; saint Thomas, 2a 2æ, q. 23, a. 6, 7.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Benoît XII, Constitution Benedictus Deus, 29 janvier 1336:
a) « Dans cette constitution, qui restera à jamais en vigueur, de par notre autorité apostolique, Nous définissons ce qui suit : selon la disposition générale établie par Dieu, les âmes de tous les Saints qui ont quitté ce monde avant la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ et celles des saints apôtres, martyrs, confesseurs, vierges et autres fidèles morts après réception du saint baptême du Christ, qui n’ont rien eu à purifier à leur mort, ou qui à l'avenir n'auront rien à purifier à leur mort; celles aussi qui ont eu ou auront à se purifier, lorsqu'après leur mort elles auront achevé de le faire; de même encore les âmes des enfants régénérés par le même baptême du Christ ou encore à baptiser, quand ils l'auront été, s'ils meurent avant l'usage de leur libre arbitre; toutes, aussitôt après leur mort, ou après la purification susdite pour celles qui en avaient besoin, même avant la réunion à leurs corps et le jugement général, et cela depuis l'ascension de Jésus-Christ notre Sauveur, sont et seront au ciel, au royaume des cieux et au céleste paradis, avec le Christ, admises dans la société des Anges; et, depuis la mort et la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, elles ont vu et voient la divine essence d'une vision intuitive et même face à face, sans qu'aucune créature s'interpose dans l'idée de l’objet vu, mais immédiatement, grâce à la divine essence qui se manifeste elle-même à nu, clairement et ouvertement. Et dans cette vision les âmes de ceux qui sont déjà morts jouissent de la divine essence et, par le fait même de cette vision et de cette jouissance, elles sont vraiment bienheureuses et possèdent la vie et le repos éternel; de même en sera-t-il [des âmes] de ceux qui, mourant dans la suite, verront la divine essence et en jouiront avant le jugement général. De plus cette vision et cette jouissance de la divine essence font cesser dans ces âmes les actes de foi et d’espérance, en tant que foi et espérance s’entendent des vertus théologiques au sens propre. En outre, depuis le moment où elles ont commencé ou auront commencé dans ces âmes, cette même vision intuitive et face à face et cette même jouissance ont duré et dureront, sans interruption et sans fin, jusqu’au jugement dernier et dès lors à jamais.
« Nous définissons encore ce qui suit : d’après la disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurent dans le péché mortel actuel descendent aussitôt après leur mort en enfer, pour y subir la torture des peines infernales; et néanmoins, au jour du jugement, tous les hommes comparaîtront devant le tribunal du Christ avec leurs corps, pour rendre compte de leurs actes personnels, afin que chacun soit récompensé en son corps suivant qu'il aura fait le bien ou le mal ». (2eEpître aux Corinthiens, V, 10). (Bullarium Romanum, ed. Taurinen.n IV, 346 et suiv. — D.-B., 530, 531).
Saint Clément de Rome, Epistola ad Corinthios, I, 49, 2-6 :
b) « Qui peut décrire le lien de la charité de Dieu ? Qui est capable d’exprimer la magnificence de sa beauté? La hauteur à laquelle la charité nous porte est ineffable. La charité nous fait adhérer à Dieu, la charité couvre la multitude des péchés (Ire Epître de saint Pierre, IV, 8), la charité supporte tout, la charité endure tout avec patience; rien de bas dans la charité, et rien de superbe; la charité ne comporte pas de schisme, la charité n’excite pas de sédition, la charité fait tout dans la concorde; dans la charité tous les élus de Dieu sont parfaits, sans la charité rien ne plaît à Dieu. C’est par charité que le Maître nous a élevés à lui; c’est à cause de la charité qu’il a eue pour nous que Jésus-Christ Notre-Seigneur, docile à la volonté de Dieu, a donné son sang pour nous, sa chair pour notre chair et son âme pour nos âmes ». (P. G. I,309 s. — R.J.,26).
Q. 514. Quand sommes-nous tenus de produire des actes de foi, d'espérance et de charité?
R. Nous sommes tenus de produire, au moins implicitement, des actes de foi, d’espérance et de charité assez souvent pendant la vie, surtout quand, parvenu à l’âge de raison, nous avons acquis une connaissance suffisante de la révélation divine, et surtout chaque fois que ces actes sont requis soit pour remplir une obligation, soit pour vaincre les tentations, et lorsqu’on est en danger de mort (1).
_____________________________________________________________
(1) Alexandre VII, Ireprop. condamnée, 24 sept. 1665; Innocent XI, Prop.6,7,16,17 condamnées le 2 mars 1679.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Alexandre VII, Décret du 24 septembre 1665, Ire proposition condamnée :
a) « L’homme n’est jamais tenu, à aucun moment de sa vie, de faire un acte de foi, d’espérance et de charité, en vertu de préceptes divins ayant spécialement ces vertus pour objet », (Du Plessis, Collectio Iudiciorum, III, II, 321. — D. B., 1101).
Innocent XI, 6e, 7e, 16e, 17e propositions condamnées par la S. Congrégation du Saint-Office, le 2 mars 1679 :
b) « 6. Il est probable que, par soi, le précepte de la charité envers Dieu n'oblige pas même, rigoureusement, tous les cinq ans.
« 7. Il oblige seulement quand nous sommes tenus de nous mettre en état de grâce et que nous n’avons pas d’autre moyen de pouvoir le faire.
« 16. La foi n’est pas censée tomber sous un précepte particulier.
« 17. Il suffit de faire un seul acte de foi dans sa vie ».
(Ibid., 348. — D.-B., 1156-7,1166-7).
Q. 515. Qu'est-ce que la foi?
R. La foi est une vertu surnaturelle par laquelle, avec l’inspiration de Dieu et l’aide de sa grâce, nous croyons que ce que Dieu a révélé et nous a enseigné par l’Église est vrai, non à cause de la vérité intrinsèque des choses reconnue par la lumière naturelle de la raison, mais à cause de l’autorité de Dieu même qui l’a révélé et qui ne peut ni se tromper ni nous tromper (2).
____________________________________________________________
(2) Saint Paul, IreEpître aux Cor., II, 5, 7-13; Ep. aux Hébr.y XI, I; Ep. aux Rom., X, 14-17; Concile du Vatican, Const. Dei Filius, chap. 3; saint Léon le Grand, Sermon XXVII, I; saint Jean Chrys., Sur saint Matth., LXXXII, 4.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Concile du Vatican, Constitution Dei Filius, ch. 3, de fide :
a) « Puisque l'homme dépend tout entier de Dieu comme de son Créateur et Seigneur, puisque la raison créée est complètement soumise à la vérité incréée, nous sommes tenus d'offrir par la foi à Dieu, auteur de la révélation, l’hommage sans réserve de notre intelligence et de notre volonté. Or cette foi, qui est le commencement du salut de l’homme, l’Église catholique professe que c’est une vertu surnaturelle, par laquelle, avec l’inspiration et l’aide de la grâce de Dieu, nous croyons vraies les choses qu’il a révélées, non pas à cause de leur vérité intrinsèque qui serait perçue par la lumière naturelle de la raison, mais à cause de l’autorité de Dieu lui-même, qui les révèle et qui ne saurait ni être trompé ni tromper. La foi est en effet, au témoignage de l’Apôtre, la substance de ce que nous espérons et la conviction de ce que nous ne voyons pas. (Epître aux Hébreux, XI, I) ». (B.-D., 1789).
Saint Léon le Grand, Sermon XXVII, I :
b) « Lorsque nous essayons de comprendre le mystère de la naissance du Christ, — car il est né d’une mère vierge, — chassons loin de nous la nuée des raisonnements terrestres, et que la fumée de la sagesse mondaine s’éloigne des yeux d’une foi éclairée. Car elle est divine, l’autorité à laquelle nous croyons; il est divin, l’enseignement que nous embrassons. (P. L., 54, 216. — R. J., 2197).
Saint Jean Chrysostome, In Matthaeum homilia LXXXII, 4 :
c) « Acquiesçons en tout à Dieu, et ne lui opposons aucune difficulté, quand bien même ses dires paraîtraient opposés à nos raisonnements et à notre perception; mais que sa parole ait plus de puissance que nos raisonnements et notre perception. Et comportons-nous ainsi devant les mystères : ne nous bornons pas à regarder ce qui tombe sous nos yeux, mais ayons présentes ses paroles. Sa parole est infaillible, tandis que notre sensation se trompe facilement; et de fait sa parole n’a jamais été prise en faute et notre sensation est souvent erronée. Puis donc que sa parole est : Ceci est mon corps, laissons-nous convaincre, croyons, voyons ce corps avec les yeux de l'intelligence. Car le Christ ne nous a rien donné de sensible, mais dans les choses sensibles même tout est intelligible. De même dans le Baptême l’eau nous est donnée par quelque chose de sensible; ce qui est intelligible, c’est l’effet qui en résulte : la naissance et le renouvellement. Car si tu étais incorporel, Dieu t’accorderait les dons incorporels tels quels; mais puisque l’âme est unie à un corps, c’est dans le sensible que Dieu te livre l’intelligible. Combien d’hommes disent maintenant : je voudrais voir sa forme, sa figure, ses vêtements, ses chaussures ? Eh! bien, c’est lui que tu vois, lui-même que tu touches, lui-même que tu manges ». (P. G., 58, 743. — R. J., 1179)
Q. 516. Devons-nous croire à toutes les vérités révélées?
R. Nous devons croire au moins implicitement à toutes les vérités révélées, en disant par exemple : Je crois tout ce que Dieu a révélé et que l'Église propose à notre foi, ou plus brièvement : Je crois tout ce que croit notre Sainte Mère l'Église; nous devons croire explicitement à l’existence d’un Dieu, et qui rend à chacun selon ses œuvres, et aux mystères de la Très Sainte Trinité, de l’Incarnation et de la Rédemption (1).
________________________________________________________
(1) Saint Matth., XXVIII, 19; saint Jean, III, 15, 18, 36; XVII, 3; XX, 31; saint Paul, Ep. aux Hébr., XI, 6; Innocent XI, Prop. 22 et 64 condamnées par Décret de la S. Congrég. du Saint Office le 2 mars 1679; Décret du Saint Office du 23 janvier 1703. Croire ces vérités est nécessaire pour le salut, d’une nécessité qu'on appelle nécessité de moyen, alors que croire les autres vérités est nécessaire d’une nécessité de précepte; on appelle nécessaire de nécessité de moyen ce sans quoi une fin ne peut être atteinte, même si l’omission n’est pas coupable, et nécessaire d’une nécessité de précepte ce qui n'empêche pas que la fin puisse être atteinte, si l’omission n’est pas coupable. D’où il suit que tout ce qui est nécessaire de moyen pour le salut est aussi nécessaire de précepte.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Innocent XI, 22ee et 64ee propositions condamnées par la S. Congrégation du Saint-Office, le 2 mars 1679 :
a) « 22. Seule la foi en un seul Dieu paraît nécessaire d’une nécessité de moyen, la foi explicite à un Dieu rénumérateur ne l’est pas.
« 64. Une personne est capable de recevoir l’absolution, quelle que soit son ignorance de la foi, quand bien même par une négligence même coupable elle ignorerait les mystères de la très sainte Trinité et de l’Incarnation de Notre Seigneur Jésus-Christ ». (Du Plessis, Collectio Iudiciorum, III, II, 348. — D.-B., 1172, 1214).
S. Congrégation du Saint-Office, Décret du 25 janvier 1703 :
b) « Question 2. On demande si, avant de conférer le Baptême à un adulte, le ministre est tenu de lui expliquer tous les mystères de notre foi, surtout s'il est mourant, car cela troublerait son esprit. Ne suffirait-il pas que le moribond promît qu'effectivement, lorsqu'il relèvera de maladie, il veillera à se faire instruire, pour mettre en pratique ce qu'on lui a prescrit ?
« Réponse. Non, une promesse ne suffit pas. Le missionnaire est tenu d'expliquer à l'adulte, même mourant, pourvu qu'il ne soit pas tout à fait incapable de les comprendre, les mystères de foi qui sont nécessaires de nécessité de moyen, comme sont principalement les mystères de la Trinité et de l’Incarnation ». (Codicis Juris Canonici Fontes, IV, 41-42).
Q. 517. La foi peut-elle être contraire à la raison?
R. Quoique la foi soit au dessus de la raison, elle ne peut en aucune manière être contraire à la raison et il ne peut jamais y avoir de véritable désaccord entre la foi et la raison (2).
___________________________________________
(2) Concile du Vatican, Const. Dei Filius, chap. 4.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Concile du Vatican, Constitution Dei Filius, ch. 4, De fide et ratione :
« Mais, bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de véritable désaccord entre la foi et la raison : car le même Dieu qui révèle les mystères et communique la foi a mis dans l’esprit humain la lumière de la raison; or il est impossible que Dieu se nie lui-même, ni que le vrai contredise jamais au vrai. Cette apparence imaginaire de contradiction vient principalement ou de ce que les dogmes de la foi n’ont pas été compris et exposés selon l'esprit de l'Église, ou de ce que des erreurs sont prises pour des conclusions de la raison. Nous déclarons donc que toute affirmation contraire à une vérité attestée par la foi éclairée est absolument fausse ». (D.-B., 1797).
Q. 518. Pourquoi ne peut-il jamais y avoir de véritable désaccord entre la foi et la raison?
R. Il ne peut jamais y avoir de véritable désaccord entre la foi et la raison, parce que c’est le même Dieu qui révèle les mystères et répand la foi et qui donne à l’âme humaine la lumière de la raison; or Dieu ne peut se nier lui-même, ni contredire jamais le vrai (1).
_________________________________________________
(1) Concile du Vatican, l. c; Pie IX, Encycl. Qui pluribus, 9 nov. 1846.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
a) Concile du Vatican, Constitution Dei Filius, ch. 4, De fide et ratione :
« Mais, bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de véritable désaccord entre la foi et la raison : car le même Dieu qui révèle les mystères et communique la foi a mis dans l’esprit humain la lumière de la raison; or il est impossible que Dieu se nie lui-même, ni que le vrai contredise jamais au vrai. Cette apparence imaginaire de contradiction vient principalement ou de ce que les dogmes de la foi n’ont pas été compris et exposés selon l'esprit de l'Église, ou de ce que des erreurs sont prises pour des conclusions de la raison. Nous déclarons donc que toute affirmation contraire à une vérité attestée par la foi éclairée est absolument fausse ». (D.-B., 1797).
b) Pie IX, Encyclique Qui pluribus, du 9 novembre 1846 :
Vous le savez (en effet), Vénérables Frères, (ces) implacables ennemis du nom chrétien, misérablement emportés par un aveugle élan de folle impiété, en sont venus à une telle témérité de leur jugement qu’avec une audace inouïe jusqu’alors, ouvrant leur bouche en des blasphèmes contre Dieu (Apocalypse, XIII, 6), ils ne rougissent pas d’enseigner hautement et publiquement que les augustes mystères de notre religion sont des faussetés et des inventions humaines, que la doctrine de l'Église catholique est opposée au bien et aux intérêts de la société, et ils ne craignent pas de renier le Christ lui-même et de renier Dieu. Et, pour mieux tromper les peuples, pour mieux égarer et entraîner avec eux dans l’erreur particulièrement les esprits incultes et sans méfiance, ils se présentent comme étant les seuls à connaître les voies du bonheur et n’hésitent pas à s’arroger le titre de philosophes, comme si la philosophie, dont toute l’occupation est de rechercher les vérités naturelles, devait rejeter ce que Dieu lui-même, auteur de la nature tout entière, a daigné, par un insigne bienfait de sa miséricorde, manifester aux hommes pour leur permettre d’atteindre la félicité et le salut véritables.
« Aussi, usant d’une méthode de discussion parfaitement illogique et fallacieuse, ils ne cessent d’en appeler à la puissance et à la supériorité de la raison humaine, de la dresser contre la sainte foi chrétienne, et ils ont l’audace extrême de décrier celle-ci comme inconciliable avec la raison humaine. On ne saurait certainement rien inventer, rien rêver de plus fou, de plus impie, de plus contraire à la raison humaine. Car la foi est au dessus de la raison, mais il est impossible de découvrir entre elles aucune opposition, aucune contradiction réelle, puisque toutes deux découlent d’une seule et même source de vérité immuable et éternelle : Dieu très bon et très grand; et elles se prêtent mutuellement appui : la droite raison démontre, appuie et défend la vérité de la foi; la foi, pour sa part, délivre la raison de toutes les erreurs qui la menacent, et, en lui faisant connaître les choses divines, l'éclaire merveilleusement, la fortifie et l’achève.
« Avec autant de perfidie, Vénérables Frères, ces ennemis de la révélation divine exaltent le progrès humain en le louant sans réserve : ils voudraient par un attentat tout à fait téméraire et sacrilège l’introduire dans la religion catholique, comme si cette religion n’était l’œuvre de Dieu, mais des hommes, et une invention philosophique, perfectible par des moyens humains. Sur ces pauvres fous tombe directement le reproche mérité que Tertullien adressait aux philosophes de son temps : Ils ont mis au jour un christianisme stoïcien, platonicien, dialecticien (De praescript. haereticorum, ch. 7). Et certes notre sainte religion n’a pas été inventée par la raison humaine, mais c’est Dieu qui, dans son infinie clémence, l’a fait connaître aux hommes. Aussi chacun comprend sans peine qu’elle emprunte toute sa force à l’autorité de la parole de Dieu et qu’elle ne peut nullement être diminuée ni perfectionnée par la raison de l’homme.
« La raison humaine, il est vrai, pour ne pas être trompée ni égarée dans une affaire d’une telle importance, doit examiner avec soin le fait de la révélation divine, afin d’être assurée que Dieu a parlé et de rendre à Dieu une obéissance raisonnable, comme l’enseigne l’Apôtre avec une parfaite sagesse (Epître aux Romains, XII, I). Qui ignore, en effet, qui peut ignorer que l’on doit à la parole de Dieu une foi totale et que rien n’est plus en harmonie avec le raison elle-même que d’acquiescer et d’adhérer fermement à ce que Dieu a sûrement révélé, lui qui ne peut ni être trompé ni tromper ?
« Mais combien nombreuses, combien admirables, combien lumineuses les preuves qui doivent convaincre, avec une évidence absolue, la raison humaine, que la religion du Christ est divine et que toutes nos croyances ont leur principe et leur source en haut, dans le Seigneur du ciel (saint Jean Chrysostome, Ire Homélie sur Isaïe), et que par conséquent rien n’est plus certain, plus assuré, plus saint, que rien ne s’appuie sur des principes plus solides, que notre foi ? Maîtresse de vie, guide du salut, ennemie victorieuse de tous les vices, mère féconde et nourrice de toutes les vertus, cette foi, confirmée par la naissance, la vie, la mort, la résurrection, la sagesse, les miracles, les prophéties de celui qui l’a fondée et consommée, Jésus-Christ, brillant de toutes parts de la lumière de la doctrine d’en-haut, enrichie par les trésors des richesses célestes, elle est illustrée et glorifiée par les oracles de tant de prophètes, l’éclat de tant de miracles, la constance de tant de martyrs, la gloire de tant de Saints; portant de toutes parts les lois salutaires du Christ et acquérant tous les jours de nouvelles forces par le fait même des plus cruelles persécutions; armée du seul étendard de la Croix, elle s’est répandue par tout l’univers, du levant au couchant; et, ayant renversé les idoles trompeuses, dissipé les ténèbres des erreurs et triomphé des ennemis de tout genre, elle a éclairé des lumières de la connaissance divine tous les peuples, toutes les nations, les plus barbares et les plus cruelles, les plus diverses de tempéraments, de mœurs, de lois, de coutumes; et elles a les soumises au joug très doux du Christ, annonçant à toutes la paix, annonçant le bonheur (cf. Isaïe, LII, 7). En tout cela éclate avec tant d’évidence la lumière de la sagesse et de la puissance divine que toute âme qui réfléchit peut facilement comprendre que la foi chrétienne est l’œuvre de Dieu.
« Aussi la raison humaine, qui connaît clairement et ouvertement, par ces preuves aussi lumineuses que solides, que Dieu est l’auteur de la foi, ne peut aller plus loin; rejetant et éloignant toute difficulté, toute raison de douter, elle doit accorder à cette foi une soumission totale, puisqu’elle tient pour certain que tout ce que cette foi propose à la croyance et à la pratique des hommes, c’est Dieu qui le lui a enseigné ». (Acta Pii IX, I, I, 6-9 — D.-B., 1634-1639).
Q. 519. La foi et la raison peuvent-elles se prêter un appui mutuel?
R. La foi et la raison peuvent se prêter un appui mutuel, lorsque la droite raison démontre les fondements de la foi et, éclairée par la lumière de la foi, s’adonne à la science des choses divines ; et quand, de son côté, la foi délivre et protège la raison des erreurs et l’enrichit de nombreuses connaissances (2).
__________________________________________
(2) Ve Concile de Latran, session VIII; Concile du Vatican, l. c.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
a) Ve Concile de Latran (1512-1517), session VIII, De anima humana :
« Comme de nos jours, nous le disons avec douleur, le semeur d’ivraie, l’antique ennemi du genre humain, a osé semer et faire croître dans le champ du Seigneur quelques erreurs très pernicieuses, et toujours repoussées par les fidèles, notamment sur la nature de l’âme rationnelle, qui serait mortelle, ou unique pour tous les hommes; et comme certains philosophes téméraires donneraient ces erreurs comme vraies, au moins selon la philosophie : désirant porter des remèdes opportuns à cette maladie, avec l’approbation du sacré Concile, nous condamnons et réprouvons tous ceux qui soutiennent que l’âme intellectuelle est mortelle, ou unique en tous les hommes, [ et ? ] qui mettent ces questions en doute. Car non seulement elle est vraiment par soi et essentiellement la forme du corps humain, comme le dit un canon de notre prédécesseur le Pape Clément V, d’heureuse mémoire, édicté par le Concile [œcuménique] de Vienne; mais encore elle est immortelle et, selon la multitude des corps auxquels elle est unie, autant de fois multipliable, multipliée et destinée à être multipliée... Comme le vrai ne contredit nullement le vrai, nous définissons donc que toute assertion contraire à la vérité révélée de foi est absolument fausse; et, pour qu’il ne soit pas permis de développer d’autres opinions, nous l’interdisons très sévèrement; tous ceux qui adhèrent aux affirmations relatives à cette erreur, semant partout des hérésies absolument condamnées, nous décrétons qu’ils doivent être évités et punis comme des hérétiques et des infidèles détestables et abominables, qui ruinent la foi catholique ». (Mansi, XXXII, 842. — D.- B., 738).
Concile du Vatican, Constitution Dei Filius, ch. 4, de fide et ratione :
b) « Non seulement la foi et la raison ne sauraient jamais être en désaccord, mais elles se prêtent une aide mutuelle; car la droite raison démontre les fondements de la foi et, éclairée par sa lumière, développe la science des choses divines; la foi de son côté délivre et préserve la raison des erreurs, et l'enrichit de connaissances multiples.
Bien loin donc de s’opposer à la culture des arts et des sciences humaines, l’Église la favorise et la fait progresser de bien des manières. Car elle n’ignore ni ne méprise les avantages qui en découlent pour la vie des hommes; bien plus, elle reconnaît que, venant de Dieu, Maître des sciences, ces sciences et ces arts conduisent de même à Dieu, avec l’aide de sa grâce, si on fait bon usage; elle ne défend pas assurément que chacune de ces disciplines se serve dans sa sphère de ses propres principes et de sa propre méthode; mais, en reconnaissant cette légitime liberté, elle veille avec soin qu’elles n’accueillent des erreurs incompatibles avec la doctrine divine, ou que, après avoir dépassé leurs propres frontières, elles n’envahissent et ne troublent ce qui est du domaine de la foi ». (D.-B., 1799).
Q. 520. Quand devons-nous professer extérieurement notre foi?
R. Nous devons professer extérieurement notre foi, chaque fois que notre silence, nos détours ou notre manière de faire entraîneraient une négation implicite de la foi, un mépris de la religion, une injure pour Dieu ou un scandale pour le prochain (3).
_________________________________________________________
(3) Saint Paul, Ep. aux Rom., X, 10; 2e Ep. à Tim., II, 12; Code de droit can., can. 1325.
Q. 521. Comment manifestons-nous notre foi?
R. Nous manifestons notre foi en la professant par les paroles, par les actes, et même, s’il le fallait, par l'acceptation de la mort (1).
_________________________________________________________________
(1) Saint Paul, Ep. aux Rom., X, 9, 10; Ep. aux Galates, V, 6; Epître de saint Jacques, II, 18, 21.
Q. 522. Comment perd-on la foi?
R. On perd la foi par l’apostasie ou l’hérésie, c’est-à-dire lorsqu’un baptisé rejette toutes ou quelques-unes des vérités de la foi, ou les met en doute par un acte délibéré.
Q. 523. En dehors des apostats et des hérétiques, qui sont ceux qui pèchent contre la foi?
R. En dehors des apostats et des hérétiques, pèchent contre la foi [ Ici et ici.] :
1° le non-baptisé qui repousse la foi qui lui est proposée d’une manière suffisante (infidélité positive);
2° celui qui néglige d’acquérir une instruction religieuse suffisante, en rapport avec sa situation et son âge;
3° celui qui professe des erreurs proscrites par l’Église et plus ou moins proches de l’hérésie;
4° celui qui s’expose volontairement au péril de s’écarter de la foi, par exemple, celui qui, sans la permission et la prudence requises, lit des livres prohibés par l’Église, surtout des livres d’apostats, d’hérétiques ou de schismatiques, soutenant l’apostasie, l’hérésie ou le schisme (2).
__________________________________________________________
(2) Code de droit can., can. 2318, § 1.
Q. 524. Qu'est-ce que l'espérance?
R. L’espérance est une vertu surnaturelle, par laquelle, en vertu des mérites de Jésus-Christ et en nous appuyant sur la bonté, la toute-puissance et la fidélité de Dieu, nous attendons la vie éternelle que Dieu a promise à ceux qui font le bien et les grâces nécessaires pour y parvenir (1).
_____________________________________________________________________
(1) Saint Jean, VI, 40; saint Paul, Epître aux Rom., V, 2; VIII, 24; 2e Ep. Cor., V, 2; Ep. aux Colos., I, 23, 27; Ep. à Tite, I, 2; Ep. aux Hébr., III, 6;Benoît XII, Const. Benedictus Deus, 29 janv. 1336; saint Jean Chrys. Sur l'Ep. aux Romains, XIV, 6.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Benoît XII, Constitution Benedictus Deus, du 29 janvier 1336 :
a) « Dans cette constitution, qui restera à jamais en vigueur, de par notre autorité apostolique, Nous définissons ce qui suit : selon la disposition générale établie par Dieu, les âmes de tous les Saints qui ont quitté ce monde avant la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ et celles des saints apôtres, martyrs, confesseurs, vierges et autres fidèles morts après réception du saint baptême du Christ, qui n’ont rien eu à purifier à leur mort, ou qui à l'avenir n'auront rien à purifier à leur mort; celles aussi qui ont eu ou auront à se purifier, lorsqu'après leur mort elles auront achevé de le faire; de même encore les âmes des enfants régénérés par le même baptême du Christ ou encore à baptiser, quand ils l'auront été, s'ils meurent avant l'usage de leur libre arbitre; toutes, aussitôt après leur mort, ou après la purification susdite pour celles qui en avaient besoin, même avant la réunion à leurs corps et le jugement général, et cela depuis l'ascension de Jésus-Christ notre Sauveur, sont et seront au ciel, au royaume des cieux et au céleste paradis, avec le Christ, admises dans la société des Anges; et, depuis la mort et la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, elles ont vu et voient la divine essence d'une vision intuitive et même face à face, sans qu'aucune créature s'interpose dans l'idée de l’objet vu, mais immédiatement, grâce à la divine essence qui se manifeste elle-même à nu, clairement et ouvertement. Et dans cette vision les âmes de ceux qui sont déjà morts jouissent de la divine essence et, par le fait même de cette vision et de cette jouissance, elles sont vraiment bienheureuses et possèdent la vie et le repos éternel; de même en sera-t-il [des âmes] de ceux qui, mourant dans la suite, verront la divine essence et en jouiront avant le jugement général. De plus cette vision et cette jouissance de la divine essence font cesser dans ces âmes les actes de foi et d’espérance, en tant que foi et espérance s’entendent des vertus théologiques au sens propre. En outre, depuis le moment où elles ont commencé ou auront commencé dans ces âmes, cette même vision intuitive et face à face et cette même jouissance ont duré et dureront, sans interruption et sans fin, jusqu’au jugement dernier et dès lors à jamais.
« Nous définissons encore ce qui suit : d’après la disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurent dans le péché mortel actuel descendent aussitôt après leur mort en enfer, pour y subir la torture des peines infernales; et néanmoins, au jour du jugement, tous les hommes comparaîtront devant le tribunal du Christ avec leurs corps, pour rendre compte de leurs actes personnels, afin que chacun soit récompensé en son corps suivant qu'il aura fait le bien ou le mal ». (2eEpître aux Corinthiens, V, 10). (Bullarium Romanum, ed. Taurinen.n IV, 346 et suiv. — D.-B., 530, 531).
Saint Jean Chrysostome, Homélies sur l'Epître aux Romains, XIV, 6 :
b) « Qui donc t’a sauvé ? Seul, l’espoir que tu as mis en Dieu et ta foi en lui, au sujet de ses promesses et de ses dons. Et tu n’as rien de plus à lui offrir. Si donc c'est cette foi qui t’a sauvé, garde-la encore.
Q. 525. Comment manifestons-nous notre espérance?
R. Nous manifestons notre espérance non seulement par des paroles, mais aussi par des actes, lorsque, confiants de tout cœur dans les promesses divines, nous supportons avec patience les difficultés, les épreuves et les persécutions elles-mêmes (2).
_______________________________________________________
(2) Saint Paul, Ep. aux Rom., VIII, 17, 18, 23-35; Ire Ep. aux Cor., IX, 25; 2e Ep. aux Cor., I, 7; IV, 8-18; VII, 1.
Q. 526. Comment perd-on l'espérance?
R. On perd l’espérance soit par le péché de désespoir, soit par celui de présomption, et par les péchés qui font perdre la foi (3).
_______________________________________________
(3) Genèse, IV,13; saint Matth., III,9; XIX, 25, 26; XXVII, 5; Actes, I, 16-19, 26.
Q. 529. Qu'est-ce que la charité?
R. La charité est une vertu surnaturelle par laquelle nous aimons Dieu par-dessus toutes choses à cause de lui-même, et nous-même et le prochain à cause de Dieu (1).
_______________________________________________________________
(1) Saint Matth., XXII, 37-39; Ire Epître de saint Jean, III, 17,18; IV, 20, 21. — Cette définition de la charité pourrait être ainsi développée. Le charité est dite : vertu surnaturelle, parce que, par la charité, nous aimons Dieu tel qu'il est connu non par nos seules forces naturelles, mais par les secours que Dieu donne lui-même. Par laquelle nous aimons Dieu : donc l'objet premier de la charité est Dieu. Par dessus toutes choses : notre volonté est portée vers le bien, or Dieu est un bien au-dessus de tout, et il est par conséquent aimable par-dessus toutes choses. A cause de lui-même : c'est-à-dire à cause de sa bonté intrinsèque; aussi l'objet formel ou le motif de la charité est-il la bonté infinie de Dieu; comme l'amour de quelqu'un pour lui-même est l'amour de bienveillance et que Dieu aussi nous aime d'un amour de bienveillance, et que l'amour mutuel de bienveillance est l'amitié, il suit que la charité est une certaine amitié de l'homme pour Dieu (saint Thomas, 2a 2æ, q. 23, a. I). Et nous-même et le prochain : aussi nous-même et le prochain sommes-nous l'objet secondaire de la charité. A cause de Dieu :en effet, si on aime quelqu’un d'un amour de bienveillance, on aime aussi ceux qu'il aime; nous aimons nous-même et le prochain parce que nous aimons Dieu et que Dieu nous aime nous-même et le prochain; et, par la charité, nous désirons pour nous-même et le prochain ce que Dieu lui-même désire : les grâces dans cette vie et la gloire du Paradis dans l'autre.
Q. 530. Comment devons-nous d'abord prouver à Dieu notre amour?
R. Nous devons d’abord prouver à Dieu notre amour en observant ses commandements (1).
_______________________________________________________________
(1) Saint Jean, XIV, 15, 21, 23; Ire Epître de saint Jean, V, 3; saint Grégoire le Grand, Sur les Evangiles, II, 30, 1, 2.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Saint Grégoire le Grand, In Evangelia, II, 30, 1, 2 :
« Mais voici : si l’on demande à l’un de vous s’il aime Dieu, qu’il réponde en toute confiance et d’une âme assurée : je l’aime. Vous avez entendu ce que dit la Vérité au début même de notre texte : Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole (saint Jean, XIV, 23). On prouve donc son amour en montrant comment on agit. Aussi le même saint Jean dit-il dans sa [première] épître (II, 4) : Celui qui dit : j'aime Dieu, et ne garde pas ses commandements, est un menteur. En effet, nous aimons vraiment Dieu, si, pour obéir à ses commandements, nous modérons nos plaisirs. Car celui qui se laisse encore aller à des désirs illicites, sûrement il n’aime pas Dieu, car il s’oppose à lui dans son vouloir.
« ... Celui donc qui aime vraiment Dieu, qui garde ses commandements, Dieu vient dans son cœur et y fait sa demeure, car l’amour de la divinité le pénètre à tel point qu’il ne s’éloigne pas de cet amour au moment de la tentation. Celui-là aime donc vraiment qui ne consent pas à laisser la délectation mauvaise dominer son âme. Car on se sépare de l’amour d’en-haut dans la mesure où l’on se délecte dans les choses d’en bas. D’où la suite du texte : Celui qui ne n'aime pas ne garde pas mes paroles (saint Jean, XIV, 24).
(P. L., 75,1220 s. — R. J., 2333-4).
Q. 531. Comment en outre pouvons-nous prouver à Dieu notre amour?
R. Nous pouvons en outre prouver à Dieu notre amour par des œuvres qui ne sont pas prescrites, mais qui lui sont agréables et qu’on appelle surérogatoires.
Q. 532. Comment perd-on la charité envers Dieu?
R. On perd la charité envers Dieu par n’importe quel péché mortel; mais, quand on perd la grâce par un péché mortel, on ne perd pas toujours pour cela et la foi et l’espérance (2).
____________________________________________________________
(2) Ep. de saint Jacques, II, 10, 11 ; Ire Epître saint Jean, III, 6, 8, 9; saint Paul, Ire Epître aux Cor., XIII, 1-3; Epître de saint Jacques, II, 14, 17, 24; Ire Epître de saint Jean, III, 15-18; Concile de Trente, sess. VI, chap. 15 et can. 27, 28; saint Thomas, 2a 2æ, q. 24, a. 12.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Concile de Trente, session VI, Decretum de justificatione, chap. 15 :
a) « On doit affirmer, à l’encontre des ruses astucieuses de certains hommes, qui par des paroles doucereuses et des bénédictions séduisent les cœurs simples (Épître aux Romains, XVI, 18), que l’on perd la grâce de la justification que l’on avait reçue, non seulement par l’infidélité, qui fait perdre jusqu’à la foi elle-même, mais encore par tout autre péché mortel, quoiqu’il ne fasse pas perdre la foi; ainsi on défend la doctrine de la loi divine qui exclut du royaume de Dieu non seulement les infidèles, mais aussi les fidèles qui sont fornicateurs, adultères, obscènes, sodomites, voleurs, avares, ivrognes, médisants, avides et tous ceux qui commettent des péchés mortels, qu’ils peuvent éviter avec l’aide de la grâce divine, et à cause desquels il sont séparés de la grâce du Christ ».
b) « Can. 27. Si quelqu’un dit qu’il n’y a de mortel que le péché d’infidélité, ou que la grâce reçue une fois ne peut être perdue par aucun autre péché, si grave et énorme soit-il, que par celui d’infidélité : qu’il soit anathème ».
« Can. 28. Si quelqu’un dit qu’on perd toujours la foi en même temps que la grâce par le péché, ou que la foi qui reste n’est pas une vraie foi, quoique ce ne soit pas la foi vive, ou que celui qui a la foi sans la charité n’est pas chrétien : qu’il soit anathème ». (D.-B., 808, 837-8).
Q. 533. Comment devons-nous nous aimer nous-même?
R. Nous devons nous aimer nous-même en cherchant en tout la gloire de Dieu et notre salut éternel.
Q. 534. Comment devons-nous aimer le prochain?
R. Nous devons aimer le prochain par des actes soit internes, soit externes, à savoir en pardonnant ses offenses, en évitant de lui faire subir un dommage, un tort ou un scandale et en subvenant selon nos moyens à ses nécessités, surtout par les œuvres de miséricorde spirituelle et corporelle (1).
_________________________________________________
(1) Innocent XI, Prop. 10, 11 condamnées par la S. Cong, du Saint Office le 2 mars 1679.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Innocent XI, 10e et 11e propositions condamnées par la S. Congrégation du S. Office, le 2 mars 1679 :
« 10. Nous ne sommes pas tenus d’aimer le prochain par un acte interne et formel.
« 11. Nous pouvons satisfaire au précepte d’aimer le prochain, par les seuls actes externes ». (Du Plessis, Collectio Judiciorum, III, II, 348. — D.-B., 1160, 1161)
Q. 535. Quelles sont les œuvres de miséricorde spirituelle?
R. Les œuvres de miséricorde spirituelle sont :
1º conseiller ceux qui doutent;
2º instruire les ignorants;
3º reprendre les pécheurs;
4° consoler les affligés;
5º pardonner les offenses;
6° supporter avec patience ceux qui nous sont à charge;
7° prier Dieu pour les vivants et pour les morts (2).
___________________________________________
(2) II Machab., XII, 46; saint Matth., X, 10; saint Luc, X, 26 et suiv.; saint Paul, Ep. aux Rom., XII, 12-17; Ep. aux Galates, VI, 1,2; Ep. aux Ephés., IV, 1, 2,32; VI, 18; Ep. aux Coloss., IV, 2; Ire Ep. aux Thess., V, 14-17; Ire Ep. à Tim., II, 1, 2 Ep. de saint Jacques, V, 19, 20.
Q. 536. Quelles sont les œuvres de miséricorde corporelle?
R. Les œuvres de miséricorde corporelle sont :
1° donner à manger à ceux qui ont faim;
2° donner à boire à ceux qui ont soif;
3° vêtir ceux qui n’ont pas de vêtements;
4° accorder l’hospitalité;
5° visiter les infirmes;
6° visiter les prisonniers;
7° ensevelir les morts (1).
_____________________________________________________________
(1) Tobie, IV, 1-12; XII, 12; Ecclésiastique, VII, 39; Isaïe, LVIII, 7; Ezéchiel, XVIII, 7, 16; saint Matth., XXV, 35-45; saint Paul, Ep. aux Hébr., XIII, 2, 16; Ep. de saint Jacques, I, 27.
Q. 537. La charité dont nous devons aimer le prochain s'étend-elle même aux ennemis?
R. La charité dont nous devons aimer le prochain s’étend même aux ennemis, parce qu’eux aussi sont notre prochain et que Jésus lui-même nous en a donné le commandement et l’exemple (2).
___________________________________________________________
(2) Saint Matth., V, 44; saint Luc, VI, 27, 35; XXIII, 34; Actes, VII, 59; saint Paul, Ep. aux Rom., XII, 20; Catéchisme du Concile de Trente, 3e p., chap. VI, n. 18 et suiv.
Q. 538. Qu est-ce qu'une vertu morale?
R. Une vertu morale est une vertu qui a pour objet immédiat les actes honnêtes, conformes à la droite raison.
Q. 539. Combien peut-il y avoir de sortes d'actes d'une vertu morale, selon la fin qui les régit?
R. Selon la fin qui les régit, les actes d’une vertu morale peuvent être soit naturels, par exemple si on jeûne pour que la nourriture ne nuise pas à la santé, soit surnaturels, par exemple si on jeûne pour obtenir de Dieu la rémission des péchés ou pour « châtier son corps et le réduire en servitude » (1).
______________________________________________________________
(1) Saint Paul, Ire Épître aux Cor., IX, 27; saint Thomas, Ia 2æ, q. 63, a. 4.
Q. 540. Combien y a-t-il de vertus morales principales et quelles sont-elles?
R. Il y a quatre vertus morales principales : la prudence, la justice, la force et la tempérance. On les appelle aussi vertus cardinales (2).
_______________________________________________________________________
(2) Sagesse, VIII, 7; saint Augustin, Sur l'Ep. de saint Jean, aux Parthes, VIII, I; saint Thomas, Ia 2æ, q. 61, a. 9.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Saint Augustin, In Epistolam Joannis ad Parthos, Tractatus VIII, I :
« Les bonnes œuvres de la miséricorde, les affections de la charité, la droiture de la bonté, l’intégrité de la chasteté, la modération de la sobriété, voilà ce qu’on doit toujours garder... elles sont au dedans, toutes ces vertus que j’ai nommées. Mais qui peut les nommer toutes? C’est comme l’armée du général qui siège au dedans de ton âme. Car de même qu’un général, avec son armée, fait tout ce qu’il veut, ainsi le Seigneur Jésus-Christ, lorsqu’il commence à habiter dans notre homme intérieur, c’est-à-dire dans l’âme par la foi (Épître aux Éphésiens, III, 17), fait des vertus ses ministres ». (P. L., 35, 2035 s. — R. J., 1849).
Q. 541. Pourquoi ces vertus sont-elles dites cardinales?
R. Ces vertus sont dites cardinales , parce qu'elles sont comme le pivot (en latin cardo, cardinis) et le fondement de tout l’édifice moral, et que les autres vertus morales se ramènent à elles (1).
____________________________________________________________
(1) Ainsi, à la justice se ramènent les vertus de religion, piété, observance, gratitude, obéissance, véracité, libéralité, amitié...; à la force, les vertus de magnanimité, patience, persévérance...; à la tempérance, les vertus d'abstinence, honnêteté, sobriété, chasteté, virginité, continence, mansuétude, modestie, humilité,..; cette dernière vertu est fondamentale, parce qu'elle écarte l'orgueil, qui est à l'origine de tout péché.