Q. 593. Quel sera l'état des âmes des justes en Paradis?

R. En Paradis, les âmes des justes, sans leur corps avant le jugement général, avec leur corps après ce jugement, jouissent de la vision béatifique de Dieu, en même temps que de tout bien, sans mélange ni crainte d’aucun mal, dans la société de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de la Bienheureuse Vierge Marie et de tous les autres habitants des Cieux (1).
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(1) Sagesse, III, 7, 8; V, 5, 16,17; Isaïe, XLIX, 10; LX, 18-22; saint Matth., XIII, 43; XIX, 28, 29; XXV, 34, 46; saint Luc, XVI, 22; XXII, 29, 30; saint Jean, XVII, 24; saint Paul, Ire Ép. aux Cor., II, 9; XV, 41 et suiv.; IIe Ép. aux Cor., XII, 4; Ire Epître de saint Pierre, I, 4; V, 4; Apoc, VII, 9, 16, 17; XXI, 1-4, 10-14; XXII, 1-5; IVe Concile de Latran, l. c; Conc. de Vienne, Contre les erreurs des Béguards et Béguines; Benoît XII et Concile de Florence, l.c.;Catéchisme du Concile de Trente, Ire p., ch. XIII, n. 4 et suiv.


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a) IVe Concile de Latran (1215), ch. I, De fide catholica, contre les Albigeois :

« Et enfin le Fils unique de Dieu, Jésus-Christ viendra à la fin du monde juger les vivants et les morts et rendra à chacun, réprouvés ou élus, selon ses œuvres; et tous ressusciteront, avec les corps dont ils étaient ici-bas possesseurs, pour recevoir selon leurs œuvres, bonnes ou mauvaises, les uns, avec le diable, un châtiment perpétuel, et les autres, avec le Christ, la gloire éternelle ». (Mansi, loc. cit.— D.-B., 429).

b) Concile de Florence, Decretum pro Graecis :

« Si des hommes vraiment repentants meurent dans l'amour de Dieu avant d'avoir satisfait par de dignes fruits de pénitence pour leurs fautes d'action ou d'omission, leurs âmes sont purifiées après la mort par les peines du purgatoire. Et pour la délivrance de ces peines, ils profitent des suffrages des fidèles vivants, c'est à-dire des Messes, prières, aumônes et autres œuvres pies que les fidèles ont coutume d'accomplir pour les autres fidèles, selon les règles établies par l'Église.

« Les âmes de ceux qui après la réception du baptême se sont gardés entièrement à l'abri de la tache du péché ou qui après avoir contracté la tache du péché en ont été purifiées, soit dans leur corps, soit une fois sorties de leurs corps de la manière susdite, sont immédiatement admises au ciel et voient clairement Dieu un et trine, en lui-même comme il est, plus ou moins parfaitement l'une que l'autre, cependant, selon la diversité des mérites. Quant aux âmes de ceux qui meurent dans le péché actuel ou seulement dans le péché originel, elles descendent immédiatement en enfer, afin d'y être punies par des peines inégales toutefois ». (Mansi, XXXI, 1031. — D.-B., 693).

c) Benoît XII, Constitution Benedictus Deus, du 29 janvier 1336 :

« Dans cette constitution, qui restera à jamais en vigueur, de par notre autorité apostolique, Nous définissons ce qui suit : selon la disposition générale établie par Dieu, les âmes de tous les Saints qui ont quitté ce monde avant la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ et celles des saints apôtres, martyrs, confesseurs, vierges et autres fidèles morts après réception du saint baptême du Christ, qui n’ont rien eu à purifier à leur mort, ou qui à l'avenir n'auront rien à purifier à leur mort; celles aussi qui ont eu ou auront à se purifier, lorsqu'après leur mort elles auront achevé de le faire; de même encore les âmes des enfants régénérés par le même baptême du Christ ou encore à baptiser, quand ils l'auront été, s'ils meurent avant l'usage de leur libre arbitre; toutes, aussitôt après leur mort, ou après la purification susdite pour celles qui en avaient besoin, même avant la réunion à leurs corps et le jugement général, et cela depuis l'ascension de Jésus-Christ notre Sauveur, sont et seront au ciel, au royaume des cieux et au céleste paradis, avec le Christ, admises dans la société des Anges; et, depuis la mort et la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, elles ont vu et voient la divine essence d'une vision intuitive et même face à face, sans qu'aucune créature s'interpose dans l'idée de l’objet vu, mais immédiatement, grâce à la divine essence qui se manifeste elle-même à nu, clairement et ouvertement.

Et dans cette vision les âmes de ceux qui sont déjà morts jouissent de la divine essence et, par le fait même de cette vision et de cette jouissance, elles sont vraiment bienheureuses et possèdent la vie et le repos éternel; de même en sera-t-il [des âmes] de ceux qui, mourant dans la suite, verront la divine essence et en jouiront avant le jugement général.

De plus cette vision et cette jouissance de la divine essence font cesser dans ces âmes les actes de foi et d’espérance, en tant que foi et espérance s’entendent des vertus théologiques au sens propre.

En outre, depuis le moment où elles ont commencé ou auront commencé dans ces âmes, cette même vision intuitive et face à face et cette même jouissance ont duré et dureront, sans interruption et sans fin, jusqu’au jugement dernier et dès lors à jamais.

« Nous définissons encore ce qui suit : d’après la disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurent dans le péché mortel actuel descendent aussitôt après leur mort en enfer, pour y subir la torture des peines infernales; et néanmoins, au jour du jugement, tous les hommes comparaîtront devant le tribunal du Christ avec leurs corps, pour rendre compte de leurs actes personnels, afin que chacun soit récompensé en son corps suivant qu'il aura fait le bien ou le mal ». (2e Épître aux Corinthiens, V, 10). (Bullarium Romanum, ed. Taurinen.n IV, 346 et suiv. — D.- B., 530, 531).


d) Concile de Vienne (1311-1312), contre les erreurs des Bégards et des Béguines, 5e proposition condamnée :

« 5. Toute nature intellectuelle en elle-même, naturellement, est bienheureuse et l'âme n’a pas besoin de la lumière de gloire qui l’élève à la vision de Dieu et à jouir de lui dans la béatitude ». (Mansi, XXV, 410. — D.-B., 475).