BULLE Exsurge Domine, du Pape Léon X, en 1520.
Condamnation des erreurs de Luther.
(suite)
« Depuis longtemps, chose que nous pouvons à peine exprimer dans l'excès de notre affliction, nous avons appris, par la relation de personnes dignes de foi et par la renommée publique, que, par la suggestion de l'ennemi du genre humain, des erreurs nombreuses et diverses ont été renouvelées et répandues depuis peu parmi certaines personnes légères dans l'illustre nation germanique; erreurs dont quelques-unes ont déjà été condamnées par les conciles et par les constitutions de nos prédécesseurs, et qui contiennent expressément l'hérésie des Grecs et des Bohémiens; d'autres respectivement ou hérétiques, ou fausses, ou scandaleuses, ou offensant les oreilles pieuses, ou pouvant séduire les âmes simples; que ces erreurs ont été renouvelées et répandues par de faux fidèles qui ont perdu la crainte de Dieu, et qui, ambitionnant la gloire du monde par une orgueilleuse curiosité, veulent, contre la doctrine de l'Apôtre, être plus sages qu'il ne faut ; dont le babil, selon saint Jérôme, ne trouverait aucune créance s'ils n'avaient l'air de confirmer leur perverse doctrine par des témoignages divins, mais mal interprétés. Nous sommes d'autant plus affligé que cela soit arrivé en Germanie que nous et nos prédécesseurs avons toujours eu pour cette nation une charité intime. Car, après que l'Église romaine eut transféré l'empire des Grecs aux Germains, nos prédécesseurs et nous avons toujours pris d'entre eux les avocats et les défenseurs de cette même Église, lesquels se sont en effet toujours montré les ardents adversaires des hérésies.
« Témoin les louables constitutions des empereurs germaniques pour la liberté de l'Eglise, pour l'expulsion des hérétiques de toute la Germanie, sous les peines les plus graves, même de la perte des terres et des domaines contre ceux qui les recevraient ou ne les expulseraient pas ; constitutions confirmées par nos prédécesseurs, et dont l'observation, si elle avait lieu aujourd'hui, nous eût préservés de ce chagrin, et nous et eux.
« Témoin la perfidie des Hussites et des Wicléfites, ainsi que de Jérôme de Prague, condamnée et punie au concile de Constance; témoin le sang des Germains versé tant de fois contre les Bohêmes ; témoin la réfutation, réprobation et damnation, non moins docte que vraie et sainte, des dites erreurs ou de plusieurs d'entre elles par les universités de Cologne et de Louvain, qui cultivent avec tant de piété et de religion le champ du Seigneur, Nous pourrions alléguer encore beaucoup d'autres choses que nous croyons devoir passer sous silence, pour n'avoir pas l'air d'écrire une histoire.
« D'après la charge pastorale qui nous a été enjointe par la grâce divine, nous ne pouvons donc plus ni tolérer ni dissimuler le venin pestilentiel desdites erreurs, sans flétrissure pour la religion chrétienne et sans injure pour la foi orthodoxe. Or, de ces erreurs, nous avons jugé à propos d'insérer ici quelques-unes, dont la teneur est telle :
Or, de ces erreurs, nous avons jugé…
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