D. Jésus était-il obligé à cette loi ?
R. Non, puisqu'elle est un remède du péché originel, auquel il n'avait pu être sujet.
D. Pourquoi donc a-t-il voulu s'y soumettre ?
R. Parce qu'encore qu'il n'eut point de péché, étant néanmoins chargé de tous ceux des hommes, il paraissait en la forme de pécheur, et prit pour ce sujet sur soi le remède du péché, afin de guérir les nôtres qu'il s'était rendu comme propre, en prenant la qualité de Sauveur.
D. Ses parents eurent-ils bien du courage de faire cette rude et douloureuse cérémonie sur leur cher enfant ?
R. Oui, ils firent voir que l'amour de Dieu était plus fort que l'amour naturel, voulant obéir à l'ordre qu'il en avaient reçu, et à la Loi qui l'ordonnait.
D. Quelle instruction peut-on tirer de ce Mystère ?
R. Les parents apprennent par là l'obligation qu'ils ont de circoncire leurs enfants, c'est-à-dire, de retrancher tous leurs vices sans avoir égard aux sentiment de la nature.
D. Poursuivez s'il vous plait de me déclarer les choses qui suivirent la naissance de Jésus ?
R. Le Mystère qui nous touche de plus près, c,est celui de l'Adoration des Rois qu'on appelle l'Épiphanie, c'est-à-dire manifestation, puisque ce fut en ce jour que Jésus qui n'avait encore paru qu'aux Juifs en la personne des Pasteurs, se manifesta aussi aux Gentils, et nous appela tous à sa connaissance, en la personne de trois Mages. Que nous eut profité la naissance de Jésus, s'il ne se fut manifesté à nous.
D. Comment cela se passa-t-il ?
R. Une Étoile extraordinaire en toutes manières parut en orient, qui annonçait la naissance du Messie, les trois Mages sans hésiter ni différer se mettent en chemin, viennent le chercher en Jérusalem, ville Capitale de la Judée, demandent où est ce Roi des Juifs nouvellement né ; ce qui jeta le trouble dans l'esprit d'Hérodes, et toute la ville. Il fait assembler les Scribes et les Docteurs de la Loi, pour savoir d'eux le lieu de la naissance du Messie ; Ils répondent que c'était en Bethléem selon qu'il était porté dans l'Écriture ; Hérodes les y envoie avec ordre de lui en venir dire des nouvelles quand ils l'auraient trouvé, et cela dans le dessein de le faire mourir, sous prétexte de le vouloir adorer ; ils prennent donc le chemin de Bethléem, et voilà que l'Étoile qui leur avait paru en Orient, marchait devant eux, et les conduisit droit où était Jésus, s'arrêtant sur le lieu de sa demeure ; ils y entrent, trouvent ce divin Enfant en la compagnie de sa Mère, ils se prosternent, l'adorent, et lui font leurs présents mystérieux, d'Or, de Myrrhe, et d'encens, par lesquels ils reconnaissaient sa Royauté, son humanité, et sa Divinité.
D. Qu'apprenons-nous de tout ce Mystère ?
R. Il est si plein de lumière et d'instruction qu'il faudrait un livre entier pour en parler. J'y ferai seulement trois réflexions ; la première est que Jésus appelle tout le monde à la Connaissance, mais tous ne correspondent pas à sa grâce ; il y en a que trois qui suivent l'étoile. La seconde est que pour trouver Jésus il faut quitter son pays, qui est la nature corrompue, et le chercher dans la pauvreté, les souffrances, et les humiliations, et non à la Cour parmi l'abondance, les délices, et les honneurs, c'est où la grâce disparait. La troisième, que Jésus ne se révèle qu'aux petits et aux humbles, et se cache aux sages et aux prudents du siècle, et aux grands de la terre, qui ne le cherchent pas avec pureté d'intention.
D. Les Mages s'en retournèrent-ils à Hérodes ?
R. Non car Dieu leur envoya un Ange pendant leur sommeil, qui les avertit de sa mauvaise intention, ce qui les obligea de s'en retourner par un autre chemin.
D. Jésus ne s'est-il point fait connaître à d'autres ?
R. Oui, il fut encore reconnu du bon vieillard Siméon, et d'Anne la Prophétesse, lorsque ses parents le portèrent au Temple pour accomplir la Loi de la Purification.
D. Dites-moi je vous prie comment la chose s'est passée ?
R. Quarante jours après la naissance de Jésus, ses Saints Parents allèrent au Temple accomplir la Loi qui portait que toute femme qui mettrait au monde un enfant mâle de la manière ordinaire, se présenterait au Temple au bout de quarante jours, pour être purifiée, et que si c'était son premier né, elle l'offrirait à Dieu, et en le rachetant ensuite par l'Offrande de deux Tourterelles, ou de deux Pigeons au lieu d'un Agneau si elle était pauvre.
D. La mère et le fils étaient-ils obligés à cette Loi ?
R. Non, puisque la Sainte Vierge avait conçu et enfanté ce cher fils sans blesser sa Virginité en quelque manière que ce fut. Ils se soumirent néanmoins à cette Loi par humilité, par obéissance, et par amour.
D. Comment Siméon et Anne s'y rencontrèrent-ils en même temps ?
R. Par le mouvement du Saint-Esprit. Ce Saint vieillard était un homme juste, qui avait la crainte de Dieu, et soupirait depuis longtemps après la venue de son Sauveur ; il avait promesse du Saint-Esprit qu'il le verrait avant sa mort. Il arriva dans le Temple en même temps que Marie, et reconnut le fils et la Mère par une lumière divine qui lui fut donnée ; il prit le Saint Enfant entre ses bras, et tout ravis de joie ne pensant plus qu'à mourir, prophétisa que cet Enfant serait la lumière des Gentils, et la gloire du Peuple d'Israël ; et s'adressant à la Sainte Vierge, il lui dit que ce même Enfant serait la cause du Salut, et l'occasion de la perte de plusieurs, et qu'un glaive de douleur percerait un jour l'âme de la mère par les souffrances du Fils.
D. Ces prophéties se sont-elles accomplies ?
R. Oui, puisque Jésus a été la cause du Salut de tous ceux qui ont cru en lui, et l'occasion de la damnation des réprouvés, qui n'y ont pas voulu croire par leur malice et obstination, et la mort de Jésus a été le glaive de douleur qui a percé le cœur de Marie, l'amour rendant toutes les douleurs du fils communes à sa Sainte Mère.
D. Quel rapport cette prophétie a-t-elle avec ce Mystère ?
R. Elle en a beaucoup, puisque Jésus qui appartenait à sa mère en qualité d'enfant, était par elle offert au Père Éternel, et elle se dépouilla pour lors de tout le droit qu'elle y pouvait prétendre afin qu'il en disposât entièrement selon sa sainte volonté, pour sa plus grande gloire et le salut des hommes. C'est en cela que parût son amour envers Dieu et les hommes, et ce fut en partie en vertu de cette donation que le Père Éternel le condamna à la mort ; il fallait donc que la Sainte Vierge en eut connaissance, afin d'en faire le sacrifice tout entier.
D. Quelle était cette femme que vous nommez Anne la Prophétesse ?
R. C'était une Sainte veuve âgée de quatre-vingt ans ; qui n'avait demeuré que sept ans avec son mari, qui passait tout son temps en jeûnes et en prières. Elle se trouva présente à tout ce Mystère, et y eut sa bonne part, car étant illuminée du Saint-Esprit, elle bénissait Dieu, et disait des merveilles de cet enfant à tous ceux qui se trouvèrent présents. les Parents même de Jésus étaient en admiration des choses admirables qu'ils entendaient.
D. Quelle instruction tirons-nous de ce Mystère ?
R. La plus considérable est que si les parents veulent que Dieu fasse quelque chose de grand pour leurs enfants, il faut qu'ils fassent un sacrifice à Dieu incontinent après leur naissance, en les lui offrant du meilleur de leur cœur, afin qu'il en dispose entièrement selon sa sainte volonté.
Marcadores