Q. 518. Pourquoi ne peut-il jamais y avoir de véritable désaccord entre la foi et la raison?
R. Il ne peut jamais y avoir de véritable désaccord entre la foi et la raison, parce que c’est le même Dieu qui révèle les mystères et répand la foi et qui donne à l’âme humaine la lumière de la raison; or Dieu ne peut se nier lui-même, ni contredire jamais le vrai (1).
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(1) Concile du Vatican, l. c; Pie IX, Encycl. Qui pluribus, 9 nov. 1846.
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a) Concile du Vatican, Constitution Dei Filius, ch. 4, De fide et ratione :
« Mais, bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de véritable désaccord entre la foi et la raison : car le même Dieu qui révèle les mystères et communique la foi a mis dans l’esprit humain la lumière de la raison; or il est impossible que Dieu se nie lui-même, ni que le vrai contredise jamais au vrai. Cette apparence imaginaire de contradiction vient principalement ou de ce que les dogmes de la foi n’ont pas été compris et exposés selon l'esprit de l'Église, ou de ce que des erreurs sont prises pour des conclusions de la raison. Nous déclarons donc que toute affirmation contraire à une vérité attestée par la foi éclairée est absolument fausse ». (D.-B., 1797).
b) Pie IX, Encyclique Qui pluribus, du 9 novembre 1846 :
Vous le savez (en effet), Vénérables Frères, (ces) implacables ennemis du nom chrétien, misérablement emportés par un aveugle élan de folle impiété, en sont venus à une telle témérité de leur jugement qu’avec une audace inouïe jusqu’alors, ouvrant leur bouche en des blasphèmes contre Dieu (Apocalypse, XIII, 6), ils ne rougissent pas d’enseigner hautement et publiquement que les augustes mystères de notre religion sont des faussetés et des inventions humaines, que la doctrine de l'Église catholique est opposée au bien et aux intérêts de la société, et ils ne craignent pas de renier le Christ lui-même et de renier Dieu. Et, pour mieux tromper les peuples, pour mieux égarer et entraîner avec eux dans l’erreur particulièrement les esprits incultes et sans méfiance, ils se présentent comme étant les seuls à connaître les voies du bonheur et n’hésitent pas à s’arroger le titre de philosophes, comme si la philosophie, dont toute l’occupation est de rechercher les vérités naturelles, devait rejeter ce que Dieu lui-même, auteur de la nature tout entière, a daigné, par un insigne bienfait de sa miséricorde, manifester aux hommes pour leur permettre d’atteindre la félicité et le salut véritables.
« Aussi, usant d’une méthode de discussion parfaitement illogique et fallacieuse, ils ne cessent d’en appeler à la puissance et à la supériorité de la raison humaine, de la dresser contre la sainte foi chrétienne, et ils ont l’audace extrême de décrier celle-ci comme inconciliable avec la raison humaine. On ne saurait certainement rien inventer, rien rêver de plus fou, de plus impie, de plus contraire à la raison humaine. Car la foi est au dessus de la raison, mais il est impossible de découvrir entre elles aucune opposition, aucune contradiction réelle, puisque toutes deux découlent d’une seule et même source de vérité immuable et éternelle : Dieu très bon et très grand; et elles se prêtent mutuellement appui : la droite raison démontre, appuie et défend la vérité de la foi; la foi, pour sa part, délivre la raison de toutes les erreurs qui la menacent, et, en lui faisant connaître les choses divines, l'éclaire merveilleusement, la fortifie et l’achève.
« Avec autant de perfidie, Vénérables Frères, ces ennemis de la révélation divine exaltent le progrès humain en le louant sans réserve : ils voudraient par un attentat tout à fait téméraire et sacrilège l’introduire dans la religion catholique, comme si cette religion n’était l’œuvre de Dieu, mais des hommes, et une invention philosophique, perfectible par des moyens humains. Sur ces pauvres fous tombe directement le reproche mérité que Tertullien adressait aux philosophes de son temps : Ils ont mis au jour un christianisme stoïcien, platonicien, dialecticien (De praescript. haereticorum, ch. 7). Et certes notre sainte religion n’a pas été inventée par la raison humaine, mais c’est Dieu qui, dans son infinie clémence, l’a fait connaître aux hommes. Aussi chacun comprend sans peine qu’elle emprunte toute sa force à l’autorité de la parole de Dieu et qu’elle ne peut nullement être diminuée ni perfectionnée par la raison de l’homme.
« La raison humaine, il est vrai, pour ne pas être trompée ni égarée dans une affaire d’une telle importance, doit examiner avec soin le fait de la révélation divine, afin d’être assurée que Dieu a parlé et de rendre à Dieu une obéissance raisonnable, comme l’enseigne l’Apôtre avec une parfaite sagesse (Epître aux Romains, XII, I). Qui ignore, en effet, qui peut ignorer que l’on doit à la parole de Dieu une foi totale et que rien n’est plus en harmonie avec le raison elle-même que d’acquiescer et d’adhérer fermement à ce que Dieu a sûrement révélé, lui qui ne peut ni être trompé ni tromper ?
« Mais combien nombreuses, combien admirables, combien lumineuses les preuves qui doivent convaincre, avec une évidence absolue, la raison humaine, que la religion du Christ est divine et que toutes nos croyances ont leur principe et leur source en haut, dans le Seigneur du ciel (saint Jean Chrysostome, Ire Homélie sur Isaïe), et que par conséquent rien n’est plus certain, plus assuré, plus saint, que rien ne s’appuie sur des principes plus solides, que notre foi ? Maîtresse de vie, guide du salut, ennemie victorieuse de tous les vices, mère féconde et nourrice de toutes les vertus, cette foi, confirmée par la naissance, la vie, la mort, la résurrection, la sagesse, les miracles, les prophéties de celui qui l’a fondée et consommée, Jésus-Christ, brillant de toutes parts de la lumière de la doctrine d’en-haut, enrichie par les trésors des richesses célestes, elle est illustrée et glorifiée par les oracles de tant de prophètes, l’éclat de tant de miracles, la constance de tant de martyrs, la gloire de tant de Saints; portant de toutes parts les lois salutaires du Christ et acquérant tous les jours de nouvelles forces par le fait même des plus cruelles persécutions; armée du seul étendard de la Croix, elle s’est répandue par tout l’univers, du levant au couchant; et, ayant renversé les idoles trompeuses, dissipé les ténèbres des erreurs et triomphé des ennemis de tout genre, elle a éclairé des lumières de la connaissance divine tous les peuples, toutes les nations, les plus barbares et les plus cruelles, les plus diverses de tempéraments, de mœurs, de lois, de coutumes; et elles a les soumises au joug très doux du Christ, annonçant à toutes la paix, annonçant le bonheur (cf. Isaïe, LII, 7). En tout cela éclate avec tant d’évidence la lumière de la sagesse et de la puissance divine que toute âme qui réfléchit peut facilement comprendre que la foi chrétienne est l’œuvre de Dieu.
« Aussi la raison humaine, qui connaît clairement et ouvertement, par ces preuves aussi lumineuses que solides, que Dieu est l’auteur de la foi, ne peut aller plus loin; rejetant et éloignant toute difficulté, toute raison de douter, elle doit accorder à cette foi une soumission totale, puisqu’elle tient pour certain que tout ce que cette foi propose à la croyance et à la pratique des hommes, c’est Dieu qui le lui a enseigné ». (Acta Pii IX, I, I, 6-9 — D.-B., 1634-1639).
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