Dans cette galerie déjà longue et très incomplète de portraits de nos héroïnes, nous devons une place à l'épouse de Chantebel, le héros du catéchisme.

Pendant la Terreur, comme nous le voyons souvent à d'autres époques de l'histoire, l'héroïsme des hommes s'inspirait souvent de l'héroïsme des femmes.


Un jour, les persécuteurs révolutionnaires entraient dans le village du Chêne, près de Martigné. On leur avait dit qu'ils trouveraient là un certain fermier, nommé Chantebel, ennemi déclaré de la République.

Les républicains entrent dans la chaumière du paysan, y découvrent un catéchisme et s'en emparent.

Mais, d'une main rapide et vigoureuse, le fermier leur arrache le précieux petit livre, et déclare qu'il ne consentira jamais à s'en dessaisir.

On traîne Chantebel à Martigné devant le Comité révolutionnaire.

Sa femme l'y accompagne et l'encourage à tenir ferme dans sa foi.

Le Comité condamne l'opiniâtre paysan à livrer son catéchisme sur la place publique, et à le brûler en présence de tous les patriotes.

— Mon catéchisme est bon, répond le vaillant chrétien. Brûlez-moi plutôt moi-même ; je veux vivre ou mourir avec mon catéchisme.

On entraîne Chantebel dans les rues, et la populace le poursuit de ses huées impies et féroces.

Sa femme est constamment à ses côtés et ne cesse de lui crier à haute voix : — Tiens bon, Chantebel ; reste ferme : c'est pour le bon Dieu.

Il tient si ferme, en effet, que les persécuteurs ne peuvent en avoir raison, et finissent par le lâcher.

Toujours suivi et félicité par sa courageuse compagne, le Vendéen revient dans son village en triomphateur, portant dans ses mains son catéchisme, dont il se fait comme un trophée de sa victoire.

Chantebel tenait à son catéchisme comme la Vendée tout entière tenait à sa religion, à ses prêtres et à son Dieu.