Un jour, plus de 60 vendéens avaient été pris aux environs de Nantes et jetés dans les cachots du Bouffay (1).

Dès le lendemain, ils furent condamnés à mort.

Un témoin digne de foi, Madame de la Brejolière, a raconté que, se trouvant dans une rue voisine de la place, elle fut poussée par le flot de la foule jusque sur le lieu de l'exécution.

Arrivée là, elle vit ces Vendéens descendre, deux à deux, le grand escalier de la prison. Tous avaient le chapelet à la main, et chantaient en chœur le cantique populaire à la sainte Vierge:

Je mets ma confiance,
Vierge, en votre secours.
Servez moi de défense;
Prenez soin de mes jours;
Et quand ma dernière heure
Viendra fixer mon sort,
Obtenez que je meure
De la plus sainte mort.

Madame de la Brejolière ne put supporter plus longtemps ce spectacle. Voyant la porte d'une maison voisine entr'ouverte, elle s'y précipita et referma la porte sur elle. Elle ne vit plus la procession funèbre des condamnés, mais elle entendait encore leur chant. La foule était silencieuse, on n'entendait que le pieux cantique et le bruit du fatal couteau, qui tombait par intervalles mesurés.

Peu à peu le nombre des voix diminuait, bientôt quelques-unes seulement se faisaient entendre, puis une seule, puis, le silence. Le sacrifice était consommé (2).

Ces prêtres, ces femmes, ces soldats qui recevaient, en…
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(1) Le Bouffay, qui servait alors de prison, fut bâti par Conan le Tors, et servait à la fois de palais et de château-fort. II était bâti au confluent de l’Erdre et de la Loire. Budic, comte de Nantes, renfermé dans cette forteresse, y fut vainement assiégé, pendant deux ans, par Geoffroy, duc de Bretagne. — (2) Lettres vendéennes, par le Vte WALSH, p 266.

A suivre : II. LA DÉPORTATION EN ESPAGNE.