GALILÉE
(col. 1058-1059)
I. PREMIÈRES ANNÉES, PREMIÈRES DÉCOUVERTES. — Galilée naquit à Pise le 18 février 1564. Son père, Vincent Galilée, était commerçant. Il lui donna le prénom de Galileo, de sorte que son nom et son prénom, Galileo Galilei, ne différaient que par la désinence. Ses études primaires terminées, il entra, paraît-il, comme novice, chez les moines de Vallombreuse, cf. A. Favaro, G. Galilei e lo studio di Padova, Florence, 1883, t. I, p. 8, et y étudia les éléments de la logique et de la dialectique. Il ne se sentait pas de vocation religieuse. Aussi, dès le 5 septembre 1581, on le voit inscrit parmi les étudiants de l'université de Pise. Les mathématiques avaient pour lui un attrait particulier. Il s'y livra avec passion. Ses observations sur la loi du pendule et sa nouvelle démonstration de la loi d'Archimède sur la pesanteur des corps dans l'eau, le firent remarquer dès 1583 et 1586. En 1587, bien qu'il n'eût encore que vingt-trois ans, il concourut pour une chaire de mathématiques à Bologne et le document qui nous l'apprend, A. Favaro, op. cit., t. I, p. 22, témoigne qu'il avait déjà enseigné cette matière à Florence et à Sienne.
Il ne s'agissait de rien moins que de remplacer Ignace Danti, bien connu pour la part qu'il avait prise à la réforme du calendrier grégorien. Sa candidature échoua. Après avoir professé quelque temps à Pise, Galilée put enfin obtenir en 1592 une chaire à l'université de Padoue avec des appointements de cent soixante florins par an (environ 450 francs). Le professeur qu'il remplaçait, Moletti, avait suivi dans son enseignement le système de Ptolémée, qui faisait de la terre le centre du monde; Galilée enseigna le même système. On a encore le programme de ses cours de 1592 à 1604. Cf. Favaro, op. cit., t. II, p. 150. Il est piquant de voir le futur copernicien étaler ses raisons en faveur d'une opinion que Copernic avait déjà réfutée. Favaro, Le opere di Galileo Galilei, 1890 sq., t. II, p. 203; Müller, Nicolaüs Copernicus der Altmeister der neueren Astronomie, Fribourg, 1898; trad. italienne, Nicolo Copernico, Rome, p. 142 sq. On a prétendu que Galilée soutenait sans conviction cette théorie surannée. Cf. Müller, Galileo Galilei, Rome, 1912, p. 10-11. Il est plus simple d'admettre qu'il ignorait encore ou connaissait mal le système copernicien.
Toutefois il semble que, dans ses lettres à Mazzoni (30 mai 1597) et à Kepler (4 août 1597), Le opere di Galileo , édit. Favaro, t. II, p. 198; t. X, p. 68, il y ait des allusions assez claires à la théorie de Copernic qui veut que la terre tourne et que toutes les planètes tournent, comme la terre, autour du soleil. Jusqu'en 1610, on ne voit pas qu'il y ait prêté grande attention. La découverte qu'il accomplit, à l'aide du télescope, des satellites de Jupiter, lui lit alors abandonner le système de Ptolémée. Son Sidereus nuntius, qui parut le 12 mars 1610, Favaro, Le opere di Galileo , t. III, p. 53, témoigne de ce nouvel état d'esprit. De tous les éloges qu'il reçut en cette circonstance, nul sans doute ne lui fut plus sensible que celui de Kepler. Dissertatio cum Nunlio sidereo nuper ad mortales misso a Galileo Galileo, Kepler, Opera omnia, édit. Frisch, t. II, p. 490. Quelques savants jésuites, entre autres, le P. Clavius, qui avait collaboré à la réforme du calendrier grégorien, et le P. Griemberger, se rangèrent également à son opinion. Lettre de Galilée à Bélisaire Vinta, datée de Rome, 1er avril 1611, dans Favaro, Le opere di Galileo, t. XI, p. 79.
Nommé mathématicien officiel du grand-duc de Toscane, Cosme II, Galilée séjourna habituellement à Florence. En mars 1611,1e Collège romain lui accorda les honneurs académiques. Le P. Clavius et ses collègues l'applaudirent publiquement comme « l'un des plus célèbres et des plus heureux astronomes du temps. « Nuntius sidereus Collegii romani, dans Favaro, Le opere di Galileo, t. III, p. 291-298. Nombre de cardinaux et de prélats lui firent un accueil des plus chaleureux, et le pape Paul V le reçut gracieusement en audience privée. Lettre de Galilée en date du 22 avril 1611, dans Favaro, loc. cit., t. XI, p. 89. Une lettre du cardinal del Monte au grand-duc de Florence témoigne de l'enthousiasme de ces manifestations. « Galilée, dit-il, a parfaitement convaincu tous les savants de Rome de la vérité de ses découvertes; et si nous vivions encore au temps de l'antique République romaine, nul doute qu'en reconnaissance de ses œuvres on ne lui fît élever une statue au Capitole. » Favaro, Le opere di Galilei, t. XI, p. 119.
II. PREMIÈRE RENCONTRE AVEC LES THÉOLOGIENS.…
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