Après que l'armée catholique eut passé la Loire, les républicains abandonnèrent Cholet. La ville n'était plus qu'une lugubre et effrayante nécropole.

Une dame, Madame Tournery, s'obstinant à rester chez elle, se cacha dans un four pendant vingt quatre heures. N'entendant plus de bruit autour d'elle, dans les rues, elle sortit de sa cachette pour chercher du feu. Elle ne put rencontrer âme qui vive dans la cité abandonnée. Parcourant les maisons désertes pour y trouver quelques aliments, elle se vit tout à coup assaillie par un genre d'ennemis qu'elle était loin d'avoir prévus. Une troupe d'une centaine de chats affamés, aux regards sauvages et flambloyants, l'entourent et la poursuivent jusque chez elle, en faisant entendre de sinistres miaulements. Elle eut grand'peine à se défendre de ces carnassiers domestiques. De sa vie, elle n'eut pareille frayeur.

Telle est la situation où la grande armée d'Outre-Loire venait de laisser le pays qu'elle avait si vaillamment défendu.

Il serait difficile de se faire une juste idée du spectacle de désolation qu'offrait alors le Bocage, occupé par de pareils vainqueurs.

Les Vendéens qui étaient restés dans le pays, se tenaient cachés dans les bois, dans les grands champs de genêts, et ne se hasardaient à sortir que le soir, sur la lisière des forêts. L'œil du voyageur n'apercevait de toutes parts que des châteaux et des chaumières en ruine et fumant encore des feux de l'incendie. Quelques chiens maigres et affamés poussaient des hurlements affreux sur le seuil des maisons abandonnées, et les bestiaux errants dans la campagne, cherchaient, en mugissant, leurs étables en cendre.
A suivre: II. LE RÉGIME DE LA TERREUR; LES ATROCITÉS ET LES MASSACRES DES COLONNES INFERNALES. — LES MARTYRS DE 1794.