Q. 287. La grâce actuelle nous est-elle nécessaire?
R. La grâce actuelle nous est absolument nécessaire pour faire le bien et éviter le mal en vue de la vie éternelle, parce que, cette vie étant de l'ordre surnaturel, nous ne pouvons par nos seules forces naturelles absolument rien concevoir, vouloir ou accomplir comme il convient pour l’obtenir (2).
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(2) Saint Paul, 2e Ep. aux Cor., III, 5; Ep. aux Philipp. II, 13; 2e Concile d’Orange, can. 3 et suiv.; Concile de Trente, session VI, De la justification, can. 1-3; saint Grégoire de Nazianze, Sermon XXXVII, 13; saint Jean Chrysostome, Sur la Genèse, XXV, 7.
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IIe Concile d’Orange (529), contre les Semipélagiens:
a) « Can. 3. Si quelqu'un dit que la grâce de Dieu peut être accordée à l’invocation de l'homme, mais que ce n’est pas Dieu qui donne la grâce pour être invoqué par l’homme, il contredit le Prophète Isaïe, ainsi que l’Apôtre qui dit lui aussi : J'ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas. Je suis devenu évident à ceux qui ne m'interrogeaient pas (Epître aux Romains, X, 20; cf. Isaïe, LXV, I).
« Can. 4. Si quelqu’un prétend que, pour que nous soyons délivrés du péché, Dieu attend notre volonté, et ne confesse pas que même notre volonté d’être délivrés est produite par l’infusion et l’opération du Saint-Esprit en nous, il résiste au Saint-Esprit lui-même qui dit par la bouche de Salomon : La volonté est préparée par le Seigneur (Prov., VIII, 35, Sept.) et de l’Apôtre qui prêche cette saine doctrine : C'est Dieu qui opère en vous le vouloir et le faire selon qu'il lui plaît (Epître aux Philippiens, II, 13).
« Can. 5. Si quelqu’un dit que l’augmentation comme le début de la foi, et le sentiment même de croyance par lequel nous croyons en celui qui justifie l’impie, et par lequel nous parvenons à la régénération du saint baptême, ne se trouvent pas en nous par un don de la grâce, c’est-à-dire par une inspiration du Saint-Esprit qui ramène notre volonté de l’infidélité à la foi, de l’impiété à la piété, mais que cela se trouve naturellement en nous, il s’avère opposé aux dogmes apostoliques, puisque saint Paul dit : Nous avons confiance que celui qui a entrepris en nous cette belle œuvre en poursuivra l'achèvement jusqu'au jour du Christ Jésus (Epître aux Philippiens, I, 6);et encore : Il vous a été donné, par rapport au Christ, non seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui (Phil., I,29), et : C'est par grâce que vous avez été sauvés par le moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous; car c'est un don de Dieu ( Epître aux Ephésiens, II, 8 ). Car ceux qui disent que la foi par laquelle nous croyons en Dieu est naturelle définissent que tous ceux qui sont étrangers à l’Eglise du Christ sont en quelque manière fidèles.
« Can. 6. Si quelqu’un dit que la miséricorde nous est divinement accordée, lorsque, sans la grâce de Dieu, nous croyons, voulons, désirons, peinons, travaillons, veillons, étudions, demandons, cherchons, frappons, et ne confesse pas que tout cela est produit par l’opération et l’inspiration du Saint-Esprit en nous pour que nous croyons, veuillons ou puissions faire tout cela comme il faut, mais qu’il subordonne le secours de la grâce à l’humilité ou à l’obéissance humaine, et qu’il n’accorde pas que ce don de la grâce elle-même est fait pour que nous devenions obéissants et humbles, il résiste à l’Apôtre qui dit : Qu’as-tu que tu n’aies reçu? (IreEpître aux Corinthiens, IV, 7), et: C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis (Ib., XV, 10) ». (Mansi, VIII, 713 et suiv. — D.-B., 176-179).
Concile de Trente, session VI, De justificatione :
b) « Can. 1. Si quelqu’un dit qu’un homme peut être justifié devant Dieu par ses propres œuvres, accomplies par les forces de la nature humaine ou selon la doctrine de la loi, sans la grâce de Dieu méritée par Jésus-Christ : qu’il soit anathème.
« Can. 2. Si quelqu’un dit que la grâce de Dieu méritée par le Christ Jésus est donnée seulement pour que l’homme puisse plus facilement vivre dans la justice et mériter la vie éternelle, comme si, par son libre arbitre, sans la grâce, il pouvait faire l’un et l’autre, quoique cependant avec peine et difficulté : qu’il soit anathème.
« Can. 3. Si quelqu’un dit que, sans l’inspiration prévenante de l’Esprit-Saint et sans son secours, l’homme peut faire des actes de foi, d’espérance, de charité ou de repentir, tels qu’il faut les faire pour obtenir la grâce de la justification : qu’il soit anathème » (D.-B., 811-3).
Saint Grégoire de Nazianze, Oratio 37,13 :
c) « Il y en a quelques-uns qui s’enorgueillissent de leurs bonnes actions au point d’en rapporter tout [le mérite] à eux-mêmes et rien à leur créateur, à celui qui leur a donné la sagesse et qui est le pourvoyeur de tout bien; aussi la parole [de l'Epître aux Romains, IX, 16 : Il ne s'agit pas de vouloir ni de courir, mais que Dieu fasse miséricorde] leur enseigne-t-elle que le bon vouloir a besoin du secours de Dieu : mieux que cela, que le choix du parti qu’il convient de prendre est divin et est un don de la bonté divine. Si nous sommes sauvés, il faut que ce soit et par nous et par Dieu. D’où la parole : il ne s'agit pas de vouloir , c’est-à-dire non pas seulement de vouloir, ni de courir seulement, mais encore que Dieu fasse miséricorde. Ainsi, puisque le vouloir lui-même dépend de Dieu, on a parfaitement raison de tout attribuer à Dieu. Cours tant que tu voudras, combats tant que tu voudras, tu as besoin de celui qui donne la couronne ». (P. G., 36, 297 et suiv.— R. J., 1003).
Saint Jean Chrysostome, In Genesim homilia XXV, 7.
d) « Il n'est pas possible que nous accomplissions comme il faut quelque chose de bien, si nous ne bénéficions de l’impulsion d’en haut ». (P. G., 53,228. — R. J., 1153).
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