GALILÉE
IV. INFRACTION AU DÉCRET DE 1616.
(SUITE)
(col. 1067-1068)
Bien plus, le souverain pontife, « le lut, dit-on, avec grand plaisir. » Lettre de Rinuceini du 20 octobre 1623, Alberi, Le opere, t. XIII, p. 154. Flatté d'un tel hommage rendu à son livre, Galilée se prit à caresser de hardis projets pour l'avenir. Dans un voyage qu'il fit à Rome en 1624, il eut avec le pape Urbain VIII jusqu'à six entretiens assez longs. Espérait-il pouvoir faire rapporter le décret de 1616 ? Cela n'est pas improbable.
Un de ses partisans, le cardinal Hohenzollern, crut pouvoir inviter Urbain VIII à se prononcer en faveur du système héliocentrique. Le pape se hâta de répondre que cette doctrine n'avait jamais été condamnée comme hérétique, et que personnellement il ne la ferait jamais condamner, bien qu'il la considérât comme très hasardée : « Du reste, il n'y avait pas à craindre que jamais on pût en démontrer la justesse et la vérité. » Lettre de Galilée à Cesi, 8 juin 1624, dans Favaro, Le opere, t. XIII, p. 182.
Malgré la haute estime qu'Urbain VIII professait pour Galilée et dont on a maints témoignages positifs, cf. notamment la lettre que le pape adressait le 8 juin 1624 au grand-duc de Toscane et qui contient un éloge extraordinaire du savant astronome, Favaro, Le opere, t. XIII, p. 183-184, il n'est pas vraisemblable qu'il se soit prêté à une revision du procès de 1616.
Galilée n'en rapporta pas moins à Florence la conviction que le système copernicien ne pouvait être condamné comme hérétique. Son ardeur scientifique s'en accrut d'autant. Il conçut un grand ouvrage dans lequel il développait les idées déjà insinuées dans le Saggiatore sur les deux systèmes du monde qui se partageaient les esprits.
II y travailla sept ou huit ans.
Dans une lettre en date du 24 décembre 1629, qu'il adresse au prince Cesi, fondateur de l'Académie des Lincei, dans Favaro, Le opere, t. XIV, p. 60, on voit que l'œuvre était presque achevée.
Elle ne parut cependant qu'en 1632, sous ce titre: Dialogo di Galileo Galilei Linceo matematico sopra ordinario dello studio di Pisa e filosofo e matematico primario del serenissimo Granduca di Toscana : dove nei congressi di quattro giornate si discorze sopra i due massimi sistemi del mondo, Tolemaico e Copernicano, proponendo indeterminatamente ragioni filosofiche e naturati tanto per l'una quanto per t'altra parte. Favaro, Le opere, t. VII, p. 20-489.
La publication avait souffert d'énormes difficultés. Galilée aurait souhaité de la faire imprimer à Rome. Mais le P. Riccardi, maître du sacré palais, qui avait si bien accueilli le Saggiatore, reconnut que l'auteur, dans ce nouvel ouvrage, loin de proposer le système de Copernic comme une hypothèse mathématique, en parlait en termes qui formaient un essai de démonstration scientifique. II ne fallait pas songer à le mettre au jour dans cet état. Le P. Riccardi proposa donc d'y introduire certaines corrections, que Galilée admit en principe. L'autorisation d'imprimer lui fut accordée à ces conditions. Favaro, Le opere, t. XIV, p. 258, lettre de Galilée à Cioli; von Gebler, Die Acten, p. 52 sq. ; ms. du procès, fol. 387 sq.
Bientôt cependant, par suite de circonstances qu'il serait trop long d'indiquer ici, il fut contraint de remporter son manuscrit à Florence…
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