Q. 162. Un adulte, qui meurt sans avoir reçu le Sacrement de Baptême, peut-il être sauvé?
R. Oui, un adulte qui meurt sans avoir reçu le Sacrement de Baptême peut être sauvé, non seulement s’il croit les vérités qui sont nécessaires au salut d’une nécessité de moyen et s’il a la charité qui peut remplacer le Baptême, mais même s’il ignore, d’une ignorance invincible, la vraie religion, à la condition que, sous l’influence de la lumière et de la grâce divines, il soit prêt à obéir en tout à Dieu et qu’il ait parfaitement observé la loi naturelle (1).
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(1)Au sujet d’hommes, qui, par exemple, ayant grandi au milieu des forêts sauvages, ignorent, sans faute de leur part, la vraie Église, saint Thomas enseigne ceci dans son De Veritate, q. 14, art. 11, ad Im : « Il appartient à la divine Providence de procurer à chacun les moyens nécessaires à son salut, pourvu que l’homme lui-même n’y mette pas obstacle. Si un homme, élevé au milieu des forêts, suivait les directives de la raison naturelle dans l’appétit du bien et la fuite du mal, il faut tenir comme absolument certain que Dieu ou bien lui révélerait par une inspiration intérieure les vérités qu’il faut absolument croire pour être sauvé, ou bien lui enverrait quelqu’un qui lui enseignerait la foi, comme II a envoyé saint Pierre à Corneille ». — Innoc. II, Lettre à l'archev. de Crémone Apostolicam sedem; Pie IX, Lettre Quanto conficiamus aux évêques d'Italie, 10 août 1863.
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Innocent II (1130-1143), Lettre Apostolicam Sedem, à l'évêque de Crémone :
a) « Voici notre réponse à votre question : le prêtre que vous nous signalez comme ayant achevé son dernier jour sans avoir reçu l’eau du baptême a persévéré dans la foi de notre sainte mère l’Eglise et dans la confession du nom du Christ. Nous affirmons donc sans hésiter, en nous appuyant sur l’autorité des saints Pères Augustin et Ambroise, qu’il a été délivré du péché originel et qu’il a reçu la joie de la céleste patrie. Reportez-vous au huitième livre de la Cité de Dieu, de saint Augustin; on y lit entre autres choses : « Le Baptême est administré invisiblement à celui qu’exclut non pas le mépris de la religion, mais la contrainte de la nécessité ». Ouvrez encore le livre du bienheureux Ambroise Sur la mort de Valentinien, il soutient la même opinion. Voilà donc vos doutes apaisés, tenez-vous en à l’opinion des savants Pères et faites offrir à Dieu dans votre église des prières et des sacrifices continuels pour ce prêtre ». (P. L., 179, 624. — D.-B., 388).
Pie IX, Encyclique Quanto conficiamur, du 10 août 1863, aux évêques d’Italie :
b) « Et ici, Fils chéris et vénérables Frères, il faut rappeler de nouveau et blâmer l'erreur très grave où sont malheureusement tombés quelques catholiques : ils croient que les hommes vivants dans l'erreur et séparés de la vraie foi et de l'unité catholique peuvent parvenir à la vie éternelle. Cela est tout à fait contraire à la doctrine catholique. Nous le savons et vous le savez, ceux qui souffrent d’une ignorance invincible à l'égard de notre très sainte religion, et qui observent avec soin la loi naturelle et ses préceptes gravés par Dieu dans le cœur de tous, qui sont disposés à obéir à Dieu, qui mènent une vie honnête et juste, ceux-là peuvent, par l'efficacité de la lumière divine et de la grâce, acquérir la vie éternelle; puisque Dieu, qui voit parfaitement les esprits, les âmes, les pensées et les habitudes de tous, les scrute et les connaît, ne souffre pas, dans sa bonté et dans sa clémence souveraines, que quelqu’un qui n’est point coupable d’une faute volontaire soit puni par des supplices éternels. Mais parfaitement connu aussi est le dogme catholique : hors de l'Église catholique nul ne peut être sauvé, et les contumaces rebelles à l'autorité et aux définitions de l'Église, ceux qui demeurent opiniâtrement hors de l'unité de cette Église et séparés du Pontife romain, successeur de Pierre, à qui la garde de la vigne a été confiée par le Sauveur, ceux-là ne peuvent obtenir le salut éternel ». (Acta Pii IX, I, III, 613. — D.-B., 1677).
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