Nous lisons dans l'un des articles du procès de béatification de ces premiers martyrs de la Révolution française : « C'est la vérité qu'Augustin-Robert de Lézardière, du diocèse de Luçon, était diacre au séminaire de Saint-Sulpice, où il achevait ses études de théologie. Le 15 août, il fut arrêté à lssy et incarcéré comme diacre dans la maison des Carmes. Lorsque vint l'heure du martyre, il se porta avec enthousiasme au-devant de ses bourreaux, et mourut pour la foi, le 2 septembre 1792 (1).
Cette journée, de si honteuse mémoire pour la Révolution, est un des jours les plus glorieux de l'Église de France. Ce que les actes des martyrs des premiers siècles, dit un historien, nous racontent de leur héroïsme, les murs du couvent des Carmes le racontent de ces victimes vénérables qui les ont arrosés de leur sang. Ce fut le même courage à confesser la foi, la même fermeté en face de la mort, la même générosité envers les bourreaux, et par-dessus tout, une simplicité, un abandon, un oubli de soi, qui n'appartient qu'aux vrais martyrs (2).
« Des témoins oculaires ont dit leur sérénité, en les voyant marcher à la mort, selon l'expression du commissaire Violette, avec autant d'allégresse et de gaîté que s'ils étaient allés à la noce (3). »
Dès ses premières séances, la Convention, plus satanique encore que les deux assemblées précédentes, se ruait à l'œuvre de démolition sacrilège du catholicisme en France, et ne cessa de s'y acharner avec une frénésie dont il n'est guère d'exemple dans l'histoire des persécutions (1).
Le 23 avril 1793, elle ouvrait la persécution sanglante contre tous les prêtres fidèles, en prononçant la peine de mort, appliquée dans les 24 heures, à tout déporté qui rentrerait en France.
C'est à cette même date qu'elle organisa le Tribunal révolutionnaire et le Comité de Salut public
L'aspect de ce tribunal étrange donnait l'idée et l'impression d'un Conseil tenu par des Canaques, en présence des victimes dont ils ont faim.
Les juges étaient ordinairement coiffés de bonnets rouges surmontés de panaches couleur de sang. Un large cimeterre pendait à leur côté. Deux pistolets étaient suspendus à leur ceinture, et sur leur poitrine, une petite hache, bijou maçonnique, descendait en forme de décoration chevaleresque.
Les accusés étaient conduits par des gardes nationaux, qui les présentaient aux juges, en disant : C'est un prêtre.
Les juges touchaient alors leur petite hache, sans rien dire, ou répondaient : A mort (2).
Enfin, le 10 novembre 1793, la Convention décrétait l'abolition du culte catholique, et le remplaçait, dans toutes les églises du royaume, par le culte de la déesse Raison.
A ce culte nouveau, elle donnait un nouveau calendrier, calendrier grotesque autant qu'impie, qui supprimait la semaine, le dimanche, les fêtes de l'Eglise, l'ère chrétienne ; dédiait chacun des jours de l'année aux instruments aratoires, aux plantes, aux animaux, et datait les actes publics, non plus de la naissance de Jésus-Christ, mais de l'ère révolutionnaire, l'an II de la République une et indivisible (3).
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(1) Évêques et prêtres martyrisés à Paris, aux journées de septembre 1792 ; Articles du procès de béatification , p. 134. — Témoignage de l'abbé MECHINET, qui avait échappé au massacre : V. Histoire de l'Eglise Santone, par l'abbé BRIAND, T. III, pp. 44-64. — (2) JAGER. Histoire de l'Église catholique en France , T. xix. p. 525. — (3) BARDET, Relation manuscrite, citée par BARRUEL. Histoire du clergé pendant la Révolution, Edit. de Londres, 1801, T. II, p. 97. — (1) La Convention tint sa Ire séance le 21 septembre 1792. — (2) Les prêtres et les religieux déportés sur les côtes et dans les îles de la Charente, par l'abbé MANSEAU. T. I, p. 100. — (3) Ce calendrier républicain, divisé en 12 mois, de 3 décades et de 30 jours chacun, et en cinq ou six jours supplémentaires, appelés sans-culottides, partait du 22 septembre 1792.
A suivre : II. CRIS D'ALARME DES PASTEURS DES ÂMES
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