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Tema: Le Martyre de la Vendée

  1. #41
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    Nous lisons dans l'un des articles du procès de béatification de ces premiers martyrs de la Révolution française : « C'est la vérité qu'Augustin-Robert de Lézardière, du diocèse de Luçon, était diacre au séminaire de Saint-Sulpice, où il achevait ses études de théologie. Le 15 août, il fut arrêté à lssy et incarcéré comme diacre dans la maison des Carmes. Lorsque vint l'heure du martyre, il se porta avec enthousiasme au-devant de ses bourreaux, et mourut pour la foi, le 2 septembre 1792 (1).

    Cette journée, de si honteuse mémoire pour la Révolution, est un des jours les plus glorieux de l'Église de France. Ce que les actes des martyrs des premiers siècles, dit un historien, nous racontent de leur héroïsme, les murs du couvent des Carmes le racontent de ces victimes vénérables qui les ont arrosés de leur sang. Ce fut le même courage à confesser la foi, la même fermeté en face de la mort, la même générosité envers les bourreaux, et par-dessus tout, une simplicité, un abandon, un oubli de soi, qui n'appartient qu'aux vrais martyrs (2).

    « Des témoins oculaires ont dit leur sérénité, en les voyant marcher à la mort, selon l'expression du commissaire Violette, avec autant d'allégresse et de gaîté que s'ils étaient allés à la noce (3). »

    Dès ses premières séances, la Convention, plus satanique encore que les deux assemblées précédentes, se ruait à l'œuvre de démolition sacrilège du catholicisme en France, et ne cessa de s'y acharner avec une frénésie dont il n'est guère d'exemple dans l'histoire des persécutions (1).

    Le 23 avril 1793, elle ouvrait la persécution sanglante contre tous les prêtres fidèles, en prononçant la peine de mort, appliquée dans les 24 heures, à tout déporté qui rentrerait en France.

    C'est à cette même date qu'elle organisa le Tribunal révolutionnaire et le Comité de Salut public

    L'aspect de ce tribunal étrange donnait l'idée et l'impression d'un Conseil tenu par des Canaques, en présence des victimes dont ils ont faim.

    Les juges étaient ordinairement coiffés de bonnets rouges surmontés de panaches couleur de sang. Un large cimeterre pendait à leur côté. Deux pistolets étaient suspendus à leur ceinture, et sur leur poitrine, une petite hache, bijou maçonnique, descendait en forme de décoration chevaleresque.

    Les accusés étaient conduits par des gardes nationaux, qui les présentaient aux juges, en disant : C'est un prêtre.

    Les juges touchaient alors leur petite hache, sans rien dire, ou répondaient : A mort (2).

    Enfin, le 10 novembre 1793, la Convention décrétait l'abolition du culte catholique, et le remplaçait, dans toutes les églises du royaume, par le culte de la déesse Raison.

    A ce culte nouveau, elle donnait un nouveau calendrier, calendrier grotesque autant qu'impie, qui supprimait la semaine, le dimanche, les fêtes de l'Eglise, l'ère chrétienne ; dédiait chacun des jours de l'année aux instruments aratoires, aux plantes, aux animaux, et datait les actes publics, non plus de la naissance de Jésus-Christ, mais de l'ère révolutionnaire, l'an II de la République une et indivisible (3).

    _________________________________________________________

    (1) Évêques et prêtres martyrisés à Paris, aux journées de septembre 1792 ; Articles du procès de béatification , p. 134. — Témoignage de l'abbé MECHINET, qui avait échappé au massacre : V. Histoire de l'Eglise Santone, par l'abbé BRIAND, T. III, pp. 44-64. — (2) JAGER. Histoire de l'Église catholique en France , T. xix. p. 525. — (3) BARDET, Relation manuscrite, citée par BARRUEL. Histoire du clergé pendant la Révolution, Edit. de Londres, 1801, T. II, p. 97. — (1) La Convention tint sa Ire séance le 21 septembre 1792. — (2) Les prêtres et les religieux déportés sur les côtes et dans les îles de la Charente, par l'abbé MANSEAU. T. I, p. 100. — (3) Ce calendrier républicain, divisé en 12 mois, de 3 décades et de 30 jours chacun, et en cinq ou six jours supplémentaires, appelés sans-culottides, partait du 22 septembre 1792.

    A suivre : II. CRIS D'ALARME DES PASTEURS DES ÂMES



  2. #42
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    II

    CRIS D'ALARME DES PASTEURS DES ÂMES

    Sous les coups multipliés de cette législation infernale et de ces agressions impies contre la religion de leurs ancêtres, les Vendéens avaient senti cette douloureuse et sainte indignation qui fit la Vendée militaire.

    Mais en face de la persécution qui menace, les pasteurs des âmes préparaient les confesseurs de la foi et la Vendée des martyrs.

    Comme le pilote qui met son navire en garde aux premiers sifflements de la tempête et aux grondements lointains de l'orage, le clergé ne cessait de pousser le cri d'alarme et d'inculquer à tous la recommandation du Maître : « Soyez prêts et fidèles jusqu'à la mort. »

    Le 6 janvier 1790, le Père Micquignon, supérieur général des Missionnaires de la Compagnie de Marie et des Filles de la Sagesse, recommandait à celles-ci « de veiller sur le dépôt précieux de la foi, principe de toutes les autres bonnes œuvres et fondement de leurs espérances. »

    « Oui, sans doute, mes très chères filles, écrivait-il, le premier choc vous trouvera inébranlables ; vous direz généreusement : Allons et mourons avec Jésus-Christ.

    « Mais ce que j'ai lieu de redouter, ce sont les atteintes que pourront, à la longue, donner à votre foi les rapports indispensables avec un monde si pervers.

    « Ah! mes chères filles, plutôt tout perdre aujourd'hui, biens, santé, réputation, que de perdre la foi.

    « Plutôt vous voir périr et ensevelies dans une commune ruine, avec tant d'ordres illustres, victimes de leur fidélité. »

    Puis, comme moyen de rester fidèles à leur foi, il leur recommande un inviolable attachement à l'Église romaine et au Pape.

    Il termine en disant : « Par votre foi, vous brillerez comme des flambeaux parmi les gens du monde, et vous les forcerez à rendre hommage à la religion et à votre saint état. »

    Les Filles de la Sagesse n'oublièrent pas ces touchantes recommandations. Leur courage à garder le dépôt de la foi catholique ne se démentit jamais, dans les prisons et sous le glaive des bourreaux.

    C'est l'époque de la Terreur qui nous fournit les pages les plus belles et les plus édifiantes…

  3. #43
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    C'est l'époque de la Terreur qui nous fournit les pages les plus belles et les plus édifiantes de leur histoire (1).

    « Restez invinciblement attachés à la véritable Eglise, dont le Souverain Pontife est le chef, disaient les prédicateurs. Les jours d'épreuve passeront comme tant d'autres. D'ailleurs, nous resterons avec vous. Le pasteur ne quittera son troupeau que par la force des baïonnettes. »

    A Luçon, au mois de mai 1791, le jeune Louis-Marie Baudouin, vicaire de son frère, Martin Baudouin, présentait aux enfants qu'il préparait à la première communion un saisissant tableau des malheurs qui menaçaient la France, les encourageant à persévérer dans la foi, et à tout sacrifier pour rester fidèles à l'Église catholique.

    Au jour de la première communion, les deux frères prirent tour à tour la parole, s'adressant tantôt aux enfants, tantôt à leurs pères et à leurs mères, les conjurant de rester inébranlables au milieu des épreuves redoutables qui les attendaient (2).

    Le 31 mai 1791, André Brumauld de Beauregard, le futur martyr, alors théologal et vicaire général de Luçon (3), envoyait aux principaux curés du diocèse une lettre circulaire, pour leur recommander de prémunir leurs fidèles contre toute communication avec les pasteurs schismatiques, dans les églises où les intrus s'étaient installés.

    « Pour éviter un si grand mal, écrivait-il, les curés sentiront la nécessité de s'assurer d'un local, où ils pourront exercer leurs fonctions, et réunir leurs paroissiens. Une simple grange, un autel portatif, une chasuble d'indienne, des vases d'étain suffiront pour célébrer les saints mystères. Les catacombes furent le berceau de notre sainte religion .»
    ________________________________________

    (1) Histoire de la Congrégation de la Sagesse, par le R. P. FONTENEAU, pp. 126-130. — (2) Vie du R. P. Baudouin, T. I, p. 24. — (3) Monseigneur de Mercy siégeait alors à l'Assemblée Constituante. Il s'exila en Suisse après l'expiration de son mandat, et ne revint plus à Luçon.

    A suivre : III. LES INTRUS



  4. #44
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    III

    LES INTRUS

    C'est en effet l'époque où les prêtres assermentés s'emparaient des églises paroissiales, à l'exclusion des vrais et légitimes pasteurs. C'était le schisme qui s'installait par la force des baïonnettes, à la place de la religion orthodoxe

    François-Ambroise Rodrigue (1), curé prieur du Fougeré, élu évêque constitutionnel de la Vendée, le 1er mai 1791, faisait le surlendemain son entrée solennelle à Fontenay. Cette mascarade nous est ainsi racontée par un témoin oculaire (2).

    « Le 3 mai 1791, à 10 heures, la municipalité de Fontenay-le-Comte se rend à l'Hôtel-de-Ville Elle y reçoit une députation des électeurs du département, l'invitant à assister à la proclamation de Rodrigue, curé du Fougeré, et qui venait d'arriver.

    « Les officiers municipaux et autres corps constitués, se rendent alors à Notre-Dame, pour assister à cette cérémonie.

    « Le nouveau prélat, en bottes fortes, la soutane retroussée, un bâton à la, main, suivi d'un domestique tenant un cheval fort maigre, sur lequel étaient attachées des bougettes, venait d'arriver à la barrière de Nantes.

    « Moulin de la Vineuse, vice-président de la Société populaire, lui porte alors la parole, au nom des patriotes présents, et lui dépeint les maux qu'engendre le fanatisme en Vendée.

    « Pour toute réponse, Rodrigue secoue la tête, hausse les épaules et se remet en selle pour gagner une hôtellerie, où le cortège le suit.

    « Sur les 11 heures, l'évêque constitutionnel s'est rendu à Notre-Dame, accompagné de plusieurs électeurs. Il a été reçu à la porte principale, où Quéneau, l'un des commissaires, lui a adressé un compliment, auquel le prélat a répondu.

    « Dans le chœur, Goupilleau de Montaigu lui en a adressé un autre, auquel Rodrigue a fait également réponse.

    « Ayant ensuite déclaré accepter les fonctions auxquelles il venait d'être appelé, il a été proclamé par le président, au bruit des tambours, des salves d'artillerie et du carillon des cloches.

    « Un Te Deum a ensuite été chanté, et la grand'messe célébrée en présence d'une foule immense.

    « Après la cérémonie, Rodrigue a été conduit à l'auberge de la Coupe d'or…
    _____________________________________________________________________

    (1) Rodrigue était né à Nantes, le 10 décembre 1730. Reçu bachelier en théologie, il entra chez les Sulpiciens. En 1772 il était desservant de la Crosnière, petite paroisse aujourd'hui supprimée et réunie à celle de Beauvoir sur Mer. Le 1er mai 1791, il fut nommé évêque constitutionnel de la Vendée par une assemblée électorale tenue à Fontenay, et reçut sacrilègement l'onction épiscopale, le 29 mai de la même année. II abdiqua le 6 décembre 1793, devint président de 1'administration centrale de Luçon, puis juge au tribunal de Fontenay, en avril 1797 — En 1800, il fut nommé président du tribunal et directeur du jury de l'arrondissement de Montaigu. Il mourut à Nantes, le 8 décembre 1813, sans avoir renoncé au schisme.

    (2) Journal d'un Fontenaisien pendant la Révolution — Revue du Bas-Poitou, décembre 1889, p 383.

  5. #45
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    « Après la cérémonie, Rodrigue a été conduit à l'auberge de la Coupe d'or, par un détachement de gardes nationaux et quelques électeurs. Peu après, la municipalité a été lui rendre visite. Le maire lui a fait une allocution, à laquelle il a répondu. Dans la soirée, les amis de la Constitution l'invitèrent à un banquet auquel il assista, placé entre Goupilleau de Montaigu et Moulin, vice-président de la Société.

    « Les convives se rendirent ensuite au club, auquel Rodrigue se fit affilier, et où il occupa une place d'honneur auprès du président. »

    Les catholiques de Fontenay ne pouvaient pas s'y méprendre ; à ces allures de démagogue grotesque et ridicule, ils ont reconnu le larron qui entre dans la bergerie, en forçant la porte du bercail.

    Son installation dans la cathédrale de Luçon eut lieu le 12 juin 1791, malgré l'énergique protestation de la population luçonnaise.

    Pendant qu'il se rendait à l'église, accompagné de la force armée, le jeune Louis-Marie Baudouin fit parvenir à l'intrus un billet contenant ces paroles du Sauveur au traître Judas : Ad quid venisti? Que viens-tu faire ici?

    Rodrigue avait toutes les audaces et les impudeurs de son rôle : il ne fut point arrêté par ce mot terrible et continua sa marche.

    L'abbé Baudouin lui envoie un second billet, où il complétait le texte sacré : Juda, osculo Filium hominis tradis! Judas, c'est par un baiser que lu trahis le Fils de l'homme !

    L'apostat lut cette parole redoutable : comme les grands criminels, il semblait qu'il avalât sa sentence, et voulut consommer son intrusion sacrilège.

    Presque tout le clergé vendéen, attaché du fond des entrailles au Saint-Siège, centre de l'unité catholique, refusa toute communication avec l'évêque constitutionnel. Les deux Messieurs Baudouin lui refusèrent l'entrée du presbytère.

    Le jeune abbé Louis-Marie fut, un jour, mis en présence du loup qui avait forcé la clôture de la bergerie.

    On vint l'avertir qu'un malade, près de mourir, le demandait à l'hospice. Le pieux vicaire y court; mais il avait été devancé par Rodrigue, qu'il trouve au chevet du moribond. Saisi d'une sainte indignation à la vue de l'apostat : « Quoi ! vous ici ! s'écrie-t-il : vous ne pouvez, sans sacrilège, administrer aucun sacrement, et il ne sera pas dit que vous aurez profané les choses saintes en ma présence.

    Cette scène fait penser à Joad en face de Mathan, dans l'Athalie de Racine.

    Les paroles du jeune prêtre furent comme un coup de foudre pour l'intrus. II sortit confondu, mais la rage dans le cœur.

    A suivre : IV: LES PREMIERS PRÊTRES VENDÉENS EMPRISONNÉS POUR LA FOI

  6. #46
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    IV

    LES PREMIERS PRÊTRES VENDÉENS EMPRISONNÉS POUR LA FOI

    A cette époque, la haine des patriotes contre le clergé réfractaire fut encore activée par les commissaires nationaux Gallois et Gensonné. Ils étaient accompagnés du général Dumouriez, qui, donnant carrière au plus fougueux patriotisme, se couvrit la tête du bonnet rouge, dansa sous les halles de Luçon avec la populace, et fit tous ses efforts pour attirer les rigueurs de la République sur la Vendée (1).

    Le 11 juin 1791, la municipalité luçonnaise fit fermer l'église paroissiale de Saint-Mathurin, ordonnant au curé de transporter les vases sacrés à la cathédrale et d'y célébrer désormais la messe.

    Sur le refus de Monsieur Baudouin, le procureur de la commune requit l'abbé Gaudin, ex-oratorien, vicaire épiscopal constitutionnel de la Vendée, d'opérer cette translation, de faire fermer les portes de la ci-devant église paroissiale et d'en déposer les clefs au greffe de la municipalité (2).

    Dès le lendemain, la commune prit un arrêté, défendant à tout prêtre non assermenté de remplir aucune fonction ecclésiastique, et fit signifier copie de sa délibération au sieur Baudouin.

    Le curé et le vicaire de Luçon n'en continuèrent pas moins à dire la messe dans les chapelles, et l'évêque constitutionnel en lit une information judiciaire (1).
    _________________________________________________

    (1) Vie de Monseigneur de Beauregard, p. 45. — (2) Archives municipales de Luçon. — (1) Archives de la Vendée. — Revue du Bas-Poitou, 4e livr.,1897, p. 389.

    A suivre : V. LES PREMIÈRES VICTIMES DE LA PERSÉCUTION



  7. #47
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    V

    LES PREMIÈRES VICTIMES DE LA PERSÉCUTION

    Pour la noble fermeté de leur attitude en face du prélat schismatique, ces deux saints prêtres eurent l'honneur d'attirer sur eux les premières violences de la persécution en Vendée (2).

    Louis-Marie surtout avait fixé sur lui l'attention et la surveillance du pouvoir révolutionnaire, et il eut le privilège d'être le premier prêtre du diocèse incarcéré pour la foi.

    Dès le mois de janvier 1791, il s'était désigné lui-même aux sévices des persécuteurs, en accompagnant son refus de serment de la protestation la plus énergique. Les magistrats devant lesquels il comparaissait en furent irrités, et quelques-uns témoignèrent leur colère par d'affreux blasphèmes.

    — Messieurs, leur dit le jeune vicaire de Luçon, d'un ton animé, je vois bien que, si vous eussiez fait parti du tribunal qui condamna Jésus-Christ à mort, vous auriez confirmé la sentence.

    — Oui, certes, répondit l'un d'eux ; ceux qui le condamnèrent étaient dans la légalité.

    Quelques jours après son entrevue avec Rodrigue, à l'hôpital, Louis-Marie Baudouin fut arrêté et conduit au corps de garde, où il passa la nuit.

    « Oh ! que cette nuit me parut longue ! écrivait-il. Jamais je n'avais entendu tant de blasphèmes ni tant d'horreurs. Ma présence excitait sans doute la fureur des malheureux qui me gardaient. Dans cette nuit affreuse, je pus me faire une idée de ce que notre bon Sauveur eut à endurer de la part d'une tourbe impie et furieuse, pendant la nuit de sa Passion. »

    Le lendemain, après lui avoir infligé de nouveaux outrages, on l'emmène à Fontenay, où il est emprisonné.

    C'est de là qu'il écrivait à sa nièce, Mademoiselle Anne Baudouin, une lettre dans laquelle il exprimait son bonheur de souffrir pour la justice.

    Puis il lui rappelait l'obligation de fuir tout prêtre assermenté, et de n'avoir de rapport qu'avec les prêtres fidèles.

    Le zélé serviteur de Dieu s'efforça de convertir les malfaiteurs avec lesquels il était détenu. Un seul fut touché et donna des marques d'un sincère repentir.

    Un des prisonniers fit un jour à l'abbé Baudouin cette confidence : « Nous allons, dit-il, mes camarades et moi, nous évader par un trou que nous avons pratiqué dans le mur. Si vous voulez être de la partie, Monsieur l'abbé, je vous promets de vous mettre en lieu de sûreté. »

    — Mon ami, lui répond avec calme le prisonnier de Jésus-Christ, je vous remercie ; j'ai remis mon sort entre les mains de Dieu.

    Les prisonniers parvinrent en effet à s'enfuir.

    Monsieur Baudouin, accusé d'avoir favorisé leur évasion, devint l'objet d'une surveillance plus active et de nouvelles rigueurs.

    La prière était sa douce et ordinaire occupation. Séparé du monde et privé de tout, il passait les jours à s'entretenir avec Dieu.

    Il fut aussi consolé et fortifié par la présence des autres prêtres détenus avec lui, et surtout par les discours et les exemples d'un vénérable vieillard, dont il s'était concilié l'affection : c'était Monsieur Herbert, curé de Maillé, qui, depuis, scella de son sang son immuable attachement à la foi (1).

    Cependant, les juges déclarèrent qu'il n'y avait pas de motifs suffisants pour prolonger la détention de Monsieur Baudouin. Il est mis en liberté, probablement vers le mois de septembre 1791, et il retourne à Luçon.

    Mais le flot de la Révolution montait sans cesse, et la persécution devenait chaque jour plus violente…
    __________________________________________________

    (2) Archives départ, de la Vendée. — Revue du Bas-Poitou, 4e livr.,1897, p. 389.— (1) Vie du R. P. L.-M. Baudouin, T. I, pp. 20-28.

  8. #48
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    Mais le flot de la Révolution montait sans cesse, et la persécution devenait chaque jour plus violente.

    En vertu d'un arrêté pris par le Directoire départemental contre les prêtres réfractaires, Louis-Marie Baudouin dut se rendre une seconde fois à Fontenay.

    Le mandat d'arrêt visait spécialement 33 prêtres vendéens, parmi lesquels on trouve les noms suivants : Le sieur Herbert, ex-curé de Maillé, en tête de la liste ; Vilain, ex-curé de Maillezais; Martin Baudouin, ex-curé de Luçon; Louis-Marie Baudouin, ex-vicaire ; Bremauld de Beauregard, ex-théologal, Defresne, ex-doyen de la cathédrale; Paillou, ex-chanoine ; Bordes, ex-sacriste du ci-devant chapitre, à Luçon (2).

    Tous ces ecclésiastiques sont dénoncés « par les autorités constituées, comme perturbateurs de l'ordre public. Les prêtres appelés au chef-lieu du département ne pourront s'en éloigner de plus d'une lieue sans permission expresse du Directoire, et cette permission ne pourra s'étendre à plus de deux jours. Pour s'assurer de la présence des susdits, ils seront tenus de s'inscrire tous les jours, à 11 heures du matin, au Secrétariat, sur un registre tenu à cet effet. »

    Cet arrêté est daté du vendredi, 9 mars, l'an IV de la Liberté !

    L'abbé Louis-Marie Baudouin choisit pour demeure un pauvre grenier, où Monsieur Lebédesque vint bientôt le rejoindre, pour avoir, comme les autres, refusé le serment.

    Ne pouvant se livrer aux inspirations de leur zèle pour la sanctification des âmes, ils se préparèrent l'un et l'autre, par les exercices de la vie intérieure, aux rudes épreuves que leur réservait l'avenir (1).

    Les deux Messieurs André et Jean de Beauregard, vicaires généraux de Monseigneur de Mercy, comparaissaient, à la même époque …
    ________________________________________________

    (2) Voyez, aux Pièces justificatives , Note I, le texte de cet arrêté.
    (1) Vie du R. P. Louis-Marie Baudouin, pp. 26-28.



  9. #49
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    Re: Le Martyre de la Vendée


    Les deux Messieurs André et Jean de Beauregard, vicaires généraux de Monseigneur de Mercy, comparaissaient, à la même époque, devant les tribunaux de Fontenay, et Jean de Beauregard eut à subir, dans cette ville, une détention de trois mois. Rendu à la liberté, il reprit les travaux de son ministère, et redoubla de zèle dans l'administration du diocèse.

    Mais on lui prépara bientôt des vexations nouvelles. Il fut averti qu'on était sur le point de le saisir de nouveau et de le conduire à Fontenay, lié sur une charrette. Il évita cette nouvelle captivité en se réfugiant dans sa famille, à Moulinet, près de Poitiers, aux environs de Pâques 1792 (2).

    Il avait à peine quitté Luçon, quand Madame de Grimouard l'informa que tout le clergé vendéen était mandé à Fontenay par le district. Il s'agissait de l'exécution d'un nouveau décret de l'Assemblée Législative, prescrivant une fois encore le serment civique, sous peine, pour les réfractaires, de perdre leurs émoluments, d'être réputés suspects et hostiles à la patrie, d'être soumis à une sévère surveillance et chassés de leur département. Dans ces critiques circonstances, le diocèse manquait d'un chef canoniquement constitué.

    La résolution du grand vicaire de Luçon fut bientôt prise. « A Dieu ne plaise, dit-il, que j'épargne ma vie. Je ne vaux pas mieux que mes frères, et je ne suis leur chef que pour leur servir d'exemple dans la foi. C'est mon devoir et j'y cours. »

    Sa vertueuse mère ne fit rien pour le retenir. Elle ne voulait point en faire un apostat ou un lâche. Il partit.

    On ne s'attendait pas à sa venue, et son arrivée à Fontenay causa un certain étonnement.

    Le district de Fontenay-le-Peuple avait pour président Monsieur P***, avocat distingué.

    — Que venez-vous faire ici ? dit-il durement au vicaire général.

    — J'obéis à vos ordres, répond celui-ci, et je viens présider le clergé de la Vendée.

    — On sait assez votre entêtement ; vous n'êtes point disposé à vous soumettre à la loi.

    — Je suis disposé à obéir en tout ce que me permettra ma conscience.

    A l'exemple du vicaire général, le clergé refusa le serment.

    Quelques jours après, le district enjoignit à tous les prêtres qui n'étaient pas nés dans le département, d'en sortir dans les 24 heures.

    Monsieur Jean de Beauregard, contre lequel cet ordre semblait surtout dirigé, quitta Fontenay le 15 juin 1792.

    Avant de retourner à Poitiers, il voulut visiter les membres dispersés de la jeune famille qu'il avait groupée, de concert avec son frère André, dans le pensionnat du Petit-Saint-Cyr, à Luçon.

    Les ministres de la religion ne pouvant plus se montrer sans péril…
    __________________________________________________________

    (2) Vie de Monseigneur de Beauregard, pp. 50-51.

  10. #50
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    Les ministres de la religion ne pouvant plus se montrer sans péril, il voyageait à cheval, déguisé sous des habits laïques, accompagné d'un valet de chambre.

    Il trouva la plus grande partie des élèves à la Chardière.

    Madame de Chévigné en avait recueilli une vingtaine d'autres à la Gracière, près de Saint-Fulgent. Le cœur navré de cette douloureuse visite, Monsieur de Beauregard se dirigea vers le château du Paillis, où il devait passer quelques jours, chez Madame la vicomtesse de Lépinay.

    Obligé de s'arrêter dans une auberge, près Saint-Fulgent, il y rencontra le général de Sapinaud de la Verrie, comme lui déguisé.

    Ce Vendéen fidèle, qui fut tué au Pont-Charrault, le 24 juillet 1793, lui apprit que l'on commençait à faire la chasse aux prêtres, et que, ce jour-là même, on était à la recherche du curé du canton.

    Comme Monsieur de Sapinaud venait de partir, arrive un gendarme, qui demande à déjeuner.

    — Qu'y a-t-il de nouveau ? lui dit l'hôtesse.

    — Ne m'en parlez pas ! répond le gendarme ; voilà trois heures que nous sommes à la chasse d'un prêtre, et le maire m'a posté dans un passage où je viens d'entendre les balles siffler à mes oreilles.

    — Qu'a donc fait ce prêtre? demande l'abbé de Beauregard, en affectant un air indifférent.

    — Je n'en sais rien, fit le Pandore de l'époque, honteux du rôle qu'on lui faisait jouer : c'est une folie qui leur passe par la tête. Quant à moi, je n'y retourne plus.

    Ce colloque venait confirmer le renseignement donné par Monsieur de Sapinaud. L'abbé de Beauregard se hâta de quitter l'auberge.

    Arrivé devant la gendarmerie de Saint-Fulgent, il fut accosté par un jeune homme bien mis, qui l'interpella en disant :

    — Monsieur, il paraît qu'il y a un prêtre dans le canton ; ne l'auriez-vous point vu?

    — Et par quel ordre, Monsieur, poursuit-on ainsi les prêtres? répond l'abbé de Beauregard; vous me faites une question bien inconvenante !

    Puis, il met son cheval au galop, et gagne au plus vite le Paillis.

    Il espérait pouvoir y prendre quelque repos: mais son domestique avait été reconnu, tandis qu'il faisait mettre un fer à l'un des chevaux. Il fallut partir le soir même. Le voyageur fugitif se dirige sur Fontenay, qu'il quitte dès le lendemain, pour regagner Poitiers.

    Caché à Moulinet, Monsieur Jean de Beauregard y vécut dans le silence des proscrits, avec André son frère, et le jeune Amable de Curzon, fils de sa sœur, jusqu'à sa déportation en Angleterre (1).
    ______________________________________

    (1) Vie de Monseigneur de Beauregard, pp. 51-57.

    À suivre : Chapitre III. LA PERSÉCUTION EN VENDÉE, DU 26 AOÛT 1792 A LA FIN DE 1793 — LA PREMIÈRE DÉPORTATION DES PRÊTRES VENDÉENS — LES PREMIERS MARTYRS.



  11. #51
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    Re: Le Martyre de la Vendée



    I

    LES PREMIERS SÉVICES DE LA PERSÉCUTION SANGLANTE LES PREMIERS MARTYRS

    Jusque vers la fin de la première moitié de l'année 1792, la persécution, localisée sur certains points du département, s'était restreinte à certaines personnalités plus en vue du clergé vendéen.

    Mais pour la Vendée comme pour la France, elle devint générale après le décret du 26 du mois d'août, qui condamnait à la déportation tous les prêtres qui avaient refusé le serment à la constitution civile du clergé.

    Cette législation draconienne ne fit que s'aggraver jusqu’à la loi de sang du 21 octobre 1793, qui ne parlait plus que de réclusion, de bannissement et de mort, récompensant les dénonciateurs, et condamnant comme un crime l'hospitalité donnée aux proscrits.

    Quelques dates vont nous fournir les traits saillants de cette seconde phase de la persécution révolutionnaire, qui se résume en deux mots : la déportation de la grande majorité des prêtres fidèles ; l'inauguration du régime de la guillotine et de la Terreur.

    Sous le coup de la loi du 18 août 1792, qui décrète la suppression des congrégations religieuses, les Filles de la Sagesse sont renvoyées, le 15 septembre, dans leurs familles. Celles qui restèrent à la communauté de Saint-Laurent portaient l'habit séculier, et logeaient chez quelques personnes charitables de la localité.

    Quand Saint-Laurent fut devenu comme le quartier général des malades et des blessés des deux partis, en 1793, les saintes filles furent, auprès de ces malheureux, les anges de la charité chrétienne (1).

    Au 1er octobre 1792, toutes les communautés de Luçon, des Sables et de Fontenay étaient dissoutes.

    C'est surtout le décret de déportation du 26 du mois d'août, qui marque le premier déchaînement général et furieux de la tourmente révolutionnaire. Dans toute l'étendue du département, comme sur tous les points du territoire français, on voit les prêtres proscrits, poursuivis, traqués comme des bêtes fauves, emprisonnés comme de grands coupables, entassés à fond de cale dans de méchants navires, et jetés sur tous les rivages comme des marchandises de rebut.

    Mais ce qui répand des clartés splendides sur ce lugubre spectacle, c'est que presque tous ces prêtres, mis en face de l'indigence, de l'exil et de la mort, dispersés en Italie, en Suisse, en Angleterre, en Espagne, ont renouvelé, devant l'Europe, ces merveilles de vertus, d'héroïsme et de grandeur morale, qui font la gloire des plus beaux siècles de l'Église.

    Dès le 22 juin 1792, la barque la Providence sortait du port des Sables, cinglant vers les côtes d'Espagne, ayant à son bord un groupe de 6 prêtres déportés, parmi lesquels se trouvait le cordelier Bodaille, de Fontenay.

    Du 9 au 15 septembre, 102 prêtres vendéens partaient du même port dans la même direction (1). Et cette longue liste d'émigrés, qui embrassaient le martyre non sanglant de l'exil, pour rester fidèles à leur foi, nous a conservé des noms restés chers et glorieux dans les souvenirs de la Vendée catholique, Lebédesque, Darnaud, Louis-Marie Baudouin, Paillou, le futur évêque de Luçon et de la Rochelle.


    Cependant, la Providence ne voulait pas laisser sans houlette et sans direction tant de brebis dispersées au milieu des loups…
    __________________________________________________________

    (1) Histoire de la Congrégation de la Sagesse, p. 126. — (1) De ces 102 prêtres, 76 s'embarquaient, le 9 septembre 1792, à bord du Jean-François. Le Père Baudouin était de ce nombre. Les 26 autres partaient, le 15 septembre suivant, à bord du Jeune-Aime. Voyez aux Pièces justificatives, Note II, la liste complète des passagers du Jean-François.




  12. #52
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    Re: Le Martyre de la Vendée


    Cependant, la Providence ne voulait pas laisser sans houlette et sans direction tant de brebis dispersées au milieu des loups. Elle pourvut à leurs besoins en inspirant à quelques pasteurs l'héroïque résolution de rester au milieu du troupeau si terriblement menacé.

    Ils restèrent, errants (2), déguisés, cachés dans les troncs de quelques vieux chênes des forêts, dans les cavernes profondes, dans les souterrains, dans les coins les plus obscurs d'une maison hospitalière, chez quelques-uns de ces nombreux Vendéens qui s'obstinaient à ne pas fléchir le genou devant le Baal de la Révolution française.

    C'est surtout dans cette réserve, dernier espoir de la Vendée chrétienne, que Dieu devait choisir ses candidats à la gloire du martyre qui, par l'étroite ouverture de leur cachot, commençait à leur apparaître sous l'aspect de la guillotine.

    La guillotine en effet, dans les premiers mois de 1793, se dressait et fonctionnait en permanence sur le remblai des Sables, et à Fontenay, sur la place de la Révolution.

    Les patriotes de cette dernière ville avaient prêté à ceux des Sables leur machine à décapiter : mais un vif besoin s'en fait bientôt sentir, et ils font appel au civisme des républicains de Niort. Ceux-ci répondent que leur instrument est employé à Saint-Maixent, mais que, pour suffire à tout, ils allaient fabriquer cinq guillotines nouvelles. On n'est pas plus aimable ni plus obligeant! (1)

    Pour anéantir la Vendée catholique et venir en aide aux armées républicaines qui ensanglantaient le pays, la Révolution noyait à Nantes (2), guillotinait et fusillait partout, à Fontenay, aux Sables, à Mortagne, à Montaigu, à Saumur, à Laval, à Savenay, à la Rochelle, partout où les Vendéens portaient leur courage, leurs souffrances et l'indomptable énergie de leur foi.

    A la liste des déportés, il convient d'ajouter ici quelques-uns des noms que nous aurons à inscrire dans notre martyrologe, et qui doivent illustrer le calendrier de cette terrible année de 1793.

    Ce tableau sera, pour nos lecteurs…
    ___________________________________________

    (2) Circuierunt in melotis, egentes, angustiali, afflicti, in solitudinius errantes, in montibus et speluncis et in cavernis terræ. HEBR. XI, 37-38. — (1) Chroniques fontenaisiennes. — Annuaire de la Société d'émulation, 1892. — (2) Le comte de Fleury porte le nombre des victimes des noyades à 2.800 environ. Il relègue parmi les légendes les fameux mariages républicains. V. Etudes relig. des PP. Jésuites, du 20 octobre 1897, p. 259. — Ce qu'on peut affirmer, c'est que Carrier laissait derrière lui près de 9.000 victimes. Etudes religieuses, ibid.. On sait que Carrier, en montant sur l’échafaud, le 16 décembre 1794, se déclarait innocent.

  13. #53
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    Ce tableau sera, pour nos lecteurs, ce qu'étaient pour les fidèles de la primitive Eglise, les diptyques sacrés, qui leur présentaient les noms des martyrs dont ils avaient à célébrer la mémoire.

    1, 2. Les Pères DAUCHE et VERGÉ, missionnaires de Saint-Laurent, massacrés à la Rochelle, le 21 mars.

    3. Jacques PÉTIOT, curé et maire de Saint-Révérend, exécuté aux Sables, le 30 avril.

    4, 5. Les sœurs EUSTACHE et GORGONIE, Filles de la Sagesse, massacrées en avril, à Saint-Laurent-sur-Sèvre.

    6. Pierre-Alexis TORTEREAU, successivement curé de la Roche-sur-Yon et de Challans, exécuté à Saumur, le 13 juillet.

    7. Joseph HERBERT, curé de Maillé, guillotiné à la Rochelle, le 5 septembre.

    8. 9, 10. François-Joseph BONNIN, chanoine de la collégiale de Saint-Maurice de Montaigu ; Mathurin FEUVRE, doyen de la même collégiale, après avoir été curé de la Guyonnière ; Charles-François GOUPILLEAU, chanoine-chantre de la même collégiale ; tous trois massacrés à Montaigu, le 21 septembre.

    11. Jean-Paul-Armand DOLBECQ, vicaire de Noirmoutier, puis curé de Sainte-Cécile, sabré par un républicain, près du Pont-de-Vie, aux environs de septembre 1793.

    12. Charles-Dominique POULAIN, curé de Treize-Septiers, puis de Saint-Nicolas de Montaigu, fusillé dans cette dernière paroisse, sur le pont de Saint-Nicolas, en octobre 1793.

    13. GAUDON, curé de Saint-Germain-l'Aiguillier, massacré par les républicains, dans l'automne de 1793.

    14. Jean-Charles DURAND, prêtre d'Apremont, guillotiné à Saumur, le 17 novembre (1).

    15. Claude MÉNARD, curé de Bournezeau, arrêté dans sa paroisse et condamné à mort par la commission militaire du Pont-de-Cé, le 1er décembre (2).

    16. Madame VAS DE MELLO et ses trois filles, du Poiré-sur-Vie, exécutées à Nantes, le 19 décembre.

    17. Louis-Joachim de la ROCHE-SAINT-ANDRÉ, exécuté à Nantes, le 20 décembre.

    18. Jacques-Claude GUIBERT, natif de Saint-Laurent-sur-Sèvre, exécuté à Savenay, le 25 décembre.

    19. Louise-Claire RAMPILLON, en religion, sœur SAINTE-ANGÈLE, ursuline cloîtrée de Luçon, âgée de 60 ans, morte en prison, à Fontenay, le 25 décembre (1).

    20. René-Augustin MAJOU, âgé de 48 ans, demeurant au château des Touches, commune de Chavagnes-les-Redoux, guillotiné à Fontenay, le 31 décembre, pour avoir donné asile aux prêtres proscrits (2).

    21. Simon-Joseph CAMUS, curé de Thouarsais, massacré dans la déroute du Mans, vers la fin de décembre.

    22. François-Jacques RELIQUET, curé de la Boissière-de-Montaigu, tué dans la défaite de Savenay.

    Ont été emprisonnés sur le navire la Gloire et noyés à Nantes :

    23. Nicolas BERNARD, né à Fontenay-le-Comte, cordelier d'Ancenis, âgé de 65 ans.

    24. Joseph-Thomas BONNET, né à Montaigu, vicaire de Saint-Martin-des-Noyers, âgé de 42 ans.

    25. François BOUTHERON, prêtre, chartreux du couvent de Nantes, né le 28 mai 1725, à la Châtaigneraie.

    26. Gabriel-Urbain DOUAND, né à Tiffauges, chanoine de la cathédrale de Nantes, âgé de 60 ans.

    27. Hilaire RICHARD, né à Saint-Hilaire-du-Bois, âgé de 71 ans (3).

    28. Julia-Félicité AYMÉE, ursuline de Luçon, morte en prison, à Celles, âgée de 53 ans (4).

    29. PAILLOU, religieuse bénédictine, née à Loge-Fougereuse morte en prison, à Brouage (5).

    30. 31, 32. Trois religieuses d'un couvent de Cholet, les sœurs MAROT, supérieure, JOBART et MEUNIER, massacrées aux Landes-Genusson, vers la fin de 1793.

    33, 34. — Mesdemoiselles Marie de MARMANDE, VEXIAU, et ses sœurs, massacrées à Saint-Laurent, vers la fin de décembre. « Leur piété, dit Guillon, fut la cause principale de leur mort (1). »

    35. Une humble paysanne, nommée Corbète, de Tiffauges, massacrée pour sa foi (2).

    36. A la date du 25 mars 1793, les registres de Saint-Etienne-du-Bois nous fournissent la note suivante : « Charles LEROY, âgé de 50 ans, décédé à la Mercerie ; mort martyr pour sa religion, a été inhumé dans le cimetière de Saint-Etienne. »

    La plupart de ces noms glorieux seront l'objet d'une notice biographique, plus ou moins détaillée, que nous renvoyons au chapitre XIde cet ouvrage.

    Pour les autres, la pénurie des documents nous oblige à nous borner à la simple mention que nous venons de leur donner.

    Dans ses Souvenirs, la comtesse de…
    ___________________________________________________________

    (1) DENIAU, T. III p. 557.
    (2) GUILLON, T. II, p. 360.
    (1) Revue du Bas-Poitou, 12e an. 1re livr., pp. 51, 64.
    (2) Revue du Bas-Poitou, 7e an., n° supp. p. 231.
    (3) Pour les 5 prêtres noyés à Nantes, V. les Noyades de Nantes, par Lallié, p. 85 et suiv.
    (4) Revue du Bas-Poitou, 12e an. 1re[ livr., pp. 51 et 64.
    (5) Chroniques du Bas-Poitou, T. II, p. 98.
    (1) GUILLON, T. IV, pp. 17 et 703.
    (2) Chroniques du Bas-Poitou, III, 44. — Paysans vendéens, p. 40. — Semaine Cathol. 1893, p. 998.

  14. #54
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    Dans ses Souvenirs, la comtesse de la Bouëre (3) place immédiatement après la bataille de Torfou le meurtre atroce des victimes du puits du château de Clisson.

    Les Mayençais, commandés par Cordellier, comblèrent ce puits avec les cadavres d'environ 400 Vendéens. C'étaient surtout des vieillards, des femmes et des enfants. Ils les avaient trouvés cachés dans un bâtiment appelé les Archives. Une pauvre femme y avait allumé du feu pour réchauffer son petit enfant malade. La fumée trahit ces malheureux. On les chasse à coups de sabre et de baïonnette, et on les précipite dans le puits.

    Un enfant de 7 à 8 ans put s'échapper, en s'accrochant à des barres de fer qui se trouvaient scellées dans les parois. Les soldats voulurent le précipiter de nouveau, en lui coupant un poignet et en le sabrant sur les épaules : mais, de l'autre main, l'enfant continuait à se cramponner aux barres. Touché de compassion, un soldat le saisit par un bras et le retire en disant : « Sauve-toi, si tu peux ». L'enfant eut la chance de guérir.

    Une jeune fille put également échapper au massacre, en se glissant dans un obscur réduit des Archives. Se jetant ensuite par une fenêtre, elle tomba dans un endroit d'où elle fut témoin, sans être aperçue, de cette horrible scène (1).

    L'affreuse boucherie du puits de Clisson s'est renouvelée, le 30 mars 1793, dans un des puits de Montaigu (2).

    Dans ce tableau chronologique, où nous venons de grouper comme un ensemble de la première phase de la persécution, il convient d'encadrer quelques physionomies de martyrs, qui vont animer sous nos yeux et peindre au vif l'héroïsme simple et calme que les victimes opposaient à la férocité des bourreaux.

    Le 18 novembre 1793, la commission militaire de Laval faisait fusiller un pauvre cordonnier de Saint-Pierre-la-Cour, nommé Louis David.

    On voulait le contraindre à crier : Vive la République !

    — Non, répond l'inébranlable chrétien, parce que je croirais crier vive l'enfer, puisque c'est votre République qui persécute la religion et qui a fait périr notre bon roi.

    David fut condamné et exécuté le jour même.

    Marchant à la mort avec le courage d'un martyr, il chanta jusque sur l'échafaud le cantique :

    Je mets ma confiance,
    Vierge, en votre secours (3).


    Quelques semaines après, à peu de distance de Montoir, dans le désastre de Savenay, des fugitifs, épuisés de fatigue, s'étaient arrêtés au pied d'une croix…
    _______________________________________________________

    (3) Souvenirs de la comtesse de la BOUËRE, chez Plon, 1890. — (1)Souvenirs de Madame la Comtesse de la BOUËRE, pp. 77, 78. — (2) Ibid. — (3) CRÉTINEAU-JOLY.

  15. #55
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    Quelques semaines après, à peu de distance de Montoir, dans le désastre de Savenay, des fugitifs, épuisés de fatigue, s'étaient arrêtés au pied d'une croix — Mourons ici, dit un vieux prêtre blessé qui les accompagnait et qui, pendant le combat, n'avait cessé d'assister les mourants.

    Les femmes et les enfants se couchent devant le calvaire, et le vénérable ecclésiastique se place en sentinelle, pour protéger leur repos.

    Bientôt, il signale un peloton de soldats républicains.

    — Sauvez-vous, sauvez-vous, crie-t-il; voilà les Bleus.

    Les malheureux veulent s'enfuir à travers champs ; mais voici qu'un autre peloton de soldats leur barre le passage et les enveloppe.

    Le prêtre se présente alors devant ces farouches patriotes.

    — Tuez-moi, leur dit-il, mais laissez la vie à ces infortunés, à ces femmes et à ces enfants.

    — Tu mourras le premier, lui répondent les bourreaux, et ton troupeau te suivra de près.

    Et en même temps, deux décharges de mousqueterie abattaient, au pied de la croix, le prêtre et ceux qu'il voulait sauver.

    A peu près à la même époque…

  16. #56
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    A peu près à la même époque, sur la place d'armes de la Rochelle (car la Vendée portait bien loin son héroïsme et ses malheurs), vingt à trente Vendéens montaient sur l'échafaud.

    L'hôpital était situé devant cette place, et la guillotine fonctionnait tous les jours sous les fenêtres des religieuses, qu'on n'avait pas encore chassées du chevet des malades et des moribonds.

    Une d'entre elles, la sœur Thérèse Lacour, pour apprendre à faire à Dieu le généreux sacrifice de sa vie, avait coutume de monter dans une salle, d'où elle pouvait contempler le spectacle des courageuses victimes qui mouraient pour affirmer leur foi.

    Un jour, elle vit conduire à la mort une trentaine de ces Vendéens, que la Révolution égorgeait comme des monstres, que l'Europe admirait comme des héros, et que le monde catholique saluait comme des martyrs.

    Ils avaient assisté à la messe de leur curé, qui les accompagnait au pied de la guillotine, et qui obtint de mourir le dernier.

    Pendant que ses paroissiens marchaient au supplice, il leur donnait une dernière absolution.

    Forts de ce suprême secours, les pieux Vendéens défilent d'un air calme et recueilli, devant leur pasteur, et vont, les uns après les autres, consommer leur sacrifice.

    Le prêtre arrive à son tour ; il se prosterne à genoux en face de l'instrument de mort ; puis, baisant chacun des degrés de l'échafaud, il monte avec joie jusqu'à la palme du martyre.



    La sœur Thérèse fut également témoin de l'exécution d'un aide-de-camp de Charette.

    Petit de taille, ce brave étonnait la foule par la noble fermeté de sa démarche, et par sa mâle fierté en présence des ennemis de son Dieu.

    Les démagogues qui le conduisaient à la mort voulaient l'obliger à se prosterner devant la déesse Raison, installée dans la cathédrale de la Rochelle. Ils n'obtiennent du loyal soldat qu'un regard de mépris.

    A la vue de l'échafaud, le Vendéen cria : Vive la religion ! vive le roi ! Et ces cris de sa fidélité religieuse et politique, il ne cessa plus de les répéter, jusqu'au moment où le couteau lui trancha la tête (1).

    Un jour, plus de 60 vendéens avaient été pris…
    ______________________________________________________

    (1) Histoire de l'Eglise Santone, par l'abbé BRIAND, T. III,pp. 81-90.

  17. #57
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    Re: Le Martyre de la Vendée



    Un jour, plus de 60 vendéens avaient été pris aux environs de Nantes et jetés dans les cachots du Bouffay (1).

    Dès le lendemain, ils furent condamnés à mort.

    Un témoin digne de foi, Madame de la Brejolière, a raconté que, se trouvant dans une rue voisine de la place, elle fut poussée par le flot de la foule jusque sur le lieu de l'exécution.

    Arrivée là, elle vit ces Vendéens descendre, deux à deux, le grand escalier de la prison. Tous avaient le chapelet à la main, et chantaient en chœur le cantique populaire à la sainte Vierge:

    Je mets ma confiance,
    Vierge, en votre secours.
    Servez moi de défense;
    Prenez soin de mes jours;
    Et quand ma dernière heure
    Viendra fixer mon sort,
    Obtenez que je meure
    De la plus sainte mort.

    Madame de la Brejolière ne put supporter plus longtemps ce spectacle. Voyant la porte d'une maison voisine entr'ouverte, elle s'y précipita et referma la porte sur elle. Elle ne vit plus la procession funèbre des condamnés, mais elle entendait encore leur chant. La foule était silencieuse, on n'entendait que le pieux cantique et le bruit du fatal couteau, qui tombait par intervalles mesurés.

    Peu à peu le nombre des voix diminuait, bientôt quelques-unes seulement se faisaient entendre, puis une seule, puis, le silence. Le sacrifice était consommé (2).

    Ces prêtres, ces femmes, ces soldats qui recevaient, en…
    ________________________________________________

    (1) Le Bouffay, qui servait alors de prison, fut bâti par Conan le Tors, et servait à la fois de palais et de château-fort. II était bâti au confluent de l’Erdre et de la Loire. Budic, comte de Nantes, renfermé dans cette forteresse, y fut vainement assiégé, pendant deux ans, par Geoffroy, duc de Bretagne. — (2) Lettres vendéennes, par le Vte WALSH, p 266.

    A suivre : II. LA DÉPORTATION EN ESPAGNE.

  18. #58
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    II

    LA DÉPORTATION EN ESPAGNE

    Ces prêtres, ces femmes, ces soldats qui recevaient, en 1793, le baptême du sang, étaient des martyrs : mais martyrs, ils l'étaient aussi, ces déportés, ces exilés, ces persécutés, qui s'en allaient souffrir ou mourir, pour la même cause, sur les plages étrangères.

    Il nous serait impossible de reconstituer dans les détails d'histoire de leur longue et douloureuse passion; mais nous pouvons du moins en donner une idée générale et sommaire, en racontant l'exil de deux des plus illustres victimes de cette première déportation : Louis-Marie Baudouin, et Jean Brumauld de Beauregard.

    I. — Exil de Louis-Marie Baudouin.

    Après avoir célébré la fête de la Nativité de la sainte Vierge, l'abbé Louis-Marie Baudouin s'embarquait aux Sables, le 9 septembre 1792, à bord du navire le Jean-François.

    Un registre de la commune des Sables-d'Olonne mentionne comme il suit cet embarquement :

    « A 5 heures du soir, s'est présenté à la municipalité François Picard, maître de la barque le Jean-François, de ce port, lequel a dit et déclaré qu'il allait embarquer à son bord, pour conduire à Bilbao ou autre port d'Espagne, le nombre de 75 prêtres non assermentés (1), conformément à son rôle d'équipage, en date de ce jour. Signé, E. Duault. »

    « Les rivages de France avaient disparu à l'horizon, nous dit l'auteur de la Vie du R. P. Baudouin, et l'exilé, ne voyant plus autour de lui que le vaste océan, sentait plus vivement, dans cette solitude immense, la douleur de quitter la patrie. Tandis qu'il vogue vers la terre de l'exil, des pensées désolantes viennent assiéger son esprit.

    « La France, qui s'était si longtemps glorifiée du titre de Fille aînée de l'Eglise, n'est-elle point séparée pour toujours du centre de l'unité catholique?

    « Reverra-t-il jamais le sol natal, ses proches, ses amis, qu'il laisse exposés à tant de périls? »…
    ____________________________________________

    (1) Le registre en compte 76, V. Note II.

  19. #59
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    « Reverra-t-il jamais le sol natal, ses proches, ses amis, qu'il laisse exposés à tant de périls? »

    A ces cruelles pensées se joignait le délabrement de sa santé, profondément altérée par une fièvre quarte.

    Pour surcroît d'épreuves, le navire fut assailli par une furieuse tempête, et paraissait à chaque instant sur le point de sombrer. Le confesseur de la foi crut toucher à sa dernière heure.

    Après six jours de périlleuse navigation, les exilés débarquèrent à Saint-Sébastien, le 14 septembre, fête de l'Exaltation de la Sainte Croix. De là, les deux frères Baudouin se rendirent à Valence, avec Messieurs Paillou et Lebédesque.

    Bientôt, il leur fallut quitter Valence et se diriger vers Tolède.

    « En route, nous raconte l'abbé Louis-Marie, nous fûmes attaqués par une bande de voleurs, qui se mirent à nous dévaliser. J'attendais sans inquiétude que mon tour arrivât; j'avais si peu de chose à perdre ! Ce qui pourtant m'offusquait un peu, c'était le bout d'un fusil, que l'un des voleurs tenait appuyé sur mon oreille.

    — Avez-vous peur? me dit-il.

    — Non, répondis-je ; ma vie est entre les mains de Dieu; il en est le maître; s'il veut me délivrer, que son saint nom soit béni !

    « Les voleurs, ne trouvant sur moi qu'une piastre, se regardent les uns les autres, et l'un deux dit avec l'accent de la pitié : Pobrescito ! le pauvret ! Je crus un instant qu'ils allaient, par compassion pour ma misère, me rendre ma piastre ; mais ils se décidèrent à la garder, et contents de nous avoir rendus plus lestes, il eurent, en partant, la politesse de nous souhaiter un bon voyage.

    « Nous racontâmes, au village le plus prochain, ce qui nous était arrivé. On fut touché de notre mésaventure, et l'on s'empressa de faire d'excellents gâteaux, qui nous suffirent abondamment pendant la route. C'est ainsi que la Providence venait à notre secours. »

    Après une longue marche, les deux Messieurs Baudouin et Lebédesque arrivèrent à Tolède, épuisés de fatigue et dénués de tout.

    Le cardinal archevêque Lorenzana ne put voir, sans une émotion profonde…

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    Re: Le Martyre de la Vendée

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    Le cardinal archevêque Lorenzana ne put voir, sans une émotion profonde, ces vénérables confesseurs de la foi réduits à la dernière indigence. Il s'empressa de leur procurer des logements et de pourvoir à leur subsistance.

    Daniel et ses compagnons, sur les rives de l'Euphrate, tournaient continuellement leurs regards vers Jérusalem, et pleuraient, inconsolables, au souvenir de ses malheurs.

    Ainsi, sur les bords du Tage, Louis-Marie Baudouin et ses amis souffraient de tous les maux de la France. Ils se représentaient les temples détruits, les autels renversés, les prêtres égorgés, et ces infâmes déesses, appelées déesses Raison, recevant les hommages qui ne sont dûs qu'au Dieu trois fois saint.

    Monsieur Baudouin et les autres prêtres qui partageaient son exil avaient un motif particulier d'inquiétude et de douleur. Chaque jour, les feuilles publiques leur retraçaient les combats que soutenait la Vendée contre les armées révolutionnaires, et déroulaient devant leurs yeux l'épouvantable tableau de cette persécution féroce, qui mettait leur pays à feu et à sang. C'était comme le martyre de la compassion de Marie devant le martyre sanglant du Calvaire.

    Le temps que les pieux exilés ne donnaient pas à la prière, ils le passaient dans la bibliothèque de l'archevêché, étudiant l'Ecriture sainte, les ouvrages des Pères et la théologie.

    Ils terminaient ordinairement leur journée par la visite de quelque église, pour y adorer le divin Maître, épancher leur cœur à ses pieds, et faire monter vers son trône leurs soupirs, avec les gémissements de la France chrétienne.

    Monsieur Louis-Marie Baudouin eut la douleur de perdre son frère, le curé de Luçon, une des nombreuses victimes des souffrances de l'exil.

    Le pieux malade fut un exemple admirable de patience et de résignation. Tout en regrettant de mourir si loin de la patrie, il vit la mort avec joie, et rendit son âme à Dieu, le 4 septembre 1796, à l'âge de 48 ans.

    Après la mort de son frère, l'abbé Louis-Marie…

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