Un jour, un chef vendéen rencontrait sur sa route un enfant de 8 à 9 mois, qui avait reçu un coup de sabre dans le dos, et qui respirait encore, à côté du père et de la mère égorgés près de lui. Leur chien, qui était couché près d'eux, léchait alternativement les blessures de ses maîtres.
L'officier prit l'enfant dans les plis de son manteau et le fit élever.
Au Poiré-sur-Vie, une toute jeune fille était sortie à la porte de sa maison pourvoir défiler les troupes. Un patriote lui fend la tête d'un coup de sabre.
« J'ai vu plusieurs fois les hussards, dit un témoin, rapporter, au retour de leurs excursions, des chapelets d'oreilles coupées, les laver, les rôtir sur le gril, et les manger à la vinaigrette, comme de vrais anthropophages. Voilà ce que j'ai vu plus d'une fois (1). »
Il n'était pas rare de voir les oreilles ou la langue des victimes clouées à la porte des écuries où les républicains logeaient leurs chevaux.
« Un de ces horribles patriotes, nous dit Madame de la Bouëre, affirmait que le 6 avril 1794, il avait fait fondre 150 femmes pour en avoir la graisse.
« Deux de mes camarades, ajoutait-il, étaient avec moi, à cette affaire. J'en envoyai 10 barils à Nantes : c'était comme de la graisse de momie; elle servait pour les hôpitaux. Nous avons fait cette opération à Clisson, vis-à-vis du château et près de la Grenouillère (2). »
Il y eut des représentants du peuple qui, à l'exemple des Arabes du désert, accordaient une prime d'encouragement pour ces monstrueuses atrocités (3).
On voit que pour détruire la Vendée, la Convention et Turreau trouvaient, dans les colonnes infernales, des égorgeurs d'une docilité parfaite.
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(1) Témoignage de Madame CHEVALIER. V.. DENIAU, T. III, p. 168. — (2) Souvenirs de Madame la comtesse de la BOUËRE, Plon, 1890. — (3) CRÉTINEAU-JOLY, T. I, p. 304.
A suivre : II. — La vie des proscrits sous le régime des colonnes infernales.
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