À cette même date du 28 février, les soldats de Grignon se donnaient la gloire d'exploits tout semblables sur les deux rives du Petit-Lay, dans le bourg de Mouchamp et au
Parc-Soubise.
Après avoir incendié tout le pays, et massacré les vieillards, les femmes et les enfants qu'il avait pu rencontrer, depuis Chanzeaux, jusqu'à Châtillon et à Saint-Amand-sur-Sèvre, Grignon vint établir son quartier général à la Flocellière.
Là, il divise sa tourbe d'assassins en deux détachements.
Le premier devait suivre la rive gauche du Petit-Lay, par Saint-Michel-Mont-Mercure, le Boupère et Rochetrejoux.
Le second devait descendre de Saint-Michel à Saint-Paul-en-Pareds par les bas villages, franchir la rivière, en suivre la rive droite et aller incendier le château du
Parc-Soubise.
Le premier détachement, ayant tout ravagé sur son parcours, brûlé le Boupère et Rochetrejoux, arrive en vue de Mouchamp.
Un des habitants, nommé Roger, s'avance à sa rencontre, et demande à parler au commandant. Sur son affirmation qu'il n'y avait là que de fervents patriotes, l'officier ordonne d'épargner le bourg. Pour faire semblant d'obéir à l'impitoyable consigne de son chef, il se borne à brûler trois ou quatre maisons isolées.
Ce brave Roger reçut, à cette occasion, de ses compatriotes, le surnom de
La Menterie, pour avoir affirmé, contre la vérité, que les habitants de Mouchamp étaient d'excellents
patriotes.
Le second détachement, après avoir incendié toutes les métairies de la basse paroisse de Saint-Michel, arrive sur le territoire de Saint-Paul. Le soleil était sur son déclin, et la colonne était encombrée de pauvres femmes, d'enfants et de vieillards, qu'elle traînait après elle. On les fusille dans la cour du château ; puis, la troupe bivouaque à la lueur de l'incendie qui dévore le bourg.
Le lendemain, la colonne traverse le Lay, pénètre dans le château du
Bois-Tissandeau, et massacre, dans leur cour, deux vénérables femmes, Mesdames d'Hillerin.
Suivant ensuite la rive droite de la rivière, elle se dirige sur le
Parc-Soubise.
En vrais batteurs d'estrade, les soldats fouillent les maisons et les genêts. Tous les malheureux fugitifs qu'ils rencontrent sont saisis, placés au centre de la colonne et forcés de marcher jusqu'au château du
Parc. Une femme infirme, trouvée dans sa chaumière, est assassinée à coups de baïonnette. Son mari, qui était aveugle, et dont la marche incertaine retardait celle de la colonne, est massacré, un quart d'heure après, au coin d'un champ.
« Les détails qui vont suivre, dit le comte de Chabot, je les tiens d'un témoin oculaire nommé Mérit…
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