Q. 575. Quels sont les péchés capitaux?
R. Les péchés capitaux sont :
1° l'orgueil;
2º l'avarice;
3º la luxure;
4º la colère;
5º la gourmandise;
6° l'envie;
7º la paresse.
Q. 574. Pourquoi dit-on que ces péchés crient vers Dieu?
R. On dit que ces péchés crient vers Dieu, parce que, plus que tous les autres, ils ont une perversité insigne et manifeste et qu’ils appellent spécialement la colère et la vengeance divine sur ceux qui les commettent (2).
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(2) Saint Paul, Ep. aux Rom., I, 28-32; XII, 1-6; Ire Ep. aux Cor, III, 16-17; V, 11 ; VI, 9,10; Ep. aux Galates, V, 19-21; Ire Ep. à Tim., VI, 9,10; 2e Ep. à Tim., III, 2-5; saint Pierre Canisius, Les péchés qui crient vers le ciel , l. c.
Q. 575. Quels sont les péchés capitaux?
R. Les péchés capitaux sont :
1° l'orgueil;
2º l'avarice;
3º la luxure;
4º la colère;
5º la gourmandise;
6° l'envie;
7º la paresse.
Q. 576. Pourquoi ces péchés sont-ils appelés capitaux?
R. Ces péchés sont appelés capitaux, parce qu’ils sont comme la source et la racine de tous les autres péchés et vices (1).
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(1) Saint Thomas, Ia 2æ, q. 84, a. 3, 4.
Q. 577. Quelles sont les vertus opposées aux péchés capitaux?
R. Aux péchés capitaux s’opposent respectivement :
1° l'humilité;
2° la libéralité;
3° la chasteté;
4° la douceur;
5° l'abstinence;
6° la joie du bien d'autrui;
7° le zèle.
Q. 578. En plus du péché, devons-nous fuir les occasions du péché?
R. En plus du péché, nous devons fuir, autant que nous le pouvons, les occasions prochaines de péché, c’est à-dire celles où l’on s’expose à un grave danger de pécher : car celui qui aime le péril y périra (2).
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(2) Ecclésiastique, III, 27.
Q. 579. Peut-il arriver que nous ayons à rendre compte à Dieu des péchés d'autrui?
R. Il peut arriver que nous ayons à rendre compte à Dieu des péchés d’autrui, si et dans la mesure où nous en aurons été la cause en les commandant, en les conseillant ou en y consentant, ou dans la mesure où nous ne les aurons pas empêchés, quand nous pouvions et devions les empêcher.
Q. 506. Qu'est-ce qu'une vertu?
R. Une vertu est une habitude ou une disposition durable, qui incline l’homme à faire le bien et à éviter le mal.
Q. 507. Combien y a-t-il de sortes de vertus?
R. Quant à leur objet, les vertus sont de deux sortes : les unes théologales, les autres morales.
Q. 508. Qu'est-ce qu'une vertu théologale?
R. Une vertu théologale est une vertu qui a pour objet immédiat Dieu considéré comme notre fin surnaturelle, et qui oriente directement l'homme vers Lui (1).
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(1) Saint Thomas, Ia 2æ, q. 62, a. I, 2.
Q. 509. Combien y a-t-il de vertus théologales?
R. Il y a trois vertus théologales : la foi, l'espérance et la charité.
Q. 510. Les vertus théologales peuvent-elles être acquises par des actes naturels?
R. Les vertus théologales ne peuvent pas être acquises par des actes purement naturels, parce qu’elles sont, de leur nature, surnaturelles. Aussi est-ce Dieu seul qui les répand dans l’âme en même temps que la grâce sanctifiante (2).
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(2) Saint Jean, VI, 44; XV, 5; saint Paul, Epître aux Rom., V, 5; 2e Epître aux Cor., III, 5; Epître aux Philip., I, 29.
Q. 511. Quand les vertus théologales sont-elles infusées en l'homme?
R. Les vertus théologales sont infusées en l’homme au moment de la justification, en même temps qu’il acquiert la rémission des péchés par le sacrement de Baptême ou par un acte de contrition accompagné du désir du sacrement (1).
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(1) Saint Paul, Epître aux Rom., V, 2; VIII, 24; Ire Epître aux Cor., XIII, 13; IreEpître aux Thess., I, 3; Epître aux Hébr.,XI, 6; IreEp. de saint Jean, IV, 15-19; Concile de Trente, sess. VI, chap. 7; Clément V, Constitution De summa Trinitate au Conc. de Vienne; saint Polycarpe, Ep. aux Philippiens, 3;saint Jean Chrys., Sur les Actes des Apôtres, XL, 2; Catéchisme du Concile de Trente, 2e p., ch. II, n. 50, 51.
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Concile de Trente, session VI, Decretum de justificatione, chap. 7 ;
a) « C'est pourquoi dans l'acte même de justification, par Jésus-Christ sur lequel il est enté, l’homme reçoit à la fois, en même temps que la rémission des péchés, tous ces dons infus, la foi, l’espérance et la charité; car, si l’espérance et la charité ne se joignent à la foi, celle-ci n’unit pas parfaitement au Christ et ne fait pas du croyant un membre vivant de son corps; et pour cette raison il est dit en toute vérité que la foi sans les œuvres est morte et vaine ». (D.-B., 800).
Clément V, Constitution De summa Trinitate et fide catholica du Concile de Vienne, en 1311, contre les erreurs de Pierre d'Olive.
b) « Mais, quant à l'effet du baptême chez les petits enfants, on remarque que les théologiens ont eu des opinions contraires : certains d’entre eux disent que par la vertu du baptême la faute est remise, sans que la grâce soit conférée; d’autres au contraire soutiennent que dans le baptême et la faute leur est remise et les vertus et la grâce [ informante] leurs sont infusées à l’état habituel (quoad habitum) et non, pour le moment, à l’état usuel (quoad usum).
C’est pourquoi, nous, considérant l'efficacité universelle de la mort du Christ, qui par le baptême est appliquée à tous les baptisés, nous estimons, avec l’approbation du sacré Concile, qu’il faut choisir la seconde opinion disant que la grâce et les vertus sont conférées dans le baptême aux petits enfants aussi bien qu’aux adultes; nous l’estimons, car cette opinion est plus probable, s’harmonise et s’accorde davantage avec les paroles des saints et des théologiens modernes ». (Mansi, XXV, 411. — D.-B.483).
Saint Polycarpe, Epître aux Philippiens, 3 :
c) « Retenu loin de vous, [Paul] vous écrivit des lettres : si vous les étudiez, vous pourrez vous édifier dans la foi qui vous a été donnée, et qui est notre mère à tous (Epître aux Galates, IV, 26), que suit l’espérance et que précède la charité envers Dieu, le Christ et le prochain. En effet, si quelqu’un est dans ces sentiments, il a accompli le commandement de la justice, car celui qui a la charité est éloigné de tout péché ». (P. G., 5, 1008. — R. J.,72).
Saint Jean Chrysostome, Homélies sur les Actes des Apôtres, XL, 2 :
d) « Nous avons le capital de tous les biens par le Baptême; nous avons reçu la rémission des péchés, la sanctification, la participation à l’Esprit, l’adoption, la vie éternelle. Que veux-tu de plus ? Des signes? Mais ils ont cessé. Tu as la foi, l’espérance, la charité, qui demeurent; recherche-les; elles sont plus grandes que les signes. Rien d’égal à la charité : Plus grande que tout est la charité ». (P. G., 60, 285. — R. J., 1216).
Q. 512. Les vertus théologales sont-elles nécessaires au salut?
R. Les vertus théologales sont absolument nécessaires au salut, parce que, sans elles, il ne peut y avoir de droite orientation de l’intelligence ni de la volonté vers la fin surnaturelle (2).
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(2) Saint Marc, XVI, 16; saint Jean, IV, 15-20; Actes, VIII, 37; X, 43; saint Paul, Ep. aux Rom., V, 2; VIII, 24; Ep. aux Hébr., XI, 6.
Q. 513. Quelle est la vertu la plus haute parmi les vertus théologales?
R. Parmi les vertus théologales, la vertu la plus haute est la charité, qui est la perfection de la loi et ne disparaît pas même au Ciel (3).
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(3) Saint Matth., XXII, 35-40; saint Jean, XIII, 14; XIV, 21, 23; saint Paul, Ep. aux Rom., XIII, 10; Ire Ep. aux Cor., XIII, 1-13; Ep. aux Colos., III, 14; Epître de saint Jacques, II, 8; Benoît XII, Const. Benedictus Deus, 29 juin 1336; saint Clément de Rome, Ep. aux Cor., I, 49; saint Thomas, 2a 2æ, q. 23, a. 6, 7.
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Benoît XII, Constitution Benedictus Deus, 29 janvier 1336:
a) « Dans cette constitution, qui restera à jamais en vigueur, de par notre autorité apostolique, Nous définissons ce qui suit : selon la disposition générale établie par Dieu, les âmes de tous les Saints qui ont quitté ce monde avant la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ et celles des saints apôtres, martyrs, confesseurs, vierges et autres fidèles morts après réception du saint baptême du Christ, qui n’ont rien eu à purifier à leur mort, ou qui à l'avenir n'auront rien à purifier à leur mort; celles aussi qui ont eu ou auront à se purifier, lorsqu'après leur mort elles auront achevé de le faire; de même encore les âmes des enfants régénérés par le même baptême du Christ ou encore à baptiser, quand ils l'auront été, s'ils meurent avant l'usage de leur libre arbitre; toutes, aussitôt après leur mort, ou après la purification susdite pour celles qui en avaient besoin, même avant la réunion à leurs corps et le jugement général, et cela depuis l'ascension de Jésus-Christ notre Sauveur, sont et seront au ciel, au royaume des cieux et au céleste paradis, avec le Christ, admises dans la société des Anges; et, depuis la mort et la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, elles ont vu et voient la divine essence d'une vision intuitive et même face à face, sans qu'aucune créature s'interpose dans l'idée de l’objet vu, mais immédiatement, grâce à la divine essence qui se manifeste elle-même à nu, clairement et ouvertement. Et dans cette vision les âmes de ceux qui sont déjà morts jouissent de la divine essence et, par le fait même de cette vision et de cette jouissance, elles sont vraiment bienheureuses et possèdent la vie et le repos éternel; de même en sera-t-il [des âmes] de ceux qui, mourant dans la suite, verront la divine essence et en jouiront avant le jugement général. De plus cette vision et cette jouissance de la divine essence font cesser dans ces âmes les actes de foi et d’espérance, en tant que foi et espérance s’entendent des vertus théologiques au sens propre. En outre, depuis le moment où elles ont commencé ou auront commencé dans ces âmes, cette même vision intuitive et face à face et cette même jouissance ont duré et dureront, sans interruption et sans fin, jusqu’au jugement dernier et dès lors à jamais.
« Nous définissons encore ce qui suit : d’après la disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurent dans le péché mortel actuel descendent aussitôt après leur mort en enfer, pour y subir la torture des peines infernales; et néanmoins, au jour du jugement, tous les hommes comparaîtront devant le tribunal du Christ avec leurs corps, pour rendre compte de leurs actes personnels, afin que chacun soit récompensé en son corps suivant qu'il aura fait le bien ou le mal ». (2eEpître aux Corinthiens, V, 10). (Bullarium Romanum, ed. Taurinen.n IV, 346 et suiv. — D.-B., 530, 531).
Saint Clément de Rome, Epistola ad Corinthios, I, 49, 2-6 :
b) « Qui peut décrire le lien de la charité de Dieu ? Qui est capable d’exprimer la magnificence de sa beauté? La hauteur à laquelle la charité nous porte est ineffable. La charité nous fait adhérer à Dieu, la charité couvre la multitude des péchés (Ire Epître de saint Pierre, IV, 8), la charité supporte tout, la charité endure tout avec patience; rien de bas dans la charité, et rien de superbe; la charité ne comporte pas de schisme, la charité n’excite pas de sédition, la charité fait tout dans la concorde; dans la charité tous les élus de Dieu sont parfaits, sans la charité rien ne plaît à Dieu. C’est par charité que le Maître nous a élevés à lui; c’est à cause de la charité qu’il a eue pour nous que Jésus-Christ Notre-Seigneur, docile à la volonté de Dieu, a donné son sang pour nous, sa chair pour notre chair et son âme pour nos âmes ». (P. G. I,309 s. — R.J.,26).
Q. 514. Quand sommes-nous tenus de produire des actes de foi, d'espérance et de charité?
R. Nous sommes tenus de produire, au moins implicitement, des actes de foi, d’espérance et de charité assez souvent pendant la vie, surtout quand, parvenu à l’âge de raison, nous avons acquis une connaissance suffisante de la révélation divine, et surtout chaque fois que ces actes sont requis soit pour remplir une obligation, soit pour vaincre les tentations, et lorsqu’on est en danger de mort (1).
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(1) Alexandre VII, Ireprop. condamnée, 24 sept. 1665; Innocent XI, Prop.6,7,16,17 condamnées le 2 mars 1679.
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Alexandre VII, Décret du 24 septembre 1665, Ire proposition condamnée :
a) « L’homme n’est jamais tenu, à aucun moment de sa vie, de faire un acte de foi, d’espérance et de charité, en vertu de préceptes divins ayant spécialement ces vertus pour objet », (Du Plessis, Collectio Iudiciorum, III, II, 321. — D. B., 1101).
Innocent XI, 6e, 7e, 16e, 17e propositions condamnées par la S. Congrégation du Saint-Office, le 2 mars 1679 :
b) « 6. Il est probable que, par soi, le précepte de la charité envers Dieu n'oblige pas même, rigoureusement, tous les cinq ans.
« 7. Il oblige seulement quand nous sommes tenus de nous mettre en état de grâce et que nous n’avons pas d’autre moyen de pouvoir le faire.
« 16. La foi n’est pas censée tomber sous un précepte particulier.
« 17. Il suffit de faire un seul acte de foi dans sa vie ».
(Ibid., 348. — D.-B., 1156-7,1166-7).
Q. 515. Qu'est-ce que la foi?
R. La foi est une vertu surnaturelle par laquelle, avec l’inspiration de Dieu et l’aide de sa grâce, nous croyons que ce que Dieu a révélé et nous a enseigné par l’Église est vrai, non à cause de la vérité intrinsèque des choses reconnue par la lumière naturelle de la raison, mais à cause de l’autorité de Dieu même qui l’a révélé et qui ne peut ni se tromper ni nous tromper (2).
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(2) Saint Paul, IreEpître aux Cor., II, 5, 7-13; Ep. aux Hébr.y XI, I; Ep. aux Rom., X, 14-17; Concile du Vatican, Const. Dei Filius, chap. 3; saint Léon le Grand, Sermon XXVII, I; saint Jean Chrys., Sur saint Matth., LXXXII, 4.
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Concile du Vatican, Constitution Dei Filius, ch. 3, de fide :
a) « Puisque l'homme dépend tout entier de Dieu comme de son Créateur et Seigneur, puisque la raison créée est complètement soumise à la vérité incréée, nous sommes tenus d'offrir par la foi à Dieu, auteur de la révélation, l’hommage sans réserve de notre intelligence et de notre volonté. Or cette foi, qui est le commencement du salut de l’homme, l’Église catholique professe que c’est une vertu surnaturelle, par laquelle, avec l’inspiration et l’aide de la grâce de Dieu, nous croyons vraies les choses qu’il a révélées, non pas à cause de leur vérité intrinsèque qui serait perçue par la lumière naturelle de la raison, mais à cause de l’autorité de Dieu lui-même, qui les révèle et qui ne saurait ni être trompé ni tromper. La foi est en effet, au témoignage de l’Apôtre, la substance de ce que nous espérons et la conviction de ce que nous ne voyons pas. (Epître aux Hébreux, XI, I) ». (B.-D., 1789).
Saint Léon le Grand, Sermon XXVII, I :
b) « Lorsque nous essayons de comprendre le mystère de la naissance du Christ, — car il est né d’une mère vierge, — chassons loin de nous la nuée des raisonnements terrestres, et que la fumée de la sagesse mondaine s’éloigne des yeux d’une foi éclairée. Car elle est divine, l’autorité à laquelle nous croyons; il est divin, l’enseignement que nous embrassons. (P. L., 54, 216. — R. J., 2197).
Saint Jean Chrysostome, In Matthaeum homilia LXXXII, 4 :
c) « Acquiesçons en tout à Dieu, et ne lui opposons aucune difficulté, quand bien même ses dires paraîtraient opposés à nos raisonnements et à notre perception; mais que sa parole ait plus de puissance que nos raisonnements et notre perception. Et comportons-nous ainsi devant les mystères : ne nous bornons pas à regarder ce qui tombe sous nos yeux, mais ayons présentes ses paroles. Sa parole est infaillible, tandis que notre sensation se trompe facilement; et de fait sa parole n’a jamais été prise en faute et notre sensation est souvent erronée. Puis donc que sa parole est : Ceci est mon corps, laissons-nous convaincre, croyons, voyons ce corps avec les yeux de l'intelligence. Car le Christ ne nous a rien donné de sensible, mais dans les choses sensibles même tout est intelligible. De même dans le Baptême l’eau nous est donnée par quelque chose de sensible; ce qui est intelligible, c’est l’effet qui en résulte : la naissance et le renouvellement. Car si tu étais incorporel, Dieu t’accorderait les dons incorporels tels quels; mais puisque l’âme est unie à un corps, c’est dans le sensible que Dieu te livre l’intelligible. Combien d’hommes disent maintenant : je voudrais voir sa forme, sa figure, ses vêtements, ses chaussures ? Eh! bien, c’est lui que tu vois, lui-même que tu touches, lui-même que tu manges ». (P. G., 58, 743. — R. J., 1179)
Q. 516. Devons-nous croire à toutes les vérités révélées?
R. Nous devons croire au moins implicitement à toutes les vérités révélées, en disant par exemple : Je crois tout ce que Dieu a révélé et que l'Église propose à notre foi, ou plus brièvement : Je crois tout ce que croit notre Sainte Mère l'Église; nous devons croire explicitement à l’existence d’un Dieu, et qui rend à chacun selon ses œuvres, et aux mystères de la Très Sainte Trinité, de l’Incarnation et de la Rédemption (1).
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(1) Saint Matth., XXVIII, 19; saint Jean, III, 15, 18, 36; XVII, 3; XX, 31; saint Paul, Ep. aux Hébr., XI, 6; Innocent XI, Prop. 22 et 64 condamnées par Décret de la S. Congrég. du Saint Office le 2 mars 1679; Décret du Saint Office du 23 janvier 1703. Croire ces vérités est nécessaire pour le salut, d’une nécessité qu'on appelle nécessité de moyen, alors que croire les autres vérités est nécessaire d’une nécessité de précepte; on appelle nécessaire de nécessité de moyen ce sans quoi une fin ne peut être atteinte, même si l’omission n’est pas coupable, et nécessaire d’une nécessité de précepte ce qui n'empêche pas que la fin puisse être atteinte, si l’omission n’est pas coupable. D’où il suit que tout ce qui est nécessaire de moyen pour le salut est aussi nécessaire de précepte.
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Innocent XI, 22ee et 64ee propositions condamnées par la S. Congrégation du Saint-Office, le 2 mars 1679 :
a) « 22. Seule la foi en un seul Dieu paraît nécessaire d’une nécessité de moyen, la foi explicite à un Dieu rénumérateur ne l’est pas.
« 64. Une personne est capable de recevoir l’absolution, quelle que soit son ignorance de la foi, quand bien même par une négligence même coupable elle ignorerait les mystères de la très sainte Trinité et de l’Incarnation de Notre Seigneur Jésus-Christ ». (Du Plessis, Collectio Iudiciorum, III, II, 348. — D.-B., 1172, 1214).
S. Congrégation du Saint-Office, Décret du 25 janvier 1703 :
b) « Question 2. On demande si, avant de conférer le Baptême à un adulte, le ministre est tenu de lui expliquer tous les mystères de notre foi, surtout s'il est mourant, car cela troublerait son esprit. Ne suffirait-il pas que le moribond promît qu'effectivement, lorsqu'il relèvera de maladie, il veillera à se faire instruire, pour mettre en pratique ce qu'on lui a prescrit ?
« Réponse. Non, une promesse ne suffit pas. Le missionnaire est tenu d'expliquer à l'adulte, même mourant, pourvu qu'il ne soit pas tout à fait incapable de les comprendre, les mystères de foi qui sont nécessaires de nécessité de moyen, comme sont principalement les mystères de la Trinité et de l’Incarnation ». (Codicis Juris Canonici Fontes, IV, 41-42).
Q. 517. La foi peut-elle être contraire à la raison?
R. Quoique la foi soit au dessus de la raison, elle ne peut en aucune manière être contraire à la raison et il ne peut jamais y avoir de véritable désaccord entre la foi et la raison (2).
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(2) Concile du Vatican, Const. Dei Filius, chap. 4.
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Concile du Vatican, Constitution Dei Filius, ch. 4, De fide et ratione :
« Mais, bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de véritable désaccord entre la foi et la raison : car le même Dieu qui révèle les mystères et communique la foi a mis dans l’esprit humain la lumière de la raison; or il est impossible que Dieu se nie lui-même, ni que le vrai contredise jamais au vrai. Cette apparence imaginaire de contradiction vient principalement ou de ce que les dogmes de la foi n’ont pas été compris et exposés selon l'esprit de l'Église, ou de ce que des erreurs sont prises pour des conclusions de la raison. Nous déclarons donc que toute affirmation contraire à une vérité attestée par la foi éclairée est absolument fausse ». (D.-B., 1797).
Q. 518. Pourquoi ne peut-il jamais y avoir de véritable désaccord entre la foi et la raison?
R. Il ne peut jamais y avoir de véritable désaccord entre la foi et la raison, parce que c’est le même Dieu qui révèle les mystères et répand la foi et qui donne à l’âme humaine la lumière de la raison; or Dieu ne peut se nier lui-même, ni contredire jamais le vrai (1).
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(1) Concile du Vatican, l. c; Pie IX, Encycl. Qui pluribus, 9 nov. 1846.
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a) Concile du Vatican, Constitution Dei Filius, ch. 4, De fide et ratione :
« Mais, bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de véritable désaccord entre la foi et la raison : car le même Dieu qui révèle les mystères et communique la foi a mis dans l’esprit humain la lumière de la raison; or il est impossible que Dieu se nie lui-même, ni que le vrai contredise jamais au vrai. Cette apparence imaginaire de contradiction vient principalement ou de ce que les dogmes de la foi n’ont pas été compris et exposés selon l'esprit de l'Église, ou de ce que des erreurs sont prises pour des conclusions de la raison. Nous déclarons donc que toute affirmation contraire à une vérité attestée par la foi éclairée est absolument fausse ». (D.-B., 1797).
b) Pie IX, Encyclique Qui pluribus, du 9 novembre 1846 :
Vous le savez (en effet), Vénérables Frères, (ces) implacables ennemis du nom chrétien, misérablement emportés par un aveugle élan de folle impiété, en sont venus à une telle témérité de leur jugement qu’avec une audace inouïe jusqu’alors, ouvrant leur bouche en des blasphèmes contre Dieu (Apocalypse, XIII, 6), ils ne rougissent pas d’enseigner hautement et publiquement que les augustes mystères de notre religion sont des faussetés et des inventions humaines, que la doctrine de l'Église catholique est opposée au bien et aux intérêts de la société, et ils ne craignent pas de renier le Christ lui-même et de renier Dieu. Et, pour mieux tromper les peuples, pour mieux égarer et entraîner avec eux dans l’erreur particulièrement les esprits incultes et sans méfiance, ils se présentent comme étant les seuls à connaître les voies du bonheur et n’hésitent pas à s’arroger le titre de philosophes, comme si la philosophie, dont toute l’occupation est de rechercher les vérités naturelles, devait rejeter ce que Dieu lui-même, auteur de la nature tout entière, a daigné, par un insigne bienfait de sa miséricorde, manifester aux hommes pour leur permettre d’atteindre la félicité et le salut véritables.
« Aussi, usant d’une méthode de discussion parfaitement illogique et fallacieuse, ils ne cessent d’en appeler à la puissance et à la supériorité de la raison humaine, de la dresser contre la sainte foi chrétienne, et ils ont l’audace extrême de décrier celle-ci comme inconciliable avec la raison humaine. On ne saurait certainement rien inventer, rien rêver de plus fou, de plus impie, de plus contraire à la raison humaine. Car la foi est au dessus de la raison, mais il est impossible de découvrir entre elles aucune opposition, aucune contradiction réelle, puisque toutes deux découlent d’une seule et même source de vérité immuable et éternelle : Dieu très bon et très grand; et elles se prêtent mutuellement appui : la droite raison démontre, appuie et défend la vérité de la foi; la foi, pour sa part, délivre la raison de toutes les erreurs qui la menacent, et, en lui faisant connaître les choses divines, l'éclaire merveilleusement, la fortifie et l’achève.
« Avec autant de perfidie, Vénérables Frères, ces ennemis de la révélation divine exaltent le progrès humain en le louant sans réserve : ils voudraient par un attentat tout à fait téméraire et sacrilège l’introduire dans la religion catholique, comme si cette religion n’était l’œuvre de Dieu, mais des hommes, et une invention philosophique, perfectible par des moyens humains. Sur ces pauvres fous tombe directement le reproche mérité que Tertullien adressait aux philosophes de son temps : Ils ont mis au jour un christianisme stoïcien, platonicien, dialecticien (De praescript. haereticorum, ch. 7). Et certes notre sainte religion n’a pas été inventée par la raison humaine, mais c’est Dieu qui, dans son infinie clémence, l’a fait connaître aux hommes. Aussi chacun comprend sans peine qu’elle emprunte toute sa force à l’autorité de la parole de Dieu et qu’elle ne peut nullement être diminuée ni perfectionnée par la raison de l’homme.
« La raison humaine, il est vrai, pour ne pas être trompée ni égarée dans une affaire d’une telle importance, doit examiner avec soin le fait de la révélation divine, afin d’être assurée que Dieu a parlé et de rendre à Dieu une obéissance raisonnable, comme l’enseigne l’Apôtre avec une parfaite sagesse (Epître aux Romains, XII, I). Qui ignore, en effet, qui peut ignorer que l’on doit à la parole de Dieu une foi totale et que rien n’est plus en harmonie avec le raison elle-même que d’acquiescer et d’adhérer fermement à ce que Dieu a sûrement révélé, lui qui ne peut ni être trompé ni tromper ?
« Mais combien nombreuses, combien admirables, combien lumineuses les preuves qui doivent convaincre, avec une évidence absolue, la raison humaine, que la religion du Christ est divine et que toutes nos croyances ont leur principe et leur source en haut, dans le Seigneur du ciel (saint Jean Chrysostome, Ire Homélie sur Isaïe), et que par conséquent rien n’est plus certain, plus assuré, plus saint, que rien ne s’appuie sur des principes plus solides, que notre foi ? Maîtresse de vie, guide du salut, ennemie victorieuse de tous les vices, mère féconde et nourrice de toutes les vertus, cette foi, confirmée par la naissance, la vie, la mort, la résurrection, la sagesse, les miracles, les prophéties de celui qui l’a fondée et consommée, Jésus-Christ, brillant de toutes parts de la lumière de la doctrine d’en-haut, enrichie par les trésors des richesses célestes, elle est illustrée et glorifiée par les oracles de tant de prophètes, l’éclat de tant de miracles, la constance de tant de martyrs, la gloire de tant de Saints; portant de toutes parts les lois salutaires du Christ et acquérant tous les jours de nouvelles forces par le fait même des plus cruelles persécutions; armée du seul étendard de la Croix, elle s’est répandue par tout l’univers, du levant au couchant; et, ayant renversé les idoles trompeuses, dissipé les ténèbres des erreurs et triomphé des ennemis de tout genre, elle a éclairé des lumières de la connaissance divine tous les peuples, toutes les nations, les plus barbares et les plus cruelles, les plus diverses de tempéraments, de mœurs, de lois, de coutumes; et elles a les soumises au joug très doux du Christ, annonçant à toutes la paix, annonçant le bonheur (cf. Isaïe, LII, 7). En tout cela éclate avec tant d’évidence la lumière de la sagesse et de la puissance divine que toute âme qui réfléchit peut facilement comprendre que la foi chrétienne est l’œuvre de Dieu.
« Aussi la raison humaine, qui connaît clairement et ouvertement, par ces preuves aussi lumineuses que solides, que Dieu est l’auteur de la foi, ne peut aller plus loin; rejetant et éloignant toute difficulté, toute raison de douter, elle doit accorder à cette foi une soumission totale, puisqu’elle tient pour certain que tout ce que cette foi propose à la croyance et à la pratique des hommes, c’est Dieu qui le lui a enseigné ». (Acta Pii IX, I, I, 6-9 — D.-B., 1634-1639).
Q. 519. La foi et la raison peuvent-elles se prêter un appui mutuel?
R. La foi et la raison peuvent se prêter un appui mutuel, lorsque la droite raison démontre les fondements de la foi et, éclairée par la lumière de la foi, s’adonne à la science des choses divines ; et quand, de son côté, la foi délivre et protège la raison des erreurs et l’enrichit de nombreuses connaissances (2).
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(2) Ve Concile de Latran, session VIII; Concile du Vatican, l. c.
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a) Ve Concile de Latran (1512-1517), session VIII, De anima humana :
« Comme de nos jours, nous le disons avec douleur, le semeur d’ivraie, l’antique ennemi du genre humain, a osé semer et faire croître dans le champ du Seigneur quelques erreurs très pernicieuses, et toujours repoussées par les fidèles, notamment sur la nature de l’âme rationnelle, qui serait mortelle, ou unique pour tous les hommes; et comme certains philosophes téméraires donneraient ces erreurs comme vraies, au moins selon la philosophie : désirant porter des remèdes opportuns à cette maladie, avec l’approbation du sacré Concile, nous condamnons et réprouvons tous ceux qui soutiennent que l’âme intellectuelle est mortelle, ou unique en tous les hommes, [ et ? ] qui mettent ces questions en doute. Car non seulement elle est vraiment par soi et essentiellement la forme du corps humain, comme le dit un canon de notre prédécesseur le Pape Clément V, d’heureuse mémoire, édicté par le Concile [œcuménique] de Vienne; mais encore elle est immortelle et, selon la multitude des corps auxquels elle est unie, autant de fois multipliable, multipliée et destinée à être multipliée... Comme le vrai ne contredit nullement le vrai, nous définissons donc que toute assertion contraire à la vérité révélée de foi est absolument fausse; et, pour qu’il ne soit pas permis de développer d’autres opinions, nous l’interdisons très sévèrement; tous ceux qui adhèrent aux affirmations relatives à cette erreur, semant partout des hérésies absolument condamnées, nous décrétons qu’ils doivent être évités et punis comme des hérétiques et des infidèles détestables et abominables, qui ruinent la foi catholique ». (Mansi, XXXII, 842. — D.- B., 738).
Concile du Vatican, Constitution Dei Filius, ch. 4, de fide et ratione :
b) « Non seulement la foi et la raison ne sauraient jamais être en désaccord, mais elles se prêtent une aide mutuelle; car la droite raison démontre les fondements de la foi et, éclairée par sa lumière, développe la science des choses divines; la foi de son côté délivre et préserve la raison des erreurs, et l'enrichit de connaissances multiples.
Bien loin donc de s’opposer à la culture des arts et des sciences humaines, l’Église la favorise et la fait progresser de bien des manières. Car elle n’ignore ni ne méprise les avantages qui en découlent pour la vie des hommes; bien plus, elle reconnaît que, venant de Dieu, Maître des sciences, ces sciences et ces arts conduisent de même à Dieu, avec l’aide de sa grâce, si on fait bon usage; elle ne défend pas assurément que chacune de ces disciplines se serve dans sa sphère de ses propres principes et de sa propre méthode; mais, en reconnaissant cette légitime liberté, elle veille avec soin qu’elles n’accueillent des erreurs incompatibles avec la doctrine divine, ou que, après avoir dépassé leurs propres frontières, elles n’envahissent et ne troublent ce qui est du domaine de la foi ». (D.-B., 1799).
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