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Tema: Le Martyre de la Vendée

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Pious Le Martyre de la Vendée 23/12/2017, 20:36
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  1. #1
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    V

    Mais nous aurons à fixer spécialement l'attention de nos lecteurs sur une élite dont l'auréole resplendit d'un tel éclat, qu'on ne peut la distinguer de celle qui brille au front des martyrs canonisés par l'Église.

    Qu'est-ce qu'un martyr, au sens rigoureux que donnent à cette qualification auguste les Congrégations romaines, dans les procès de canonisation ?

    Selon saint Thomas, le martyr proprement dit est celui qui reste inébranlable jusqu'à la mort, dans la vérité et dans la justice contre tous les assauts des persécuteurs (5).

    Un martyr, dit le même docteur, c'est un chrétien qui, pour l'amour de Jésus-Christ, supporte tous les tourments qu'on lui inflige, plutôt que de s'écarter du bien qu'il doit accomplir, ou d'acquiescer au mal qu'il doit éviter (1).

    Qui pourrait nous dire le nombre des victimes qui ont subi ce martyre de la foi, dans cette arène immense qui fut le théâtre des souffrances de la Vendée, sur les échafauds, dans les prisons, dans les noyades de Nantes, au Champ des martyrs d'Angers, à Quiberon, dans l'expédition d'Outre-Loire, sur les pontons de l'île d'Aix, en Angleterre, en Espagne, sur les flots de l'Océan, et jusque dans les marais infects de la Guyane, à Sinnamary et à Cononama ?

    VI

    Une catégorie particulièrement intéressante de ces témoins, qui ont confessé la foi en mourant pour elle, non loquendo, sed moriendo confessi sunt, c'est celle des tout jeunes enfants tués pour le Christ; innocentes pro Christo infantes occisi (2).

    Or ce tendre troupeau de victimes immolées, cette troupe virginale, que nous pouvons bien nommer gracieusement avec l'Eglise des martyrs en fleur, et des roses naissantes ; ces Innocents parés de leur robe blanche lavée dans le sang de l'Agneau, ces triomphateurs enfantins, sortis de la vapeur de sang de la grande tribulation (3) révolutionnaire, c'est une phalange aussi nombreuse que charmante dans la grande armée de nos martyrs vendéens.

    Si la persécution d'Hérode fut un baptême pour les enfants que Rachel pleurait dans Rama, pourquoi la persécution des Danton, des Carrier et des Turreau ne serait-elle pas un martyre pour tout ce jeune peuple d'enfants baptisés, qui ont été massacrés pour la cause de l'Enfant divin de Bethléem ?

    « Vous n'aviez pas encore l'âge de croire au Christ mourant du Calvaire, s'écriait saint Augustin, en saluant les palmes de ces gracieux Innocents, mais vous aviez une chair vivante, qui pouvait souffrir et mourir pour le Christ mort pour nous sur la Croix (4). »

    Il nous est donc bien permis...

    __________________________________________

    (5) 2, 2, q. 124, a. 10.
    (1) 2, 2, q. 124, a. 5. ad 1um.
    (2) Office des saints Innocents.
    (3) Ibid.
    (4) S. AUGUSTIN, cité par S. THOMAS, 2, 2, q., 124, a, 1, ad 1um.

  2. #2
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    VII

    Il nous est donc bien permis d'appliquer à la multitude de nos martyrs ce que le voyant de Pathmos disait, en portant ses regards sur les triomphateurs de la Jérusalem céleste :

    « J'ai vu une foule infinie de vainqueurs qu'il était impossible de compter, et qui tous portaient des palmes dans leurs mains : vidi turbam magnant, quant dinumerare nemo poterat, et palmæ in manibus eorum (1).

    Cette multitude éblouissante qui triomphe dans la gloire, n'est-ce pas aussi la grande foule des pieuses victimes qui ont péri dans la lutte héroïque de la Vendée chrétienne contre l'impiété satanique (2) de la Révolution française ?

    Et comme l'Église catholique sa mère, la Vendée trouve sa plus riche parure dans le sang de ses martyrs, qui sont sa véritable et son immortelle Légion d'honneur.

    Toutes les considérations qui précèdent ramènent…
    ________________________________________________

    (1) Apocalypse : VII, 9.
    (2) L'épithète est de Joseph de Maistre.

  3. #3
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    VIII

    Toutes les considérations qui précèdent ramènent ici et justifient la pensée que nous exprimions en tête de cette introduction : La Vendée est la Terre Sainte de l'Europe.

    C'est un immense Colisée rougi de sang, où la France catholique, concentrant ses suprêmes efforts, vient opposer quelques poignées de ses meilleurs soldats à d'innombrables bataillons d'infidèles, et une élite de victimes expiatoires à tout un peuple de bourreaux et d'apostats.

    Oui, nous avions raison de le dire, l'histoire de ce drame grandiose, qui s'appelle la Grande Guerre de Vendée, et dans lequel la foi seule est en jeu, n'est au fond qu'un long et glorieux martyrologe.

    Oui, la Vendée a été martyrisée pour la justice et la vérité. Et quand nous voulons donner l'expression complète de notre admiration et de notre respect pour ce petit peuple qui combat, qui souffre et qui meurt pour défendre et pour garder sa foi, nous ne craignons pas d'appliquer à la Vendée militaire et à la Vendée victime de la Révolution qui renie le baptême national de la France, ce que saint Ambroise a dit d'une jeune vierge romaine, Agnès : « C'est une MARTYRE ; ce titre seul suffit, et porte à son comble l'éloge que nous pouvons et que nous devons lui donner: appellabo martyrem ; prædicavi satis (1). »

    Oui, la Vendée est le Champ des martyrs et une Terre Sainte, tout empourprée, engraissée et embellie d'une impérissable parure par le sang le plus pur de ses fils, versé à flots pour Jésus-Christ, sur toute la surface du territoire qu'on a nommé la Vendée militaire (2) ».

    On sait que le sol où tombèrent les victimes de Quiberon est la Terre Sainte de la Bretagne. Les mères y portent leurs enfants infirmes et les couchent dans cette poussière sacrée, pour communiquer la vigueur à leurs corps, et faire passer dans leurs jeunes âmes les viriles énergies de la Bretagne catholique.

    La Vendée tout entière est ce Champ des morts, des morts fidèles jusqu'à l'héroïsme, et dont les cendres sont pleines de vie et de puissance.

    Les générations nouvelles viendront puiser dans cette poussière vivante, et dans les grands souvenirs qui s'en exhalent cette vaillance chrétienne qui confirme les soldats du Christ, et qui seule fait les nobles caractères, les belles vies et les saintes morts.

    En lisant notre Martyrologe, elles seront saisies par les leçons lumineuses qui s'en dégagent, et soulevées par l'entraînement des exemples qui vont passer sous leurs yeux.

    Elle y verront comment l'Evangile est un livre toujours vivant et toujours vécu, à la fin de ce lamentable xviiie siècle, aussi bien qu'aux époques les plus brillantes de nos 19 siècles catholiques.

    Chaque verset de cet Évangile immortel se traduit sans cesse par des actes dans la société religieuse ; il s'épanouit en fleurs et en fruits de sainteté, dans la vie, dans les luttes et dans la mort des héros chrétiens.

    Nulle part les maximes du livre divin…
    ________________________________________________

    (1) De Viriginibus, Lib. I, cap. II, p. 190, Edit. Migne.
    (2) Purpurata est universa terra sanguine martyrum. Mortes sanctorum
    factæ sunt crassitudo teriae. Ornatæ Ecclesiae memoria martyrum. S. AUG.
    T. iv, pp. 1829 et 1590, Edit. Migne.

  4. #4
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    Nulle part les maximes du livre divin ne revivent avec plus d'éclat et dans une intensité plus saisissante que dans ce touchant martyrologe de la Vendée. C'est surtout l'Évangile de la passion de Jésus-Christ, qui est mis en scène et dramatisé par nos martyrs, qui s'anime et qui revit dans les souffrances, dans les supplices, dans la résignation tranquille et invincible des prêtres, des nobles, des paysans, des vieillards, des femmes, des jeunes filles et des enfants.

    Et en étudiant chaque page de cette histoire sanglante, nos lecteurs verront une fois de plus comment l'Église catholique est inébranlable sur le rocher où son divin fondateur l'a bâtie. Du haut de son trône invulnérable, elle voit avec tristesse mais sans crainte se heurter à ses pieds les flots tumultueux des passions humaines et les assauts continus de toutes les puissances conjurées du monde et de l'enfer.

    Comme Jésus-Christ son auteur, l'Eglise est patiente parce qu'elle est immortelle. Comme lui, elle a le privilège de vaincre par la douleur et de triompher par la mort. C'est là l'empreinte de la main de Dieu sur elle, empreinte qui défie toute contrefaçon dans les sociétés que le temps fait périr : divina nec imitabilis tessera.

    C'est une des leçons que nous aimons à recueillir des Actes de nos héros de la foi.

    « La Révolution française, écrivait Joseph de Maistre, est avant tout une grande et solennelle épreuve de la force propre et de la divinité du christianisme. Privé de tous ses appuis terrestres, combattu à outrance, il vivra par cette force intime, et du même coup s'affirmera divin.

    « Le Christ commande, il règne, il est vainqueur (1) » dans son Église toujours persécutée et toujours triomphante.

    Mais avec ces vives leçons de doctrine, la jeune Vendée viendra respirer encore un souffle d'héroïsme sur les tombes de ces martyrs qui sont ses ancêtres.

    Car ces morts que la Révolution croyait anéantir, sont pleins de vie dans le sein de Dieu (2) ; ils parlent toujours et nous couvrent de la puissance de leurs prières, de leurs mérites et de leur patronage.

    Par eux, la Vendée d'autrefois est toujours vivante et présente devant la Vendée d'aujourd'hui.

    Après les effroyables boucheries des colonnes infernales…
    ___________________________________________________________

    (1) Considérations sur la France, p. 61, Édit. de Bruxelles.
    (2) Visi sunt oculis insipientium mori ; illi autem sunt in pace. Sap. III. 2, 3.— Defunctus adhuc loquitur, Heb. XI. 4.

  5. #5
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    Après les effroyables boucheries des colonnes infernales, la Convention croyait pouvoir dire avec Westermann : « Il n'y a plus de Vendée ; elle est morte sous notre sabre. J'ai écrasé ses femmes et ses enfants sous les pieds de mes chevaux. Je n'ai pas un prisonnier à me reprocher ; j'ai tout exterminé. »

    Mais ces cadavres qui jonchaient le sol étaient les reliques des témoins de la foi : et voici que la vie sort de leurs tombeaux et se répand tout autour, comme une atmosphère salubre, qui enveloppe et qui régénère leur postérité.

    L'enseignement unanime des Docteurs nous en donne l'assurance, et l'expérience de nos 19 siècles de catholicisme l'a prouvé : c'est le sang des martyrs qui féconde les déserts et qui fait lever dans l'Église les moissons splendides (1).

    C'est qu'en effet « Dieu ne laisse jamais perdre une goutte de nos sueurs, pas plus qu'une goutte de sa rosée (2). »

    Combien sont plus précieuses devant lui les gouttes du sang répandu pour sa cause !

    Dieu a suivi du regard la Vendée, à chaque pas de sa voie douloureuse ; il a recueilli une à une, comme des perles étincelantes, toutes les sueurs de son front et toutes les larmes de ses yeux (3), avec tout le sang qui a coulé de ses saintes blessures. Il a tout consigné dans le trésor des indulgences et des bienfaits qu'il réserve aux générations futures.

    Ces victimes de la Terreur, qui nous présentent le tableau d'un si cruel et si lugubre passé, sont désormais pour nous le patrimoine sacré dont nous sommes le plus fiers. Le culte de leur mémoire et la contemplation pieuse des exemples qu'elles nous ont laissés, seront l'une de nos meilleures forces dans le présent, une de nos plus fermes espérances dans l'avenir (4).

    « En voyant sur nos têtes cette nuée éblouissante de témoins...
    _______________________________________________________

    (1) Quid est factum de tot mortibus martyrum, nisi ut tanquam irrigata terra sanguine testium Christi, pullularet ubique seges Ecclesiae. AUGUS. T. IV, p. 1829. Édit. Migne.
    (2) OZANAM.
    (3) Posuisti lacrymas meas in conspectu tuo, ps. 45.
    (4) Fortitudo gentium triumphus est martyrum, et nos in eorum gloriâ superbi sumus. S. JEROME, T. iv, p. 601. Édit. Migne.

  6. #6
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    « En voyant sur nos têtes cette nuée éblouissante de témoins, de patrons et de célestes amis, nous marcherons d'un pas plus rapide et plus vaillant vers le but suprême qui nous est proposé, les regards toujours fixés sur Jésus, le Roi des martyrs, qui, en vue des joies triomphantes qui l'attendaient au ciel, a subi la mort de la croix, en a bravé les tourments ignominieux, et par son supplice, est monté s'asseoir à la droite de Dieu son Père (1). »

    En face des persécutions hypocrites, de l'indifférence ou des lâchetés contemporaines, nous aimerons à retremper nos âmes et à raviver l'esprit de notre baptême dans les religieux et héroïques souvenirs de notre Vendée antique. Nous garderons une sainte et patriotique fierté de sa foi indomptable, des immenses douleurs qu'elle a supportées pour la défendre et pour la confesser en face des bourreaux.

    Nous conserverons dans nos cœurs le respect, l'amour et l'orgueil de sa grande et navrante histoire. Nous en serons fiers, comme l'était saint Ambroise de son Martyrologe milanais.

    « Nous avons à nous des légions de martyrs, s'écriait-il ; ecce nos populos martyrum possidemus ! Que notre patrie se réjouisse d'avoir été la mère de tant de célestes soldats et la nourrice de si hautes vertus.

    « Et dans l'auréole radieuse de ces saints martyrisés qui sont nos compatriotes, vénérons la grandeur et la majesté de notre foi (2).»

    C'est par son martyre que la Vendée de 1793 est entrée dans sa gloire. Et la beauté sublime de son martyrologe nous permet de lui appliquer la parole célèbre par laquelle on caractérisait une royale infortune : « Les malheurs de la Vendée sont montés si haut qu'ils sont devenus une des gloires de la France et du monde catholique. »
    __________________________________

    (1) Heb.XII 1,2.
    (2) S. AMBROISE, T. IV, p. 716. Edit. Migne.

    A suivre : Chapitre I. L'HÉROÏSME EN VENDÉE PENDANT LA RÉVOLUTION.

  7. #7
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    Re: Le Martyre de la Vendée


    Pour avoir des martyrs, il faut avoir des héros.

    Des héros ! la Vendée en avait des légions, légions obscures et inconscientes, déjà formées à la grande école de la foi catholique, si profondément enracinée dans le cœur et dans les habitudes religieuses des populations vendéennes.

    Mais les périls de cette horrible époque de la Terreur contribuèrent, pour une large part, à tremper les courages, en les sollicitant sans cesse à tous les genres de dévouement.

    Un souffle d'héroïsme chrétien et comme un vent de Pentecôte semblait passer sur ce peuple et pénétrer toutes les âmes, âmes de prêtres, de femmes, d'enfants et de soldats.

    La Vendée tout entière était soulevée par l'élan de cet enthousiasme pieux, et l'on eût dit que l'héroïsme des anciens martyrs lui était passé dans les veines et dans le sang.

    Cette fièvre de sublime courage se révélait chaque jour dans une foule de héros de tout rang et de tout âge, souvent cachés dans les ombres de la vie privée, mais aussi dignes des admirations de l'histoire que les champions armés de la foi, sur les champs de bataille de Chemillé, de Cholet et de Torfou.

    Les traits que nous allons grouper dans ce premier chapitre sont comme une première révélation de l'âme de la Vendée pendant la période révolutionnaire, et ses héros nous aideront à mieux comprendre ses martyrs.

    A suivre : I. L'HÉROÏSME DES SOLDATS

  8. #8
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    Re: Le Martyre de la Vendée


    I

    L'HEROÏSME DES SOLDATS

    Nous l'avons vu, c'est pour la défense de sa foi que la Vendée avait pris les armes, et l'héroïsme de ses soldats, en s'élevant à la hauteur de la cause sacrée dont ils étaient les défenseurs, s'élevait sans effort et d'un premier élan jusqu'à la hauteur du martyre.

    En lisant les émouvants récits de la mort de Cathelineau, de Bonchamp, de Lescure, de d'Elbée, de Marigny, de Stofflet, de Charette et de tant d'autres, nous respirons le même parfum d'édification qui s'exhale du martyre de la légion Thébaine.

    Le prince de Talmont lui-même trouvait sur l'échafaud cette grandeur surhumaine, qui n'a rien d'égal dans l'antiquité profane.

    On l'accablait de questions captieuses, afin de lui arracher des révélations compromettantes pour ses compagnons d'armes. Un de ses juges, Esnue-Lavallée, lui fait entrevoir la mort s'il reste muet, et sa grâce, comme récompense de ses aveux.

    Talmont le regarde avec mépris :

    — Fais ton métier, dit-il à cet homme ; moi, j'ai fait mon devoir.

    Quelques jours après, Talmont voyait l'échafaud dressé à Laval, devant la porte principale du château de ses ancêtres.

    Le jeune prince, le front haut et calme, en montait les degrés et mettait sa tête sous le couperet, en murmurant une dernière prière.

    Il avait 28 ans.

    Dans ces vaillants cœurs de soldats, on trouvait souvent les délicates tendresses et le dévoûment d'un cœur de mère.

    Après le désastre du Mans, Stofflet rencontrait sur sa route une vendéenne blessée, qui tenait son petit enfant dans ses bras.

    — Général, oh ! sauvez mon fils, lui crie cette mère aux abois.

    Stofflet arrête le galop de son cheval, prend l'enfant et l'emporte enveloppé dans les plis d'un drapeau.

    Le lendemain, il le rendait sain et sauf à la mère.

    Dans l'affreuse déroute qui suivit la défaite de Savenay, le général en second de l'artillerie, Pérault, blessé au pied, suivait à cheval le prince de Talmont dans sa retraite.

    Il aperçoit sur son chemin une femme mourante, une mère, tenant sa toute jeune fille couchée sur son sein.

    D'une voix expirante, d'un regard presque éteint, elle supplie l'officier d'avoir pitié de son enfant.

    Le cavalier met pied à terre, charge en croupe la petite orpheline et s'enfuit à travers la campagne, avec ce doux et charmant fardeau.

    Arrêté à Ernée, Pérault se dénonce lui-même devant le général Beaufort, qui s'engage, sur l'honneur, à le sauver avec l'orpheline que le vendéen venait d'adopter.

    Mais le Comité révolutionnaire d'Ernée est d'un autre avis. Il déclare par un procès-verbal « qu'il n'a jamais eu le plaisir de voir fusiller de royalistes », et qu'il exige que ce spectacle lui soit offert dans la circonstance.

    On signifie au général de se mettre à genoux et de se laisser bander les yeux.

    — Non, dit Pérault, je sais affronter la mort, et je n'ai qu'un regret en quittant la vie, c'est de voir des Français transformés en assassins.

    Et le noble soldat mourait victime de son dévoûment à une si touchante infortune.

    A la dernière étape avant d'arriver sous les remparts de Nantes, un vieux paysan, mortellement blessé, paraissait se disputer vivement avec un jeune homme, auquel il présentait un fusil, que celui-ci refusait.

    On demande la cause de cette altercation.

    — C'est mon fils, répond le vieux soldat; il veut rester près de moi pour me soigner, et moi j'exige qu'il aille se battre. Je n'ai pas besoin de lui, puisque je vais mourir; son devoir est d'aller au feu.

    On supplia le blessé de permettre au jeune homme de rester près de son père. Il n'y voulut jamais consentir.

    Le lendemain, quand le vieillard était près d'expirer, on vint lui annoncer que son fils avait été tué dans l'assaut de la ville.

    — Vous voyez bien que j'avais raison, dit le moribond, d'un air calme et souriant : « Si mon fils ne m'eût obéi, il n'aurait pas eu l'honneur de mourir pour son Dieu et pour son roi (1) ».

    C'est le Spartiate, qui a reçu la trempe du baptême et de l'héroïsme chrétien.

    Presque toutes les pages de ce livre vont nous montrer l'héroïsme des prêtres de la Vendée…
    __________________________________________

    (1) AUGUSTE JOHANNET, T. I, p. 106.
    A suivre : II. L'HEROÏSME DES PRETRES

  9. #9
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    II

    L'HÉROÏSME DES PRÊTRES

    Presque toutes les pages de ce livre vont nous montrer l'héroïsme des prêtres de la Vendée.

    Nous devons en citer ici quelques traits, pour qu'il n'y ait pas de lacune choquante dans ce chapitre sur l'héroïsme vendéen pendant la Terreur.

    Au cours de l'été de 1794, l'abbé Boisdron, vicaire de Saint-Pierre de Cholet, déguisé en paysan, revenait de visiter ses malades, et suivait un sentier détourné, lorsque tout à coup il rencontre trois soldats républicains.

    Sa démarche, son air, la dignité de son extérieur trahissaient quelque peu, sous son déguisement grossier, le caractère auguste dont il était revêtu.

    — Tu es un calotin, lui dirent les Bleus.

    — Un calotin ! répond-il, je ne sais ce que c'est.

    — Tu es prêtre.

    — Oui, je suis prêtre.

    — Fais ton acte de contrition.

    Et en même temps, les trois soldats le mettent en joue.

    Mais les trois fusils ratent.

    Les républicains recommencent ; les fusils ratent une seconde fois.

    Les patriotes, émerveillés et peut-être épouvantés d'une chose si étrange, laissent passer le prêtre, si miraculeusement préservé.

    L'abbé Boisdron avait invoqué son ange gardien qui, jusque-là, comme il aimait à le dire, l'avait toujours protégé (1.

    Je suis prêtre ! l'intrépide franchise de cet aveu devant les bourreaux révolutionnaires, c'était la sentence de mort, avec le mérite et la gloire du martyre.

    Et cet aveu, nous le trouvons, comme une profession de foi continue, dans la conduite et sur les lèvres du clergé vendéen.

    Dans l'horreur de cette mêlée sanglante, qui suivit le désastre de Savenay…

    ______________________________________________

    (1) DENIAU, T. IV. Page 498.

  10. #10
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    Re: Le Martyre de la Vendée


    Dans l'horreur de cette mêlée sanglante, qui suivit le désastre de Savenay, on pouvait voir un vieillard, un aveugle, mené par la main d'un enfant.

    — Qui mènes-tu là ? crient les hussards de la République à ce jeune guide.

    — C'est un pauvre paysan aveugle, répond l'enfant.

    — Non, Messieurs, reprend le vieillard ; je suis prêtre !

    Je suis l'abbé Javelot, supérieur des missionnaires de Saint-Laurent-sur-Sèvre. Oh ! la belle couronne que celle du martyre ! Frappez !

    Les hussards, vaincus par une pareille grandeur d'âme, reculent devant la majesté de ce prêtre, et s'éloignent, muets d'admiration (1).

    L'historien n'est pas étonné de rencontrer cette sublimité de courage dans un fils du Père de Montfort : il sait que le nom des missionnaires et des religieuses de Saint-Laurent brille d'un éclat tout particulier dans les pages les plus glorieuses du martyrologe de la Vendée.

    Un jour, on vient apprendre au supérieur des deux communautés, le Père Supiot, que les royalistes conduisaient hors du bourg de Saint-Laurent 14 prisonniers de guerre, qu'ils allaient fusiller.

    Le vénérable supérieur court au lieu de l'exécution, se jette au-devant des Vendéens, et demande grâce pour les captifs.

    On lui répond que les lois de la guerre sont inexorables et qu'elles exigent la mort des prisonniers. « C'est un devoir rigoureux de représailles, s'écrient les soldats. Ils ont tué nos compagnons d'armes ; ils doivent périr. »

    — Eh bien ! Messieurs, leur dit alors le courageux vieillard, en se plaçant devant les condamnés, puisque je ne puis sauver la vie à mes frères, qui sont aussi les vôtres, je veux mourir avec eux; tirez sur moi.

    A ces mots, les armes tombent des mains des exécuteurs et ils pardonnent.

    L'apôtre de la charité conduit alors les 14 républicains au presbytère, leur procure tous les secours dont ils ont besoin, et les renvoie, confondus d'admiration et de reconnaissance pour le prêtre qui vient de leur sauver la vie.
    ______________________________________________

    (1) BOURNISEAUX, T. III, page 274.

    A suivre : III. L'HEROÏSME DES VENDEENNES



  11. #11
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    III

    L'HEROÏSME DES VENDEENNES

    Cet héroïsme des soldats et des prêtres, nous le retrouvons sous les formes les plus variées, dans un grand nombre de Vendéennes : religieuses, humbles paysannes ou femmes du grand monde. Il éclate dans les détails de la vie commune, dans les prisons, sur l'échafaud et jusque sur les champs de bataille, comme à Torfou et à Dol (1).

    Nos lecteurs aimeront à voir ici rassemblés, comme dans un tableau, quelques traits qui vont peindre à leurs yeux la grandeur d'âmes des femmes de la Vendée, à cette époque de foi robuste et indomptable.

    Au mois de février 1793, une colonne républicaine envahissait le bourg de Saint-Laurent-sur-Sèvre, et pénétrait dans la maison-mère des Filles de la Sagesse.

    Attirés par l'appât du pillage, plusieurs soldats se précipitent dans la chapelle et dans la sacristie.

    Un de ces misérables va droit à une statue de la sainte Vierge et tire son sabre pour lui abattre la tête.

    La sœur Saint-Jean-Chrysostôme, qui l'avait suivi, lui crie d'une voix forte et énergique : — Malheureux ! que fais-tu ? Veux-tu laisser ma mère !

    A ces mots, l'iconoclaste demeure immobile. Il avait donné un premier coup à la sainte image; il n'eut pas l'audace d'en donner un second.

    Quand les républicains eurent quitté la chapelle, la sœur Dosithée s'y rendit pour faire amende honorable au Dieu de l'Eucharistie, des outrages qu'il venait de recevoir.

    Elle s'était placée dans un coin et priait avec ferveur, quand elle vit entrer un soldat, plus impie encore que les autres, qui s'avance jusqu'au tabernacle, l'enfonce avec son sabre, s'empare du ciboire où sont contenues les hosties consacrées et s'enfuit du côté du jardin.

    La sœur Dosithée se lève et se met à sa poursuite en criant : « Citoyen, rends-moi mon Maître; rends-moi mon Dieu. »

    Le profanateur, épouvanté par ces cris répétés, jette le ciboire dans le fossé qui formait la clôture du jardin.

    La religieuse y descend et se met à genoux en présence du Saint Sacrement si indignement profané.

    Une petite fille du bourg venant à passer par là, sœur Dosithée l'appelle et la charge d'avertir la communauté de l'horrible sacrilège qui vient d'être commis.

    Le Père Supiot, retiré dans une ferme voisine, est informé. Revêtu d'un surplis et d'une étole, il va prendre le saint ciboire, l'emporte avec lui et peut ainsi donner un asile convenable au Dieu caché, que les séides de la Révolution française jetaient dans la boue d'un fossé (1).

    Comme il est sublime, dans sa naïve simplicité, le…
    _____________________________________________

    (1) V. La Vendée militaire, pages 109 et 158.
    (1) V. Histoire de la Congreg. des Filles de la Sagesse. Dans ses Mémoires Monseigneur de Beauregard raconte le même fait, avec quelques variantes, p. 76.

  12. #12
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    Comme il est sublime, dans sa naïve simplicité, le dévoûment de cette humble femme de chambre, qui sauve la vie de sa maîtresse, en acceptant de mourir à sa place, donnant ainsi, sans qu'elle s'en doute, l'exemple de l'héroïsme dans la pratique de la charité évangélique ! Majorem hâc dilectionem nemo habet ; Le comble de la charité, c'est de mourir pour ceux qu'on aime (1).

    Madame la vicomtesse de Lépinay avait été détenue avec cette pauvre fille de la campagne, dans une des prisons de Nantes.

    La femme de chambre entend un jour un officier républicain qui dit à la noble prisonnière :

    — Madame, restez-là ; je vais revenir ; je vous couvrirai de mon manteau et je vous sauverai.

    L'officier revient en effet, et par mégarde il jette le manteau sur la servante.

    — « Vous vous trompez, Monsieur, dit l'héroïque et généreuse paysanne : voilà Madame de Lépinay : moi, je ne suis rien ».

    Et elle suivit les bourreaux au lieu du supplice.

    Après la déroute de Cholet, une jeune fille de 17 ans, Marie Papin, de Tiffauges, portait un jour des vivres à deux soldats vendéens, blessés.

    Elle est surprise en route par les Bleus, qui l'arrêtent.

    — C'est à des brigands cachés non loin d'ici, lui disent-ils, que tu portes ces vivres ? Tu vas nous indiquer leur cachette.

    — Non, jamais, répond avec énergie la jeune Vendéenne.

    — Tu refuses ! alors tu vas être fusillée sur l'heure.

    — Je consens à mourir, dit-elle, avec une simple et sublime fermeté ; mais je ne trahirai pas des malheureux.

    Les républicains furieux la saisissent, l'attachent à un tronc d'arbre, la frappent à coups de sabre, en lui promettant la vie si elle veut livrer son secret.

    Pendant cette torture, la jeune martyre, les yeux levés au ciel, récite à haute voix sa prière.

    Cette attitude de l'angélique victime aurait attendri des cannibales.

    Elle ne fît qu'exciter la cruauté sauvage des patriotes. Après avoir criblé la jeune fille d'horribles blessures, ils coupèrent son cadavre en morceaux (1).

    N'avons nous pas une gracieuse Jeanne d'Arc vendéenne…
    ________________________________________________

    (1) JOAN. xv, 13.
    (1) BOURNISEAUX, T. III, p. 317. — GUILLON, T. IV, p. 187. — Les paysans Vendéens, par le Cte DE CHABOT, p. 24.

  13. #13
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    Re: Le Martyre de la Vendée


    N'avons nous pas une gracieuse Jeanne. d'Arc vendéenne, dans cette jeune Robin de Courlay, qui après avoir communié, courait se ranger parmi les soldats de Lescure, le 14 septembre 1793, et se faisait tuer pour la défense de la foi, à la bataille de Thouars ?


    Après l'échec de Nantes, une autre jeune Vendéenne rencontrait un officier de l'armée catholique, Martin Bodinière, et lui demandait des nouvelles de son frère, qui avait pris part à ce siège malheureux.

    Bodinière ne répond pas, et la sœur comprend que son frère avait succombé.

    — Ah ! s'écrie-t-elle alors, mon pauvre frère Joseph est mort ; mais j'espère qu'il est mort en brave ?

    L'officier lui dit que Joseph avait été tué sur sa pièce de canon.

    — Puisqu'il est mort ainsi pour sa foi, reprend l'héroïque enfant, je vais à l'église rendre grâce à Dieu.

    Le patriotisme farouche de Lacédémone pâlit une fois encore devant l'héroïsme chrétien de ces Vendéennes (2).



    De l'étroite fenêtre de sa prison, Madame de la Roche-Saint-André voyait conduire ses fils à l'échafaud.

    Elle se cramponne aux barreaux, et passant à moitié la tête à travers la grille, elle leur crie :
    — Courage, mes enfants, courage ! Mourez en Vendéens !

    Cette mère trouvait dans son cœur et dans sa foi les accents surhumains dont la mère des Machabées étonnait le monde antique, et les accents plus divins encore de tant d'autres mères chrétiennes, de Félicité à Rome, de Symphorose à Tibur, de Perpétue à Carthage, de cette noble gallo-romaine, criant, du haut des remparts d'Autun, au jeune martyr Symphorien : « Courage! mon fils, courage! regarde le ciel qui s'ouvre sur ta tête. »

    Madame de la Biliais, condamnée à mort avec ses filles, remercie les juges de ne l'avoir point séparée de ses enfants, et obtient d'eux de mourir la dernière. Elle voulait être assurée que la peur ne ferait pas fléchir les victimes. Les voir exécutées sous ses yeux lui était moins cruel que de les laisser après elle au milieu des impies; et quand vint son tour, elle bénissait Dieu qui lui conservait ses enfants par la mort.

    L'histoire de l'Église nous offre-t-elle quelque chose de plus héroïque et de plus touchant que cette jeune mère, Madame Neveu…

    _______________________________________________

    (2) THEODORE MURET, T. I, p. 228. « Je tiens le fait, dit cet auteur, de Martin Bodinière lui-même. »

  14. #14
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    L'histoire de l'Église nous offre-t-elle quelque chose de plus héroïque et de plus touchant que cette jeune mère, Madame Neveu, qui attend la mort dans les cachots de Laval, et qui couvre de ses larmes le nouveau-né qu'elle presse dans ses bras ?

    — Tu pleures, lui dit le médecin de la prison. Comment supporteras-tu la vue de l'échafaud?

    — Aujourd'hui, répond-elle, comme la jeune martyre de Carthage, Félicité, aujourd'hui je cède à la nature, mais sur l'échafaud, j'aurai avec moi mon Dieu pour soutenir ma faiblesse.

    Enfin, on vient lui annoncer que c'est l'heure de son supplice.

    Elle veut emporter son enfant jusqu'au pied de la guillotine.

    Avant d'en monter les degrés, elle serre une dernière fois le petit orphelin sur son cœur, dans un long et ineffable embrassement; puis, elle gravit d'un pas ferme le terrible escalier.

    Le bourreau lui-même s'attendrit et s'humanise à la vue de cette héroïne, qui unit dans son âme tant de force à tant de tendresse.

    Il veut lui enlever son châle, pour que l'exécution soit plus prompte et moins douloureuse.

    — Non, Monsieur, dit-elle ; j'aime mieux souffrir davantage et n'être pas découverte.

    C'est en achevant ces mots, dignes des Agnès et des Cécile, qu'elle reçut le coup de mort.

    Pendant que la Grande Armée s'avançait vers Laval, une vingtaine de républicains…

  15. #15
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    Re: Le Martyre de la Vendée


    Pendant que la Grande Armée s'avançait vers Laval, une vingtaine de républicains venaient surprendre et saisir dans sa ferme un brave paysan d'Izernay, Vendangeon, et le conduisaient dans une des prisons de Cholet.

    Sa fille aînée le suivit, et, sentinelle de la piété filiale, elle passait les jours et les nuits à la porte du cachot.

    Les Bleus lui dirent un jour qu'on rendrait la liberté à son père, si elle acceptait d'entendre la messe d'un intrus.

    — La vie de mon père m'est bien chère, répond-elle ; mais je ne puis consentir à ce que vous exigez. Cependant, avant de prendre un parti, je veux avoir l'avis du prisonnier.

    Le vieillard lui déclare que la mort pour la justice est le plus grand des bonheurs, et que l'apostasie est le plus grand des crimes.

    A force d'importunités et de larmes, cette Antigone chrétienne obtint la faveur d'être emprisonnée avec son père.

    Dans ce cachot fétide, elle resta pendant un mois à côté du captif, et au moyen d'une corde passée à son cou, elle soutenait les lourdes chaînes qui meurtrissaient les bras et les jambes du détenu.

    L'héroïque jeune fille finit par attendrir le cœur des cruels patriotes, et Vandangeon fut mis en liberté.


    Voici une simple paysanne du Pin, près de Châtillon, qui semble réunir en elle tous les genres d'héroïsme déjà signalés dans ces douces physionomies de femmes, que nous venons d'esquisser.

    Le 25 janvier 1794, le commandant de la première colonne infernale, Grignon, arrivait dans la paroisse du Pin.

    Une vingtaine d'habitants s'étaient portés à sa rencontre, le suppliant de ne pas brûler leurs maisons et d'accepter le repas qu'ils ont préparé pour lui et pour ses troupes.

    Grignon se met à table.

    Après avoir copieusement dîné, il ordonne d'attacher ses hôtes avec des cordes.

    On les traîne dans un champ voisin, et sur un signe de l'atroce général, les Bleus les tuent à coups de sabre et de baïonnette.

    Pendant cette boucherie, une mère, la femme Tricot, était là, tenant dans ses bras son tout jeune enfant encore à la mamelle.

    L'enfant est égorgé sur le cœur de sa mère, qui voit en même temps massacrer sous ses yeux son père, son beau-père, sa sœur et sa belle-sœur, son mari et un fils de 18 ans, récemment arrivé de la campagne d'Outre-Loire.

    Durant le massacre, cette femme n'avait cessé d'exhorter les victimes à subir la mort pour l'amour de Jésus-Christ.

    — Songez, leur crie-t-elle, songez que votre Dieu est mort sur la croix, et votre roi sur l'échafaud.

    Elle semblait implorer le même sort pour elle-même; mais Grignon préféra la condamner à survivre.

    Après cet horrible carnage, quand les bourreaux se sont éloignés, l'admirable chrétienne, couverte du sang des siens, ensevelit de ses propres mains les cadavres mutilés de son mari, de ses enfants et de toute cette glorieuse famille de martyrs (1).

    Dans cette galerie déjà longue et très incomplète de portraits de nos héroïnes, nous devons une place à l'épouse de Chantebel…
    _____________________________________________________

    (1) V. CRETINEAU-JOLY, T. II, p. 45.

  16. #16
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    Re: Le Martyre de la Vendée


    Dans cette galerie déjà longue et très incomplète de portraits de nos héroïnes, nous devons une place à l'épouse de Chantebel, le héros du catéchisme.

    Pendant la Terreur, comme nous le voyons souvent à d'autres époques de l'histoire, l'héroïsme des hommes s'inspirait souvent de l'héroïsme des femmes.


    Un jour, les persécuteurs révolutionnaires entraient dans le village du Chêne, près de Martigné. On leur avait dit qu'ils trouveraient là un certain fermier, nommé Chantebel, ennemi déclaré de la République.

    Les républicains entrent dans la chaumière du paysan, y découvrent un catéchisme et s'en emparent.

    Mais, d'une main rapide et vigoureuse, le fermier leur arrache le précieux petit livre, et déclare qu'il ne consentira jamais à s'en dessaisir.

    On traîne Chantebel à Martigné devant le Comité révolutionnaire.

    Sa femme l'y accompagne et l'encourage à tenir ferme dans sa foi.

    Le Comité condamne l'opiniâtre paysan à livrer son catéchisme sur la place publique, et à le brûler en présence de tous les patriotes.

    — Mon catéchisme est bon, répond le vaillant chrétien. Brûlez-moi plutôt moi-même ; je veux vivre ou mourir avec mon catéchisme.

    On entraîne Chantebel dans les rues, et la populace le poursuit de ses huées impies et féroces.

    Sa femme est constamment à ses côtés et ne cesse de lui crier à haute voix : — Tiens bon, Chantebel ; reste ferme : c'est pour le bon Dieu.

    Il tient si ferme, en effet, que les persécuteurs ne peuvent en avoir raison, et finissent par le lâcher.

    Toujours suivi et félicité par sa courageuse compagne, le Vendéen revient dans son village en triomphateur, portant dans ses mains son catéchisme, dont il se fait comme un trophée de sa victoire.

    Chantebel tenait à son catéchisme comme la Vendée tout entière tenait à sa religion, à ses prêtres et à son Dieu.

  17. #17
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    Re: Le Martyre de la Vendée

    IV

    L'HEROÏSME DES ENFANTS


    Dans cette atmosphère d'enthousiasme religieux, tous les courages s'exaltaient; les âmes grandissaient vite et les enfants eux-mêmes, sous l'influence des exemples qu'ils avaient sous les yeux, semblaient jouer à l'héroïsme.

    L'auteur de l'Histoire de la Vendée militaire témoigne son admiration , « de leur présence d'esprit toute vendéenne (1). »

    « Chose étonnante, dit un autre historien, dans tout le cours de cette guerre, il n'y a pas d'exemple qu'un seul proscrit ait été livré par l'indiscrétion d'un enfant (1). »

    Passons d'abord comme une revue rapide de nos petits soldats.

    Avec les exploits de nos Bayards précoces, on pourrait composer une sorte d'épopée, merveilleuse et charmante.

    Nous avons déjà parlé du jeune tambour Gourdon, dit Crouston, des Gardes, enfant de 15 ans, qui fit la guerre « monté sur son petit cheval blanc, et qui savait l'art d'enlever à la baguette les troupes qu'il semblait commander (2). »

    Nous avons dit quelques-uns des faits d'armes de ce petit chevalier de Mondyon, « que les ennemis devaient prendre pour un petit lapin, et tirer avec de la cendrée, disaient les dames en plaisantant, mais qui était un fameux lapin, disaient les paysans, en le voyant sur le champ de bataille (3).

    De ces tout jeunes chevaliers, on aurait pu former une légion dans l'armée catholique.


    En 1794, à la suite d'une escarmouche livrée par Pierre Cathelineau, frère de l'illustre généralissime, un enfant de 15 ans, Paul Vandangeon, d'Izernay, digne frère de Jacques Vandangeon, dit le sabreur, se trouva tout à coup assailli par un officier de hussards.

    — Rends-toi ou tu es mort, lui cria l'officier.
    — Me rendre ! jamais ! répond le jeune et intrépide enfant.

    Et en même temps, faisant feu de sa carabine, il terrasse son agresseur, s'empare de son cheval, monte en selle, et au grand galop de sa monture, s'en va trouver Charette.

    — Moutard, lui dit le général, où as-tu pris ce beau cheval de bataille ?

    — Mon général, répond l'enfant, j'ai tué un officier des Bleus, et maintenant je viens me battre avec vous.

    Charette le félicita chaudement et l'admit dans sa troupe (1).

    Sur une humble tombe du cimetière de Legé, on lit l'épitaphe suivante :
    _________________________________________

    (1) V. CRETINEAU-JOLY, T. II, chapitre II.
    (1) M. DE BREM, Histoire populaire, page 127.
    (2) La Vendée militaire, page 61.
    (3) V. BOURNISEAUX, T. III. page 214.
    (1) Témoignage de l'abbé Vandangeon, petit-fils de Paul Vandangeon.

  18. #18
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    Re: Le Martyre de la Vendée


    Sur une humble tombe du cimetière de Legé, on lit l'épitaphe suivante :

    Qui sert bien son pays n'a pas besoin d'aïeux (2).

    C'est l'épitaphe d'un soldat vendéen, de Louis Lecouvreur, qui fut d'abord l'illustre palefrenier de Charette.

    Il avait alors 16 ans.

    Voici son premier fait d'armes.

    Il venait d'apprendre que le général, engagé contre l'ennemi, courait un sérieux danger.

    L'enfant saisit à l'instant un mauvais sabre et un pistolet, saute sur l'un des meilleurs chevaux de son maître, et s'élance, ventre à terre, du côté du combat.

    Il ne rentra pas le soir.

    Charette, qui était de retour au quartier, apprend la sortie belliqueuse de Louis, malgré la défense formelle qu'il lui avait souvent réitérée, de ne pas paraître sur le champ de bataille.

    Le général furieux lui réservait une terrible semonce.

    Mais le lendemain, il voit son jeune écuyer revenir au galop, chargé d'un équipement complet, portant un guidon de la République, menant en laisse un superbe cheval qu'il avait pris, et les vêtements ensanglantés.

    Il sent sa colère vaincue par la fière attitude du jeune soldat.

    — Eh bien ! enfant, lui dit-il, en lui tendant la main, puisque tu brûles de te battre, tu en auras désormais la permission ; tu as fait tes preuves.

    Voici l'exploit de l'intrépide palefrenier. Il avait rencontré l'ennemi au moment où les Bleus prenaient la fuite, et il s'était lancé à la poursuite d'un officier.

    Celui-ci se retourne soudain et tire à bout portant.

    — Enfant que tu es, lui crie-t-il, retourne garder tes moutons.

    — Et toi, reprend le jeune Vendéen, va-t'en chez le diable, puisque tu ne sers pas le bon Dieu.

    Et d'un bras vigoureux, il fait sauter le crâne à son adversaire, s'empare de ses armes, de son guidon tricolore, de son cheval, et retourne au galop porter à Charette ces dépouilles opimes.

    Quelques jours avant la troisième bataille de Luçon, un enfant se présentait…
    ____________________________________________________

    (2) WALSH, Lettres vendéennes, page 307.

  19. #19
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    Re: Le Martyre de la Vendée


    Quelques jours avant la troisième bataille de Luçon, un enfant se présentait, un pistolet à la main, devant l'état-major de l'armée vendéenne, réunie au camp de l'Oie.

    Il demande à s'enrôler pour la défense de la religion et du roi.

    — Mais qui es-tu? lui demandent les chefs.

    — Je suis le jeune Du Chafault, répond-il: je me suis échappé du château de ma mère, et je viens joindre ici mon frère, qui est soldat dans vos rangs. Il est blessé d'une balle, qui lui a traversé le bras. Je veux servir comme lui dans l'armée catholique et royale.

    Les généraux le renvoyèrent à sa mère; mais quelques mois plus tard, il reparaissait dans l'armée, et il y servit avec son frère aîné.

    Il avait 11 ans.


    La veille du combat du Pont-Charrault, en 1793, Victor Monnereau, de Saint-Fulgent, âgé de 16 ans, s'était posté dans un chemin creux, non loin du pont, avec 29 de ses camarades.

    Une trentaine de cavaliers ennemis s'engagent en bon ordre sur le pont et débouchent dans le chemin creux occupé par la petite troupe que commandait Victor.
    Sans crier qui vive, les jeunes soldats s'élancent sur les patriotes.

    Un combat terrible s'engage.

    Pas un des cavaliers républicains ne put échapper.

    Victor et ses compagnons amenèrent en triomphe, au camp de Charette, les chevaux et les dépouilles des ennemis.

    Comme la Bretagne, la Vendée avait son combat des Trente; et les vainqueurs étaient des enfants.



    A la prise de Vihiers, le 3 juin 1793, au plus vif de la lutte, un enfant de Coron, âgé de 14 ans, se trouvait soudain, dans un étroit passage, en face d'un hussard, qui fond sur lui le sabre à la main.

    L'enfant attend le cavalier de pied ferme, et quand il voit son adversaire à portée de son arme, il fait feu sur lui et l'étend raide mort à ses pieds.

    Il n'était armé que d'un petit fusil de chasse.

    L'enfant de Coron ne nous remet-il pas sous les yeux, l'incomparable scène biblique du jeune David, terrassant avec sa fronde de berger le géant philistin Goliath ?

    Plaçons ici un dernier fait d'armes, d'un intérêt plus piquant encore peut-être…

  20. #20
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    Re: Le Martyre de la Vendée


    Plaçons ici un dernier fait d'armes, d'un intérêt plus piquant encore peut-être, où nos jeunes chevaliers de la cause catholique nous apparaissent sur le champ de bataille en costume d'enfants de chœur.

    C'était au plus fort de la Terreur, au mois de janvier 1794.

    Un officier républicain, qui commandait le camp de Chiché, apprenant qu'une messe doit se célébrer dans le prieuré de Breuil-Chaussée, envoie 40 hussards pour dissiper cette assemblée antipatriotique.

    MM. de Richeteau et de Feu, les chefs de l'affaire des Moulins-Cornet, s'étaient placés en sentinelles au haut du clocher, pendant la célébration du saint sacrifice.

    Au milieu de l'office, apercevant les hussards qui s'avançaient sur la route de Bressuire, ils poussent le cri d'alarme.

    La panique s'empare aussitôt des femmes et des enfants, qui s'enfuient de tous côtés.


    Le prêtre reste seul à l'autel, s'abandonnant au sort que la Providence lui réserve.

    MM. de Richeteau et de Feu descendent précipitamment du clocher pour saisir leurs fusils à deux coups, qu'ils avaient laissés au bas de l'escalier, et s'élancer à la rencontre de l'ennemi.

    Mais déjà les deux enfants de chœur, dont l'un, Alexis des Nouhes, n'avait que 11 ans, s'étaient emparés de ces armes, et revêtus encore de leurs surplis, ils s'étaient embusqués derrière le mur de clôture du cimetière, en face de la route suivie par le détachement républicain.

    A l'arrivée des hussards, les deux enfants déchargent en même temps les quatre coups de leurs fusils.

    Les hussards épouvantés, se croyant tombés dans une embuscade, tournent bride et s'enfuient, au grand galop de leurs chevaux.

    Les deux petits choristes, soldats improvisés, sont acclamés par toute l'assemblée, dont ils sont proclamés les sauveurs (1).

    À côté de ces jeunes Bayards, la Vendée pouvait aussi montrer avec fierté ses jeunes d'Assas…

    _____________________________________________

    (1) Notes manuscrites d'ALEXIS DES NOUHES, de Saint-Fulgent.

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