A la prise de Cholet, en 1793, les républicains eux-mêmes admiraient l'attitude intrépide de ces paysans devant le feu de l'ennemi qui les crible. « Ils allaient jusqu'à se placer en évidence, à demi-portée de fusil, pour mourir martyrs de leur cause. Profondément recueillis, les mains jointes, le genou en terre, le chapeau bas, ils semblaient, en égrenant leur chapelet, prier Dieu de leur ouvrir le paradis (1). »

C'est bien l'âme de la Vendée militaire qui se révèle et qui nous apparaît dans la lumière de ces manifestations et de ces faits historiques.

La foi de ce peuple est inébranlable comme le granit de ses collines et de ses coteaux.

Et c'est contre ce roc immobile que viendront se briser tous les flots de la tourmente révolutionnaire.

— Nous allons abattre vos clochers et vos églises, disait l'horrible Carrier à l'un de ces paysans vendéens.

— C'est possible, répondit l'inébranlable chrétien; mais vous nous laisserez les étoiles, et tant que cet Évangile nous restera là-haut, nous apprendrons à nos enfants à lire dans ce livre le nom du vrai Dieu.

Nous pouvons donc l'établir comme une vérité historique absolument incontestable, c'est dans ces sentiments de foi profonde et inflexible que les Vendéens ont combattu et qu'ils sont morts.

Et nous aimons à conclure, avec le poète, que pendant cette période de la Terreur, où tant de sang fut mêlé à tant de boue,

La France eut des victimes,
Mais la Vendée eut des martyrs (2)

Non, quoi qu'en dise Chateaubriand, ce sang vendéen, répandu sur tant de champs de bataille n'est point un sang muet (3) ; c'est un sang qui prie et qui crie vers le Ciel, pour le pays sur lequel il est versée parce que c'est le sang des martyrs de la foi.

La religion des victimes et l'impiété des massacreurs ne laissent planer aucun doute sur cette affirmation de l'histoire impartiale ; les soldats de la Révolution étaient des bourreaux et des persécuteurs ; tout ce peuple immolé pour la cause de la religion catholique était un peuple de martyrs.

Sans doute cette qualification générale…
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(1) SAVARY.
(2) VICTOR HUGO, Odes et Ballades.
(3) Mémoires d'Outre-tombe, T. VIII, p. 201.