L'histoire de l'Église nous offre-t-elle quelque chose de plus héroïque et de plus touchant que cette jeune mère, Madame Neveu, qui attend la mort dans les cachots de Laval, et qui couvre de ses larmes le nouveau-né qu'elle presse dans ses bras ?

— Tu pleures, lui dit le médecin de la prison. Comment supporteras-tu la vue de l'échafaud?

— Aujourd'hui, répond-elle, comme la jeune martyre de Carthage, Félicité, aujourd'hui je cède à la nature, mais sur l'échafaud, j'aurai avec moi mon Dieu pour soutenir ma faiblesse.

Enfin, on vient lui annoncer que c'est l'heure de son supplice.

Elle veut emporter son enfant jusqu'au pied de la guillotine.

Avant d'en monter les degrés, elle serre une dernière fois le petit orphelin sur son cœur, dans un long et ineffable embrassement; puis, elle gravit d'un pas ferme le terrible escalier.

Le bourreau lui-même s'attendrit et s'humanise à la vue de cette héroïne, qui unit dans son âme tant de force à tant de tendresse.

Il veut lui enlever son châle, pour que l'exécution soit plus prompte et moins douloureuse.

— Non, Monsieur, dit-elle ; j'aime mieux souffrir davantage et n'être pas découverte.

C'est en achevant ces mots, dignes des Agnès et des Cécile, qu'elle reçut le coup de mort.

Pendant que la Grande Armée s'avançait vers Laval, une vingtaine de républicains…