IV

L'HEROÏSME DES ENFANTS


Dans cette atmosphère d'enthousiasme religieux, tous les courages s'exaltaient; les âmes grandissaient vite et les enfants eux-mêmes, sous l'influence des exemples qu'ils avaient sous les yeux, semblaient jouer à l'héroïsme.

L'auteur de l'Histoire de la Vendée militaire témoigne son admiration , « de leur présence d'esprit toute vendéenne (1). »

« Chose étonnante, dit un autre historien, dans tout le cours de cette guerre, il n'y a pas d'exemple qu'un seul proscrit ait été livré par l'indiscrétion d'un enfant (1). »

Passons d'abord comme une revue rapide de nos petits soldats.

Avec les exploits de nos Bayards précoces, on pourrait composer une sorte d'épopée, merveilleuse et charmante.

Nous avons déjà parlé du jeune tambour Gourdon, dit Crouston, des Gardes, enfant de 15 ans, qui fit la guerre « monté sur son petit cheval blanc, et qui savait l'art d'enlever à la baguette les troupes qu'il semblait commander (2). »

Nous avons dit quelques-uns des faits d'armes de ce petit chevalier de Mondyon, « que les ennemis devaient prendre pour un petit lapin, et tirer avec de la cendrée, disaient les dames en plaisantant, mais qui était un fameux lapin, disaient les paysans, en le voyant sur le champ de bataille (3).

De ces tout jeunes chevaliers, on aurait pu former une légion dans l'armée catholique.


En 1794, à la suite d'une escarmouche livrée par Pierre Cathelineau, frère de l'illustre généralissime, un enfant de 15 ans, Paul Vandangeon, d'Izernay, digne frère de Jacques Vandangeon, dit le sabreur, se trouva tout à coup assailli par un officier de hussards.

— Rends-toi ou tu es mort, lui cria l'officier.
— Me rendre ! jamais ! répond le jeune et intrépide enfant.

Et en même temps, faisant feu de sa carabine, il terrasse son agresseur, s'empare de son cheval, monte en selle, et au grand galop de sa monture, s'en va trouver Charette.

— Moutard, lui dit le général, où as-tu pris ce beau cheval de bataille ?

— Mon général, répond l'enfant, j'ai tué un officier des Bleus, et maintenant je viens me battre avec vous.

Charette le félicita chaudement et l'admit dans sa troupe (1).

Sur une humble tombe du cimetière de Legé, on lit l'épitaphe suivante :
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(1) V. CRETINEAU-JOLY, T. II, chapitre II.
(1) M. DE BREM, Histoire populaire, page 127.
(2) La Vendée militaire, page 61.
(3) V. BOURNISEAUX, T. III. page 214.
(1) Témoignage de l'abbé Vandangeon, petit-fils de Paul Vandangeon.