Cependant, la Providence ne voulait pas laisser sans houlette et sans direction tant de brebis dispersées au milieu des loups. Elle pourvut à leurs besoins en inspirant à quelques pasteurs l'héroïque résolution de rester au milieu du troupeau si terriblement menacé.
Ils restèrent, errants (2), déguisés, cachés dans les troncs de quelques vieux chênes des forêts, dans les cavernes profondes, dans les souterrains, dans les coins les plus obscurs d'une maison hospitalière, chez quelques-uns de ces nombreux Vendéens qui s'obstinaient à ne pas fléchir le genou devant le Baal de la Révolution française.
C'est surtout dans cette réserve, dernier espoir de la Vendée chrétienne, que Dieu devait choisir ses candidats à la gloire du martyre qui, par l'étroite ouverture de leur cachot, commençait à leur apparaître sous l'aspect de la guillotine.
La guillotine en effet, dans les premiers mois de 1793, se dressait et fonctionnait en permanence sur le remblai des Sables, et à Fontenay, sur la place de la Révolution.
Les patriotes de cette dernière ville avaient prêté à ceux des Sables leur machine à décapiter : mais un vif besoin s'en fait bientôt sentir, et ils font appel au civisme des républicains de Niort. Ceux-ci répondent que leur instrument est employé à Saint-Maixent, mais que, pour suffire à tout, ils allaient fabriquer cinq guillotines nouvelles. On n'est pas plus aimable ni plus obligeant! (1)
Pour anéantir la Vendée catholique et venir en aide aux armées républicaines qui ensanglantaient le pays, la Révolution noyait à Nantes (2), guillotinait et fusillait partout, à Fontenay, aux Sables, à Mortagne, à Montaigu, à Saumur, à Laval, à Savenay, à la Rochelle, partout où les Vendéens portaient leur courage, leurs souffrances et l'indomptable énergie de leur foi.
A la liste des déportés, il convient d'ajouter ici quelques-uns des noms que nous aurons à inscrire dans notre martyrologe, et qui doivent illustrer le calendrier de cette terrible année de 1793.
Ce tableau sera, pour nos lecteurs…
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(2) Circuierunt in melotis, egentes, angustiali, afflicti, in solitudinius errantes, in montibus et speluncis et in cavernis terræ. HEBR. XI, 37-38. — (1) Chroniques fontenaisiennes. — Annuaire de la Société d'émulation, 1892. — (2) Le comte de Fleury porte le nombre des victimes des noyades à 2.800 environ. Il relègue parmi les légendes les fameux mariages républicains. V. Etudes relig. des PP. Jésuites, du 20 octobre 1897, p. 259. — Ce qu'on peut affirmer, c'est que Carrier laissait derrière lui près de 9.000 victimes. Etudes religieuses, ibid.. On sait que Carrier, en montant sur l’échafaud, le 16 décembre 1794, se déclarait innocent.
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