Les deux Messieurs André et Jean de Beauregard, vicaires généraux de Monseigneur de Mercy, comparaissaient, à la même époque, devant les tribunaux de Fontenay, et Jean de Beauregard eut à subir, dans cette ville, une détention de trois mois. Rendu à la liberté, il reprit les travaux de son ministère, et redoubla de zèle dans l'administration du diocèse.
Mais on lui prépara bientôt des vexations nouvelles. Il fut averti qu'on était sur le point de le saisir de nouveau et de le conduire à Fontenay, lié sur une charrette. Il évita cette nouvelle captivité en se réfugiant dans sa famille, à Moulinet, près de Poitiers, aux environs de Pâques 1792 (2).
Il avait à peine quitté Luçon, quand Madame de Grimouard l'informa que tout le clergé vendéen était mandé à Fontenay par le district. Il s'agissait de l'exécution d'un nouveau décret de l'Assemblée Législative, prescrivant une fois encore le serment civique, sous peine, pour les réfractaires, de perdre leurs émoluments, d'être réputés suspects et hostiles à la patrie, d'être soumis à une sévère surveillance et chassés de leur département. Dans ces critiques circonstances, le diocèse manquait d'un chef canoniquement constitué.
La résolution du grand vicaire de Luçon fut bientôt prise. « A Dieu ne plaise, dit-il, que j'épargne ma vie. Je ne vaux pas mieux que mes frères, et je ne suis leur chef que pour leur servir d'exemple dans la foi. C'est mon devoir et j'y cours. »
Sa vertueuse mère ne fit rien pour le retenir. Elle ne voulait point en faire un apostat ou un lâche. Il partit.
On ne s'attendait pas à sa venue, et son arrivée à Fontenay causa un certain étonnement.
Le district de Fontenay-le-Peuple avait pour président Monsieur P***, avocat distingué.
— Que venez-vous faire ici ? dit-il durement au vicaire général.
— J'obéis à vos ordres, répond celui-ci, et je viens présider le clergé de la Vendée.
— On sait assez votre entêtement ; vous n'êtes point disposé à vous soumettre à la loi.
— Je suis disposé à obéir en tout ce que me permettra ma conscience.
A l'exemple du vicaire général, le clergé refusa le serment.
Quelques jours après, le district enjoignit à tous les prêtres qui n'étaient pas nés dans le département, d'en sortir dans les 24 heures.
Monsieur Jean de Beauregard, contre lequel cet ordre semblait surtout dirigé, quitta Fontenay le 15 juin 1792.
Avant de retourner à Poitiers, il voulut visiter les membres dispersés de la jeune famille qu'il avait groupée, de concert avec son frère André, dans le pensionnat du Petit-Saint-Cyr, à Luçon.
Les ministres de la religion ne pouvant plus se montrer sans péril…
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(2) Vie de Monseigneur de Beauregard, pp. 50-51.
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