La Révolution venait de rencontrer devant elle ces prodigieux adversaires dont saint Cyprien disait : « On peut les tuer, on ne pourra jamais les vaincre (1). »
Mais une fois engagée dans cette lutte furieuse, elle ne recula plus, et chaque jour elle marquait les pas de sa marche en avant par la violence de ses décrets et par la brutale cruauté de ses actes.
Dès le 13 février 1790, l'Assemblée Nationale avait supprimé les vœux monastiques et tous les ordres religieux (2).
Le 30 janvier 1791, une loi frappait de suspension tous les prêtres réfractaires.
Le 26 du mois d'août 1792, l'Assemblée Législative (3) décrétait « que tous les ecclésiastiques assujettis au serment et qui ne l'ont pas prêté, ou qui l'ont rétracté et qui persistent dans leur rétractation, seront tenus de sortir, sous les huit jours, des limites du district et du département de leur résidence, et dans la quinzaine, hors du royaume.
« Passé ce délai de quinze jours, les ecclésiastiques non assermentés qui n'auraient pas obéi aux dispositions précédentes, seront déportés à la Guyane française (4). »
Mais bientôt les actes dépassèrent la cruauté de ces arrêts persécuteurs, et le dimanche, 2 septembre 1792, les bourreaux révolutionnaires massacrèrent au couvent des Carmes, dans les prisons de Saint-Firmin, de l'Abbaye et de la Force 217 ecclésiastiques.
Parmi les 114 victimes de la prison des Carmes, la Vendée comptait un martyr, le diacre Augustin-Robert de Lézardière, étudiant en théologie au séminaire de Saint-Sulpice.
Nous lisons dans l'un des articles du procès de béatification de ces premiers martyrs de la Révolution française : …
_______________________________________________
(1) Le 9 octobre 1791, le rapport fait à l'Assemblée Législative par les commissaires Gallois et Gensonné établissait que la prestation du serment « fut, pour la Vendée, la première cause des troubles ». « Dans l'Ouest, dit Jules Simon, tout le monde était pour les réfractaires, et les considérait comme des martyrs. » — (2) Le 18 août 1792, l'Assemblée Nationale confirmait le décret du 13 février 1790. en interdisant le port de tout costume religieux.— (3) L'Assemblée Législative succédait à l'Assemblée Constituante le 30 septembre 1791. — (4) Moniteur, séances du 23 et du 26 août 1792. — DUVERGIER, lois et décrets, T. IV, page 423.
Marcadores