On sait que plus de 600 enfants furent les victimes de Carrier, dans les noyades de Nantes.
Deux jeunes orphelins, Auguste Piet, de Beaurepaire, âgé de 9 ans, et sa sœur Sophie, qui n'en avait que 8, étaient sur le point d'être jetés à la Loire.
Touchés de compassion et d'un tendre intérêt pour Sophie, les bourreaux ont résolu de la sauver.
— Sauverez-vous aussi mon petit frère ? leur dit-elle.
—Non, répondent brutalement ces hommes ; nous voulons te sauver seule.
— Eh bien ! noyez-moi avec Auguste, reprend-elle : car maman nous a dit de ne jamais nous séparer.
Emerveillés d'une telle grandeur d'âme dans une enfant de 8 ans, les terribles ministres de Carrier rendirent la liberté au frère et à la sœur.
Une dame de la halle se chargea de Sophie, et une voisine prit Auguste à son service.
Sophie devint plus tard Madame de Lusignan.
Est-ce que le dévoûment de la jeune fille pour son frère ne lui méritait pas cet honneur de porter un des plus beaux noms de France ?
Est-il moins héroïque, cet enfant de 7 ans que sa mère serrait dans ses bras, pour le soustraire à la rage des égorgeurs, et qui, se mettant la main devant les yeux, criait au bourreau : « Je vous en prie, citoyen, dépêchez-vous de me faire mourir le premier; je ne veux pas voir tuer ma mère? (1) ».
Quel tableau ravissant sous le pinceau d'un grand maître !.
Enfin, voici deux derniers traits, où l'âme des jeunes héros…
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(1) CRETINEAU-JOLY, T. II, page 154.
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