I
LOIS DE PERSÉCUTION ET PREMIERS MASSACRES
« Avant tout, il faut décatholiciser la France ». s'écriait l'un des initiateurs et des promoteurs les plus puissants de la Révolution française, Mirabeau.
Il exprimait ainsi, avec autant de cynisme que de vérité, la doctrine, le programme et le mot d'ordre fidèlement suivis par la persécution révolutionnaire, dont nos martyrs vendéens furent les invincibles et glorieuses victimes.
Et l'arme formidable que la franc-maçonnerie mit aux mains de la Révolution, pour réaliser cet infernal dessein, fut la Constitution civile du clergé, votée par l'Assemblée Constituante, le 12 juillet 1790.
Cette constitution, condamnée par deux brefs de Pie VI (1), avait la prétention monstrueuse d'anéantir la suprématie du Saint-Siège, et de lui substituer un pouvoir purement civil et démocratique.
Elle usurpait, au profit de l'Etat, le droit divin et inaliénable de la papauté, en décrétant que les évêques et les curés seraient choisis par le corps électoral, avec défense de recourir au Souverain Pontife, pour qu'il eût à confirmer cette élection par l'institution canonique.
Elle organisait le presbytérianisme, en donnant aux curés le droit de choisir leurs vicaires en dehors de toute intervention de l'autorité épiscopale.
Enfin, bouleversant toutes les circonscriptions diocésaines et paroissiales, elle supprimait un grand nombre de paroisses, et réduisait les 135 diocèses français à 83 diocèses, dont elle identifiait le territoire avec celui des 83 départements.
C'était la Révolution de 1789, avec son orgueilleuse déclaration des droits de l'homme contre les droits de Dieu, qui prétendait légalement s'introduire et s'installer dans l'Église de France.
En exigeant (1) le serment de fidélité à cette constitution hérétique et schismatique, le pouvoir révolutionnaire imposait au clergé français l'apostasie, et il ouvrait ainsi l'ère de la persécution et du martyre.
Le refus du serment était bien une profession de foi catholique.
Plus de 50.000 prêtres sur 60.000 le refusèrent, et un grand nombre des prêtres jureurs ou assermentés réparèrent un moment de faiblesse ou de surprise par une courageuse rétractation.
Le département de la Vendée eut la gloire de compter jusqu'à 196 de ces intrépides réfractaires au serment sacrilège, et presque tous ceux qui l'avaient prêté le rétractèrent (2).
La Révolution venait de rencontrer devant elle ces prodigieux adversaires…
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(1) Pie VI, dans ces deux brefs, l'un du 10 mars 1791, l'autre du 13 avril de la même année, dénonçait à tout le clergé et à tous les fidèles de France, la Constitution civile du clergé comme hérétique, schismatique, sacrilège et subversive des droits du Saint-Siège.
(1) Décrets du 20 mars, du 15 avril et du 24 juillet 1790.
(2) B. FILLON, Recherches historiques et archéologiques, sur Fontenay-le-Comte, T. I. page 348.
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